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28 octobre 2012 7 28 /10 /octobre /2012 18:41

Pour comprendre l’importance du Ve siècle sur le plan politique, il faut remonter au IIIe. À cette époque s’instaure la Tétrarchie. L’Empire est gouvernée par plusieurs empereurs, c’est-à-dire deux Augustes et deux Césars. Deux Augustes : l’un régnant en Occident, l’autre en Orient avec pour capitale Constantinople, fondée par Constantin le Grand. Au début du IVe siècle, l’empire connaît une mutation religieuse. Constantin se fait baptiser sur son lit de mort, ou avant, tous les historiens ne sont pas d’accord là-dessus, mais le plus important c’est qu’en 313, avec l’Édit de Milan, les Chrétiens obtiennent le droit de culte. Au IVe siècle, les questionnements théologiques donneront naissance à de nombreuses hérésies. Avec l’arrivée des peuples venus de l’Est, apparaîtra une hérésie particulièrement répandue, l’arianisme. Elle attire les populations germaniques qui interprètent la Trinité comme étant constituée de plusieurs dieux. Du point de vue des chrétiens c’est scandaleux.

 

La division impériale de 395

 

À la fin du IVe siècle, à la mort de Théodose le Grand, en janvier 395, nous assistons à quelque chose qui n’est pas inédit en soit. Théodose partage son Empire entre ses fils. Honorius obtenant l’Occident et Arcadius obtenant l’Orient. Seulement, les deux fils n’ont pas l’âge de régner et ils paraissent inexpérimentés. Théodose nomme comme régent des deux empires le général en chef des armées, Stilicon, fils d’un Vandale, c’est-à-dire appartenant à un peuple « barbare ». Stilicon est marié à la nièce de l’empereur, Serena, et donc appartient à la famille impériale. Mais il va faire une erreur. Il croit possible de régenter les deux parties de l’Empire et il refuse d’aller imposer son autorité en Orient.

 

Cette négligence de Stilicon va permettre à Rufin, originaire de Gaule, d’imposer ses vues à l’empereur Arcadius. Il va tout faire pour éviter que Stilicon mette son nez dans les affaires de l’Orient. Il va échouer puisque Eutrope, un eunuque, ancien esclave venu de Roumanie, va comploter avec Gaïnas, chef de l’armée impériale, et réussit à faire assassiner Rufin à l’automne de l’année 395. Stilicon va tenter de reprendre l’Orient en lançant des offensives militaires qui se heurtent aux troupes de Gaïnas ou d’Alaric. Eutrope est un personnage peu loyal, qui va se débarasser des personnalités les plus influentes à la cour afin d’avoir le champ libre pour imposer ses vues à l’empereur. Il parvient même, en 399, à se faire nommer consul. La même année, à la suite d’intrigues de palais, il sera finalement chassé de la cour par l’impératrice Eudoxie.

 

En 396, le comte d’Afrique du Nord se révolte contre l’Empire romain d’Occident. Il sera considéré comme ennemi public et sera vaincu par une armée romaine. C’est dans ce contexte là que l’empire romain d’Occident entre dans un Ve siècle très difficile pour Rome puisque Stilicon va être obligé de combattre sur plusieurs fronts. En 401, Alaric, roi wisigoth et général romain, met à feu et à sang l’Italie avant d’être battu en 402 par Stilicon. Alaric retourne prudemment d’où il vient. En 406, Radagaise, un chef militaire gothique, s’enfonce en Italie par le Nord. Ravenne, nouvelle capitale impériale depuis 402, est une cité entourée de marécages, considéré comme imprenable. En effet, elle ne sera jamais prise. Radagaise est battu et Stilicon, pour faire un exemple, va faire massacrer tous les prisonniers. Stilicon a été obligé de dégarnir la frontière du Rhin pour défendre l’Italie. Le limes gaulois est donc vulnérable. D’ailleurs, peu après l’incursion de Radagaise, des Suèves et des Vandales vont franchir le Rhin gelé le 31 décembre 406. C’est un épisode très célèbre.

 

L’incursion des Suèves et des Vandales

 

Ces peuples vont déferler sur la Gaule. Stilicon est dans l’impossibilité de réagir face à cette incursion d’autant que, dans le même temps, en 407, la Bretagne, c’est-à-dire l’île de Bretagne, la Grande-Bretagne actuelle, fait sécession. Un général qui s’appelle Constantin va débarquer en Gaule et va installer sa capitale à Arles. C’est la première usurpation de la pourpre impériale du Ve siècle. Constantin se fait proclamer empereur par son armée, mais il ne va pas non plus réussir à stopper les Suèves et les Vandales qui vont pénétrer en Espagne. À partir de Carthagène, plus de 80 000 Vandales (chiffre certainement exagéré), dirigés par Genséric, vont traverser le détroit de Gibraltar. Ils vont déferler sur l’Afrique, rendant célèbre la mort d’Augustin, l’évêque d’Hippone, mort au cours du siège de la ville.

 

À Ravenne l’invasion de la Gaule est un « choc » et elle sera mise sur le compte de Stilicon. Le Sénat, hostile à ce « barbare » par trop influent, lui reprochera des sympathies envers les vandales. Certains sénateurs vont même l’accuser de les avoir laisser passer volontairement. C’est une accusation grave : celle de trahison. L’habileté des gens de cour pour les intrigues, motivés qu’ils sont par leur volonté de garder le pouvoir, va permettre de persuader l’empereur Honorius que Stilicon doit mourir. Il accepte tacitement l’assassinat de son meilleur stratège. Il ne réagira donc pas lorsque, à Ravenne, Stilicon et son fils, ainsi que ses gardes particuliers, seront poursuivis dans la ville pour être massacrés. Stilicon sera égorgé à l’intérieur d’une église. Nous sommes en 408 et cet événement provoque une « rupture » bien plus importante que celle de 395.

 

En 410, le pillage de Rome par les troupes du patrice romain Alaric provoquera des débats extrêmement important entre les chrétiens et les païens. La religion officielle romaine était encore très importante et il faut savoir qu’à cette époque-là les chrétiens cherchent une légitimité. Pour eux, évidemment, le pillage de Rome signifie l’abandon de l’Empire païen par les dieux romains et c’est un juste retour des choses. Les païens rétorqueront logiquement que le dieu des chrétiens n’a rien fait pour sauver Rome. Cette querelle lancera un profond débat religieux à cette époque là.

 

Un précaire retour à l’ordre

 

Après la mort de Stilicon, il y a comme un vide et il faut trouver des solutions pour mettre fin aux troubles en Gaule et en Italie. Alaric meurt peu après le pillage de Rome, sans doute vers 412, et il est remplacé par des généraux qui ne seront pas à la hauteur.

 

Arrive en Gaule le général Constance qui, avec l’accord d’Honorius, va donner aux Wisigoths, non pas une terre dévastée, délabrée ou rien ne pousse, mais il va leur donner l’Aquitaine, qui est, du point de vue stratégique, un des rares passage vers l’Espagne, et c’est une terre fertile. Ils vont donner ce territoire aux successeurs d’Alaric, mais avec des contre parties, c’est-à-dire que les Wisigoths doivent se fédérer à l’empire et donc doivent mettre leur troupes à disposition des Romains. Ils s’acquitteront très bien de cette tâche. Les rois Théodoric Ier et Théodoric II seront directement impliqués dans les affaires de l’Empire. En 421, Constance, qui avait été nommé empereur sous le nom de Constance III par Honorius III, meurt de maladie alors qu’il s’apprêtait à partir en guerre contre l’Empire d’Orient. La mort de Constance est dramatique pour l’Empire. Une paix fragile subsiste quelques temps, mais Honorius III meurt sans héritier en 423. Sa mort va précipiter l’Empire dans une nouvelle période d’anarchie.

 

Le Sénat décide de reprendre les choses en mains. Les sénateurs nomment empereur l’un des leurs, Jean. Il n’est pas reconnu par l’Empire d’Orient. Théodose II se considère comme le seul empereur légitime de l’empire. Cependant, Constance III a eut, avec Galla Placidia, un fils, Valentinien. Ce dernier est donc le neveu d’Honorius et sa mère compte bien tout faire pour que son fils accède au pouvoir. Elle va réussir à convaincre Théodose d’envoyer des troupes en Italie. Elles débarquent à Ravenne et chassent l’empereur Jean qui est finalement arrêté devant les portes de Rome. Portes de Rome que les sénateurs, soucieux de ne pas se compromettre davantage dans le fiasco, se sont empressées de fermer. Jean apparaît toutefois comme un personnage puissant, intelligent, mais qui n’a pas bénéficier du temps nécessaire pour constituer une armée capable de le défendre.

 

Dès sa nomination comme empereur, Jean a confié à Flavius Aetius, une autre personnalité qui comptera beaucoup par la suite, la mission d’aller recruter en Pannonie des mercenaires Huns. Les Huns – ils apparaissent à ce moment là en Occident – terrorisent à l’époque les habitants des campagnes. Ces excellents guerriers sont montés sur des petits chevaux et sont de très bons archers. D’ailleurs, Aetius, dans son enfance, a été un otage chez eux, et aussi chez les Wisigoths. Aetius est citoyen Romain, même s’il a des origines germaniques. Son père était maître de cavalerie, ce qui était un rang très élevé dans la hiérarchie militaire. C’était un très bon soldat. Aetius va s’entraîner aux arts de la guerre chez les Huns. Nous savons qu’il était très endurant et les chroniqueurs racontent même qu’il dormait peu. Il va se passer quelque chose d’assez inhabituel, c’est-à-dire que Aetius va recruter des mercenaires, il va bien y arriver, seulement il va arriver trop tard, c’est-à-dire que lorsqu’il revient en Italie, Jean a été tué par Aspar de manière très cruelle puisqu’on lui coupera la main droite et il sera torturé, décapité… bref, c’est un supplice cruel.

 

Aetius s’impose en Gaule

 

Aetius va se dire : « qu’est-ce que je fais ? Est-ce que je décide de venger l’honneur de Jean ou alors est-ce que j’essaie de me repentir en mettant mon armée au service de l’empereur ? » Il choisit la deuxième solution et, d’ailleurs, il apparaît en position de force. Galla Placidia n’a pas les moyens de lutter contre les 20 000 hommes que ramènent Aetius. De son côté, Aetius, même en combattant les armées impériales sait qu’il remporterait les premiers combats, mais très vite il devrait faire face à l’armée d’Orient, ce dont il n’a aucune envie. Après avoir opportunément apporté son soutien à l’empereur, il accepte le poste de patrice des Gaules que lui confie Galla Placidia pour l’écarter d’Italie. Les deux personnages se détestent. Galla Placidia redoute Aetius, réputé être un très bon général, mais aussi un très habile homme politique dont il faut se débarasser le plus tôt possible. Pour provoquer Aetius, elle va faire nommer par son fils un second patrice des Gaules, Boniface. Or, Boniface vient de s’illustrer au siège de Marseille au cours duquel il a résisté aux Wisigoths. Il va très bien remplir sa mission et s’en prend à Aetius, alors en Italie. Il remporte la bataille, mais il est gravement blessé et mourra peu après. Quant à Aetius, il repartira du côté des Huns afin de reformer une armée. Il revient en Gaule et écrase l’armée du fils de Boniface. Cela lui permet de faire pression sur Galla Placidia qui n’a plus d’autre choix que de reconnaître Flavius Aetius. Celui-ci sera même nommé consul, sans doute pour l’amadouer.

 

En Gaule, Aetius mène une politique extrêmement intéressante. Il va privilégier la politique de l’entente cordiale avec les Wisigoths d’Aquitaine. De manière générale, il tente de s’allier avec les peuples frontaliers de l’Empire, c’est-à-dire les Burgondes et les Francs principalement. À Worms, il laissera même les Huns ravager le turbulent royaume des Burgondes afin d’anticiper toute velléités de ce côté. Aetius va se constituer un domaine privée, avec une clientèle et des fidélités « barbares ». Ces derniers voyaient Flavius Aetius comme un nouveau Jupiter. Les Francs eux-mêmes laissaient entendre cela dans leurs chants. Pour eux, c’était un interlocuteur, un « ami des barbares » en quelque sorte.

 

La fin des Théodosiens en Occident

 

Aetius fait de l’ombre à l’empereur Valentinien qui va finir par s’en débarasser peu après l’invasion de la Gaule par les Huns.

 

Cette invasion aurait était déclenchée parce que la sœur de Valentinien aurait promis d’épouser Attila. Elle voulait se venger de son frère qui venait d’assassiner son prétendant. Attila réclame en dot la moitié de l’Empire d’Occident. Valentinien III, on peut s’en douter, refuse tout net et ne cherche même pas à négocier. Il semble toutefois avoir laissé la Gaule à la merci des Huns. Il va alors se produire un nouveau fait marquant. Théodoric Ier, roi des Wisigoths, va s’allier avec les Romains d’Aetius, plus des Gaulois, plus quelques autres peuples de la Gaule qui ont tout intérêt à lutter contre les Huns, et livre une bataille aux Campii Mauriacii. Les Huns sont battus par l’armée romano-wisigoth. Aetius, et cela lui sera reproché, laissera échapper Attila. Certains chroniqueurs affirmeront mêmes que Aetius et Attila se sont rencontrés le soir de la bataille, dans le camp même d’Attila. Aetius lui aurait promis de le laisser fuir avec son armée.

 

Par ce geste, certainement inventé de toute pièce, Aetius s’attira la jalousie et la haine de Valentinien. Aetius a commis la même erreur que Stilicon, c’est-à-dire qu’il savait son armée incapable de mener une guerre de conquête classique. Une guerre prolongée mènerait à la catastrophe, d’autant plus que les Wisigoths venaient de perdre leur chef, Théodoric et que les Francs se trouvaient divisés. De facto, Aetius se retrouvait avec des alliés fragilisés. Il ne pouvait compter que sur ses propres forces. Donc, il va laisser Attila ravager, en 452 et 453, le Nord de l’Italie. Attila mourra au terme de cette campagne, lors de sa nuit de noce. Cela donnera le prétexte à Valentinien III de tuer, de faire assassiner un rival qu’est Flavius Aetius. Pour l’attirer à la cour, il lui promet les honneurs militaires et même la main de sa fille pour son fils. Aetius, vieillissant, est un général quinquagénaire qui a des ambitions politiques plus affirmés que dans sa prime jeunesse. Peut-être rêve t-il d’obtenir la régence de l’empire par ce biais là ? Aetius arrive en 454 à la cour. Il est alors assassiné par des hommes de Valentinien III.

 

Conclusion

 

Un complot est fomenté par des sénateurs. Pétrone Maxime, un puissant personnage à la cour, intrigue en permettant à deux anciens gardes du corps de Flavius Aetius de venger leur maître. Valentinien est assassiné en 455, publiquement, transpercé par deux épées, tenues par deux anciens gardes du corps d’Aetius. À partir de là, l’Empire d’Occident connaîtra des périodes de troubles et des tentatives, par certains empereurs, pour réorganiser l’autorité impériale. Finalement, Odoacre déposera Romulus Augustule en 476, redonnant à l’Empire d’Orient la souveraineté sur l’Occident.

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