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12 août 2012 7 12 /08 /août /2012 01:19

L'élection du président de la république donna lieu à une morne campagne. Les idées n'étaient point puissantes au point de soulever l'enthousiasme des foules. Les citoyens préféraient se détourner de la politique en prenant une position radicale. Les uns allaient vers le candidat socialiste, Hollande, et les autres vers le conservateur, Sarkozy, celui qui remet aux voix son mandat. Ils n'étaient point les seuls candidats à la fonction suprême. Une femme, Marine Le Pen, pour le Front national, parti des ultra-conservateurs, briguait la place avec des chances d'être au second tour de scrutin. Son père, Jean-Marie, avait été second en 2002 et avait échoué face au conservateur du moment, Jacques Chirac, le président sortant, qui l'emporta avec plus de 80% des suffrages exprimés. En 2007, la stratégie de l'ancien ministre de l'Intérieur, président du parti au pouvoir, l'Union pour un mouvement populaire, Nicolas Sarkozy, fut de ramener le vote des électeurs nationalistes sur son nom. Cela réussit de manière admirable et il l'emporta face à Ségolène Royal, candidate pour le parti socialiste, avec 53% des suffrages.

 

Il nomma comme premier ministre, c'est-à-dire comme chef du futur gouvernement, François Fillon. Il fut conforté par une majorité absolue, à l'Assemblée nationale, de représentants de la nation (et non du peuple) fidèle au parti du président nouvellement élu. Lors de son discours de politique générale en 2010, il énonce : « C’est un gouvernement d’action, qui a un double mandat : le premier, c’est de mettre en œuvre l’engagement de 2007 de bâtir une France moderne ; le second, nous ne l’avons pas recherché, mais c’est celui que nous avons reçu de l’histoire : gérer la pire crise économique depuis la grande dépression de 1930. » Il ajoute, après avoir énumérer ce qu'il considère comme des « réformes » : « Quand on sert l’intérêt général, on ne s’excuse pas pour son courage ».

 

Pourtant, son gouvernement n'a pas servit l'intérêt général, mais il a évité aux actionnaires et aux banquiers de payer les conséquences d'une crise qu'ils ont eux-mêmes déclenchée. Les Américains ont payés pour renflouer leurs banques incapables, comme les Français ne sont pas près de rembourser le grand emprunt de 2007 qui a affaibli l'économie de la France simplement parce que le président de la république veut laisser son nom dans l'Histoire avec son projet d'un grand Paris. Sarkozy rejoue Haussmann, mais en plus grand et en plus utopique. Idée de riches pour permettre aux architectes en vues et aux dirigeants des entreprises proche du pouvoir de se faire facilement de l'argent. Des entreprises qui n'hésitent pas à licencier des employés alors que les bénéfices augmentent chaque année, arguant les effets d'une crise que l'on ne voit pas. Il n'y a une crise que parce que les financiers du Fond monétaire international ont décidé d'appliquer leurs théories stupides et dont nous connaissons la contre-productivité et l'échec à court terme.

 

Le premier des ministres avancent ensuite que les puissances émergences rejoignent peu à peu nos payse européens. Il omet de dire que la Chine et le Brésil, l'Inde et l'Afrique du Sud, bénéficient de la vente des brevets par les entreprises européennes et américaines, soucieuses de se faire de l'argent sans aucune perspective à long terme sur les conséquences pour l'industrie et les petites et moyennes entreprises françaises. Le gouvernement ne prend pas en compte la population qu'il est censé protégée et dont il doit assurer la prospérité et l'équilibre. Au lieu de cela, il préfère vendre des technologies militaires et nucléaires aux pires régimes de la planète, tout en laissant entrer des capitaux Qatari ou Chinois dans des entreprises françaises. Celles-ci deviennent dépendantes d'individus qui ont encore moins de moralité que les capitalistes européens.

 

En 2012, le vote des citoyens de France vers la candidate nationaliste peut tout a fait s'expliquer par cette impression d'insécurité liée à l'intrusion des « étrangers » au sein même des organes de décision des entreprises. Pour un ouvrier français, savoir que son entreprise est gérée par un émir du Qatar qui ne connaît pas les droits de l'homme, qui laisse lapider des femmes pour tout et n'importe quoi, qui possède des esclaves et qui aident des extrémistes religieux à assujettir des personnes qui n'ont rien demandé, il est normal qu'ils doutent que leurs droits soient respectés. Dès lors, ils en viennent à détester les étrangers, en généralisant. Pour eux, les « arabes » sont forcément des « musulmans intégristes » qui viennent leur prendre leur « travail » et toucher les « allocations familiales » sans « payer d'impôts ». Or, ceux qui critiquent ne paient pas non plus d'impôts pour la plupart, touchent aussi les allocations et parfois profitent d'une aide alimentaire dont ils n'ont pas besoin, préférant s'offrir une voiture neuve et acheter un téléviseur pour chaque pièce de l'appartement.

 

Cette vision caricaturale cherche à montrer aux indécis que le vote en faveur des nationalistes est plus complexe que ce qu'en disent les médias. Ce ne sont pas les conservateurs qui font peur aux gens, mais c'est le monde qui change, l'impression qu'ils n'auront bientôt peut-être plu le confort qu'ils ont maintenant. Cela personne ne le voit, même si des sociologues ont analysés la situation depuis plusieurs années. Ma génération est « sacrifiée » car elle n'aura pas de travail, qu'elle est sur-diplômée pour au final être dépendante des parents et des grand-parents. Ceux qui vont se sortir de la tenaille du chômage auront bien de la chance. La jeunesse française est incapable de faire valoir ses droits. Moi le premier je ne comprend pas le système social dans lequel je vis et me sent dépasser par lui.

 

Un décalage s'installe dans certaines familles entre les parents et les enfants. Les premiers ont une vision qui correspond à l'idéal des Trente glorieuses où à l'image des milieux populaires du travail facile à partir du moment où l'on connaît un métier manuel. Tout cela est dépassé. Les seconds en revanche croient en l'avenir tout en se résignant à la vie qui s'annonce, faite de difficulté et d'incertitude. Les étudiants d'aujourd'hui n'ont plus la volonté de lutter sur le plan des idées et s'installe l'individualisme et de nouveau l'idée archaïque qu'il faut écraser les autres pour réussir. Les classes moyennes adhèrent de plus en plus à cette idéale qui touche les catégories de population les moins instruites et les plus en difficultés. Certains jeunes n'obéissent qu'à leur loi car c'est la seul qui leur garantie une manne financière de par les petits trafics et par la terreur que certains peuvent faire régner dans des cités excentrées des grandes villes et difficiles d'accès par les forces de police.

 

Tout cela, nous le savons et les politiciens, dont c'est le métier, ne veulent rien faire, préférant s'aveugler en ciblant des populations « marginales » qui vivent comme des chiens dans des bidonvilles, dans la boue et le mépris des habitants. À Lille, dans le nord de la France, des Roms, population nomades de Roumanie, ont été expulsés car ils sont accusés d'être des voleurs, d'être la cause de la crise économique. Ces gens, quant ils ne sont des miséreux, n'ont pas grand chose pour vivre, tout juste le moyen de payer leur voyage vers la France. Les citoyens qui accusent ces individus de voler les maisons dans les villes sont des imbéciles. Ceux qui volent des les maisons ne sont pas des « étrangers », mais des gens du voyage, bien français, qui se déplacent en toute légalité et qui sont citoyens de notre pays. Les Roms, la plupart du temps n'ont pas des papiers en règle et préfèrent se tenir tranquille pour éviter, le plus longtemps possible une expulsion.

 

Donc, au lieu de se prendre à des Roms qui n'ont pas choisi d'aller dans des bidonvilles en périphérie des grandes villes françaises, trouvant parfois comme seul refuge les décharges publiques, il serait temps de mettre fin à certains agissements des gens du voyage (contre qui je n'ai aucun préjugé, mais simplement le souhait de faire respecter la loi) qui consistent à saccager les emplacements construits pour eux par les communes au frais du contribuable. Certains roulent dans des voitures de luxe, mais trouve encore le moyen de voler chez les gens. Eux, par contre, le gouvernement ne va pas les intimider car les policiers savent très bien que ce sont des gens armés, pour certains, qui sont capables de jouer les casseurs. L'expulsion des Roms en 2010 est partie d'un fait-divers malheureux. Un policier a tué un jeune homme en tirant sur sa voiture parce que celui-ci avait refusé de stopper à un barrage de police. Le policier a peut-être eu peur et il a cru sa vie en danger. Ce fonctionnaire est quelqu'un comme tout le monde, qui a une famille, qui n'a pas envie de se faire tuer bêtement au boulot parce qu'un imbécile conduit une voiture dangereusement. Les parents et les amis de la famille du jeune homme ont mis à sac le commissariat du village. Ce sont des citoyens français qui n'ont écopés d'aucunes sanctions pour les saccages. Par contre, Hortefeux, le ministre de l'Intérieur, en a profité pour pointer du doigt, de manière très ambiguë, les Roms.

 

Le racisme primaire a servie d'exutoire, comme lorsque Néron accusa les Chrétiens d'avoir incendié Rome, alors qu'il savait pertinemment que ce n'était pas vraie. L'incendie était involontaire, comme il y en avait beaucoup à l'époque. La mort de ce jeune homme n'a rien d'exceptionnelle, dans la mesure ou une « bavure » policière est possible, ou aussi, dans la mesure où un policier à fait son métier et a peut-être eu peur (ce qui est humain). Cela ne l'excuse pas d'avoir tué, mais cela n'absout pas le jeune homme d'avoir mis en danger la vie des agents de police.

 

Bref, Hollande fut élu avec 52 % des suffrages, devant Sarkozy et Le Pen. Le candidat du Front de Gauche, de sensibilité communiste, Mélanchon arrive quatrième. Le score des nationalistes est effrayant car monta jusqu'à 19%, c'est-à-dire le même score qu'en 2002. Les médias, complétement abrutis pendant cette élection, pris entre le charme de Le Pen et son rejet brutal, n'ont rien compris au message du vote. Les Français veulent sauver ce qu'ils considèrent comme leur supériorité, c'est-à-dire leur place dans le monde et le privilège d'être riche. Ils ne veulent surtout pas voir leur confort baisser un peu afin de sauver les quelques meubles qui peuvent encore l'être.

 

Il faut être inconscient pour voter Le Pen, mais les citoyens ont fait le choix de la réaction, même si Hollande fut élu, il a bénéficié d'un système de vote à l'avantage des partis qui ont les moyens de financer leur campagne, avec des soutiens économiques et politiques puissants. La France, avec l'amorce de la politique conservatrice de Hollande (pour qui j'ai voté par rejet de Sarkozy), ne va pas sortir de la crise sans bobos, bien au contraire. Sans le courage de dire au gouvernement allemand que sa politique financière est une grosse connerie, il n'y aura pas de réforme sociale possible, dans le sens de progrès social dans l'intérêt du peuple, et non dans l'intérêt national, car ce dernier va aux riches, aux banques et aux actionnaires.

 

Maintenant, ne soyons point dupe : que va faire Hollande ? De la rigueur. Dans l'intérêt de qui ? Des riches (mais des « riches de gauche »). Contre qui ? La classe moyenne (encore et toujours). Ainsi, s'attaquer à la classe moyenne est une stupidité sans nom car ce sont les classes moyennes qui permettent de faire tourner l'économie du pays en consommant. Ce ne sont pas ceux qui dépendent des aides sociales (même si eux sont les victimes du système) ou ceux qui pillent la richesse du pays (produite par les classes moyennes) pour mettre cet argent dans des poches privées.

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