Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
1 août 2011 1 01 /08 /août /2011 15:30

Avec le retour des Bourbons sur le trône de France en 1815, l'éducation retrouve son caractère religieux. La Chambre introuvable donne aux archevêques et aux évêques la surveillance des collèges et des pensions. Avant les Cent-jours, le régime monarchique restauré est impopulaire. Les élites ne sont pas préparées à l'exercice du pouvoir. Il est avéré que le Ministère de l'Intérieur, en charge de l'instruction publique, était complètement désorganisé. De plus, avec la Terreur blanche menée par les ultras, les provinces connaissent quelques années tendues. L'arrivée au pouvoir, en 1816, de la Chambre introuvable, inspire à Louis XVIII un mouvement de recul. Il dissout la Chambre.

 

Étudiant en théologie à la veille de la Révolution française, Frayssinous se cacha car il était prêtre. Il reviendra sous l'Empire et donnera des conférences qui vont le faire connaître. L'Église reprends l'éducation en main et Frayssinous sera une des premières personnalité à s'en occuper. Faut-il supprimer l'Université installée par Napoléon ? Les ultras y sont favorable, mais finalement cela ne se fera pas. Frayssinous, alors évêque d'Hermopolis, entre à l'Académie française en 1822. Il est aussi grand maître de l'Université puis, en 1824, il obtient le portefeuille tout nouvellement créé des Affaires ecclésiastiques et de l'Instruction publique. Dans les discours et les textes écrits sous la Troisième république, il apparaît clairement que les royalistes veulent préserver l'Université, mais qu'il faut la “royaliser”. Pour commencer, une purge est nécessaire. Cousin, Guizot et Bautain, vont être destitués. Pourtant, curieusement, Guizot, dans ses Mémoires, ne semble pas en vouloir au régime de la Restauration.

 

Le 29 février 1816, une ordonnance est publiée avec pour objectif d'organiser la surveillance des maîtres et des méthodes d'enseignement. Pour ce faire, sont créer des comités cantonaux à la tête desquels sont placés des curés. Or, ceux-ci n'ont pas souvent fait preuve de coopération avec le gouvernement et l'ordonnance, dans la plupart des communes n'aura aucun effet. Cette ordonnance de 1816, Frayssinous va la renforcer par celle du 8 avril 1824 qui place ces comités sous la présidence des évêques qui ont le droit désormais de délivrer ou de retirer le droit d'enseigner. Pour autant, il est évident que la scolarisation elle-même est faible. À peine 42% des conscrits de 1827 savent lire. Ainsi, en avril 1828, après la chute du ministère Villèle, l'autorité universitaire retrouve son rôle de surveillance de l'enseignement primaire. Les écoles primaires sont plus nombreuses à la fin du ministère de Frayssinous qu'en 1824. Les élèves sont plus nombreux et les méthodes se sont améliorées.

 

Toutefois, il y a des points noirs. L'École normale et ma Faculté de médecine sont supprimées et des étudiants sont mêmes condamnés pour rébellion. Concernant la responsabilité de Frayssinous sur les violences, Garnier, dans Frayssinous, son rôle dans l'Université sous la Restauration, publié en 1925, souligne que l'éducation était alors dans les prérogatives du ministère de l'Intérieur. Pour lui, il s'agit de Corbière. Il montre ensuite un Frayssinous tentant de réparer le mal déjà fait. Il rétablit la Faculté de droit de Grenoble en septembre 1824, puis il fonde, le 9 mars 1826, l'École préparatoire de Louis-le-Grand chargé de la formation des maîtres de l'Université. Afin de sauver les collèges, attaqués par Lammenais dans un violent pamphlet, le Drapeau blanc, il décide d'en réorganiser les programmes, de surveiller lui-même le recrutement des professeurs. En fait, il place des prêtres ou des évêques à la tête des établissements. Le 4 septembre 1821 fut rédigé un statut de pédagogie.

 

Cette politique, ménée rapidement, sera impopulaire, mal compris, d'autant plus que la jeunesse n'a plus cette foi presque dévote de nombreux Français du XVIIIe siècle. Pour autant, comme le montre Garnier, il est certain que Frayssinous a sauvé l'Université des coups des ultras assez habilement, en montrant qu'elle était capable de s'adapter à la monarchie. Pourtant Georges Leygues, dans L'école et la vie (1903), dénonce cette nouvelle politique éducative comme étant réactionnaire. Il explique, avec un peu d'ironie, que “dans les collèges, les tambours ne battaient plus la diane, c'étaient les cloches qui sonnaient le réveil.”1 Quelques temps plus tard, après un acharnement des ultras pour limiter les troubles chez les étudiants, l'ordonnance du 1er novembre 1820 établit un Conseil royal de l'instruction publique. Quatre ans de plus et c'est la création du Ministère de l'Instruction publique avec Frayssinous à sa tête. Il s'agit du fameux ministère de l'Instruction publique, souvent associé à celui des Affaires ecclésiastiques.

 

Frayssinous créera, en 1825, l'agrégation spéciale de philosophie qui va prendre le pas sur les sciences et sur l'histoire. Cette dernière discipline va peu à peu predre son indépendance, lier à l'enseignement de la rhétorique. Pour Leygues c'est la victoire de la Congrégation. Pourtant, les choses changent à partir de 1828 avec Vatimesnil qui nomme une Commission chargée de réviser les programmes. Dans ses conclusions, il prône l'étude des langues vivantes, de l'histoire et de la philosophie en français et non pas seulement en latin. D'ailleurs, les universitaires tombés en disgrâce sous la Restauration, tels Cousin et Guizot, vont revenir enseigner, parfois feront de la politique après les Trois glorieuses. En effet, Guizot sera nommé Ministre de l'Instruction publique en 1830, mais il ne restera qu'une journée en poste puisqu'il pris le portefeuille de l'Intérieur. Par la suite il sera repris au même poste dans le ministère Soult en 1832.


1 Leygues, L'école et la vie, 1903, p. 101.

Partager cet article
Repost0
10 juillet 2011 7 10 /07 /juillet /2011 11:08

À l'automne 397, le comte d'Afrique, Gildon, dans un premier temps, cesse les livraisons de blé en direction de Rome et reconnaît, dans un second temps, l'autorité de l'empereur d'Orient, Arcadius. Le régent de l'empire, Stilicon, nommé en 395 par Théodose le Grand, fait déclarer Gildon, par le Sénat, hostis publicus, c'est-à-dire ennemi public. Une armée est confiée à Mascezel, frère du sécessionniste, qui débarque en Afrique dès 398 et remporte une victoire entraînant l'arrestation de Gildon et sa mise à mort (ou son suicide). Ce résumé que je viens de dresser pourrait être celui d'un bon manuel d'histoire. Comme nous le verrons, cet épisode est beaucoup plus complexe et plus intéressant qu'on ne l'imagine.

 

Le De Bello Gildonicode Claudien est la source principale concernant cette guerre. Ce n'est pas la seule puisque Ammien Marcellin le reprend au livre 29 de ses Histoires et même Augustin, évêque d'Hippone, en parle. Comme Yves Modéran nous y invite, il faut être prudent au sujet de ses sources. Il est particulièrement critique envers Claudien. À juste titre, il explique que plusieurs noms de tribus africaines cités sont celles présentent sur place au Ier siècle de notre ère. L'évènement à lieu à la fin du IVe. Cela dénote un manque d'objectivité de Claudien. Nous pouvons douter de ses informations. Seulement, Claudien écrit son récit de la guerre en avril 398, c'est-à-dire quelques mois, voir quelques semaines à peine après les faits. De cela nous pouvons affirmer, d'une part, que nous avons affaire à de l'histoire brûlante et donc que Claudien a pu disposer de témoignages et de sources de première main, et d'autre part qu'il méconnaît l'histoire et la culture de l'Afrique de son époque. Cela peux engager l'historien à se montrer critique vis-à-vis des interprétations que Claudien pourrait émettre.

 

Je citais Augustin, mais il y a aussi Orose qui nous en parle dans ses Historiae Adversus Paganos de 417. Cette version là est chrétienne alors que celle de Claudien s'inscrit encore dans une certaine tradition romaine. Orose est peut-être, aussi, la plus « historique ». Il revient sur les causes de la révolte et en donne une interprétation sur laquelle nous auront tout le loisir de revenir. Enfin, concernant les sources, il y a encore Zosime, un byzantin, qui relate cette guerre, près d'un demi-siècle après les faits, dans le livre 5 de son Histoire romaine. Du reste, il n'en fait qu'un bref résumé, pas plus conséquent que celui brossé par moi en introduction. Ce qui est surtout important concernant ses sources c'est d'essayer de comprendre qui était Gildon, certes, mais aussi l'image que les écrivains contemporains, ou plus tardif, avait de lui.

 

Claudien brosse l'image du parfait empereur-tyran dont Lucien Jerphagnon décrit si bien le portrait dans son Histoire de la Rome antique. L'individu apparaît comme un étranger de Rome. Zosime parle même de « fureur barbare » pour le désigner. Cela ne signifie pas grand chose, certes, mais donne une idée de la perception qu'on eu de Gildon ses contemporains. Il me semble pourtant, a y regarder de plus près, que ce personnage ressemble étrangement à ce successeur d'Aetius, Aegidius qui, bien qu'étant citoyen romain, ne reconnu pas Sévère, alors empereur d'Occident, sans pour autant usurper la pourpre pour son propre compte. Gildon a-t-il voulu en faire de même avec l'Afrique du Nord ? Sa tentative est-elle survenue trop tôt ? A t-il réellement voulu usurper la pourpre comme il en est accusé ? Je tenterais ici de répondre à ses questions qui peuvent amener des interprétations différentes en fonction des réponses qui leurs sont données.

 

**

 

À cette époque, l'Empire étant trop vaste, il était dirigé par deux empereurs – Théodose le Grand à l'Est et Valentinien II à l'Ouest – et il fallait plus de généraux pour maintenir l'ordre. Il y a alors quatre maîtres des soldats : Richomer, Abudantius, Addeus et Gildon. Le commandement militaire de l'Empire est assuré par ce qu'on appel un magistri militum, un maître des soldats. Celui-ci est secondé par un maître des troupes à pied et par un maître de la cavalerie. En 393, alors que règne encore Théodose le Grand, Stilicon était magister utriusque militiae, titre très avantageux en terme de prestige et de pouvoir effectif. Deux ans plus tôt, Stilicon n'était encore que le maître des soldats, alors en concurrence avec le maître des soldats de la cour, Promotus. Le commandement de Stilicon s'étendait sur quatre provinces que sont la Thrace, la Thessalie, la Bisaltie et l'Illyrie.

 

En 394, Stilicon se trouve être le seul au-dessous de l'empereur dans la hiérarchie militaire et c'est tout naturellement que, en janvier 395, « Théodose étant mort après la défaite d'Eugène, [il] retint dans l'armée dont il était maître tout ce qu'il y avait d'hommes vaillants et aguerris, et renvoya en Orient toutes les personnes inutiles et de rebut. » (Zosime, 5) Il devient général en chef de l'armée et régent d'Occident. Le « barbare » contrôle, de facto, tout l'Empire. Pour lui, les chose vont certainement se passer beaucoup plus difficilement que prévu. En Orient, Arcadius, ayant pour conseiller militairement les généraux Abudantius et Addeus, de très bons stratèges. Alaric Ier, un roi des Goths, mène ses soldats à piller la Grèce dès 396 et il obtient le commandement de l'Illyrie, charger de défendre cette province des éventuelles incursions de Stilicon.

 

Le morcèlement de l'empire à ce moment là va avoir plusieurs répercussions assez grave. D'une part, les tentatives de Stilicon pour rétablir son autorité en Orient vont toutes échouer. D'autre part, Arcadius laisse un eunuque, Eutrope, assassiner son Préfet du Prétoire, Rufin, et se débarrasser des meilleurs généraux orientaux que sont Timase et Abudantius. Mais « Eutrope désirant empêcher [que Stilicon] ne vint à Constantinople, conseilla à l'empereur d'assembler le Sénat et de le déclarer ennemi de l'empire. Ce qui ayant été fait, il s'unit avec Gildon, comte d'Afrique, et par son moyen ôta l'Afrique à Honorius pour la donner à Arcadius. » (Zosime, 5) Longtemps, j'ai cru naïvement à cette histoire car elle est réaliste et séduisante.

 

Eutrope, ayant obtenu la disgrâce des plus puissant dignitaires de la cour, parvint à déclarer Stilicon hostis publicus. Dans le même temps, il complote avec Gildon qui se rallie à l'empire d'Orient. Stilicon, en voyant cela, entre dans une grande colère et, aidé par la fureur du Sénat d'avoir été aussi proprement renié, proclame à son tour Gildon hostis publicus. Par le soutien de Mascezel, le frère du traître, il met fin à la rébellion. La complexité de l'affaire, à ce stade, amène à penser que Stilicon et Gildon ne s'entendaient pas. Cette mésentente viendrait confirmer le lien unissant le comte à la cour de Constantinople. Seulement, si le raisonnement tient debout, il est un peu trop simpliste et ne prend pas du tout en compte des origines maures de Gildon.

 

Faut-il pour autant discrédité toute la vision de Zosime ? La vérité serait-elle si éloignée du récit « officiel » ? A t-on cherché à diffuser, volontairement ou non, une version de propagande afin de cacher une certaine vérité ?

Partager cet article
Repost0
18 juin 2011 6 18 /06 /juin /2011 12:41

appel-18-juin-de-gaulle-micro.jpgCharles de Gaulle eut la stature d'un Napoléon et le dire n'est pas mentir, mais il y va d'un mythe, celui créé le 18 juin. Le général s'en rendit compte le lendemain, jour où il fit enregistrer par la BBC son fameux discours aux Français. Ce texte ne devait être qu'une réponse au Maréchal. Ce fut une bombe et chaque écolier de l'après le sait. Aujourd'hui encore l'aura de l'homme de Baden Baden est encore forte. D'ailleurs, ses Mémoires ne viennent-elles pas d'entrer au programme de la série littéraire au baccalauréat ? Seulement, quel personnalité se cache réellement sous l'orateur du 18 juin 40 ? Souvent, trop peut-être, nous associons, confondons même l'image du Président avec celle du Colonel ?

 

Pour comprendre l'homme, remontons dans le temps. L'important n'est point son enfance et donc laissons là volontiers de côté. Toutefois, signalons un fait d'une grande importance. Charles est né en 1890 à Lille, dans le Nord. Il est issu d'une ancienne famille de la noblesse d'épée normande si l'on croit Paul-Marie de La Gorce dans son De Gaulle entre deux mondes (1964). Fils de Henri de Gaulle et de Jeanne Maillot, c'est le frère de Xavier, de Marie-Agnès, de Jacques et de Pierre. Républicaine, sa famille est plutôt connue pour être libérale, défendant la cause de Dreyfus notamment. Il lira Bergson et Péguy. Bientôt, il entame des études et décide pourtant de rejoindre l'armée. En 1912, il arrive à Arras au 33e régiment d'infanterie sous les ordres d'un certain colonel Philippe Pétain.

 

Lieutenant en 1913, il sera capitaine en 1915. Homme volontaire et énergique durant la guerre, peut-être inconscient diront quelques autres, il est fait prisonnier en mars 1916 en tentant de défendre le village de Douamont durant la bataille de Verdun. Captif durant deux ans, il sembla le regretter toute sa vie. Il connu les tranchées et sembla regretter n'avoir pas pu combattre. Il tentera de s'évader cinq fois pour retourner au front. Décoré de la Légion d'honneur et de la croix de guerre, il est envoyé formé l'armée polonaise toute nouvelle et s'entâchera de propos antisémiste, bien passager dans la vie de De Gaulle. Il faut savoir que l'on accusait les Juifs d'être favorables aux communistes alors opposé à la liberté de la Pologne.

 

Nous sommes alors en 1921, date à laquelle il épouse Yvonne Vendroux. Nommé à l'état-major du maréchal Pétain en 1925, il est promu chef de bataillon en 1927. Il a déjà 37 ans et sa promotion n'est pas fort rapide. En 1931, il sera nommé à la défense de Paris. Pour la première fois il peut cotoyer les hommes politiques d'un peu plus près. Finalement, en 1933, il sera bombardé lieutenant-colonel. Il écrit alors des livres de stratégies militaires desquels ressortent l'idée d'une défense de la France part des fortifications mais aussi celle de la création d'un corps de cette arme nouvelle appelée blindé. Le mouvement a pour lui une importance. Être capable d'aller vite est une nécessité. Il milite également en faveur de la création d'une armée de métier dès 1934 dans Vers l'armée de métier. En Allemagne, les thèses de De Gaulle, reprise en partie du reste sur le général Estienne, suscitent les intérêt de Guderian et des hauts responsables de l'état. Le point faible de De Gaulle c'est l'aviation.

 

Le colonel Mayer soutiendra De Gaulle en expliquant qu'il ne faut pas en rester à la ligne Maginot, qui reste dissuasive mais inutile sans une force entraînée et équipée pour la défendre. La conception de De Gaulle peut se réumer en une phrase : il est favorable à une guerre de mouvement menée par des soldats de métier et qui peuvent s'appuyer sur les blindés. Dès les années 30, sont attirance pour les idées monarchistes sont connus malgré le fait qu'il reste républicain. En fait, pour le comparer à un homme politique, seul Thiers me vient spontanément. Il veut un régime fort et un Parlement aux pouvoirs limités. Bref, c'est un conservateur dans l'âme. Il a vu Jaurès donnant un discours et connaît de nombreux socialisants. Il ne faut donc pas voir en De Gaulle un saint, surtout lorsque, approuvé par les royalistes de l'Action française, il écrit à Paul Reynaud qu'il est près à réprimé les grèves si jamais le besoin s'en fait sentir. Nous sommes en 1935. En 1937, enfin, le voilà promu colonel a 47 ans.

 

Bientôt, la guerre éclate avec l'Allemagne du nazi Hitler lorsque, en 1939, l'armée de ce pays envahit la Pologne, alliée de la France. Or, le gouvernement tarde à se porter au secours de leurs alliés en décidant d'attendre l'arrivée de Guderian et de ses chars. Les plus haute personnalité militaire française sont dépassés. Gamelin a 68 ans et Weygand en a 73. Ce dernier est même le commandant en chef de l'armée. La promotion rapide de Weygand durant la Grande Guerre, passant de lieutenant-colonel en 1914 a colonel dès la fin de l'an124236.jpgnée et général de brigade en 1916, il connaîtra les tranchées de plus loin. Pour De Gaulle, il faur moderniser la guerre et sa conception. Il obtient tout de même le commandement de la 4e division cuirassée composée de 364 blindés. Cette unité resta célèbre pour ses victoire sur Montcornet et sur Abbeville en mai 1940. Nommé enfin général de brigade, il ne sera jamais appuyé lors de ses attaques et devra se replier faute de moyens. Peu après, De Gaulle sera nommé sous-secrétaire d'état à la guerre mais Reynaud démissionne, remplacé par Pétain. Weygand devient ministre de la Défense nationale. Alors que Pétain, le 17 juin, lance un appel à la “résignation”, De Gaulle en lance un autre, le 18, appelant à la “résistance”.

 


 

Partager cet article
Repost0
14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 16:37

Jacques Chirac, né en 1932, sortira diplômé de l'IEP en 1954 avant d'entrer à l'ENA. Pendant un temps, il milite dans des mouvances communistes. Alors qu'il est encore étudiant, il doit faire son service militaire et il se porte volontaire pour partir en Algérie où il sera blessé. Il obtient le grade de sous-lieutenant. Le point noir c'est son attachement à l'Algérie française. Député de Corrèze, il occupera des postes de ministres sous Pompidou avant d'être plusieurs fois Premier ministre.

Lorsqu'il sera élu en 1995, il décide de dissoudre l'Assemblée nationale en 1997 sur les conseils de Dominique de Villepin. C'est la plus grosse erreur de sa présidence. Elle est rattrapée quelques mois plus tard par la victoire française lors de la coupe du monde de footballe en juillet 1998 par 3 à 0 sur le Brésil. Sa cote de popularité augmente. Arrive ensuite septembre 2001 et le départ des troupes en Afghanistan.

Avec cela, il se représente en avril 2002. Tout le monde pense alors au retour de la gauche au pouvoir mais Lionel Jospin fait une très mauvais campagne et il est battu par le candidat nationaliste, Jean-Marie Le Pen. Ce choc “d'avril 2002” va marquer l'opinion et fait entrer la France dans le XXIe siècle par une prise de conscience brutale.

Jacques Chirac est élu avec 82% des voix et ne saura pas prendre en compte le message. Ce n'est pour lui que les électeurs ont votés majoritairement mais c'est pour lutter contre l'extrême-droite. Je me rappel les manifestations dans ma petite ville de Fécamp des lycéens et des travailleurs contre Le Pen. La plupart ne sont pas de droite.

Il refuse ensuite de participer à la guerre en Irak ce qui vaudra à Dominique de Villepin son grandiose discours de 2003 à l'ONU au cours duquel il fut applaudi, rare manifestation de sentiment dans cette enceinte. Ce pacifisme permettra de cacher d'ailleurs son engagement en Afghanistan. Ce refus de la guerre repose surtout sur une position gaulliste de retrait par rapport aux États-Unis.

Chirac a compris que l'avenir ce ne sont pas nécessairement les puissants. Très gaulliste, il utilisa beaucoup le référendum en réduisant le mandat présidentiel de sept à cinq ans en 2000 dans l'indifférence générale. Toutefois, il essuya un cuisant échec sur l'adoption d'une nouvelle consitution pour l'Europe avec 53% de “non” alors que la classe politique, avec les socialistes, étaient pour le “oui”. Il ne saura pas tirer, une fois de plus, les enseignements de ce revers. Nous sommes alors en 2005.

L'année suivante est celle de Dominique de Villepin qui instaure le Contrat première embauche. La “fracture” de la majorité apparaît et Sarkozy gagne des points en prenant parti pour le retrait du projet de loi. Les lycéens et les étudiants manifestent, bloquent lycées et universités. Ce sont mes meilleurs souvenirs de jeune citoyen. Dans le froid, durant deux mois et demi, nous avons fait du lycée un désert. Tout marchait au ralenti. Nous avons obtenu le retrait du projet et la démission du gouvernement, refusé du reste.

Dans un éclair de lucidité, il va faire inscrire dans la constitution, en 2007, l'abolition de la peine de mort, peut-être devant la montée de l'extrême-droite où parcequ'il sent un virage à droite de sa majorité, déjà dominée par la figure ultra-active de Sarkozy. Ce chef du parti, ministre de l'Intérieur, va préparer son terrain pour la présidentielle, sachant qu'il était fort peu probable que Chirac se présente une troisième fois.

Concernant la politique intérieure, Chirac eut quelques bonnes idées comme la suppression du service militaire. Les thèmes de campagne qui ont marqués son quinquennat sont la sécurité routière, la lutte contre le cancer et le soutien aux personnes handicapés. Les choses ont beaucoup évolués sur ces thèmes là avec l'obligation de créer des accès aux handicapés dans les lieux publiques notamment.

La lutte contre l'insécurité est toutefois un échec cuisant de Sarkozy puisque les plaintes pour atteinte au personne ont augmentés de 16%. Il réussit à faire baisser le chômage, les chiffres passant de 11,3% en 1995 à 8,4% en 2007. Toutefois, les inégalités sociales augmentent entre les plus riches et les plus pauvres. La dette publique croît inlassablement. Les affaires étrangères ont été bien mieux menées que les affaires intérieures.

La France prend part à la guerre du Kosovo en 1999 et à celle d'Afghanistan en 2001. La première est une victoire à la Pyrrhus permettant la mise sous tutelle de l'ONU de la province du Kosovo. La seconde est un échec cuisant dont Sarkozy n'est pas encore sorti et à réussi à occulter par la guerre en Libye. Les relations avec l'Afrique, ensuite, ont été tendu, notamment en Côte-d'Ivoire. Les opposants politiques parlent même de néocolonialisme.

Par exemple, l'Affaire de ventes d'armes à l'Angola entre 1993 et 1998 va révéler un vaste réseau de profiteurs. Ces ventes d'armes n'ont jamais été autorisés en haut lieu, mais implique des personnalités politiques de premier ordre, comme Pasqua, Sullitzer, Marchiani et Mitterrand (le fils aîné de l'ancien président). Le jugement rendu en octobre 2009 a scandalisé pas mal de gens puisque la plupart des inculpés ont été relaxés, certains n'ont que des peines avec sursis et les quelques inculpations ferme ne dépassent pas cinq ans de prison.

C'est de tout cela qu'hérite Nicolas Sarkozy en mai 2007. Ce candidat fera du thème de la “rupture” son cheval de bataille, appelant au rassemblement du centre, de la droite classique et même des nationalistes. Il gagnera avec 53% des voix. Depuis, il a viré à droite et ses choix politiques ont de quoi inquiétés et pas simplement les opposants politiques. Sa ressemblance troublante avec l'empereur Napoléon III mais aussi avec la politique de Philippe Pétain a de quoi troubler les démocrates.

Nous verrons cela dans un nouvel épisode, même si vous pouvez déjà allez voir les articles sur lui qui sont nombreux sur ce blog.

Partager cet article
Repost0
9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 01:00

carte-de-venise-au-xvie-siecle-cristoforo-sabbadino-1552

Carte de Venise au XVIe siècle

 

« Ce qui a eu raison de Venise, ce sont les routes du monde qui se déplacent lentement de la Méditerranée à l'Atlantique ; ce sont les États nationaux qui grandissent. Dès le XVIe siècle, Venise se heurte à ces corps épais : l'Espagne, la France, l'une et l'autre avec des prétentions impériales ; plus encore surgit l'Empire turc, colosse d'un autre âge, mais colosse, contre lequel elle s'épuisera. »  

Fernand Braudel 

 

 

Les élites marchandes de Venise possèdent un ensemble vaste de pouvoirs en contrôlant notamment les institutions publiques et en gérer les activités économiques. Le commerce maritime de Venise est réputée dès l'époque médiévale. C'est à la fois une organisation publique – avec les galères marchandes – et à la fois secteur privée – par l'indépendance des armateurs dans la pratique de leur activité. Ce dernier secteur va se renforcer à la fin du XVe siècle. Le gouvernement vénitien est très centralisé. Le système urbain en est le reflet. Les territoires sont en effet hiérarchisés, centrés sur les paroisses. Les lieux de pouvoirs sont le Rialto et Saint-Marc. Dans le port du Rialto, à la fin du moyen-âge, les réseaux de commerçants étrangers sont nombreux. Ils viennent chercher du travail et des perspectives de s'enrichir. L'économie à l'échelle mondiale apparaît et Venise joue un rôle de premier plan grâce aux grands marchands-entrepreneurs mais aussi grâce aux petits artisans et aux hommes de peine. Tout le monde a du travail à Venise y compris celui venu d'ailleurs. Cette tolérance, à la fois politique, sociale et religieuse est un fait unique dans l'histoire européenne de l'époque. Bien sûr, la concurrence entre les Vénitiens et les étrangers étaient fréquent.

 

La magistrature judiciaire, la Giustizia Vecchia, avait pour fonction d'enregistrer les contrats de travail. L'État joue un rôle important dans les relations entre maîtres et apprentis. Les filles et les garçons ont un traitement égale en fonction du travail exercé. Au milieu du XVe siècle se pose la question du ravitaillement de la ville. La demande en viande augmente et entraîne des conséquences importantes sur la pratique du métier de boucher. En 1301, le secteur de la boucherie, « métier » institué, est ouvert à la concurrence des marchands de bestiaux ou des patriciens. Les registres de concessions d'étals des marchés de Saint-Marc et du Rialto montrent bien cette mutation au XVe siècle. C'est un exemple de métier. Il y en a d'autre. Entre le XVIe et le XVIIe siècle les femmes lettrées – elles sont fort peu – vont dénoncer l'inégalité existante avec les hommes concernant l'accès aux études. Il est très difficile pour une femme d'écrire à Venise alors que cela semble déjà plus simple en France, par exemple. Elles regrettent la violence de la société à leur égard. Anna Bellavitis s'intéresse à la dot des femmes lors du mariage. Contrairement a beaucoup de sociétés européennes de l'époque la femme pouvait disposer de sa dot lorsqu'elle se remarie. Dans la bourgeoisie, les femmes disposent même du droit de désigner leurs héritiers et choisissent souvent leurs filles. Toutefois, une fille mariée pour la première fois, devient propriétaire de sa dot mais c'est son mari qui obtient sa gestion et son usufruit.

 

Au début du XVe siècle, la classe dirigeante de Venise cherche a créer un État dans le nord-est italien. Ce territoire se fonde sur les traditions municipales, les statuts et les lois existantes dans les villes aux mains de la république. Des élites nouvelles apparaissent avec pour valeurs la richesse et le talent professionnel. Cela remet en cause le statut de l'aristocrate avec une redéfinition des liens entre le pouvoir central et le pouvoir local. La société patricienne vénitienne du XVIe siècle est basée sur l'honneur et sur les liens du sang. La violence, au XVe siècle, fut chose courante, avec des meurtres et des insultes appelant des meurtres et des insultes. La justice de Venise parviendra à remettre de l'ordre mais non sans mal. Les valeurs de l'aristocratie sont aussi celles de l'amitié et de l'affection.

 

Au XVIIe siècle, en tout les cas, la population vénitienne connaît une régression. Elle passe de 188 970 habitants en 1607 à 137 867 en 1696. Cela peu s'expliquer par la peste de 1630. En 1633, la population était descendue à 102 243 personnes. Pour Venise, le XVIIe est le « siècle de la crise » contrairement aux autres pays européens. Décidément, la république ne fait pas comme tout le monde !

 

canaletto_piazzasanmarco.jpgLa place Saint-Marc par Canaletto (1697-1768)

Partager cet article
Repost0
27 mai 2011 5 27 /05 /mai /2011 22:00

En France, la crise de “mai 68” marqua les mémoires des participants et des générations suivantes. Elle a été disséqué sous tous ses angles et des dizaines de livres ont été publié sur le sujet. La plupart de ces études sintéressent souvent aux origines du mouvement ou à ses conséquences, rarement à son déroulement. Maurice Gobille constate l'élan fédérateur du mouvement et la synchronisation des étudiants et des ouvriers. Les grévistes appartenaient aux différents secteurs d'activités sans disctinction réelle entre eux dans les revendications. Cette seule solidarité peu surprendre à plus d'un titre mais elle cache la complexité de “mai 68”. Les effets immédiats qu'ont eut la crise montre qu'un tel évènement, apparu dans un contexte d'instabilité, peu se radicaliser au point de se coordoner de la plus inattendue des manières. La réaction de la classe politique démontre un “effet de surprise” qui va destabiliser Charles De Gaulle au point de la faire douter de lui-même. Il ira jusqu'à Baden Baden chercher de l'aide et un peu de réconfort.

 

La jeunesse

 

Ludivine Bantigny souligne l'importance des jeunes lors de mai 68 et montre que dans l'imaginaire collectif le mouvement est associé aux étudiants du fameux quartier latin et de l'Université de Nanterre. De Gaulle, dans sa politique, faisait peu de cas de la jeunesse et celle-ci était souvent stigmatisé, présenté comme une menace pour la société. Pourtant, contrairement aux idées reçues, les jeunes, en 1968, n'ont pas fondamentalement bouleversé les valeurs de leurs aînés. En fait, comme en 2006 contre le CPE, en 2008 contre la réforme des lycées et la LRU ou enfin en 2010 contre la réforme des retraites, les revendications des jeunes vont apparaître comme “classiques”, c'est-à-dire une reconnaissance sociale et surtout un emploi car la question du travail se posait déjà même si le problème était moins dramatique qu'aujourd'hui. Le chômage s'impose toutefois comme une des préoccupations majeure des jeunes. La jeunesse, comme les autres catégories de la société, est divisée. François Audigier montre que les jeunes gaullistes de l'UJP ce sont scindés en deux, avec les “progressistes” d'un côté et les “conservateurs” de l'autre.

 

Les extrêmes politiques

 

L'extrême-droite passe complétement à côté du mouvement en analysant le mouvement comme un “retournement” des tensions politiques et sociales misent en avant lors de la guerre d'Algérie. L'ennemi devient l'immigré algérien venu travailler en France et le féminisme, porteur d'une libération des moeurs qui fait peur à de nombreux catholiques. Ce regain de racisme et de sexisme est décalé par rapport à la réalité du conflit. L'extrême-gauche, quant à elle, va s'enfermer dans une idéologie anarchique teinté de maoïsme, faisant en sorte d'ignorer les parlementaires lors des manifestations, prenant soin de ne point passer devant le Palais-Bourbon. Jean El Gammal affirme que les parlementaires ont été surpris, voir ont été choqué par le dénie de leur légitimité démocratique de la part de l'extrême-gauche, elle d'ordinaire favorable a un fort parlementarisme.

 

Les intellectuels

 

Jacques Lacan, le philosophe, se montrera irrité par ces idéologies extrêmes qui dénotent avec le mouvement en prenant des proportions démesurés. Pour lui, la fièvre constataire montre que la vanité l'a emporté sur la vérité, que les dérives traduisent plus un émoi qu'un évènement. Il est très critique donc. Bernard Brillant analyse mai 68 comme un moment révélateur d'une radicalisation de la crise des intellectuels au cours des années 60. Ce qui est en jeu c'est l'image de “l'intellectuel engagé” dont Bernard Henry-Lévy est aujourd'hui la parodie. Ainsi, l'intellectuel se veut autonome et il se doit d'incarner une idéologie dominante comme le marxisme, le capitalisme, le libéralisme ou encore le tiers-mondisme. René Rémond, professeur à Nanterre, va d'abord condamner le mouvement avant de prendre de la distance et finir par dialoguer avec les étudiants pour éviter les débordements et protéger l'université. Sa position lui vaudra d'être président de cette université après la crise.

 

 

Partager cet article
Repost0
24 mai 2011 2 24 /05 /mai /2011 22:46

Rentrer chez soi, allumer l'ordinateur et lire les informations sur les journaux en ligne a parfois du bon... un peu d'humour est même possible. En effet, tout un chacun connaît l'agrégation d'histoire, la difficulté de ce concours et la hauteur de vue demandé à chacun des candidats. La session 2011 a été marquée par un tout petit couac : le document médial datait de... 1964 ! Plus précisément, plusieurs documents ont été recomposés pour en former un seul. Cette pratique est très peu conforme aux usages scientifiques, d'autant plus lorsqu'elle n'est pas signalée aux candidats. “Le texte donné à l’épreuve de commentaire, censé être un document historique authentique produit au Moyen Âge était en fait extrait d’une fiction rédigée au XXème siècle !” (Le Monde)

 

Qui a donc été chargé de trouver le texte ? Peut-être voulait-il innover dans le choix pour éviter les redondantes chartes ? Mais bon, de là à fournir une fiction datant du XXe siècle il y a un grand pas à faire. Le livre dont il est tiré s'intitule Le concile de Constance au jour le jour (1964)écrit par Palémon Glorieux, chanoine du XIXe. En tout cas, le scandale est total, repris par le site Fabula et Mediapart. L'intitulé du texte indiquait : "Les événements du Concile de Constance ont été relatés par différents témoins. L'auteur de ce texte, resté anonyme, est maître Jacques de Ciresio, le secrétaire du chancelier Gerson" Cela sent déjà le roussi ! (Agrégation externe, texte du commentaire de texte ) Comment un jury de l'agrégation d'histoire a t-il proposé un texte romancé dont les sources sont douteuse et pour lesquelles Polémon Glorieux lui-même est dubitatif.

 

Pour un sociologue c'est génial ! En effet, le corporatisme est un phénomène bien connu chez les professeurs d'université et notamment chez les médiévistes. Il ne fallait donc surtout pas que cela se sache et chacun devait se taire bien sûr. Or, et c'est dommage, le scandale éclate avant les oraux de l'agrégation. Cette affaire va faire jaser et moi-même, qui aurait sans doute passer l'épreuve (pour le fun) avant le Capes comme cela se fait, vais sans doute hésiter. Les historiens médiévistes sont déjà sévère mais n'osent point parler à visage découvert pour éviter la “colère” des membres du jury de l'agrégation encore très puissant dans le milieu. De plus, d'après Médiapart, cela va donner une occasion de plus pour supprimer purement et simplement cette épreuve jugée coûteuse par le gouvernement puisqu'elle forme des professeurs de haut niveau. Je trouve que pour montrer des exemples à des étudiants à qui l'on apprend à vérifier ses sources et juger de la fiabilité d'un document c'est pas mal !


http://www.mediapart.fr/article/offert/6ffa635494d9bb1ddd9f9c8469a39039

Partager cet article
Repost0
19 mai 2011 4 19 /05 /mai /2011 15:03

Chez les Francs, le pouvoir est détenu par un chef de guerre, le heerkönig, choisi, depuis le milieu du Ve siècle, dans la même famille. Toutefois, avant la montée en puissance des Mérovingiens, l'autorité du chef de guerre concerne un territoire réduit. Souvent, il dirige une forteresse comme ce fut le cas pour Clodion, rex de Dispargum. Ce “roi”, qui n'en est en fait pas un, possède un pouvoir très limité en réalité. Si Clovis saura s'imposer par son autorité naturel, son charisme, ce ne fut pas le cas de ses ancêtres qui n'ont pu accéder aux plus hautes fonctions qu'en tuant leurs adversaires. Le roi des Francs, rex Francorum, est choisi dans la famille du défunt. La pratique du partage est courante. Toutefois, le roi, en tant que personnage public, est sacré. Il dirige l'armée.

 

La pratique du partage

 

Lors des partages, les villes sont au coeur des transactions du fait des clientèles qui lient les fils du défunt. En fait, l'idée que c'est le tirage au sort qui désignait les lots est faux. En effet, si Thierry obtient la plus grosse part en 511 c'est parcequ'il est l'aîné et qu'il a une plus large clientèle. Dans la forme, il s'agit d'un partage aequa lantia, c'est-à-dire à balance égale (Grégoire de Tours, II, 1). Ce type de partage se retrouve en 532 lorsque Clotaire et Childebert se partage les terres de Clodomir après avoir assassinés les héritiers de celui-ci. En 561, en revanche, avec la mort de Clotaire, c'est un partage régulier par tirage au sort des lots, cette fois-ci. Ainsi, l'aîné n'aura pas nécessairement la plus grosse part (IV, 22).

 

L'historien consciencieux peut se poser la question : les territoires doivent-ils être équivalent sur le plan de la superficie ? Rappelons que le royaume est un bien privé pour les Mérovingiens. Celui-ci est leur patrimoine. Rouche explique cette pratique des partages par le respect de la tanistry germanique et par le retour aux coutumes matrilinéaires. Ainsi, en 524, la tanistry accorde l'héritage du défunt roi à ses frères et non à ses fils en priorité puisque c'est l'idée que le plus âgé est le plus digne d'obtenir cette héritage. Cette pratique, utilisé dans de nombreuses société, est encore celle des rois saoudiens aujourd'hui. Thierry, en 511, même en étant le fils d'une épouse secondaire, selon la coutume germanique, possède les mêmes droits de succession que les enfants de Clotilde.

 

La perception de l'espace

 

Dans un article publié en 2001, l'historienne Dominique Iogna-Prat, explique que “avec les Francs, les gentes (=les grandes familles) sont regroupées dans le cadre de regna (=royaumes) qui récupérèrent les anciennes divisions territoriales romaines et contribuent à une fixation juridique des populations.”En effet, avec les invasions barbares aux Ve et VIe siècles un phénomène de régionalisation se met en place. Par exemple, l'Austrasie peut-être considéré comme un espace politique unifié multiculturel.

 

L'élément de base c'est la patria qui peut prendre la forme d'une patria propria, patrie locale, ou d'une patria communis, patrie romaine. À l'époque, chacun obéit à la loi de sa patrie locale (un franc au droit franc, un romain au droit romain...). De plus chacun appartient à une seigneurie ou à une paroisse. De fait, peu à peu, le roi se sent investi du rôle de pater patria, c'est-à-dire de pére de la patrie dont le rôle est de protéger, au nom du divin, les gens de sa patrie.

 

L'organisation de l'espace

 

Chez les Mérovingiens, le roi nomme et révoque les fonctionnaires parmi lesquels le plus puissant est le dux qui dirige un duché. C'est la plus haute charge de l'administration provinciale franque. Personnage puissant, il est à la fois délégué du roi et chef militaire. Il a pour mission de rétablir l'ordre dans une région, comme ce fut le cas de la Thuringe, mais il était surtout nommé pour pacifier les régions nouvellement conquise. Thierry, fils de Clovis, sera duc en Auvergne. De plus, le duc, en tant que délégué du roi, commande la province sur laquelle il a autorité en pouvant déclarer la guerre sans l'accord du roi et en commandant les comtes présent sur le territoire de son duché.

 

L'unité de base, en province, c'est le comté, dirigé par le comte, le comes, qui est le fonctionnaire le plus connu des Mérovingiens. C'est le référant local, celui que tout le monde connaît. Toutefois, le comté est divisé en centaines, chacune d'elle dirigée par un fonctionnaire nommé par le comte, le centenier. Le comte règle les affaires les plus courantes, comme rendre la justice, récolter l'impôt, rétablir l'ordre... Le centenier est chargé de rendre la justice au nom du comte dans les campagnes pour les affaires de litige par exemple.

 

Arrive le domaine du roi, spécificité du début du moyen-âge et qui perdura par la suite. Le roi possède un domaine, le fiscus, dont il récolte directement les revenus. Il est le seul bénéficiaire de ses revenus. En plus, c'est lui qui perçoit les tributs des peuples vaincus et il a droit à une part des butins récoltés lors des campagnes. Le roi est aussi celui qui récolte l'impôt. Seulement, il est rare que l'impôt principal, la capitation, lui soit régulièrement versé. Cet impôt direct est prélevé selon la taille de l'exploitation agricole, la manse, ou prélevé en fonction du nombre des habitants sur l'exploitation.

 

Partager cet article
Repost0
14 mai 2011 6 14 /05 /mai /2011 21:43

La tête du roi Henri IV a fait, il y a peu, la une des journaux. L'année 2010 fut bien sûr l'année Henri IV puisque l'on célébrait le quatre-centième anniversaire de sa mort. C'est, en effet, le 14 mai 1610 qu'il est poignardé par Ravaillac. Celui que l'on surnomma le Ver-Galant était aimé du peuple mais haï par une grande part de la noblesse protestante et catholique qui lui reprochait ses positions religieuses changeantes.

 

henri-IV.jpgPourtant, choisi comme successeur par Henri III, Henri de Navarre devra mettre le siège devant Paris, craignant même d'être pris en tenaille entre l'armée de la Ligue et l'armée espagnole. La trahison des Catholiques finira par agacer le bas peuple. De plus, Henri bat les ligeurs à Arques (1589) puis Ivry (1590). Sans aucune déclaration de guerre l'Espagne envoie des troupes en France. Henri IV s'en souviendra et en 1595 prend les devants en déclarant la guerre.

 

Peu avant, le duc de Mayenne tente de faire élir un nouveau roi mais son plan est déjoué. Gabrielle d'Estrées est alors la maîtresse du roi. Elle n'a pas vingt-ans. Le roi l'aurait bien épousé mais la reine en titre, Marguerite de Valois s'y opposait. En tout cas, Gabrielle pousse Henri a abjuré la foi protestante pour la catholique. C'est ainsi que, solennellement, en la basilique Saint-Denis, le 25 juillet 1593, il abjure une foi pour une autre.

 

Gabrielle-d-Estrees--ecole-de-fontainebleau--3-.jpgDétail du tableau Gabrielle d'Estrées et sa soeur

(école de Fontainebleau)

 

Il promet des cadeaux aux villes qui se rallient à “son panache blanc”. Il promet ainsi 25 millions de livres (90 millions d'euros). Pour payer, il augmente la taille et provoque une révolte réprimée dans le sang en 1595 à la bataille de Saint-Crépin. Jean Châtel tente d'assassiner le roi en 1594. Dans ce contexte, les choses semble aller mal pour le roi mais le 5 juin 1595, à Fontaine-Française, sa victoire sur la Ligue marque la fin de la guerre.

 

Ainsi donc, en 1595, il peu s'attaquer aux Espagnols de front et leur déclare la guerre officiellement. Elle commence mal pour la France qui perd Amiens et voit la Bretagne être envahie. Finalement, le 13 avril 1598, devant la hargne des alliés protestants, Henri IV ratifie l'édit de Nantes puis, le 2 mai, il signe la paix de Vervins avec l'Espagne. C'est d'ailleurs la dernière paix signé au nom du grand roi Philippe II qui meurt en septembre de la même année remplacé par Philippe III.

 

En 1599, Gabrielle d'Estrées meurt mystèrieusement alors qu'elle est enceinte de quatre mois et que le roi envisage sérieusement de l'épouser. D'ailleurs, le mariage est prévu le 10 avril et la “future” meurt dans la nuit. De suite, certains pensent que Sébastien Zamet, chez qui elle a dîner la veille, l'a empoisonnée. Le roi ne fut-il pas prévenu de sa mort seize heures avant qu'elle ne commence sa longue et horrible agonie.

 

422px-Alessandro_Allori_-_Portrait_of_Bianca_Cappello.jpgFinalement, il répudie Marguerite de Valois et épouse Marie de Médicis en 1600 en la ville de Lyon. Née en 1575, elle appartient à la plus puissante et la plus riche famille de Florence. Son père, François Ier de Médicis, est porté sur l'art et les choses de la raison. Sa mère, Jeanne d'Autriche, délaissée par son mari mourra en couche en 1578. François se remarie avec sa maîtresse, Bianca Capello, dont Allessandro Allori a réalisé un joli portrait (ci-contre).

 

L'oncle de Marie, Ferdinand, devient grand-duc de Toscane en 1587 après la mort de François et de Bianco de la malaria. Cette mort a suscité un vif débat dans la communauté scientifique au cours dans la deuxième moitié des années 2000. En effet, en 2007, une equipe de toxicologues avance l'hypothèse d'un empoisonnement à l'arsenic alors que, en 2010, une autre équipe de médecine légale prouve que le couple est mort de la malaria, forme aigüe de paludisme.

 

C'est dans ce contexte qu'elle est éduquée au Palais Pitti. Elle a vingt-cinq ans en 1600 et on l'a dit belle pour l'époque malgré son embonpoint. Elle apporte, en dot, 2 millions de livre (7,2 millions d'euros) qui permit de combler le déficit de la France. Seulement, depuis la fin de l'année 1599, Henri IV a une jeune et belle maîtresse de vingt ans, la marquise de Verneuil, Henriette d'Entragues. Pour la nouvelle reine voilà une concurrente redoutable.

 

450px-Maria_de-_Medici_Frans_Pourbus_the_Younger_-detail-.jpgMarie de Médicis

 

Celle-ci a eut un fils du roi le 27 octobre 1601, Gaston-Henri. Presque au même moment la reine Marie donne naissance au dauphin Louis le 27 septembre 1601. Gaston-Henri deviendra évêque de Metz en 1612 avec une pension de 10 000 livres (environ 35 000 euros). Le roi se signe la paix avec le duc de Savoie et finit par se réconcilier avec le duc de Lorraine, Charles, celui qui fut le “seigneur” de mes ancêtres, cordiers à Saint-Diè dans les Vosges.

 

La dette publique, d'après Lucien Bély, est alors de 200 millions de livres en 1596 (soit près de 700 millions d'euros) alors que les recettes sont seulement de 10 millions (soit 35 millions d'euros) et les dépenses de 16 millions (soit 56 millions d'euros). Le mariage et la dot qui va avec est pour Sully un soulagement. Celui-ci permettra de renflouer les caisses de l'état avec 30 millions de livres d'arriérés fiscaux (100 millions d'euros). Déjà, on jouait avec de grosses sommes d'argent.

 

À titre comparatif, la dette publique de la France est 1 596 milliards d'euros (soit 456 milliards de livres). Les recette sont de 1 200 milliard d'euros et les dépenses de 1 400 milliard soit 200 millions d'euros de déficit. Aujourd'hui, le président de la république touche 27 000 euros par mois (soit environ 7 700 livres) alors qu'un maire touche la même chose en une année. Un fonctionnaire moyen touche, en 2011, environ 30 000 euros par an (soit 8 500 livres).

 

Dans les campagnes, la vie est moins facile au XVIIe siècle. On trouve la figure emblématique du “laboureur” mais il y a aussi la flotille des journaliers et des artisans. Un petit exploitant possédait en moyenne 10 ha alors qu'un laboureur possesseur d'une charrue en avait 20 à 30. Le fermier (ou marchand-laboureur) est le plus riche et le plus éduqué de tous. Il sait lire et écrire et peut parfois même acheter une seigneurie ecclésiastique.

 

La présence de Dieu était partout pour ces hommes du XVIIe siècle. La prière avaint une place importante et le Salut dans l'Au-delà presque une obsession. Pour autant, il ne fallait pas se plaindre, subir son sort sans broncher, montrer, même devenu vieux, que l'on était encore vaillant. L'honneur pour les garçons et la vertu pour les filles restaient des valeurs importantes. Souvent, le père de famille était autoritaire et brutal tandis que la mère éduquait les enfants.

 

Il ne faut pas oublier que nous sortons d'un siècle de tensions religieuses et que Henri IV en a indirectement payé les frais. Ravaillac aurait tué le roi parce qu'il le prenait pour un tyran. Depuis peu, l'idée que tuer un tyran mène directement au Paradis, fait son chemin. Henri IV est le type idéal à “trucider”. Ravaillac pensait faire le bien, il fut hué par le peuple de Paris qui assista au supplice affreux du jeune rouquin.

 

La thèse du complot fut brillament mise au jour par Christian Petitfils dans un de ses dernier livre, L'assassinat d'Henri IV (2009). Ravaillac aurait été manipulé par des nobles hollandais. D'ailleurs, lors de l'assassinat, la présence de cavaliers en arme ne sembla troubler l'assistance. Ils tentèrent en effet de tuer Ravaillac. Pour venir en aide au roi ou pour qu'il ne parle pas ? Du reste il dira toujours avoir agi seul... Il a tué sans se poser de question.

 

v_book_1923.jpg

Partager cet article
Repost0
8 mai 2011 7 08 /05 /mai /2011 08:00

En ce jour du 8 mai 2011 nous célébrons la fin de la guerre le 8 mai 1945... Mais, avant de penser aux soldats alliés qui ont débarqués le 6 juin 44 et contribué à la Libération du pays, pensons aux civils qui ont subis l'occupation allemande durant cinq années, pensons aux résistants qui sont morts – pour beaucoup – fusillés par la Gestapo. Il ne convient pas simplement de commémorer un jour du passé, mais de rappeler que la guerre tue – certes – que l'occupation d'un pays par un autre entraîne inévitablement une guerre civile (entre les individus favorable aux occupants et ceux opposés)...

 

Pensons aussi à tous ces malheureux sauvés – hélas peu nombreux – des camps de la mort par les Russes et les Américains. Pensons aux Japonais morts après l'explosion des deux bombes atomiques américaines du fait de la folie de l'empereur qui refusa jusqu'au bout un armistice (et les Japonais ont conservés leur empereur malgré tout !). Bref, gardons en mémoire cette guerre terrible, la plus meurtrière de l'histoire de l'humanité, la plus terrible par les extrêmes folies qui ont eu lieu...

 

Gardons là en mémoire pour que demain, espérons-le, d'aussi meurtrier conflits n'aient pas lieu... Un peu d'optimisme pointe le bout de son nez puisque les 54 morts français en Afghanistan sont considérés comme honteux et scandaleux. Cela fait dix ans que la France est sur place. En un mois, lors de la Bataille de France, les alliés ont 104 000 morts (dont 90 000 français). Les Allemands et Italiens en ont 63 000. La Guerre en Irak a fait 4 000 morts Américains depuis 2003. Les guerres du XXIe siècle, tout en étant meurtrière, le sont beaucoup moins que les guerres du XIXe et du début du XXe siècle.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : La Crise des Consciences
  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
  • Contact

Recherche

Archives