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25 août 2011 4 25 /08 /août /2011 17:54

Comment Cameron, représentant du peuple d'un pays démocratique, peut-il justifier la disproportion entre les faits commis par les “délinquants” et les peines sanctionnant ses faits ?

 

Il ne peut légitimement pas, surtout lorsqu'il fait appel à un spécialiste américain de la lutte anti-gang. Quel que soit le rôle de cet individu, il n'est pas admissible et l'Union européenne s'est montrée préoccupée par cette attitude répressive des autorités britanniques. Après les incidents en Allemagne, Merkel a fait remarquer que dans son pays ce sont des actes gratuit, contrairement aux violences en Angleterre et au Pays de Galles. En effet, les pillages qui ont eut lieu à Londres, notamment, sont l'expression du ras-le-bol d'une population noire, déjà considéré comme dangereuse et source de délinquance, face à des stigmatisations quotidiennes.

 

En France, les revendications étaient globalement les mêmes. Seulement, Cameron veut amalgamer ces violences urbaines aux manifestations étudiantes et aux perturbations anti-G20. Ces évènements ont été suivie par des vitrines cassées et des débordements. Or, comme le rappel Roger Graef dans The Guardian, « il n'est pas toujours simple de faire la distinction entre la loi et la justice, en particulier lorsque le désordre est en lui-même une forme de protestation contre ce que les citoyens considèrent comme des lois injustes ». Il est là le problème. C'est une « rupture » entre le gouvernement et une partie de la population qui ne se reconnaît pas dans la politique menée.

 

La comparaison avec la France est enrichissante, car que constatons-nous ? La répression par la force de manifestations, certes illégales, mais pacifiques. Ainsi, les dirigeants français et britanniques sont les premiers à dénoncer Kaddhafi parce qu'il tire avec des chars sur la population manifestant pacifiquement, mais, dans une moindre mesure, ils font la même chose. Cela amena, comme le rappel aussi Roger Graef, a un rapport critique de Denis O'Connor, inspecteur général de la police, quant à la dispertion des manifestations pacifiques contre le G-20. En France, l'attitude du maire du Havre et des autorités nationales contre les anti-G8 de Deauville est inadmissible. Il y avait plus de militaires (CRS) mobilisés qu'il n'y avait de manifestants. Beaucoup de gens ne sont d'ailleurs pas venus à ces manifestations du fait d'une trop grande présence policière et de la peur de finir en garde à vue pour un rien.

 

Aujourd'hui, il apparaît un manque totale de « tolérance » à l'égard de ces manifestations interdites, ayant lieues quand même, et se déroulant fort bien, dans le calme et la bonne humeur, accompagnées de musiques et de chants la plupart du temps. 24 heures de garde-à-vue pour avoir osé protester est scandaleux. Il est dans les principes démocratiques d'avoir le droit de contester une institution qui nous semble aller à l'encontre du bien commun. Le peuple n'est pas écouté, et c'est cela qui est grave. Lorsque l'on voit des images de citoyens, de personnes supposés responsable, détruire des deventures de magasins sous le regard impassible de policiers, cela laisse songeur. Qui est responsable des pillages ? Les casseurs certainement, mais pourquoi la police n'est-elle pas intervenue tout de suite et durement afin de montrer qu'elle ne laisserait pas faire ? Cela, c'est aussi une attitude irresponsable quoi qu'on en dise.

 

De plus, Cameron et son gouvernement, en répondant à la violence par cette attitude passive puis, voyant que cela prend de l'ampleur, par une violence des plus extrêmes, se montre à la fois impuissant face aux évènements et bien incapable de prendre ses propres responsabilités de Premier ministre. En fait, ce qu'il veut cacher, faire passer, c'est son incapacité à réagir. Il a été dépassé par les évènements et veut se donner bonne conscience en faisant de la répression son cheval de bataille. Après l'affaire des écoutes illégales, il ne peut pas ajouter une humiliation supplémentaire à son palmarès déjà bien remplie. Sa crédibilité à l'échelle européenne est en jeu. Par son action dans la guerre en Libye, il voulait faire passer les faux pas du début de l'année. Avec la survenue des émeutes, c'est raté. Il est étonnant que des britanniques, pourtant opposé à la violence, est expliqué avoir compris l'attitude des pilleurs, même les plus concernés. En France, ce fut la même chose en 2005. Il y a l'idée que c'était « inévitable », que ça devait arrivée. Pour que les gens en est conscience c'est qu'il ne s'agit pas d'une simple manifestation criminelle, mais qu'il y a derrière cela ce fameux « malaise social » dont tout le monde parle en se refusant de l'analyser et d'en percevoir la portée.

 

Il apparaît que beaucoup de cadres de la police, comme l'explique Roger Graef, qui sont responsables de leurs agents, ont eut peur de répondre aux violences par la violence car ils avaient peur que cela se retourne contre eux. Il ne faut pas oublier que l'élément déclencheur est la mort d'un individu après un échange de coup de feu. Ainsi, ajoute Roger Graef, « les citoyens ordinairement respectueux du droit ont souvent l'impression que l'injustice fait partie intégrante de la loi et protestent donc – souvent illégalement – contre elle (...) ». Certaines lois, comme Hadopi en France, légalise l'injustice. Ainsi, en Iran, les autorités viennent de criminaliser les batailles d'eau. Ce n'est plus injuste, c'est l'absurdité injustement légalisé en criminalisant le plus banal des jeux. Tout cela va forcément, quel que soit le régime, provoquer des manifestations de colère, plus ou moins violente. Dans les pays arabes révoltés, le peuple a agit de la même manière qu'en France et aujourd'hui au Royaume-Unis. Finalement, ce que le droit préconise n'est pas nécessairement juste. Cette conception, si elle n'est pas nouvelle, permet de dissocier le droit de la justice et de mettre en avant l'idée qu'un gouvernement, quel que soit sa légitimité, n'a pas à imposer des lois contre la volonté du peuple.

 

Le problème de la politique aujourd'hui c'est que nombre de ministres croient que, une fois élu, ils peuvent faire ce qu'ils veulent, même faire le contraire de ce qu'ils ont promis. Cette conception est largement répandue et doit être largement combattue car elle va à l'encontre de pas mal de principes démocratiques. Près de 90 000 arrestations, des audiences tenues la nuit, des placements en détention préventive pour des simples vitres brisées et des emprisonnements de quatre ans pour des voitures brûlées. Non, tout cela n'est pas normal et tout cela n'a rien à faire dans une démocratie, si nous pouvons d'ailleurs appeler cela ainsi en pareil circonstances. Ce ne sont pas des méthodes dignes d'un gouvernement occidental et cela ne montre pas l'exemple, surtout après avoir fait la guerre à un dictateur et discouru contre ses méthodes, qui ne sont pas très éloignés de celles employées par la justice britannique actuellement. Des audiences la nuit, qui plus est éxpéditives, au mépris des procédures et se soldant par des peines extrêmes. Certes, ces propos sont violents, mais il faut dire ce qui est. La justice britannique, en pareil cas, n'est pas du tout équitable et juste et il est curieux de constater que des magistrats, censé être indépendants, cautionnent ces mesures répressives. Non, il y a un sérieux problème et je dois le dire, qui fait froid dans le dos.

 

Ainsi, des démocrates vont aussi dans l'ignomonie, fier de leur droit de violence « légitime ». Et voilà, encore le « droit ». Parce qu'ils ont le « droit » de répondre à la violence par la violence, cela leur donne la possibilité de tout faire. Il serait temps qu'ils comprennent que non. Ainsi, pourquoi les autorités n'ont pas réagi avec flegme ? Pourquoi n'ont-ils pas simplement appliqués les peines prévus par la loi pour ceux qui ont véritablement pillés ? Il ne s'agit pas de cautionner les pillages, en aucune manière, mais il s'agit d'apporter des solutions. La réponse la plus sûre et la plus diplomatique c'est le dialogue. Cameron aurait dû affirmer sa volonté de punir les casseurs – la clémence n'étant pas non plus la solution – tout en expliquant comprendre les revendications des émeutiers. À la limite, il leur aurait expliqué que la situation de crise étant ce qu'elle est, il est inévitable que leur niveau de vie baisse, qu'il faille faire des sacrifices. Or, depuis le début, Cameron a fais passer ses réformes le plus brutalement possible, sans concertations préalable. Fillon, en France, a été plus intelligent puisqu'il joue sur le calendrier, faisant passer son plan de rigueur à une semaine de la rentrée, sachant fort bien que lorsque les gens prendront conscience de l'absurdité et de l'injustice de ce plan, il sera trop tard pour reculer. Les Français sont favorables à ce plan martèlent les médias. Mais quels Français ? Tout est dans la communication. Jamais Sarkozy concèdera que les résultats obtenus par Chirac, parce qu'il en avait obtenue de conséquent comme la réduction du chômage, le faisant passer en dessous des 8,5%, il les a fais volés en éclats. Aujourd'hui, nous sommes plus que largement au-dessus des 9,5%, malgrès les dires du gouvernement. Beaucoup de personnes sans emplois ne sont pas comptabilisées et cela nous le savons.

 

Roger Graef, en parlant des émeutiers et évoquant la répression, conclu en disant que « une chose est certaine : cela ne risque pas de les inciter (les casseurs) à respecter la loi davantage. » Pour finir, donnons cet exemple, tiré d'une brève du journal The Times : « Ils avaient appelé sur Facebook à lancer des émeutes dans leur ville de Northwich et de Warrington, dans le comté de Cheshire (centre-ouest). Alors même que personne n'avait répondu à leurs sollicitations, deux Britanniques de 20 et 22 ans ont écopé le 16 août de quatre années de prison chacun. » N'est-ce pas là l'exemple d'une justice expéditive et injuste ? Pour avoir poster des messages, deux jeunes vont perdre quatre ans de leur vie, et les plus belles années encore. C'est, je suis désolé, scandaleux et révoltant. Je le répète car il faut en avoir conscience. La réaction du gouvernement britannique et l'attitude des magistrats n'est pas « normal », n'est pas admissible dans une démocratie. Que l'on punissent des individus ayant brisés des vitrines, brûlés des voitures, est tout à fait « juste », mais le faire de cette manière là, non ! « Alors s'il n'existe aucun chemin qui permette de revenir en arrière, écrivis le romancier norvégien Jens Nesbø après la tragédie du 22 juillet, il y a par contre moyen d'aller de l'avant vers la quiétude naïve de ce qui n'a pas pas été souillé. D'être courageux. De continuer comme avant. De tendre l'autre joue, tout en posant la question : « C'est tout ce que vous avez trouvé ? » De refuser que la peur modifie la façon dont nous avons bâti notre société. »

 

Il est aujourd'hui une évidence : la peur dicte la conduite des hommes politiques et influence la pensée de certains individus qui, pourtant, ne sont pas des monstres et peuvent mêmes se montrer sensible à l'injustice. La peur entraîne des réactions instinctives difficilement controlables. Souvent, ces réactions ne sont pas conscientes. L'individu ne sait pas comment il a fait pour échapper à se chien qui lui courait après. Il peut ainsi faire des choses que jamais ils n'auraient fait consciemment. La peur l'a poussé à faire ce qu'il a fais. Or, comment expliquer autrement que par la peur ces attitudes de défiance à l'égard d'autrui pour des raisons qu'il est difficile d'expliquer. Il n'est pas certain que Cameron soit capable d'expliquer pourquoi il veut une répression si violente. Il dira qu'il ne peut pas laisser passer des actes criminels. Certes, mais les peines n'étaient pas obliger d'être aussi lourde. En fait, s'il se réveillait, il serait mis devant l'absurdité de son attitude, et cela est en soi révoltant. L'absurdité de la répression, l'incohérence des peines par rapport aux actes, n'est pas justifiable par la volonté de punir des criminels. On ne puni pas des criminels en leur infligeant une peine qui n'est pas prévu pour l'acte qu'ils ont commis.

 

 

 

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22 août 2011 1 22 /08 /août /2011 12:03

Le Royaume-Uni apparaissait, vu par un étudiant Français, comme un pays tranquille, assez loin des troubles agitant l'Europe depuis trois ans. Les émeutes qui ont éclatés divisent encore les plus éminents spécialistes. Pourquoi ? L'élément déclencheur – la mort d'un homme interpelé pour faire du trafic de drogue – est bien connu, mais pas les raisons de l'embrasement généralisé. Les hommes politique britanniques semblent terrorisés par l'ampleur des troubles, perdant du même coup tout leur moyens. Cameron n'a pas su gérer la crise dès le début, les services de police étant débordés. Nina Power, dans The Guardian, rappelle que l'arrivée au pouvoir d'une coalition a provoqué des manifestations étudiantes, sur lesquelles j'apportais tout mon soutien, des manifestations, des occupations d'universités et maintenant des véritables émeutes. Vu de l'extérieur, certainement par le même processus médiatique qu'en 2005 en France, la situation pourrait ressembler à une « guerre civile ». Il est certain qu'il n'en est rien puisqu'il n'y a aucune volonté de destabiliser le gouvernement ou le régime. Il y a des revendications sociales sûrement, et les londoniens ne le niaient pas, le concédant même volontiers, mais en restant souvent réservés sur les formes prise par la colère. Nina Power explique que « tous ces évènements n'ont certes pas la même origine, mais ils s'inscrivent tous dans un contexte marqué par des réductions budgétaires brutales et de lourdes mesures d'austérité. » Comme en France, l'écart se creuse au Royaume-Uni entre les riches et les pauvres. La même attitude de contrôle des minorités ethniques qu'en France, provoque un sérieux sentiment d'humiliation parmis ces populations.  

 

Londres.jpg

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14 août 2011 7 14 /08 /août /2011 01:48

Les autorités britanniques font face aux émeutiers avec un manque de flegme, de sang-froid total. Le gouvernement réponds à la violence par la violence. M. David Cameron veut limiter l'accès à Twitter et Facebook, car selon lui, “la libre circulation de l'information peut être utilisé pour faire le bien ; mais, elle peut aussi servir à faire la mal”. Comme en France en 2005, un homme tué par la police provoque la colère de la famille et une marche d'hommage tourne à l'affrontement. C'était dans la nuit du 6 août. Le feu de pailles est vite lancée et la police, mal organisée, ne sachant pas répondre aux émeutes urbaines, va alors commettre des erreurs sur le terrain. Elle se laisse déborder dans les combats de rue.

 

La jeunesse européenne, en 2010 et au début de l'année 2011, a montré qu'elle ne voulait plus de ce monde là. Elle aimerait pouvoir étudier, traivailler, savoir que son avenir sera autre chose que le chômage, la misère ou l'incertitude. La crise en Grèce, les mauvaises finances américaines, le sursis de la France, de l'Italie ou de l'Espagne, ne laissent rien présager de bon. Pour les économistes c'est même la fin du système capitaliste, du moins celle de l'euro. Le gouvernement de M. David Cameron a augmenté les frais d'entrée dans les universités après avoir promis la gratuité. Les jeunes, brimés, se sentent abandonnés tout autant que les retraités.

 

Après le scandale Murdoch, dans un tel contexte international de crise sociale et financière, comment s'étonner du climat outre-manche. Ces émeutes prennent de cours les autorités en ce mois de vacances parlementaire. Ils cherchent à couper les communications. La vie chère, la pression sociale et le chômage sont pour la population une source d'inquiétude et d'incertitude concernant l'avenir. Qu'est-ce donc ces gens travaillant devant dormir dans la rue à cause des loyers trop cher ? Sommes-nous Europe, le riche continent de la planète ?

 

Pourtant, notre monde change et c'est un tournant historique. Certains pays de cette Union européenne, espoir de rempart contre la guerre, sont totalement sous dépendance financière de la Chine. Cette Chine, avec ses 2 milliards d'habitants et son gouvernement capitalo-communiste, reproche aux États-Unis d'Amérique de devoir payés une partie de la dette américaine. Dans quel monde vis t-on ? Il est une certitude : nous sommes entrés dans le XXIe siècle. Un nouveau crach boursier a été évité de justesse il y a quelques jours, mais cela met sous pression la France, l'Italie et l'Espagne. L'Italie a d'ailleurs adopté un plan de rigueur. C'est une dernière tentative, un dernier combat avec l'énergie du désespoir pour nos élites cherchant à garder leurs privilèges financiers.

 

Le gouvernement britannique, pour expliquer les violences, avancent, avec la même hypocrisie que les autorités française en 2005, que les quartiers touchés regorgent de gang et de mafieux. M. David Cameron aurait même fait appel à un “superflic” américain, connu pour la lutte anti-gang. L'État britannique serait-il totalitaire, réprimant des jeunes armés de leurs poings, de batte de baseball ou de barre de fer, certes, mais avec des méthodes anti-gang. Un gang, pourtant, c'est une organisation hiérarchisée, indépendante, luttant contre la police, pouvant se battre jusqu'à la mort. Sont-ce des pilleurs, des casseurs et des excités ne prenant pas même les précautions de se cacher le visage pour ne pas être identifiés par les caméras, qui vont se battre jusqu'à la mort ?

 

L'absurdité, l'ambiguité de nos régimes “démocratiques”, ressemble fort à cette démocratie athénienne bourée de complexe qui, à la fin du Ve siècle et au IVe, verra fleurir les procès politiques. Pour lutter contre des violences causées, pour le gouvernement, par des bandes organisées aux tendances mafieuses, la limitation de la liberté d'expression est légitime. C'est scandaleux, pourtant, que cela. Ainsi, David Cameron se met en non-conformité avec le droit européen. Les mises en garde des autorités de l'Union européenne ne changent rien, tout comme elles ne firent rien lorsque la France expulsa de son sol les Roms.

 

Bien sûr, il convient de relativiser les violences en tenant compte, comme ce fut le cas en France, des voitures brûlées, des magasins pillés et de la peur des gens. Si la colère des jeunes, des gens est légitime car elle vient du désespoir, elle n'excuse pas les violences. Les commerçants ne sont pour rien dans les décisions prises par le gouvernement britannique et les voitures brûlées empêcheront peut-être des habitants honorable d'aller travailler le lendemain. En cela, ces violences ne sont pas admissibles. Pourtant, la réponse du gouvernement ne l'est pas non plus. Un climat de guerre civile ne sauve pas un pays de la tension sociale qui règne en lui. En ce sens, le couvre-feu, utilisé en 2005 en France, est une honte.

 

La population londonienne est partagée entre parler de vandalisme ou compatir pour les émeutiers, qu'ils comprennent et auxquels ils ne peuvent pas reprocher d'avoir céder à la violence. La police française a même fait une leçon de morale aux autorités britanniques. Cette diplomatie de l'autoritarisme, oeuvre d'un État policier, rappelle curieusement une certaine Alliot-Marie et sa proposition d'aide à Ben Ali. Les mots sont fort, mais les politologues sont unanimes, la dérive de la démocratie moderne c'est la dictature de la mojorité, l'État policier prenant le pas sur l'État providence.

 

Toutefois, lorsque l'on connaît l'efficacité des Compagnies républicaines de sécurité, il est tenu de sourire. La vantardise des autorités françaises masquent mal la peur de revoir cela se produire. Il est certains, malgré tout, que la stratégie “militaire” des CRS, avec des équipements adaptés, n'a rien à voir avec les bobbies mal équipés, souvent débordés, incapable de tenir une rue. Ils ne peuvent pas empêcher les pillages des magasins la nuit et les commerçants doivent barricader eux-mêmes leur devanture, dans l'espoir de la trouver intact le lendemain. De plus, les autorités britanniques manquent d'effectifs, les unités de police étant divisés dans le pays.

 

L'ambassade de Grande-Bretagne en France parle de la fin du “dialogue” qui permettait, avant, de régler ce genre de “problèmes”. La crise est passé par là et l'incapacité du gouvernement britannique aussi. Les Londoniens concèdent que les structures sociales existentes avant la crise ont disparues, laissant une jeunesse livrée à elle-même, en perte de repères et de buts à poursuivre. Cette incertitude de l'avenir, cette angoisse du présent, cette vie presque au jour le jour et parfois cette nostalgie du passé, ne peut créer que du ressentiment et un malaise. Ce malaise social dont parle le Nouvel Observateur, dont je parlais lors des blocages de lycées et d'universités en automne 2010, touche toute l'Europe. Ce n'est pas, et ce ne doit pas être anodin. Les gens s'en prennent à l'autorité et à la société de consommation. Ils attaquent les forces de l'ordre, les sièges des partis politiques et les magasins.

 

Cette colère contre l'État et le système capitaliste laisse la porte ouverte aux pires dérives. Dans ce contexte nous ne devons pas négliger l'Histoire et devons plutôt repenser à ce que donna 1929. La crise de 29 donna la Seconde Guerre mondiale. Le populisme ou le consevatisme, l'extrême-droite elle-même prend du terrain en Europe. Le cas de la Hongrie, avec la limitation de la presse ou les pressions sur l'opposition, annonce une tendance dangereuse. Veut-on vraiment de cela dans une Europe pacifiée, qui n'a connue de guerre que dans les Balkans ? Fermer les frontières, revenir sur l'euro, serait un recul en arrière très préjudiciable à la paix, mais surtout – et c'est le plus important – à la démocratie.

 

En Israël, pays colonialiste et autoritaire, les jeunes ont manifestés pour plus de justice sociale. Les conséquences de la crise amènent les gens dans la rue même dans les démocraties les plus “dures”. En Europe, les problèmes, profondément ancrés, ressurgissent au premier prétexte venu et à la première injustice ressentie.

 

 

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12 août 2011 5 12 /08 /août /2011 21:02

H4170009-L._Adolphe_Quetelet-_Flemish_astronomer-SPL.jpgDans ses Cours, Auguste Comte parle de physique sociale. Un terme qu'employait déjà Adolphe Quételet (1796-1874), sur lequel je vais revenir ici. En 1835, chez Bachelier, il publie un Essai de physique sociale dans lequel il s'attache au développement des facultés de l'homme. Il part du principe que l'homme est soumis à des lois naturelles qui agissent sur son développement. C'est une forme de déterminisme puisque l'existence de lois pour expliquer les actions de l'homme reviens à nier le hasard et la possibilité de transformations imprévues. Charles Darwin mettra fin à cette croyance, mais bien plus tard.

 

L'homme, « en le dépouillant de son individualité, nous éliminerons tout ce qui n'est qu'accidentel ; et les particularités individuelles qui n'ont peu ou point d'action sur la masse s'effaceront d'elles-mêmes, et permettront de saisir les résultats généraux ». Cette citation est intéressante car elle nous rapproche de Durkheim. En effet, pour Quételet, l'individu en tant que tel, n'a pas d'influence sur la masse. Tout ce qui est particulier n'est pas digne d'intérêt. L'homme forme un tout qu'il faut prendre comme tel. Ici, l'objet d'étude c'est l'espèce humaine et, pour aller plus loin, c'est la société tout entière – la « masse » - au détriment de l'individu.

 

Or, Max Weber montrera, par la suite, que l'individu a une importance. Les accidents peuvent avoir des conséquences au point de créer quelque chose de nouveau. Les minorités peuvent devenir majorités comme une faiblesse peut devenir une force. Alors oui, les particularités individuelles peuvent agir sur la masse. Quételet propose de prendre du recul pour étudier les lois concernant l'espèce humaine « car en les examinant de trop près, il devient impossible de les saisir (...) ». Seulement, nier l'individualité, c'est forger des généralités sur des appréciations d'ensemble et donc, finalement, abstraites. En effet, prendre l'évolution d'un groupe d'individus dans le temps en niant les transformations individuelles qui ont contribué à cette évolution c'est ce borner à l'étude de la surface.

 

Les esprits les avisés diront fort justement que l'espérance de vie est le résultat de la moyenne des âges à la mort des individus composant le groupe. Or, Quételet ne s'intéresse qu'à l'évolution de la moyenne. Cela nie l'existence d'individu pouvant être morts très âgés avec d'autres morts très jeune. Cela n'est toutefois pas la même chose que des individus morts environ au même âge. Dans les deux cas, il est possible de trouver le même résultat, mais les conclusions seront différentes. Plus précisément encore, Quételet s'intéresse à ce qui, dans une série statistique par exemple, reviens le plus souvent. N'est-ce pas ce que fait Durkheim avec le suicide ?

 

Pour sa part, Quételet explique que « l'expérience prouve que non-seulement les meurtres sont annuellement à peu près en même nombre, mais encore que les instruments qui servent à les commettre sont employés dans les mêmes proportions. » Cette évidence ne permet pas d'expliquer pourquoi les meurtres sont commis et quel est l'origine sociale de cette forme de violence. Simplement, la stabilité de la moyenne montre un taux constant de meurtre admissible dans une société, car inévitable. La hausse ou la baisse de cette moyenne entraîne en revanche d'autres conclusions. Si cette moyenne a un sens et qu'il faut en tenir compte, cela exclus les individualités. Qui sont les meurtriers ? Qui sont les victimes ? Max Weber aurait sûrement dressé le portrait d'un certain nombre de ces meurtriers et de ces victimes pour en dresser un type idéal, puis, seulement ensuite, il aurait sans doute comparer l'évolution de ces idéaux types.

 

Quételet est donc le garant d'une sociologie quantitative avant Durkheim. Pourtant, il est bien souvent laissé dans l'ombre, malgré l'importance qu'il a eu concernant les sciences mathématiques. Il n'est ni Français, ni véritablement sociologue, mais il a contribué à collecter de précieuses données sur la population. En revanche, s'il n'est pas un sociologue reconnu, c'est un des tout premier statisticien moderne puisqu'il a mis en avant la collecte de données sur le monde social et qu'ils les a aussi analyser et interpréter. Pour ce faire, il utilise les techniques des mesures, des enquêtes et des relevés déjà impulsés au XVIIIe siècle avec la pratique des recensements. En cela, il est précurseur de notre INSEE.

 

L'objectif de Quételet était d'utiliser les sciences dures dans les sciences de l'homme. Ainsi, partant du principe que les phénomènes astronomiques sont prévisibles, il annonce que les phénomènes sociaux peuvent aussi l'être, en fonction de certains critères définit scientifiquement, dont la moyenne fait partie. Pour lui, avoir l'idée de l'évolution « normale » d'un phénomène permettra de détecter lorsqu'une courbe de données devient « anormal ». Par exemple, si la moyenne des meurtres commis avec une arme à feu augment considérablement.

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9 août 2011 2 09 /08 /août /2011 17:49

Il n'en faut pas plus pour décrire l'horreur de ce jour avec 214 000 morts, sans compter les morts qui suivirent dans le temps du fait des radiations, les malformations des enfants qui vont naître ensuite.

 


 

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3 août 2011 3 03 /08 /août /2011 19:50

L'histoire de l'Égypte ancienne fascine, et ce à juste titre. Comment ne pas rester bouche bée devant la grandeur des pyramides et la splendeur des temples ? Les ruines elles-mêmes nous donnent un aperçu de la puissance de cette civilisation. Il y deux mille ans, cela devait être un ravissant spectacle de couleurs et de bruits et de sensations étranges. Le temps où je vous emmène est une période troublée par les conflits, par la division du pays. Le Dieu Horus et le Dieu Seth se livrent une guerre pour le contrôle de l'Égypte.

 

En l'an 2861 avant notre ère, le Roi Adjib, “son coeur est vaillant”, s'éteint pour l'éternité. Il aurait gouverné depuis Memphis, en Basse-Égypte, c'ést-à-dire au Nord. Son pouvoir fut contesté et il s'employa à apaiser la colère des Égyptiens en utilisant la diplomatie. Du fait de son grand âge, une fête Sed fut célébré en son honneur afin de régénérer les pouvoirs du roi. Il tenta certainement de s'imposer comme le souverain de toute l'Égypte mais, se heurtant à l'hostilité des aristocrates, il ne put mener à bien son entreprise.

 

D'ailleurs, son successeur, Sémerkhet, “L'ami pensif”, intrigue les chercheurs. Il est indéniablement lié à la cour et son rang de prince royal ne fait presque aucun doute. Cependant, était-il le successeur désigné ? Cela est moins sûr. Il était le fils de la reine Batyrites, épouse du roi. Seulement, il n'était peut-être pas le fils choisi par le Pharaon et son demi-frère, Qa'a, “Son bras se lève”, lui fut préféré. Cela rendit jaloux Sémerkhet qui usurpa le pouvoir à la mort de son beau-père. Tout cela manque de preuve mais fut toutefois défendu par Jürgen von Beckerath, un égyptologue allemand né en 1920.

 

Le nouveau roi se trouva à son tour coupé d'une partie des fonctionnaires et des prêtres de Saqqarah. Les relations entre la Haute et la Basse-Égypte son tendues et parfois conflictuelles. Le commerce extérieur est maintenue, mais il est plus faible que sous les règnes précédents. La richesse de l'Égypte, au vu de sa tombe, restait immense. Certains indices tenderaient à penser qu'il chercha à se réconcilier avec Qa'a, son demi-frère. Ainsi, cela explique que ce dernier ne fit pas disparaître son nom après sa mort. Il est même connu un ministre de Sémerkhet, Henuka, dont le nom figure, avec celui du roi et celui de Qa'a, sur un sceau en ivoire. Le roi meurt en 2853 avant notre ère.

 

Qa'a, pour certians, serait le fils de Sémerkhet, même si la tendance est de le dire fils de Adjib. Cela expliquerait pourquoi Sémerkhet usurpa le pouvoir et aussi pourquoi Qa'a n'effaça pas la mémoire de son prédécesseur, son demi-frère. Ce qui caractèrise le règne c'est la justice, l'autorité du roi. En menant des campagnes en Palestine, il montre sa force. Il semble que l'Égypte retrouva un semblant de prospérité et de stabilité sous son long règne. Le Sud lui était entièrement soumis comme l'atteste des sculptures retrouvées près de la cité de Hierakonpolis. Il va pourtant recentrer son autorité autours d'Abydos et s'entourer de fonctionnaires de cette région.

 

Les rois de la Ière dynastie ont d'ailleurs leurs tombeaux à Oumm el-Qaab, tout près d'Abydos. Pour lui succéder, Qa'a choisi de marier une des ses filles à un des fonctionnaires d'Abydos, Hotepsekhemoui, “Les deux puissances sont en paix”, c'est-à-dire Horus et Seth. Cela montrerait une réconciliation entre le Nord et le Sud du pays. Toutefois, lorsque Qa'a meurt en 2828 avant notre ère, un certain Ba et Seneferkâ revendiquent le trône, mais ils vont se disputer le pouvoir, permettant à Hotepsekhemoui d'unifier ses forces armée pour les anéantir.

 

La tombe de Qa'a est encore plus grande que celle de ses prédécesseurs. Elle fut découverte dans un état excellent pour son âge, révélant encore des coloris vifs sur les murs. Il faut ajouter que Hotepsekhemoui s'occupa des offrandes à son “beau-père” et qu'il en organisa lui-même les funérailles. Cela montre au moins une bonne entente entre les deux personnages. Cependant, la mort de Qa'a scelle aussi la fin de la Ière dynastie, remplacée par la IIème, dont Hotepsekhemoui est le premier souverain.

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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 15:30

Avec le retour des Bourbons sur le trône de France en 1815, l'éducation retrouve son caractère religieux. La Chambre introuvable donne aux archevêques et aux évêques la surveillance des collèges et des pensions. Avant les Cent-jours, le régime monarchique restauré est impopulaire. Les élites ne sont pas préparées à l'exercice du pouvoir. Il est avéré que le Ministère de l'Intérieur, en charge de l'instruction publique, était complètement désorganisé. De plus, avec la Terreur blanche menée par les ultras, les provinces connaissent quelques années tendues. L'arrivée au pouvoir, en 1816, de la Chambre introuvable, inspire à Louis XVIII un mouvement de recul. Il dissout la Chambre.

 

Étudiant en théologie à la veille de la Révolution française, Frayssinous se cacha car il était prêtre. Il reviendra sous l'Empire et donnera des conférences qui vont le faire connaître. L'Église reprends l'éducation en main et Frayssinous sera une des premières personnalité à s'en occuper. Faut-il supprimer l'Université installée par Napoléon ? Les ultras y sont favorable, mais finalement cela ne se fera pas. Frayssinous, alors évêque d'Hermopolis, entre à l'Académie française en 1822. Il est aussi grand maître de l'Université puis, en 1824, il obtient le portefeuille tout nouvellement créé des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique. Dans les discours et les textes écrits sous la Troisième république, il apparaît clairement que les royalistes veulent préserver l'Université, mais qu'il faut la “royaliser”. Pour commencer, une purge est nécessaire. Cousin, Guizot et Bautain, vont être destitués. Pourtant, curieusement, Guizot, dans ses Mémoires, ne semble pas en vouloir au régime de la Restauration.

 

Le 29 février 1816, une ordonnance est publiée avec pour objectif d'organiser la surveillance des maîtres et des méthodes d'enseignement. Pour ce faire, sont créer des comités cantonaux à la tête desquels sont placés des curés. Or, ceux-ci n'ont pas souvent fait preuve de coopération avec le gouvernement et l'ordonnance, dans la plupart des communes n'aura aucun effet. Cette ordonnance de 1816, Frayssinous va la renforcer par celle du 8 avril 1824 qui place ces comités sous la présidence des évêques qui ont le droit désormais de délivrer ou de retirer le droit d'enseigner. Pour autant, il est évident que la scolarisation elle-même est faible. À peine 42% des conscrits de 1827 savent lire. Ainsi, en avril 1828, après la chute du ministère Villèle, l'autorité universitaire retrouve son rôle de surveillance de l'enseignement primaire. Les écoles primaires sont plus nombreuses à la fin du ministère de Frayssinous qu'en 1824. Les élèves sont plus nombreux et les méthodes se sont améliorées.

 

Toutefois, il y a des points noirs. L'École normale et ma Faculté de médecine sont supprimées et des étudiants sont mêmes condamnés pour rébellion. Concernant la responsabilité de Frayssinous sur les violences, Garnier, dans Frayssinous, son rôle dans l'Université sous la Restauration, publié en 1925, souligne que l'éducation était alors dans les prérogatives du ministère de l'Intérieur. Pour lui, il s'agit de Corbière. Il montre ensuite un Frayssinous tentant de réparer le mal déjà fait. Il rétablit la Faculté de droit de Grenoble en septembre 1824, puis il fonde, le 9 mars 1826, l'École préparatoire de Louis-le-Grand chargé de la formation des maîtres de l'Université. Afin de sauver les collèges, attaqués par Lammenais dans un violent pamphlet, le Drapeau blanc, il décide d'en réorganiser les programmes, de surveiller lui-même le recrutement des professeurs. En fait, il place des prêtres ou des évêques à la tête des établissements. Le 4 septembre 1821 fut rédigé un statut de pédagogie.

 

Cette politique, ménée rapidement, sera impopulaire, mal compris, d'autant plus que la jeunesse n'a plus cette foi presque dévote de nombreux Français du XVIIIe siècle. Pour autant, comme le montre Garnier, il est certain que Frayssinous a sauvé l'Université des coups des ultras assez habilement, en montrant qu'elle était capable de s'adapter à la monarchie. Pourtant Georges Leygues, dans L'école et la vie (1903), dénonce cette nouvelle politique éducative comme étant réactionnaire. Il explique, avec un peu d'ironie, que “dans les collèges, les tambours ne battaient plus la diane, c'étaient les cloches qui sonnaient le réveil.”1 Quelques temps plus tard, après un acharnement des ultras pour limiter les troubles chez les étudiants, l'ordonnance du 1er novembre 1820 établit un Conseil royal de l'instruction publique. Quatre ans de plus et c'est la création du Ministère de l'Instruction publique avec Frayssinous à sa tête. Il s'agit du fameux ministère de l'Instruction publique, souvent associé à celui des Affaires ecclésiastiques.

 

Frayssinous créera, en 1825, l'agrégation spéciale de philosophie qui va prendre le pas sur les sciences et sur l'histoire. Cette dernière discipline va peu à peu predre son indépendance, lier à l'enseignement de la rhétorique. Pour Leygues c'est la victoire de la Congrégation. Pourtant, les choses changent à partir de 1828 avec Vatimesnil qui nomme une Commission chargée de réviser les programmes. Dans ses conclusions, il prône l'étude des langues vivantes, de l'histoire et de la philosophie en français et non pas seulement en latin. D'ailleurs, les universitaires tombés en disgrâce sous la Restauration, tels Cousin et Guizot, vont revenir enseigner, parfois feront de la politique après les Trois glorieuses. En effet, Guizot sera nommé Ministre de l'Instruction publique en 1830, mais il ne restera qu'une journée en poste puisqu'il pris le portefeuille de l'Intérieur. Par la suite il sera repris au même poste dans le ministère Soult en 1832.


1 Leygues, L'école et la vie, 1903, p. 101.

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29 juillet 2011 5 29 /07 /juillet /2011 02:34

L'euro, encore l'euro, toujours et encore l'euro. Sauver l'Europe par sa monnaie quoi de plus grandiose et de plus charmant. Mais de quelles bontés d'âme nous gratifient ces politicards grandiloquents ? Ah, elle est belle cette Europe libérale, antre vivace d'un capitalisme financier à l'agonie. C'est cela l'avenir : sauver les meubles coûte que coûte. Que fait donc la Déclaration des droits de l'homme dans la Constitution de 1958, dans le tout frais Traité de Lisbonne de 2007 ? Après, on va s'inquiéter qu'un Stéphane Hessel ose affirmer qu'il fut un rédacteur de cette Déclaration. Il en a été toutefois le témoin certains et il fait bien de nous rappeler l'existence de notre Sécurité sociale, dans quel contexte nous avons obtenu notre État providence. Et voilà Sarkozy s'affichant en sauveur de l'Europe, critiquant l'Allemagne – avec raison – mais sans modestie. Sa fierté d'inscrire son nom dans l'histoire est d'un pathétique risible. Le 26 juillet, il adressa une lettre au parlementaires, aux élus de la République, pour parler du grave sujet de l'avenir de l'euro. La manière, encore la manière, toujours et encore la manière.

 

Diantre, le monde politique est tombé bien bas en cette été 2011 assurément plein de surprises surprenante. Sarkozy ! Le nom, certes, restera dans l'histoire, c'est indéniable. Reste à savoir sous quelle forme. Écrira t-on sur son génie pour conquérir le pouvoir ? Le film La Conquêteest parfait pour le comprendre. Sur son sens politique, ses idées nouvelles et son illusoire « rupture », qu'en retiendra l'histoire ? Là, mon pitoyable esprit sceptique reprend le dessus. Le doute me taraude, m'assaille, m'empêche d'y voir pour le moment un rayon de lumière. L'arc-en-ciel promis ne vient pas, le pouvoir d'achat non plus d'ailleurs. La réforme des retraites entraîne dans les affres de la misère des pauvres citoyens jusqu'à tenaces, s'accrochant avec peine pour finir le mois décemment, espérant pouvoir économiser, emmener la petite famille en vacances. Ah, me voilà devenu larmoyant, touchant aux indignes émotions qu'il ne faut surtout faire surgir au risque d'être un démagogue. Même le sens des mots change en fonction de l'intérêt des uns et des autres.

 

En vérité, c'est ce qu'on appela jadis humanité qui tends à disparaître corps et bien. Sans honte, monsieur de Président de la République, Nicolas Sarkozy, avoue que « au-delà du sort de la Grèce qui nous concerne tous, c'est l'avenir de toute la zone euro qui se joue, donc notre avenir et celui de toute l'Europe. » La messe est dite ! L'Allemagne ne se rallia que pour sauver l'Italie, l'Espagne et peut-être même la France. Un pays outre-Rhin ne subsistant que par les importations ne peut se permettre de laisser couler ses acheteurs. Il est utile parfois de se montrer bon mécène. Croyiez-vous donc que les députés grecs ont vraiment eut le choix ? Ils ce sont certainement lâchement conduit, mais ils ont été plus intelligents qu'il était possible de l'imaginer. En sortant de la zone euro, ils réglaient le problème allemand. Seulement, comme le souligne certains petits malins, la crise grecque nous arrange. La France prête de l'argent avec un taux d'intérêt très bas et gagne donc de l'argent sur la misère des citoyens européens de la Grèce. L'argent, encore l'argent, toujours et encore l'argent.

 

En plus, magnifique de lucidité, notre cher Sarkozy reconnaît que la France et l'Allemagne sont deux pays différents. Il parle « d'enjeux fondamentaux » sans nous dire lesquels et il ajoute, parlant de notre voisine outre-Rhin : « Nos différences existent, elles font l'identité de deux vieilles nations mais l'Histoire nous a appris à les surmonter dans l'intérêt supérieur de l'Europe. » Les belles paroles que voilà. La vieille Europe au secours d'elle-même, n'est-ce pas merveilleux ? L'Allemagne réunifiée a tout juste vingt ans d'existence alors que notre Ve République a déjà une cinquantaine d'années. Nous sommes vieux, ils sont jeunes. Merkel agit par intérêt, pour sauver son économie et n'a que faire d'une Europe dont les institutions n'apportent même pas la stabilité nécessaire au bon fonctionnement du capitalisme financier. Pauvre Allemagne et pauvre Europe. Les grandes dames sont aveuglés par des illusoires succès, par des autorités incapable d'empêcher la France d'expulser les Roms, n'arrivant pas même à dire stop à ce dictateur populiste hongrois... Bref, une Europe sombrant dangereusement dans l'extrémisme de droite, le fondamentalisme et la xénophobie plus que primaire.

 

Quel message retiendra l'Europe de la folie meurtrière de cet homme en Norvège ? Rien. Elle trouve encore le moyen d'accuser les musulmans d'en être à l'origine. Ils sont trop nombreux chez nous ces étrangers. Un tel acte était prévisible et la faute incombe à ces bougnoules qui osent nous envahir. Mais dans quelle époque vivons-nous ? Sommes-nous revenus aux infâmes croisades contre l'hérétique, le sarrasin ? Eh bien, non, hélas, c'est le XXIe siècle et pourtant, pourtant, les autorités d'un pays démocratique entassent encore dans des avions des individus simplement parce qu'ils vivent dans des bidonvilles. Des voleurs de bas étage, des profiteurs sans scrupule, bénéficiant de la Sécurité sociale, payant parfois des impôts.... En effet, c'est trop de misère pour l'image de la France voulue par Sarkozy. Mais, monsieur le Président, la misère est l'inavouable résultat de la politique menée depuis des années par votre ignoble majorité, plongeant, au fil des semaines, un peu plus dans la décadence ce petit dont vous vous targuez d'être le gestionnaire.

 

Il énonce, Sarkozy, des mesures prises. La constitution d'organismes d'aide, de stabilité, des pactes dont l'efficacité a été ramené à l'état d'un nihilisme par de nombreux économistes réalistes. Franchement, comment, humainement, soutenir un plan d'austérité comme celui de la Grèce ? C'est une offense direct à la démocratie, un manquement aux règles les plus élémentaires du droit des hommes et femmes à vivre sous un toit, à manger à sa faim... Bref, c'est le droit de vivre que ce plan d'austérité piétine sans scrupule. Ensuite, le Président parle d'un « effort » que tous ont accordé à la Grèce par solidarité envers « l'un des nôtres ». Comme le phrasé est émouvant ! Un « effort » que les Français vont payer et qui, n'en doutons pas, permettra aux caisses de l'état de se remplir de liquidités gracieusement remboursées par les Grecs par la suite, avec les intérêts. Bref, les Français paient pour que les Grecs remboursent de l'argent qui rentrera dans les caisses de l'État, et non dans celles du citoyen lambda. Bref, comme toujours, c'est le contribuable qui paie les erreurs des politicards soumis à des puissants financiers, exemptés eux-mêmes de l'Impôt Sur la Fortune.

 

« C'est un véritable Fonds monétaire européen que nous avons l'ambition de construire », écrit-il encore. Il se dévoile, ne cachant pas ce que les anticapitalistes pouvaient craindre. La tentative est conservatrice. Ainsi, il veut un système financier pour l'Europe qui a montré ses faiblesses sur le plan international. Et qu'à donc fait le FMI pour prévenir la crise grecque ? Qu'à donc fait l'Europe pour prévenir la crise de sa monnaie alors même qu'elle en avait les moyens ? L'un et l'autre n'ont rien fait. Après, ils vont se vanter de sauver la situation en précarisant des citoyens un peu plus encore. Après, ils vont dépenser des millions pour faire la guerre, incapable d'apporter une aide suffisante au pauvres Africains mourant de faim dans les pires conditions. L'Europe de demain, est-ce cela ? Apporter la misère partout où elle va, faisant payer ses erreurs, imposant ses institutions par des magouilles de procédures.... est-ce vraiment cela l'Europe dont rêvent les citoyens des pays membres ? Je ne le crois pas. Le vote vers l'extrême-droite, vers l'écologie politique, vers tous ce qui ressemble à des alternatives, n'est pas anodin. C'est le signe d'un malaise profond, d'une incompréhension certaine de cette Europe de politiciens-gestionnaires, de financiers déconnectés de la réalité sociale, de la vie quotidienne des Européens. 

 

Toutefois, qui pour en prendre la mesure dans la classe politique au pouvoir ? Mélenchon explique que l'Union européenne n'est pas une démocratie... bientôt, je me verrais contraint de le croire. L'Europe fait beaucoup pour nous, soit, mais la médiatisation des plus importantes décisions ruinent sa popularité. Il est heureux d'avoir une Viviane Reding pour rappeler à l'ordre un Sarkozy qui ose défier le Parlement européen en envoyant Hortefeux et Besson affirmer que la France se passera de l'avis des députés en ce qui concerne les Roms. Au nom de la France ! Et puis quoi encore ! La France implique des Français, eux-mêmes divisés sur la question. Sarkozy finit sa lettre par un appel au rassemblement des parlementaires, à l'Union sacrée pour le bien de la France : « En France, dans les mois qui viennent, nous avons besoin aussi de nous rassembler sur ces questions essentielles, au-delà des intérêts partisans. La représentation nationale que vous incarnez jouera, j'en suis sûr, un rôle majeur pour assurer le sens de notre responsabilité commune face à l'Histoire. » Un plan de soutien à l'euro qu'il devra faire valider par le Congrès. Il n'aura pas la majorité des trois cinquième. Il le sait, mais, tout de même, il ose parler de responsabilité, lui qui n'a cessé de prôner la rigueur après avoir promis le mieux vivre. Fidèle à lui-même, c'est un nouveau cris, un retour aux fondamentaux de 2007 : « ensemble tout devient possible » !

 

En fait, c'est un pathétique coup de poker politique pour flatter des députés aux ordres, obéissants sans broncher lorsqu'ils sont à droite, gesticulant sans agir lorsqu'ils sont à gauche. Bref, le mot de la fin n'est pas optimiste : si les Français ne se réveillent pas en 2012 on est grave dans la panade !

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26 juillet 2011 2 26 /07 /juillet /2011 23:31
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24 juillet 2011 7 24 /07 /juillet /2011 17:44

9782724611465_1_75.jpgL'analyse de la France contemporaine n'est pas l'exercice le plus facile pour les historiens. Au premier abord, le chercheur étranger s'aperçoit que l'écart entre les élites et le grand public se creuse. Cela s'explique par la faiblesse de la société civile, par le manque d'autorité politique et de pédagogie. Dans les derniers temps de la IVe République – l'année 1957 – Suzanne Berger note un fort pessimisme et la fâcheuse impression de faire du surplace. On n'avance pas, sans toutefois reculer. Chez les intellectuels ont tentent la carte de l'intégration et de la stabilité. Pour eux, il n'y a de changements possibles que par des chocs massifs. Bien sûr, le changement est aussi possible en dehors d'hommes extraordinaires. Le souvenir d'une certaine tradition politique – celle de De Gaulle, de Mitterand – est toujours ancrée dans les esprits des Français. Le poids de l'Histoire pèse alors même que le modèle de l'État-nation vacille devant la construction européenne.

 

Jacques Hayward, en complément de Berger, rappel le modèle étatique proposé par les Jacobins. Avec eux, nous héritons de cet État hypercentralisée avec un fort dirigisme des notables. Toute la force du système nobiliaire d'Ancien Régime qui persiste encore au XXIe siècle. En 1982, la loi Deferre donne plus de pouvoir aux départements et aux régions, créant différent paliers qui font le jeu des notabilités locales. Le cumul des mandats, toujours de règle, est de plus en plus critiqué. D'un autre côté, explique Marc Lazar, au-delà de cette héritage conservateur, apparaît une gauche de la gauche qui dénonce la mondialisation, le néolibéralisme ou le social-libéralisme et défend le service public et l'État-nation. Globalement, pourtant, c'est une vision plutôt pessimiste de la modernité qui domine en France.

 

Les intellectuels du pays parlent peu d'Europe et de démocratie représentative. Les idées les plus novatrices ne trouvent de soutien chez les têtes pensantes. De plus, il faut faire avec une anti-américanisme – primaire pour certains – et un pacifisme doublé d'anti-impérialisme. L'image de l'intellectuel humaniste des Trente glorieuses laisse la place au structuralisme et au radicalisme. Tout cela amène, en ces années 1990 et 2000, un certains formalisme et un culte de l'évènement. Celui qui incarne le mieux à mes yeux, cet esprit « nouveau », c'est François Dosse. Il a publié, en 91 et 92, en deux tomes, une Histoire du structuralisme. En 2010, il sort Renaissance de l'évènement. Il a également écrit des biographies intellectuelles, notamment sur Michel de Certeau et Paul Ricoeur. En France, toutefois, le grand historien du politique de l'après guerre est René Rémond, décédé en 2007, dont l'ouvrage sur Les Droites en France, publié en 1954, fut rapidement un incontournable.

 

http://www.laviedesidees.fr/Regards-croises-sur-la-France-d.html

 

http://www.ina.fr/grands-entretiens/video/Histoire/Remond

 

http://www.ina.fr/grands-entretiens/video/HorsSerie/Ricoeur

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