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INTRODUCTION

 

De nombreuses idées reçues ont été véhiculée sur les druides au XIXe siècle par les historiens. Le « druide » de Michelet est un sage, plus philosophe qu'homme d'église. Victor Duruy, plus proche de la réalité, nous dresse le portrait d'un « druide » juge et prêtre. Les textes dans lesquels ils ont puisés appartiennent à différentes époques. Les principaux auteurs qui ont écrit sur les druides sont Poseidonios, César, Pline l'Ancien, Cicéron, Lucain, Strabon, Tacite ou encore Ausone. Pour l'essentiel, ils reprennent le texte de Poseidonios ou de César, plus tardivement.

César et Pline, qui nous intéressent plus particulièrement ici, on vécu a des époques différentes, l'un au Ier siècle BC et l'autre au Ier siècle AC, bien qu'ils soient tout deux romain. César (100-44 BC) fut un homme politique et militaire qui commence la conquête des Gaules en 58 BC. Son discours est un texte de propagande. Pline l'Ancien (23-79) est un naturaliste et philosophe. Il va voyager en Gaule et en Germanie, notamment lors d'expédition militaire, mais surtout il y sera procurateur, c'est-à-dire un fonctionnaire directement sous les ordres de « l'empereur »1.

Pour César, les druides possèdent des fonctions religieuses croyant en une vie dans l'au-delà et affirmant que leur peuple descend de Dis Pater, le dieu des Enfers. Pline, quant à lui, décrit leur rapport à la nature en insistant sur leur rapport au ciel dans les rituels et sur leur pouvoir de guérisseurs, de devins et de sacrificateurs. Ainsi, les druides sont des religieux ayant des fonctions plus large que celle de prêtre. De fait, quel est le rôle du druide dans la société gauloise ?

Le druide est à la fois un homme publique, un homme religieux et un savant. Pour commencer, nous verrons la place du druide dans sa société, ensuite l'espace sacré du druide et les offrandes et les rites qu'il effectue.

 

I. LA FONCTION DU DRUIDE DANS LA SOCIÉTÉ

 

César a recours à un auteur antérieur, Poseidonios d'Apamée, lui-même reprenant des auteurs plus ancien du IIIe siècle BC. Ainsi, ce que décrit César c'est une réalité qui a déjà plus de deux siècles. Pour l'historien, cette distance temporelle est assez conséquente puisque la religion gauloise a pu évoluer considérablement. Pour tenter d'y voir un peu plus clair il faut aller voir du côté des recherches archéologiques puisque les restes matériels des pratiques druidique permettent de situer dans le temps les différentes formes d'expression religieuse.

Les druides ne constituent pas l'ensemble du personnel sacré des Gaulois. Il y a en fait trois catégories: « Chez tous les peuples gaulois de manière générale, il y a trois catégories d'hommes qui sont exceptionnellement honorés : les bardes, les vates et les druides » (Strabon). Or, lors de la guerre des Gaules, ce sont les druides qui sont les principaux interlocuteurs de Rome. Ils ont séduit César et Cicéron par leur prestance, leur connaissance en toutes choses. Pour donner, un exemple, citons le druide Diviciacos.

Les individus, chez les Gaulois, se divisaient en deux catégories, les hommes libres et les esclaves. Parmi les libres il y a les druides, les chevaliers (equites) et la plèbe (ou plébéiens). Les druides sont exemptés d'impôt et de service militaire. César reste très sélectif dans sa description des druides et surtout néglige presque totalement l'aspect intellectuel et culturel de ce personnage. Pourtant, bien que s'appuyant sur Poseidonios d'Apamée, il a rencontré Diviciacos. L'apprentissage de celui-ci avait duré une vingtaine d'années. Ainsi, à l'époque de la guerre des Gaules, un druide n'a plus simplement une fonction religieuse comme le précise César : « ils participent aux cultes, s'occupent des sacrifices publics et privés, interprètent les sentiments religieux. »

Comme le souligne Cicéron, Diviciacos est aussi sénateur chez les Éduens, occupe les plus hautes magistratures au sein de son peuple tout en ayant une grande connaissance des choses de la nature, de la divination et des augures. Finalement, leurs fonctions sont multiples : savants, philosophes, éducateurs, hommes de justice et législateurs. Pline s'attache principalement à l'image du prêtre sacrificateur ayant pour fonction d'organiser les rituels propre aux Gaulois. Si les druides ont donc des fonctions multiples, ils véhiculent des croyances par leur rites, par leurs pratiques.

 

 

II. LES PRATIQUES DES DRUIDES

 

La connaissance du temps est entièrement aux mains de savants, les druides. Pline a un discours très poétique sur eux et sur leurs pratiques. Parmi ses pratiques, la plus emblématique est la cueillette du gui. Le bois de rouvre « possède bon nombre de propriétés » et c'est « celui qui guérit de toutes choses ». Mais, la parole des bardes était également sacrée et eux-seuls pouvaient décider de ce qui était positif ou négatif. Leur place était donc comparable à celle des druides. Pourquoi César n'en parle pas ? Il n'en parle ni dans le passage étudié ni dans l'ensemble de la guerre des Gaules. Diodore explique que les vates sont à la fois des sacrificateurs et des devins.

Le principal moyen d'expression de la piété est le sacrifice. Les Gaulois avaient des sanctuaires dans lesquelles ils pratiquaient les cérémonies religieuses. Les oiseaux jouent le plus grand rôle dans l'exercice de la divination mais les songes aussi ont une fonction importante. Ils utilisent aussi la divination par les nombres. Il y a aussi de nombreuses fêtes religieuses en Gaule dont Pline en décrit le déroulement d'une d'entre elle. Le sacrifice est accompagné « d'un festin préparés selon les rites au pied de l'arbre, ils amènent deux taureaux de couleur blanche ».

César et Pline sont d'accord sur un point : les druides pratiquent la divination et le sacrifice. « Ils examinent en outre longuement les astres et leur mouvements (..) » nous explique César. Pline explique que, après avoir réalisé la cueillette du gui, « ils immolent les victimes [des taureaux de couleur blanche] en priant le dieu qu'il rende propice son présent à ceux à qui il l'a fait. » Pline explique que celui-ci « donne la fertilité ». En effet, ils vénéraient le taureau pour sa force et sa vigueur sexuelle. Ces pratiques, toutefois, sous-tendent des croyances que nous abordons dans notre dernière partie.

 

III. LES CROYANCES DES GAULOIS

 

Dans l'univers, l'homme est issu d'un monde d'en bas, il occupe provisoirement le monde du milieu et aspire à accéder au domaine céleste des dieux et des héros. Le Gaulois n'a pas une conception spatiale du monde dans lequel il vit et ne peut donc séparer le monde dans lequel il vit du monde souterrain qui le supporte et du monde céleste qui en est une sorte de couverture. La notion de centre joue un rôle fondamental. C'est une vision du monde ethnocentriste.

Les Gaulois croient qu'ils descendent de Dis Pater, le dieu des Enfers. Les druides possèdent un pouvoir de révélation, c'est-à-dire qu'ils sont capable d'interpréter la parole des dieux en lui donnant sens. Proche de la nature, ils ont aussi, comme le montre Pline, une grande connaissance de la nature, et ils savaient sans doute guérir certaines maladies grâce à cela. Ils ont un calendrier très perfectionné et, comme le note cette fois César, le jour suit la nuit et non pas l'inverse. Il ajoute que « les âmes ne périssent pas, mais qu'après la mort, elles migrent des uns chez les autres (...) » C'est pour que les guerriers ne craignent pas la mort que les druides avaient ses discours.

Les témoignages d'auteurs Grecs et Romains convergent pour dire que les Gaulois croyaient en l'immortalité de l'âme ou, du moins, en la mort comme un passage obligé. Leur puissance guerrière, le fait qu'ils n'ont pas peur de la mort, s'explique par les discours des druides qui véhiculaient cette idée que la mort n'est qu'un passage, une étape nécessaire de la vie. César attache de l'importance à cette faculté alors que Pline, sans parler explicitement de la mort, par la description du sacrifice du taureau, de la force que dégage cette animale, de cet élan « meurtrier », de cette invincibilité quelque part.

 

CONCLUSION

 

« La nation tout entière des Gaulois s'adonne de façon immodérée aux choses de la religion » explique César. Ce constat pose de nombreuses questions à l'historien même s'il recèle une part de vérité. La figure du « druide » est emblématique de cette attachement des Gaulois pour les choses de la religion. Les deux textes donnent des détails très important pour comprendre le rôle de l'institution druidique en leur sein. Toutefois, il néglige les autres « classes » du clergé, comme les bardes et les vates avec lesquels ils étaient souvent en conflit. Le druide Panoramix, dans La serpe d'or, nous montre bien l'importance de la cueillette du gui tout en véhiculant une image d'Épinal qui est celle du druide un peu magicien, vêtu de blanc et possédant une serpe d'or.

 

Simon Levacher,

Licence 2, Histoire des religions

(mai 2011, université du Havre)

 

BIBLIOGRAPHIE

 

Brunaux (Jean-Louis), Les Gaulois, Paris, Les Belles-Lettres, 2005

Brunaux (Jean-Louis), Les druides, des philosophes chez les Barbares, Paris, Seuil, 2006

Éluère (Christiane), L'Europe des Celtes, Évreux, Gallimard, 1992

Goudineau (Christian), Regard sur la Gaule, Paris, Acte Sud, « Babel », [1er édition, 1998] 2007.

Green (Miranda Jane), Mythes celtiques, Paris, Seuil, « Points sagesse », 1995


Notes :

1 Il n'y avait d'empereur mais ceux qui dirigeaient avaient le titre d'Auguste et son successeur, plus tard, celui de César.

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