Overblog
Editer la page Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
/ / /

La question que je vais poser ne sera pas nouvelle pour les lecteurs de ce blog. Je cherche à la résoudre depuis déjà quelque mois. Elle moins facile qu'il n'y paraît au premier abord. Cette question est la suivante :

 

À quoi sert l'histoire ?

 

Vous aurez quatre types de réponses : en premier lieu que ça ne sert à rien ; en second lieu que ça sert à l'enrichissement de sa culture générale ; ensuite que ça sert à mieux comprendre le monde présent en ayant un regard critique sur celui-ci ; enfin, que ça sert à l'entretien d'un rapport personnel avec le monde.

 

Ainsi, apparaissent plusieurs points important : la négation de l'histoire ; l'enrichissement culturel ; la compréhension et l'entretien du passé (la mémoire, et par là la transmission d'un passé dont il convient de se souvenir).

 

Les plus critiques affirmeront qu'il est impossible de prouver l'histoire. Même les preuves documentaires peuvent être des inventions à leurs yeux. Ce regard critique permet à certains extrémistes de nier l'existence des camps nazis. Il est malheureux de constater que le négationnisme, même primaire, reste important. Le négationnisme ne concerne pas seulement la Shoah, mais il fut fort sous les Communistes avec la négation des camps soviétiques.

 

Mise à part le négationnisme, il est aujourd'hui évident que la recherche nous permet d'enrichir nos connaissances, elles-mêmes permettant une meilleure compréhension du passé. Cela donne une appréciation du monde plus riche.

 

Trois nouveaux points apparaissent : la recherche historique, l'analyse et enfin la sauvegarde.

 

Chaque nouvelle découverte d'un site antique en Égypte, par exemple, vient enrichir la connaissance de cette riche époque. Parfois, cela peut donner lieu à des analyses novatrices concernant un roi, un événement... Ensuite, pour garder le tombeau découvert, les objets mis au jour, il y a plusieurs moyens : le premier, le plus urgent, concerne la conservation des découvertes en restaurant les objets précieux, en les envoyant des un musée. Le second moyen est de publier un compte-rendu des fouilles, donner des conférences, écrire des livres sur le sujet si la découverte révolutionne véritablement notre savoir.

 

L'élément central concernant la nécessité de l'histoire, c'est la transmission des connaissances. Comment faire comprendre cette nécessité ? Pour cela, il faudrait revoir l'enseignement de l'histoire au Collège afin que les élèves est la certitude que l'histoire sert à quelque chose.

 

Bien sûr, cela sous-entend le problème de la pratiques des enseignants.

 

En Occident, et particulièrement en France, nous avons l'idée d'un déterminisme social qui induit, indirectement, un déterminisme historique. Le progrès est la finalité et donc c'est l'idée d'une vie n'ayant jamais été meilleure qu'aujourd'hui. C'est bien sûr faux. Présenter l'histoire comme une suite linéaire de faits négligeant le hasard est encore dominant.

 

Dans la pratique, ce sont les cours magistraux qui sont encore majoritaires. Le professeur parle avec cette volonté d'être « efficace », de terminer à temps les programmes.

 

De plus, souvent, les professeurs ont une vision des élèves révoltante : c'est l'idée qu'un élève de sixième est incapable de penser par lui-même et, donc, qu'il n'est pas capable de créer des réflexions historiques. C'est trop répandu pour être écarté.

 

Donc, c'est une certitude, il y a des défauts dans l'apprentissage de l'histoire.

 

Régulièrement, les professeurs, même à l'université, évitent l'histoire ce qu'on appelle l'actualité, l'histoire « chaude ». Pourtant, il est possible de se servir de l'actualité pour débattre, pour organiser des discussions scientifiques avec les élèves. Ils vont se sentir concernés par des sujets dont ils ont entendus parler à la télévision, sur Internet ou à la radio.

 

Par exemple, le documentaire sur la d'Henri IV aurait pu faire l'objet d'un cours ou d'un débat sur la nécessité de l'histoire. Mené comme une enquête policière, ce documentaire peut d'autant plus accroché les élèves les moins motivés.

 

Cela permet de rebondir sur le manque d'objectivité des professeur. L'esprit critique est rarement présent dans un cours d'histoire. L'enseignant à peur des réactions de sa hiérarchie en abordant un thème d'actualité, surtout s'il donne l'impression d'avoir pris parti. Généralement, il ne prends pas ce temps pour se conformer au programme, très dense, ne permettant pas des moments de détente, en quelque sorte.

 

Depuis longtemps, la manière d'enseigner et de parler de l'histoire soulève des débats et des interrogations. Ces débats touchent la vision historique, la pensée historique, la critique historique et enfin les contenus des programmes en eux-mêmes.

 

Curieusement, chacun à sa vision, sa pensée, ses critiques et ses interprétations. L'enseignant, surtout s'il a été formé à la recherche, est conscient de ces pluralité de possibilité concernant l'enseignement.

 

La jeune universitaire sait que voir un événement sous l'angle de l'histoire, ce n'est pas la même chose que sous l'angle de la philosophie ou de la sociologie.

 

Toutefois, un élève est-il capable, inconsciemment, de comprendre la pluralité des interprétations concernant un fait historique ?

 

La réponse est négative.

 

Dès lors, pour préparer l'élève de sixième à cette pluralité d'interprétations, il faut l'intégrer dans un cours d'histoire.

 

Le professeur, concernant la Révolution française, va souvent prendre le risque d'imposer une vision des choses, souvent la sienne. Pour autant, est-ce celle que l'élève se faisait de la Révolution ?

 

Ainsi, le plus simple n'est-il pas de demander, par écrit, aux élèves, ce que la Révolution évoque pour eux ? Marquer sur une feuille ce qu'ils considèrent comme un héritage de la Révolution.

 

Dès lors, les angles d'approche – culturel, historique, institutionnel – sont si nombreux qu'il est difficile d'avoir une vision neutre, permettant à la fois de transmettre aux élèves un savoir constitué et à la fois un savoir objectif et le plus impartial possible.

 

Cette exigence de pluralité des points de vue est difficile à satisfaire.

 

Ainsi, le rôle du professeur est souvent culturel. Il transmet une connaissance admise par tous sans l'interpréter.

 

Comment transmettre cette interprétation ? Par la pédagogie.

 

L'objectif est de mettre les élèves en situation de débat. Expliquer les thèses des historien sur un sujet, en Introduction, n'est pas inutile et les élèves sont capable de comprendre. Il faut montrer aux élèves que l'histoire n'est pas simplement une succession de faits, de noms, mais que c'est aussi une discipline permettant de réfléchir sur la société et sur le monde présent.

 

Pour réussir cela, il faut ouvrir le savoir en expliquant que l'interprétation de l'histoire c'est une suite d'interactions voulu par l'historien. Assembler les faits les uns aux autres afin de leur donner un sens n'est pas quelque chose d'anodin. Pour un élève, présenter cela comme un jeux est nécessaire.

 

Il va donc sans dire que ce devoir de pédagogie est le plus négligé alors qu'il est fondamental.

 

Finalement, comme son étymologie le laisse penser, l'histoire c'est une sorte d'investigation, un récit. La discipline permet alors à l'élève d'acquérir un sens critique sur le monde et son passé tout en le mettant en scène par l'écriture.

 

Il ne suffit pas d'aller voir comment s'est déroulé la Révolution français, mais il s'agit de comprendre pourquoi elle a eut lieu, dans quel contexte, et à quoi elle a donné naissance.

 

L'important est donc de mettre l'élève en situation d'enquêteur, de découvreur. Il n'apprend pas une connaissance toute faite, mais il la créé lui-même. Pour ce faire, il faut lui fixer un problème à résoudre : qui est responsable de la mort de Marat ? Pourquoi a t-il été ? Par qui ?

 

Cela permet d'aborder les questions religieuses, le jacobinisme et l'extrémisme révolutionnaire...

 

Un personnage comme Louis XVII, peut également intriguer l'élève. Cet enfant dont la mort est encore inconnu est très utile pour développer diverses hypothèses concernant les causes de sa mort. Il est alors possible d'aborder les thématique de la place de la monarchie en 1795, des sans-culottes, ainsi que de l'évolution de la République.

 

Concluons par un exercice redouté des collégiens : le commentaire argumenté.

 

Comprendre l'histoire, comprendre pourquoi cette discipline est enseignée, est quelque chose d'important pour l'élève. Il dira souvent : « Mais, m'sieur, à quoi ça sert d'apprendre l'histoire ? Clovis, c'est le passé, c'est vieux, ça sert à rien. »

 

En fait, le but de l'enseignant est de mettre fin aux préjugés des élèves dès le début de l'année.

 

L'histoire est une discipline de culture générale, mais pas uniquement. Elle va aussi aiguiser le sens critique des élèves.

 

Donc, apprendre ses cours d'histoire par coeur n'a aucun intérêt pour l'élève s'il n'a pas compris pourquoi il doit apprendre. C'est fondamental !

 

Moi-même, j'ai fonctionné comme cela jusqu'à aujourd'hui. Si je ne comprend pas ce que j'apprends et pourquoi je l'apprends, je n'arriverais jamais à le retenir.

 

Je ne peux pas affirmer que le par coeur est utile en histoire puisque je n'ai jamais rien appris par coeur dans cette discipline. Toutefois, pour quelqu'un qui n'est pas passionné, qui n'a pas cette ouverture d'esprit instantané, ne peut pas se passer du par coeur, notamment pour les dates.

 

Seulement, comprendre le cours est suffisant pour réfléchir à la manière d'un historien. Être captivé par le cours sera plus facile pour retenir le contenu et l'élève se surprendra lui-même.

 

Il n'est pas nécessaire de demander plus à un collégien. En fait, il faudrait revoir ce que l'on attend d'un collégien. Attendre uniquement des connaissances ce n'est pas suffisant. C'est même stupide et contre-productif.

 

L'élève va s'ennuyer en cours. Les plus sérieux apprendront par coeur, auront des bonnes notes et n'auront pas de problèmes. Pour autant, ont-ils compris quelque chose à l'histoire ? C'est sûr que non, mis à par un ou deux élèves. Les moins sérieux ou plus en difficultés vont apprendre longuement des dates qu'ils ne parviendront jamais à retenir, se décourageront et baisseront les bras.

 

Souvent, l'élève sérieux échoue au commentaire argumenté parce qu'on ne lui demande pas des connaissances, mais de construire une réflexion historique. Sans y être préparé, comment peut-il comprendre ce qu'on lui demande ? Il ne sait pas ce que c'est une réflexion historique, mettre en débat des faits... Sait-il seulement comment travail un historien professionnel ?

 

Il est intéressant de montrer aux élèves les manuels d'histoire du XIXe Siècle. Cela peut les aider à relativiser l'histoire. Comment les enfants de la Troisième république apprenaient l'histoire ?

 

Au final, les élèves doivent faire preuve d'inventivité, de débat. Ils doivent oser proposer leur propre regard sur le monde ou sur la question posé. Il ne suffit donc pas de leur donner la mie du pain, mais il convient de confectionner la croûte l'entourant.

 

La mie du pain ce sont les connaissances.

La croûte du pain c'est la manière d'analyser les connaissances.

 

Trop souvent, et c'est le mot de la fin, les professeurs, au Collège, n'apprennent pas à réfléchir en historien. L'objectif devrait donc, dès la sixième, de leur inculquer ce goût pour l'histoire et leur enseigner la manière de la penser par le développement d'un bénéfique esprit critique qui sera si précieux en terminal en classe de terminale.

 

 

 

Partager cette page
Repost0

Présentation

  • : La Crise des Consciences
  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
  • Contact

Recherche

Archives