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1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 15:30

Avec le retour des Bourbons sur le trône de France en 1815, l'éducation retrouve son caractère religieux. La Chambre introuvable donne aux archevêques et aux évêques la surveillance des collèges et des pensions. Avant les Cent-jours, le régime monarchique restauré est impopulaire. Les élites ne sont pas préparées à l'exercice du pouvoir. Il est avéré que le Ministère de l'Intérieur, en charge de l'instruction publique, était complètement désorganisé. De plus, avec la Terreur blanche menée par les ultras, les provinces connaissent quelques années tendues. L'arrivée au pouvoir, en 1816, de la Chambre introuvable, inspire à Louis XVIII un mouvement de recul. Il dissout la Chambre.

 

Étudiant en théologie à la veille de la Révolution française, Frayssinous se cacha car il était prêtre. Il reviendra sous l'Empire et donnera des conférences qui vont le faire connaître. L'Église reprends l'éducation en main et Frayssinous sera une des premières personnalité à s'en occuper. Faut-il supprimer l'Université installée par Napoléon ? Les ultras y sont favorable, mais finalement cela ne se fera pas. Frayssinous, alors évêque d'Hermopolis, entre à l'Académie française en 1822. Il est aussi grand maître de l'Université puis, en 1824, il obtient le portefeuille tout nouvellement créé des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique. Dans les discours et les textes écrits sous la Troisième république, il apparaît clairement que les royalistes veulent préserver l'Université, mais qu'il faut la “royaliser”. Pour commencer, une purge est nécessaire. Cousin, Guizot et Bautain, vont être destitués. Pourtant, curieusement, Guizot, dans ses Mémoires, ne semble pas en vouloir au régime de la Restauration.

 

Le 29 février 1816, une ordonnance est publiée avec pour objectif d'organiser la surveillance des maîtres et des méthodes d'enseignement. Pour ce faire, sont créer des comités cantonaux à la tête desquels sont placés des curés. Or, ceux-ci n'ont pas souvent fait preuve de coopération avec le gouvernement et l'ordonnance, dans la plupart des communes n'aura aucun effet. Cette ordonnance de 1816, Frayssinous va la renforcer par celle du 8 avril 1824 qui place ces comités sous la présidence des évêques qui ont le droit désormais de délivrer ou de retirer le droit d'enseigner. Pour autant, il est évident que la scolarisation elle-même est faible. À peine 42% des conscrits de 1827 savent lire. Ainsi, en avril 1828, après la chute du ministère Villèle, l'autorité universitaire retrouve son rôle de surveillance de l'enseignement primaire. Les écoles primaires sont plus nombreuses à la fin du ministère de Frayssinous qu'en 1824. Les élèves sont plus nombreux et les méthodes se sont améliorées.

 

Toutefois, il y a des points noirs. L'École normale et ma Faculté de médecine sont supprimées et des étudiants sont mêmes condamnés pour rébellion. Concernant la responsabilité de Frayssinous sur les violences, Garnier, dans Frayssinous, son rôle dans l'Université sous la Restauration, publié en 1925, souligne que l'éducation était alors dans les prérogatives du ministère de l'Intérieur. Pour lui, il s'agit de Corbière. Il montre ensuite un Frayssinous tentant de réparer le mal déjà fait. Il rétablit la Faculté de droit de Grenoble en septembre 1824, puis il fonde, le 9 mars 1826, l'École préparatoire de Louis-le-Grand chargé de la formation des maîtres de l'Université. Afin de sauver les collèges, attaqués par Lammenais dans un violent pamphlet, le Drapeau blanc, il décide d'en réorganiser les programmes, de surveiller lui-même le recrutement des professeurs. En fait, il place des prêtres ou des évêques à la tête des établissements. Le 4 septembre 1821 fut rédigé un statut de pédagogie.

 

Cette politique, ménée rapidement, sera impopulaire, mal compris, d'autant plus que la jeunesse n'a plus cette foi presque dévote de nombreux Français du XVIIIe siècle. Pour autant, comme le montre Garnier, il est certain que Frayssinous a sauvé l'Université des coups des ultras assez habilement, en montrant qu'elle était capable de s'adapter à la monarchie. Pourtant Georges Leygues, dans L'école et la vie (1903), dénonce cette nouvelle politique éducative comme étant réactionnaire. Il explique, avec un peu d'ironie, que “dans les collèges, les tambours ne battaient plus la diane, c'étaient les cloches qui sonnaient le réveil.”1 Quelques temps plus tard, après un acharnement des ultras pour limiter les troubles chez les étudiants, l'ordonnance du 1er novembre 1820 établit un Conseil royal de l'instruction publique. Quatre ans de plus et c'est la création du Ministère de l'Instruction publique avec Frayssinous à sa tête. Il s'agit du fameux ministère de l'Instruction publique, souvent associé à celui des Affaires ecclésiastiques.

 

Frayssinous créera, en 1825, l'agrégation spéciale de philosophie qui va prendre le pas sur les sciences et sur l'histoire. Cette dernière discipline va peu à peu predre son indépendance, lier à l'enseignement de la rhétorique. Pour Leygues c'est la victoire de la Congrégation. Pourtant, les choses changent à partir de 1828 avec Vatimesnil qui nomme une Commission chargée de réviser les programmes. Dans ses conclusions, il prône l'étude des langues vivantes, de l'histoire et de la philosophie en français et non pas seulement en latin. D'ailleurs, les universitaires tombés en disgrâce sous la Restauration, tels Cousin et Guizot, vont revenir enseigner, parfois feront de la politique après les Trois glorieuses. En effet, Guizot sera nommé Ministre de l'Instruction publique en 1830, mais il ne restera qu'une journée en poste puisqu'il pris le portefeuille de l'Intérieur. Par la suite il sera repris au même poste dans le ministère Soult en 1832.


1 Leygues, L'école et la vie, 1903, p. 101.

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