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25 avril 2011 1 25 /04 /avril /2011 20:19

Le second empire a été longtemps critiqué et mal compris, notamment par la très mauvaise image donné de Napoléon III par Victor Hugo. Cette période est celle de la modernisation de la France. Par exemple, en vingt ans, de 1850 à 1870, le réseau ferré français passe de 3 000 kilomètres à 18 000 kilomètres de voies. C'est l'essor du commerce par cette immense modernité que représente le chemin de fer. Les voies navigables sont réaménagées ainsi que les routes et les ports. Pour réussi un tel coup de maître, Napoléon accepte de moderniser le système financier afin de faire baisser des taux d'intérêts élevés. C'est la création du Crédit foncier, du crédit Mobilier, du Crédit lyonnais. Le chèque fait aussi sont apparition en France. Eh, oui nous devons cela à Napoléon III ! Ainsi, les commerçants pouvaient laisser aux banques le soin de gérer les transactions, évitant ainsi les voyages postaux plus risqués. L'accord franco-anglais est une première depuis les guerres napoléonienne puisque les tarifs douaniers sont abolis (1860).

 

A Paris, ce sont les fameux travaux du baron Haussmann qui sont restés dans les mémoires. Des quartiers entiers sont détruits, les rues agrandies afin d'éviter que les parisiens puissent dresser des barricades. Les conditions d'hygiène était terriblement catastrophique. Pour rendre agréable la capitale aux yeux des premiers « touristes », ont couvre les rues et les buttes d'arbres. Les grands parcs parisiens sont aménagé à ce moment là (parc Monceau, par exemple). Paris passe de 3 000 à 7 000 hectares, de 500 000 habitants en 1848 à 2 millions en 1870. Tout cela coûta 2,5 milliards de francs, c'est-à-dire 6,3 milliards d'euros (pour un franc 1850 = 2,53€ de 2006). Les réaménagements urbains concernent aussi Lyn, Bordeaux, Marseille, Montpellier. Ce que fait la France, c'est ça révolution industrielle. Alors, si l'Angleterre est bien plus en avance, il n'en reste pas moins que l'empire va remonter en puissance économique et militaire.

 

Paris se consacre à la culture et à la science. Les expositions universelles de 1855 et 1867 sont des réussites. L'entrée coûtait moins de deux euros. C'était accessible à la plupart. De plus, c'est à des français que l'on doit le dirigeable, le cuirassé à coque en fer (les sudistes et les nordistes faisaient réparer leur navire en France !); le sous-marin propulsé par un moteur à air comprimé, la pasteurisation et la conservation des aliments.Très porté sur les nouvelles technologies, Napoléon III favorise l'essor de la photographie et du télégraphe au même moment que les États-Unis. Politiquement, c'est aussi la modernisation. Napoléon III veut aller vers un régime plus libéral, plus parlementaire. Là est la grande déception des historiens : qu'aurait pu donner cette libéralisation sans la guerre de 1870 qui vint tout gâcher ? Bien sûr, nous ne le serons jamais, même si Napoléon – ça nous le savons – avait déjà préparé sa succession et souhaitait voir l'instauration d'une monarchie parlementaire.

 

Ainsi, pour montrer sa bonne volonté, il accorde au Corps Législatif un droit fameux, le droit d'adresse (les députés adressaient chaque année un texte au gouvernment pour le critiquer ou lui faire part de certains points politiques). Le compte-rendu des séances est rendu public (toujours aujourd'hui, via le site de l'Assemblée nationale ou du Sénat : http://www.assemblee-nationale.fr/13/debats/index.asp). La guerre civile américaine a un impact sur le commerce du coton et donc sur l'industrie textile du pays, d'autant plus que les récoltes sont mauvaises. C'est un tournant. Nous sommes en 1862 et depuis la guerre en Italie, Napoléon III a de nombreux ennemis parmi les conservateurs et les catholiques, mais aussi parmi les républicains. Les élections de 1863 sont un léger revers pour les bonapartistes. De suite, il remanie presque intégralement le gouvernement afin d'afficher sa volonté de libéraliser l'empire. Eugène Rouher prend la présidence du conseil d'État, Fialin l'Intérieur et Duruy (un historien !) l'Instruction publique.

 

Qui l'eût crut : dès 1862, Napoléon III s'intéressent aux ouvriers. Dans un soucis électoralistes dirions nous aujourd'hui. En effet, Sarkozy s'intéresse aux ouvriers pour les mêmes raisons. Toutefois, il donne concrètement des gages de sa bonne volonté, contrairement à Sarkozy (j'ai réussi à place une critique de celui-là ici !). Plus sèrieusement, Napoléon propose la création d'une inspection du travail, loi refusée par le Conseil d'État. En 1864, c'est aussi la reconnaissance du droit de grève et des syndicats, deux ans plus tard. Il ne faut pas cependant se leurrer. La plupart des ouvriers adhèrent rapidement aux idées socialistes et marxistes, voire même, plus tard anarchistes. Quant aux paysans, l'influence des royalistes dans les campagnes est encore importante. Peu avant l'écatombe de 1870, en 1869, les élections sont une victoire retentissante pour les républicains. Paris bascule à « gauche ». En janvier 1870, Napoléon III nomme Ollivier à la présidence du conseil. Après, arrive la crise de succession d'Espagne, les arrogances de Bismarck, la montée du bellicisme en France, et l'entrée en guerre contre la Prusse 19 juillet 1870. Pour l'empereur prussien c'était une première victoire. La France avait déclarée la guerre et non l'inverse. De fait, l'invasion par Bismarck passe pour être défensive. Nous le savons aujourd'hui, la santé de Napoléon III était calamiteuse et il ne put gérer lui-même les combats tout en comprenant, dès qu'il arriva sur le front, que la partie était perdue d'avance (manque d'hommes, de munitions, désorganisation). Les batailles se succèdent et les défaites aussi. L'armée recule, recule et en plus fort mal (contrairement à 1940).

 

Le 16 août, la cavalerie française remporte la dernière grande bataille de cavalerie de l'histoire militaire européenne en causant la mort de 30 000 hommes. Bazaine, le surlendemain, tente de garder le cimetière de Saint-Privat en son pouvoir. Eh oui, un cimetière comme champ de bataille ! Il s'entassa 6 000 cadavres en ces lieux et plus de 20 000 blessés. Toutefois, si ces chiffres paraissent impressionnant, ils ne sont rien comparés aux batailles de Napoléon Ier et surtout aux batailles de la guerre civile américaine un peu avant. Pris en tenaille, devant l'incapacité de Bazaine à diriger une troupe, l'armée est encerclée et c'est la reddition sans conditions. De toute façon, pour atténuer légèrement l'incompétence de Mac-Mahon, disons que le rapport des forces était de un soldat français pour 1,7 prussien (sois presque 1 pour 2). La nouvelle arrive à Paris le 4 septembre et la République proclamée. L'empereur est aux mains des allemands. Gambetta refuse la défaite. Les royalistes l'attendaient patiemment. (cf. La Commune de Paris). 

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23 avril 2011 6 23 /04 /avril /2011 12:00

Les lieux les plus romanisés sont les lieux les plus christianisés. Les populations possèdent souvent une communauté et les idées chrétiennes sont mieux acceptées. Ce phénomène reste en dehors des campagnes, encore païennes. Les prêtres n’hésitent pas à confisquer les temples pour en faire des églises, ce qui provoque des émeutes parfois sanglantes.

La commune, en règle générale, possède un territoire délimité naturellement par un bois, une rivière ou des montagnes, et peut s’étendre sur une surface de 10 à 10 000 hectares. Le nom d’une église permet de la dater. Les plus anciennes évoquent les mystères de la religion. Ainsi, nous trouvons des églises de la Croix, de la Trinité ou du Sauveur. Il y aussi les églises qui portent des noms de Saints. La figure du Saint, sa vie et ses miracles, avait une place importante dans la vie religieuse des croyants. Des individus les plus pauvres aux plus riches, le Saint était considéré comme faiseur de miracles. Les pèlerinages, par l’intermédiaire du culte des reliques, étaient nombreux. Barthélemy, André ou Pierre sont des Saints presque aussi populaires que la Vierge, Etienne et Jean-Baptiste. Beaucoup d’églises portent le nom de martyrs, tel Damien, Marguerite, Côme… Saint Martin, évêque de Tours, est populaire aux Ve et VIe siècles. Clovis ira se recueillir sur son tombeau. Grégoire, l’auteur des Dix livres d’histoires, le tiendra en haute estime.

 L’église en elle-même est entourée de chapelles secondaires. L’importance d’un diocèse peut se mesurer par le nombre d’églises paroissiales qu’il possède. Ainsi, à la fin du Ve siècle, le diocèse d’Auxerre possède 20 églises paroissiales dont 12 dans les domaines, 8 dans les bourgs. À la fin du VIe siècle, il compte 37 églises paroissiales dont 24 dans les domaines et 13 dans les bourgs. En règle générale, un département accueillait 20 à 30 lieux de cultes. Les habitants d’une région trouvaient une église tous les 15 à 20 kilomètres. Il faut ajouter à cela les chapelles, plus petites et plus nombreuses, sans compter les calvaires.

Sous les rois Mérovingiens, l’administration territoriale est simple. Il y a les comtés, anciennes civitas romaines, dirigés par le comes, qui possède des pouvoirs judiciaires, fiscaux et militaires. Cette division administrative peut être comparé à un chef-lieu de canton actuel. L’autre entité, c’est le duché, dirigé par un dux. Son pouvoir est essentiellement militaire. Le duché était créé après une victoire sur un peuple afin de le pacifier. Ensuite, le duché était incorporé dans le regnaconcerné et divisé en comtés. Chaque homme libre, qu’il soit d’origine franque ou gallo-romaine, doit le service militaire au roi. Le comte doit envoyer une troupe armée, l’ost, lorsque le roi le lui demande. Le comte réside en ville. À cette époque, une ville est petite. Paris s’étendait sur 9 hectares, ce qui était déjà beaucoup.

Au sein des comtés, si l’on zoom davantage, nous trouvons les campagnes. Elles sont dominées par une aristocratie foncière très puissante qui possède des grands domaines. La villa est au cœur de ces domaines, entretenus par des esclaves et des paysans libres. Le domaine, pour zoomer encore, est divisé en plusieurs tenures. Ces tenures sont exploitées par des paysans qui paient une redevance au propriétaire.

La population vivait assez misérablement. Les maladies sont nombreuses et souvent mortelles. Des guérisons miraculeuses ont été observées dans les lieux de pèlerinages. Elles concernent, pour 41% d’entres elles, des paralysés qui retrouvent l’usage de leurs bras ou de leurs jambes. 19% concernent des aveugles qui recouvrent la vue et 8% des muets. Il est aussi intéressant à noter que 13% de fous ou de possédés (par le malin) recouvrent la raison au contact des reliques. Les rapports des moines médecins adoptent les méthodes d’Hippocrate et sont donc dignes de foi. Ils sont aussi détaillés que possibles.

Grâce à ces rapports, nous pouvons décrire la société du Ve siècle. Le peuple souffrait de carences alimentaires importantes, notamment en avitaminoses. Cela entraînait des polynévrites, des trachomes, des glaucomes et un fort rachitisme infantile. Les guérisons miraculeuses s’expliquent par la nourriture que les moines distribuaient aux pèlerins. La poliomyélite était aussi une maladie fort répandue et qui était due à une mauvaise hygiène, à l’eau croupie des fontaines, aux marécages. Cette malade entraîne des déformations osseuses et des paralysies. Enfin, pour achever un tableau peu reluisant, ajoutons le paludisme et les fièvres paratyphiques.

Allez, faisons un peu d’anthropologie. Comment étaient-ils ces gens du cinquième siècle ? Ils étaient plutôt petits. En moyenne, un homme mesurait 1 m 67 et une femme 1 m 55. Cette faible taille s’explique par la malnutrition et par le taux élevé de consanguinité. Le mariage entre parents n’était nullement interdit dans les traditions germaniques. Il arrivait souvent qu’un oncle se marie avec une nièce afin de garder le patrimoine de son frère dans la famille. Une femme avait souvent trois enfants. Mais cette moyenne, qui nous semble faible, s’explique par la mortalité des femmes en couche, et souvent à la première grossesse. La majorité « civil », qui permettait de se marier était de 12 ans pour les filles et de 14 ans pour les garçons.

L’espérance de vie est d’environ trente ans. Les hommes avaient une durée de vie plus longue que celle des femmes car ils n’avaient pas à subir la dure épreuve de l’accouchement. En effet, les femmes mourraient souvent en couche entre 18 et 29 ans. La mortalité infantile était élevée. On pense que 5 enfants sur 100 mourraient à la naissance et la moitié avant l’âge de trois ans. Les accidents post et péri génitaux étaient nombreux, entraînant des handicaps physiques et ou mentaux chez l’enfant. Les névroses ne sont pas anodines. L’épilepsie est courante ainsi que la dépression maladive. Tous ces gens étaient considérés comme des possédés du démon. Au moyen âge, les gens s’ingénieront à les brûler, même si, parfois, ils ne seront qu’exclus avec une inhumanité qui ferait pâlir nos braves contemporains. Pour les gens, il faut le signaler, c’était une attitude normale, naturelle.

Le fait d’avoir ne nombreuses femmes n’était pas non plus anormal, mais cela s’inscrivait dans une logique de survie. La population est jeune au Ve siècle. Un homme de 40 ans est vieux. Pour nous, une personne est vieille à 80 ans. Passé ce seuil de 40 ans, les gens vivaient souvent très vieux. Ainsi, les femmes atteignaient en moyenne l’âge de 67 ans et les hommes celui de 76 ans. Les évêques, souvent cloîtrés, moins exposés aux maladies, vivent plus longtemps.

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 12:19

Parler de Clovis sans citer mes sources est une ambition folle, mais je vais l’oser, même si je citerais la source des éventuelles citations, car cela est obligatoire du fait du droit d’auteur. L’objectif de cette démarche est d’éviter d’entrer dans un style trop académique. Je n’aime pas ce ton qui prend de haut le lecteur. Il n’y a rien de plus désagréable que de donner l’impression d’une érudition que l’autre n’a pas. Je n’en ai pas la prétention. Le rôle de l’historien est celui de passeur de savoir. Pour moi, il n’y a pas d’historien sans histoire, et non l’inverse, comme nous l’entendons dire souvent. L’histoire permet de connaître des mondes autres que les nôtres, des organisations politiques différentes et des cultures étrangères de celle dans laquelle nous évoluons. « Les mythes, nous explique Sylvain Gouguenheim, ont été forgés au moyen âge, mais aussi en partie après et ont donné une image déformée de cette époque. »[1] Il explique ensuite, pour prendre un exemple, que la vision d’Halcmar sur le baptême de Clovis est déformée car il le transforme en sacre en créant la légende de la sainte Ampoule. Il semble que le roi franc avait une grande intelligence politique. C’est le premier à réaliser l’unité de la Gaule, même si ce n’est pas une décision politique. Ce que cherche Clovis c’est le soutien des évêques. Ami de Rémi de Reims, il connaît l’influence de ces prélats et leur capacité à réunir les hommes.

 

La chute de Rome semble n’avoir pas eu une conséquence dramatique pour la Gaule du Nord. Depuis de nombreuses années, du fait des guerres, de la crise financière et de la crise agricole, les territoires au nord de la Loire sont dévastés, ruinés et appauvris. Le déclin de Rome se solde par le retour à l’anarchie militaire, aux pillages systématiques et à une instabilité politique évidente. Seul le royaume d’Aquitaine, dirigé depuis la ville de Toulouse par les Wisigoths, est en mesure de résister et de prospérer. La complexité des temps médiévaux apparaît dès cette époque, appelé Antiquité tardive du fait de sa place intermédiaire entre l’Empire romain triomphant et la mise en place du système féodal. Le règne de Clovis se situe au milieu de cette période. Pour Henri Pirenne, avec la mise en place des royaumes barbares, nous trouvons des monarchies absolutistes, laïques et dans lesquelles les instruments du pouvoir sont le fisc et le trésor. Au XIXe siècle, et même encore aujourd’hui, de nombreux chercheurs se sont interrogés sur les aspects religieux de la royauté franque. La place du mythe des origines est importante, car elle semble posséder une fonction symbolique. Des historiens se sont aussi intéressés aux aspects profanes de la royauté et d’autres ont cherché à montrer l’importance du surnaturel dans le tissu social et politique. Ce qui est intéressant c’est de se demander quelle image les hommes de cette époque avaient d’eux-mêmes et de leur monde.

 

LES EMOTIONS AUX TEMPS MEDIEVAUX

 

Huizinga a qualifié d’enfantin le caractère émotionnel de l’homme du moyen âge. Un homme qui acquiert la maîtrise de soi à l’époque des temps modernes, au début de la Renaissance. Les aristocrates romains, comme les nobles français du XVIIe siècle, se devaient de maîtriser leurs émotions pour paraître en société, notamment s’ils voulaient faire de la politique. Pour Norbert Elias, c’est ce processus qui marque la transition entre les temps médiévaux et les temps modernes. Je pense que c’est le processus inverse qui marque la transition entre les temps antiques et les temps médiévaux. Peter Brown montre bien que la maîtrise de soi, de ses gestes, du mouvement des yeux et même de la respiration, était une des composantes de l’éducation des enfants de bonne famille au IIIe siècle. Ainsi, et cela avec la montée du Christianisme, il y a une régression dans ce domaine. Les normes de comportements se caractérisent alors par leur naïveté et par leur simplicité. Dans le même, et cela est curieux, c’est que ce processus s’accompagne d’une régression dans les domaines de l’art et de la littérature. À la Renaissance, au contraire, les grands écrivains grecs et romains refont surface, et, avec le développement de l’imprimerie, sont publiés en langue vernaculaire. C’est une révolution culturelle très importante. L’art, la musique et la littérature se raffinent, la recherche de l’esthétisme prend le pas sur la recherche purement explicative, et l’homme prend conscience de sa différence par rapport à la nature. Il s’intéresse de nouveau au monde qui l’entoure, redécouvre un continent délaissé depuis plusieurs centaines d’années, et se rend compte que la Terre n’est pas au centre de l’Univers.

 

Il y a une violence naturelle à cette époque. « On prenait plaisir à torturer et à tuer, explique Elias, et ce plaisir passait pour légitime. Les structures sociales poussaient même, jusqu’à un certain degré, à agir ainsi et donnaient à ces comportements une apparence de rationalité. »[2] Cette vision n’est pas remise en cause par les médiévistes, même s’ils repoussent ce processus aux XIe et XIIe siècles. Il y a donc un « trou » de cinq siècles, du Ve au Xe. Les émotions, aux temps médiévaux, mais aussi aujourd’hui, conduisent à ce que les psychologues appellent des déclencheurs d’actions, c’est-à-dire l’incitation à fuir ou à rester, à accepter ou à refuser. Les sociologues s’intéressent à la façon dont les émotions sont orchestrées, modelées et réprimées par les aspirations, les mœurs et les traditions d’une société. Nous pouvons mettre en commun ces deux points de vue, et nous trouvons des médiévistes qui s’intéressent à l’expression des émotions. Cette expression n’est ni enfantine, ni fruste, ni élémentaire pour Arthoff et White. Pour eux, le monde médiéval attache de l’importance au geste et au rituel. Leur façon d’exprimer les émotions seraient donc adaptées à leur univers social.

 

Les personnages sont souvent présentés comme des êtres impulsifs, qui dramatisent ce qu’ils ressentent et qui sont aussi grossiers qu’inhumains. Grégoire de Tours, dans ses Dix livres d’histoire, n’échappe pas à la règle. La haine, la peur, la jalousie, l’amour, la joie, la peine, la fureur, la crainte, la colère, l’envie, sont des émotions primaires. Or, rien ne nous autorise à considérer comme enfantin l’époque mérovingienne. L’influence de la culture romaine a permis le développement de traditions et d’identités ethniques riches et variées. Les émotions sont caricaturées, exagérées et n’ont donc rien à voir avec les sentiments réels. Finalement, nous pouvons dire qu’il y a une dramatisation et une mise en scène des émotions primaires. L’époque mérovingienne n’a donc pas été une période entièrement violente. L’hostilité entre les rois est âpre et ponctuelle. Une guerre, un conflit, durait quelques semaines, parfois quelques mois, mais elle se terminait par la victoire ou la défaite d’un des belligérants. Ce n’est pas le cas à la fin du VIIe siècle et au VIIIe siècle, durant lesquels les combats entre maire du palais font retomber la Gaule dans une situation d’anarchie militaire et politique.

 

CLOVIS ET SON EDUCATION

 

Clovis, né vers 466, au Ve siècle, appartient à cette époque en mutation. Son règne est intéressant puisqu’il se situe à la frontière entre deux mondes. Le monde romain laisse la place au monde chrétien. Les invasions barbares se sont accompagnées parfois de massacres et elles ont ruiné les classes moyennes, c’est-à-dire les petits propriétaires. Clovis, fils du roi Childéric, est un contemporain de la chute de l’Empire d’Occident en 476. L’effet de cette chute a été diversement accueilli, comme le fut d’ailleurs la chute du mur de Berlin en 1989. La société elle-même n’a pas la même organisation en Italie, en Gaule, en Espagne et en Angleterre. Au sein de ses ensembles, il y a également des différences. Clovis ne conçoit pas la famille, l’autorité et la vie en société comme nous la concevons. Cela ne veut pas dire, et j’insiste sur ce point, que sa vision est mauvaise, qu’elle est barbare ou arriérée, mais cela veut dire qu’elle s’inscrit dans un contexte social, politique et culturel qui n’est pas le nôtre. Chaque société s’adapte à son milieu, et doit s’adapter, si elle ne veut point dépérir ou tomber sous le joug d’une autre. Pour comprendre cela, il faut partir de ce que nous connaissons, et ce avec quoi nous évoluons au quotidien, c’est-à-dire la famille.

 

Michel Rouche montre que la cellule conjugale, chez les Francs, se compose du père, de la mère, des enfants, et parfois des grands-parents. Contrairement à ce que l’on croit, la polygamie est très rare car elle est l’apanage des rois, tous comme la longue chevelure. Déjà, nous constatons que Clovis, en tant que personnage public, peut se détacher des autres membres de la société par sa vie privée. Aujourd’hui, la vie privée des hommes politiques n’est pas différente de celle des gens lambda, même si elle est beaucoup plus médiatisée que ne l’était celle de Clovis. Au Ve siècle, dans les sociétés germaniques, l’autorité familiale revient au père, comme c’est encore le cas chez les Romains à la même époque. Le jeune franc, contrairement au jeune romain, n’est pas lié à son père par des liens juridiques, mais par des liens affectifs et symboliques. Le fils doit être fidèle à son père avant d’être fidèle à son roi. L’unité familiale prime sur l’unité politique. L’infidélité, qu’elle soit celle d’un fils envers son père ou celle d’un conjoint envers l’autre, est sévèrement punie. Le fils de Clovis, Clotaire, n’hésitera pas à faire décapiter son fils lors du soulèvement de celui-ci en Aquitaine (de 555 à 560).

 

Contrairement aux aristocrates Romains, qui préféraient confier l’éducation de leurs enfants à des maîtres, les aristocrates Francs s’en occupent eux-mêmes. La mère se charge de la petite enfance, apprenant à l’enfant des rudiments. Parfois, elle apprends à compter et à lire. Les princes et princesses de la famille mérovingienne savaient lire et écrire, et certains avaient une connaissance du latin qui dépassait celle des clercs ou des évêques. Ce sont donc des gens instruits, et non des brutes épaisses. Il est admis que Clovis parlait le latin, qu’il savait le lire, même s’il n’est pas certain qu’il l’écrivait. Passé la petite enfance, à partir de l’âge de sept ans, les filles restent avec la mère et les fils sont pris en charge par le père. Les filles, pour aller vite, étaient formées à la gestion des biens, aux tâches domestiques et aux formes de convivialité (c’est-à-dire à la façon de recevoir un hôte, et cætera). Pour l’éducation du jeune garçon, comme c’est le cas pour Clovis, le rôle du père est fondamental. Il s’agit d’apprendre à manier les armer et à contrôler sa peur. Pour les plus riche, une éducation administrative et judiciaire vient s’ajouter à celle de base, c’est-à-dire l’éducation militaire. Si les rois mérovingiens ne sont pas tous des monstres, alors qu’en est-il des relations entre les hommes et les femmes ? Certaines reines, comme Clotilde, Brunehaut, Frédégonde ou Bathilde ont exercé un pouvoir considérable.

 

Les femmes, en effet, ont une influence considérable à cette époque. Le meurtre d’une femme libre mariée était très durement puni. La punition n’est pas la même en fonction de l’état social de la femme. La femme vierge, non encore mariée, est sous la protection de son père, de ses frères ou du roi. Une relation avec l’une d’elles, un viol par exemple, est souvent puni de mort. La femme mariée, quant à elle, est sous l’autorité de son mari.  Elle peut posséder des biens propres, les administrer et les donner ou les transmettre, mais elle ne peut pas posséder de terres. La répudiation, si elle existe au sein de la famille royale, est très mal vue dans les autres couches de la société. Les maris, pour contourner les problèmes de fécondité de leur femme, se choisissent alors une concubine. Les rois francs sont très fort à ce petit jeu-là. Les historiens parlent d’épouses secondaires. Grégoire de Tours semble n’avoir pas fait la différence avec les maîtresses. Pour lui, en bon romain, la seule épouse qui compte est l’épouse légitime. Le fils de Clovis, Thierry, né d’une épouse secondaire, a les mêmes droits successoraux que ses frères, fils « légitimes ». Ce qui est en revanche intéressant, c’est qu’une femme veuve conserve ses biens et elle peut même se remarier avec l’homme de son choix, même si souvent elle est remariée de force par sa famille.

 

CLOVIS, ENTRE PUBLIC ET PRIVEE

 

Clovis est un prince puis un roi, et donc, fort logiquement, il est nécessaire de s’intéresser à la royauté mérovingienne et à la figure du roi. Yves Sassier montre que le pouvoir royal se fonde sur la légitimité du sang et sur une légitimité liée à ses qualités militaires. La dimension guerrière et sacrée du pouvoir est très forte. D’ailleurs, pendant longtemps, les rapports entre le roi et sont peuples sont d’ordre militaire. Le roi avait plus de pouvoir comme chef militaire (heerkönig) que comme chef politique. Cette relation repose beaucoup sur l’oralité et sur la gestuelle. Avant d’entrer en guerre, le roi, même si cela devient de plus en plus formel, demande l’autorisation aux hommes libres. Les discours de Clovis à ses hommes sont souvent de cet ordre. La dimension sacré n’est pas non plus absente. Grégoire de Tours montre Clovis soucieux de venger les siens ou outré par l’hérésie des Wisigoths. Ces discours parlent au peuple. Ce qu’il faut noter, et nous l’avons déjà abordé en parlant des émotions, c’est qu’une telle pratique du pouvoir est conforme à un mode de vie, à un système mental, et elle est donc consacrée par la coutume. Pour Sassier, elle ne sera mise en échec que par l’évolution des mentalités.

 

Le reproche le plus souvent émit à l’encontre de Grégoire de Tours, c’est d’avoir tenté d’idéaliser le règne de Clovis. Pourtant, à cette époque, un modèle du bon roi apparaît. Les lettres de Rémi et d’Avit à Clovis, explique Sassier, montre que le roi doit se conformer à un modèle de comportement vertueux afin de concourir au triomphe de la vraie foi.  Au milieu du VIe siècle, la majorité des écrivains sont des clercs. La source la plus lue et la plus usuelle, c’est la Bible. Ainsi, les Livres des Rois, et notamment les rois David et Salomon, seront utilisés comme source d’inspiration. Lors du concile de 511, les évêques accordent à Clovis, de son vivant, le titre de princeps. Ce terme latin implique plusieurs choses. Il fait du roi l’héritier et le garant des prérogatives et des devoirs de l’empereur romain, même si celles-ci sont toutes symboliques. Mais, surtout, il devient le protecteur des biens de l’Eglise. Ces deux choses sont importantes, et d’un point de vue politique c’est un coup de maître. Un pouvoir nouveau accepte l’héritage de l’ancien monde, tout en asseyant le sien en se servant d’un souverain puissant. Clovis était un homme tolérant et il avait une conception juridique pluraliste, souligne Sassier. Clovis est roi moderne, car, s’il accepte de se reconnaître protecteur des biens de l’Eglise, il veut aussi pouvoir y jeter un œil plus attentif.

 

Nous terminerons donc en donnant la liste des vertus d’un bon souverain. Pour moi, il y a eu un oubli dans les affirmations des historiens cités au début de l’article, car si les hommes des temps médiévaux ont développé leurs émotions primaires, ils ont aussi, dans un cadre beaucoup plus restreint, c’est-à-dire celui des monastères et des cours princières, cultivés d’autres émotions, toutes Chrétiennes celles-là. La sagesse, la justice, la miséricorde, la concorde, la douceur, la générosité, peuvent ainsi êtres évoqués. Elles renvoient au roi David de la Bible. Clovis, comme ses successeurs, reste appréhender comme le reflet de la nature divine, comme le lien « entre l’humain et le surhumain » (Roux). Le moyen âge est né, car le roi n’est plus un être divinisé, comme l’empereur romain l’était, mais il se voit comme un ministre de Dieu dont la mission est d’établir le règne de la justice. Une justice fondée sur la lutte contre le péché.

 

Fécamp, 25 avril 2010.



[1] http://www.canalacademie.com/ida5468-La-reforme-gregorienne-et-Regards.html

[2] Norbert Elias, La civilisation des mœurs, Paris, Calmann-Lévy, [1939] 1991, p.283. 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 11:53

Aujourd'hui, 21 avril 2011, cela fait exactement, jour pour jour, 67 ans que les femmes françaises ont obtenu le droit de vote. La France est un des derniers pays européens à accorder ce droit. En bon conservateurs, les députés et les sénateurs ont longtemps débattus sur la question. Un débat qui remonte à très loin...


Eh oui, qui l'eût crut, en 1790, Condorcet plaidait en faveur du droit de vote pour les femmes suivit par Olympe de Gouges qui affirme, dans sa Déclaration des droits des femmes de 1793 que « la femme a le droit de monter sur l'échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune ». En vain !

 

Ensuite, le débat revient avec la Révolution de 1848. Là encore, les femmes ne gagnent pas le droit de vote et le suffrage n'est que semi-universel. Jeanne Deroin (1805-1894) tente de se présenter aux élections législatives mais sera humiliée par une presse sexiste. Il faut recommencer !

 

Le mouvement féministe allant en augmentant, des propositions de lois arrivent devant les députés mais sont reboutées : la loi Gautret en 1901 et la loi Dussaussoy en 1906. Toutefois, les femmes obtiennent le droit de vote et d'éligibilité aux élections prud'homales. C'est un début !

 

En 1919, grande première, la Chambre des députés adopte une loi autorisant le droit de vote des femmes. Loi refusée par le Sénat en 1922 qui refuse tout bonnement d'examiner le texte. La France conservatrice dans toute sa splendeur se manifeste. Le Sénat s'opposera encore aux lois de 1927 et de 1932.

 

En 1936, sans voix contre, la Chambre des députés vote à nouveau une loi en faveur du droit de vote des femmes. Le Sénat n'inscrira jamais le texte à son ordre du jour. La guerre intervient séant et le général de Gaulle, dès 1942, se déclare en faveur du droit de vote des femmes. Ouf, un espoir paraît !

 

L'activisme des femmes durant la Résistance renforce l'idée qu'il n'est plus possible de prendre des décisions au nom de la société toute entière sans qu'elles aient leur mot à dire. Toutefois, le programme du Conseil national de la Résistance ne souffle mot du vote des femmes. Aïe !

 

Par un tour de passe-passe, sans Sénat pour déranger de Gaulle, une commission accorde le droit de vote aux femmes par 51 voix contre 16 le 24 mars 1944. Le 21 avril, une ordonnance ministérielle dispose que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes ». Ouf, ça y est !

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 16:36

Septembre 1870 : la France vient d'essuyer un terrible revers à Sedan. Même l'empereur Napoléon III est aux mains des Prussiens. Lorsque la nouvelle est connue à Paris, deux jours plus tard, la République est proclamée par Gambetta aux Tuileries. La paix sera longue à venir. Les Prussiens occupent Paris et le gouvernement fut obligé de se replier sur Bordeaux. Après les élections législatives de février 1871, la majorité monarchiste s'installe à Versailles. Tout un symbole ! La Commune éclate le 18 mars et durera deux mois durant lesquelles la France signe le Traité de paix de Francfort le 10 mai. L'insurrection parisienne est réprimée dans le sang.



 

Dans un communiqué du 29 mars 1871, placardé dans les rues de la capitale, la Commune de Paris décrète l'abolition de la conscription, l'interdiction a toute force armée autre que la Garde nationale l'entrée dans la capitale et la participation de tous les citoyens valides à la Garde nationale. Les parisiens refusent la défaite tout comme une grande partie de la population qui considère encore possible la résistance. Pourtant, Thiers est nommé chef de l'exécutif du fait de son pacifisme. C'est l'homme de la situation !

 

Thiers est souvent considéré comme un sauveur, comme un républicain affirmé. Or, il n'y a rien de plus faux. Il sera plusieurs fois chef du gouvernement sous la Monarchie de Juillet. Il a peur de la réaction de la population parisienne qui est composée majoritairement d'ouvriers. Bismarck, générale en chef prussien, veut signer la paix le plus vite possible et la stabilité de la France est donc un préalable. Il faut désarmer, à tout prix, les Parisiens. Thiers hérite de deux mesures prises par Napoléon III à la fin de son règne : l'autorisation du droit de grève en 1864 et le rétablissement de la liberté de la presse en 1868.

 

Pour faire pression sur la population parisienne, un décret de la toute nouvelle Chambre des députés ordonne aux ouvriers et aux artisans de payer des dettes dont ils ne se seraient pas acquittés. Scandale ! Cette mesure meurtrière accentue la misère de cette population qui vient de subir un long siège et ne récompense pas leur sacrifice durant la guerre. De plus, le gouvernement décide de ne plus verser la solde de la Garde nationale. Nouveau scandale ! En effet, la plupart des gardes nationaux sont des ouvriers et des artisans qui pouvaient ainsi arrondir leur fin de mois déjà relativement précaire. Décidément, tout porte à croire que le gouvernement cherche à provoquer la colère des Parisiens.

 

Alors, lorsque Thiers décide de retirer aux Parisiens leurs canons, la rancœur se transforme en peur-panique. Après avoir supprimer leur moyens d'existence, voilà qu'ils sont privés de leur moyen de défense. Le 18 mars, le général Vinoy a pour mission de reprendre les canons de la butte Montmartre. Dans un élan spontané les Parisiens s'y opposent. La troupe, impressionnée, fraternise. La Commune de Paris commence ! Des barricades sont dressés dans les rues et la chasse à l'homme commence. Deux généraux, Lecomte et Thomas, accusés d'avoir tués des révolutionnaires en 1848, sont jugés et fusillés.

 

Des élections sont organisée et un Conseil de la commune est instituée. Les ouvriers et les artisans sont majoritaires. Pourtant, le mouvement se radicalise et un Comité de Salut public est installé sur le modèle de celui de la Révolution de 1789. Autoritaire, ce Comité n'en est pas moins favorable au peuple et ce sont eux qui vont voter les lois sociales de la Commune. La liberté de la presse est rétablie. La grande figure de cette intense et courte activité intellectuelle et révolutionnaire est une femme, Louise Michel. Toutefois, les journaux monarchistes sont interdits.

 

On note une progression vers l'autoritarisme, notamment dans le nomination du délégué à la guerre. Le premier est le peintre Courbet, un modéré. Ensuite c'est Rossel puis, le 10 mai, c'est Delescluze, un jacobin. Le 29 mars, la Commune remet les loyers impayés aux propriétaires des immeubles et suspend donc les poursuites à l'encontre des ouvriers et artisans n'ayant pu s'acquitter des leurs. Un délai de trois ans est même accordé pour le règlement des dettes. Des orphelinats et des cantines municipales sont créés. Le drapeau rouge est adopté et le calendrier républicain rétablit. Il reprend à l'an 79 de la République.

 

La journée de travail est fixée à 10 heures et interdit aux entreprises de donner des amendes aux ouvriers. Les plus grandes avancées, à mon sens, sont en matière de justice. Les enfants légitimés et légitimes ont les mêmes droits et le mariage doit être libre et officialisé par consentement mutuel des deux parties. La majorité matrimoniale est de 18 ans pour les hommes et de 16 ans pour les femmes. La gratuité des démarches notariales est décrétée. Les policiers sont tenus de présenter un mandat pour effectuer des perquisitions et des réquisitions. Chaque personne arrêté doit se voir ouvrir un dossier d'instruction judiciaire. Le motif de l'arrestation se doit d'être stipulé.

 

L'enseignement était encore l'apanage de l'Église. Celui-ci est interdit. L'école devient laïque et les croix sont enlevées des salles de classe. Les instituteurs, tout comme les fonctionnaires, voient leur salaire augmenter. L'Église est séparé de l'État le 2 avril. Les biens immobiliers du clergé deviennent propriété de la Commune. L'archevêque de Paris, monseigneur Darboy, récalcitrant, sera mis à mort. La presse est rétablie également et certains journaux versaillais sont même interdits. Il y a tout de même une forte censure.

 

La réaction du gouvernement est lente à venir. Il faut s'organiser et, du fait des clauses du Traité de Francfort, la France n'a plus d'armée. Seule une force de défense nationale est autorisée par Bismarck. Celui-ci voit d'un mauvais œil la Commune. 130 000 hommes sont ainsi recrutés par Thiers. Ce sont les fameux « versaillais ». Il est curieux de noter le nom du chef de cette armée : Patrice de Mac-Mahon, futur président de la République après l'évincement de Thiers. De plus, Bismarck poste 5 000 hommes à la porte de Vincennes avec des canons. Cela est perçu par les Parisiens comme une « trahison » du gouvernement et un nouveau siège commence.

 

Pour un communard, il y a trois « versaillais ». Le rapport de force joue en faveur du gouvernement. Le 22 mai débute la Semaine sanglante. Des deux côtés des atrocités sont commises, mais les « versaillais » donnent plus libre court à leur haine meurtrière. Tout les prisonniers, dans les deux camps, sont passés par les armes. Le 28 mai, les Prussiens attaquent le fort de Vincennes et fusillent, dans le fossé où le fut le duc d'Enghien les neufs généraux commandant la place. Le bilan final est extraordinairement élevé.

 

Pour Thiers c'est une tâche indélébile à sa carrière. La postérité gardera en mémoire sa démission devant la pression des monarchistes mais ne gardera pas sa « trahison », impardonnable. Ce sont en effet 30 000 personnes tués par les « versaillais » contre 900 tués par les communards. 40 000 personnes sont arrêtés. La suite des évènements va montrer des choses troublantes, des coïncidences curieuses. En effet, le le comte de Chambord, Henri, appelé à monter sur le trône, refuse d'abandonner le drapeau blanc. Thiers, chef de l'exécutif, est alors nommé Président de la République. Il démissionne le 23 mai sous la pression de la majorité monarchiste à la Chambre. Il est jugé trop républicain.

 

La figure de la répression de la Commune, Mac-Mahon, est choisit comme Président de la République pour sept ans. Il faut gagner du temps ! C'est la guerre aux symboles. Le Sacré-Coeur, ce monument hideux, que l'on voit dans la continuité du musée Pompidou lorsque l'on se trouve sur la terrasse de l'Institut du monde arabe à Paris, est inauguré. Le duc de Broglie, un aristocrate puissant et riche, est nommé chef du gouvernement. Dans les faits, nous sommes au beau milieu d'un cocasse imbroglio. La République est monarchiste. Il ne manque plus que le roi. Pouvons-nous parler de « monarchie républicaine » ou de « république royaliste » ?

 

Bientôt, un coup de théâtre survient ! Le 30 janvier 1875, a une voix de majorité, la Chambre adopte, par 353 voix contre 352, les Amendements Wallon qui stipule, noir sur blanc, le qualificatif de « Président de la République » et donc le terme « république ». Dès cet instant, l'ambiguïté n'est plus possible et, jusqu'à aujourd'hui, la France ne restaura point la « monarchie ». Les républicains vont même remporter les élections de 1876 et, malgré la dissolution de la Chambre par le Président Mac-Mahon, le Sénat passe aux mains des républicains en 1877. Deux ans plus tard, Mac-Mahon démissionne et c'est Jules Grévy qui devient le 4e Président de la République française.

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18 avril 2011 1 18 /04 /avril /2011 12:00

Que trouve t-on dans l'assiette d'un paysan du moyen-âge ? On trouve du pain, base de la nourriture, des céréales (avoine, froment, seigle...), des légumes (le chou, – majoritaire, – l'épinard, le poireau, l'oignon et l'ail), les légumineuses (les pois, les fèves et les lentilles), la viande (le porc, la vache, le cabris, le poisson). On consommait aussi du lait sous forme de beurre et de fromage. Le vin était une boisson répandu du fait de l'importance de la viticulture. Le hareng est caqué et reste un plat de pauvre. Le lard est salé.

 

Dans la cuisine d'une femme du moyen-âge on trouvait le foyer, source de chaleur et de lumière, lieu de préparation des repas. L'équipement se compose du chaudron, de pots, de marmites et d'une poêle en fer. Pour cuire les aliments on utilisait l'ébullition (cuisson des pâtes aujourd'hui par exemple), la cuisson lente à l'étouffé et la friture. La soupe, la purée et le pain sont les formes de consommation les plus commune. La viande et le fromage sont importants. On dînait entre 10h et 11h et on soupait entre 16 et 19h.

 

Avant l'invention de la fourchette à la Renaissance on mange avec les doigts. Le pain est de mauvaise qualité la plupart du temps et abimait les dents du fait des grain de sable ou les petits cailloux qui s'y trouve.

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9 avril 2011 6 09 /04 /avril /2011 15:58

Pepi_II.jpgPépi II est un pharaon de la VIe dynastie. Né vers 2264, il a épousé sa demi-soeur, la princesse Neit, ainsi que sa nièce, Ipouet. Son grand vizir sera Djâou, son oncle, fils de Khoui, grand-père de Neit. À la mort de son père Pépi Ier en 2260, c'est son demi-frère, Mérenrê qui devient pharaon. Son règne est assez court puisqu'il meurt vers 2254. Le nom du père de Pépi II n'est pas certains. En effet, l'épouse de Pépi Ier, Ankhesenpépi II, a épousé Mérenrê après la mort du pharaon. Si Pépi II avait six ans et non pas dix lors de son intronisation, cela serait possible puisqu'il serait né vers 2260/2259. Évidemment, rien n'est certain, et son père reste Pépi Ier jusqu'à preuve du contraire.

 

pepi.jpg

 

Cartouche du pharaon Pépi II

 

Pépi a seulement dix ans mais la succession ne semble pas avoir soulevé de troubles. Cependant, l'activité de Mérenrê permet un redressement de l'économie avec l'exploitation des carrières du Sinaï. Le pouvoir pharaonique s'affirme sur la Haute-Éypte à la tête de laquelle est nommé Ouni, un général renommé sous le règne de Pépi Ier. Il semble même que la Nubie est été à nouveau conquise et que les chefs du pays Ouaouat aient fait leur soumission au pharaon. Pépi II était très impressionné par les voyages entrepris par Horkhouef sous les ordres de Mérenrê. Cette fascination pour le Sud, pour la Nubie, répond à la fois à un impératif économique, mais aussi à un goût pour les produits exotiques luxueux qui se trouvaient dans ses régions.

 pepi2head.jpg

 

Pépi II


Reprenant cette politique, Pépi lance des expédition dans le Pount et tente de maintenir l'ordre en Nubie alors aux mains de Héqaib, fils de Horkhouef. Sur l'île d'Éléphantine, une autre famille s'impose de père en fils, celle de Mékhou. Les charges des haut fonctionnaires, appelés nomarques, deviennent héréditaire et entraînent l'affaiblissement du pouvoir pharaonique. Le poid de la bureaucratie et des impôts va se solder par une révolte paysanne. De plus, l'exemption d'impôts pour le clergé provoque la montée de l'influence de celui-ci, provoquant le blocage de l'économie dans de nombreuses régions, les temples possédants d'immense propriété.

 

Le pouvoir du pharaon recouvre en réalité les domaines militaires et religieux. Pour l'exécutif, c'est le vizir qui en est chargé. Ce personnage va prendre une certaine importance comme les maires du palais sous les Mérovingiens. Lorsqu'un souverain a un charisme personnel fort il n'y a pas de problème mais si son successeur manque d'autorité, l'aristocratie reprends les rennes du pouvoir. Pépi II, puissant au début de son règne, va devenir plus influençable au fur et à mesure qu'il vieillit. Les dieux semble alors abandonner l'Égypte puisque des famines s'abattent sur le pays dans un contexte d'agitation à la frontière nubienne. Ainsi, devant la faiblesse de l'administration centrale, certains nomarques font sécession pour gouverner leur province comme indépendant.

 

PepiIIPyramid.jpg

 

Reste de la pyramide de Pépi II à Saqqarah

 

Pépi II meurt en 2194 et c'est le fils qu'il a eu avec Neith, Mérenrê II, qui lui succède. Ce pharon meurt dès l'année suivante laissant le trône à son épouse, Nitokris, qui règnera jusqu'en 2191 sans que l'on sache ce qu'elle fit. Lui succède Netjerkâré, fils d'Ankhesenpépi et de Pépi II. On ne sait pas si celui-ci gouverna en parallèle avec la reine ou véritablement après elle. Toutefois, d'autres historiens tiennent compte de trois règnes indiqués dans le papyrus de Turin. Ainisi, Nitokris aurait pour successeur un de ses fils, Naferka, mort dès 2190, puis Nefer, mort la même année. Enfin, nous avons Ibi, qui aurait régnè de 2190/2189 à 2186/2185.

 

Liste des pharaons de la fin de la VIe dynastie

 

Pépi Ier

(2310-2260)

Mérenrê Ier

(2260-2254)

Pépi II

(2254-2194)

Mérenrê II

(2194-2193)

Nitokris (reine)

(2193-2191)

Naferka

(2191-2190)

Nefer

(2190/2189)

Ibi

(2189-2185)

 

Pour comparaison, en Europe, alors que l'Égypte construit les pyramides de Gizeh, le néolithique est finissant. Le décalage civilisationnel est donc énorme. Pourtant, dès 2700, les historiens notent des changements importants. Dans le Centre-Ouest apparait une culture qui construit des camps fortifiés de forme circulaire et qui développe l'art de la céramique en complexifiant celui de la culture chasséenne qui domine encore partout, notamment en France. Cette période dure jusqu'aux alentours de 2200, soit vers la fin du règne de Pépi II.


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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 23:47

L'historiographie médiéviste française, depuis une dizaine d'années, connaît certains changements de perspectives. Le début à surtout porté sur la révolution de l'An mil au cours des années 90. Le consensus actuel place la césure au 12e siècle.

 

  • Les origines de l'habitat et la naissance du village, dans la foulée, sont deux axes de recherches qui ont été particulièrement débattus. Pierre Toubert, en 73, soutient la thèse de l'incastellamento, nuancée notamment par Robert Fossier qui propose le concept d'encellulement.

  • Les recherches les plus récentes portent sur le rôle des cimetières et des églises-bâtiments dans la cristallisation de l'habitat. Nous pouvons citer Lauwers, Iogna-Prat ou Mazel.

  • Un autre débat porte sur la “crise de 1300” qui placerait le déclin non à partir de 1348 comme c'est encore admis, mais le placerait dès la fin du XIIIe siècle avec les répercussions démographiques du XIIe siècle. Nous pouvons citer Menant, Bourin ou Sen.

 

D'autres questionnements sont sans réponses :

  • quelle place donner à la pensée savante dans la construction de la société ? (Alain Boureau, Marmursztejn)

  • Qu'est-ce que la violence médiévale ?

  • Quelle place donner à l'histoire des sentiments et des émotions pour comprendre la société médiévale ?

 

Quelques historiens médiévistes français dont les noms vous diront sans doute quelque chose pour certains d'entre eux : Barthélémy, Didier Lett, Barbara Rosenwein, Damien Boquet, Piroska Nagy...

 

Trois grands thèmes sont à redécouvrir ou renouveler, à mon sens, en histoire médiévale : l'histoire des représentations (déjà bien représenté, par Verdon notamment), l'histoire politique (après les études du siècle dernier, il manque une vision globale du politique au moyen-âge même si nous pouvons citer Fiori) et l'histoire culturelle.

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5 avril 2011 2 05 /04 /avril /2011 23:09

C'est une pièce importante de la recherche, explique l'archéologue Kate Spence, qui montre clairement que les méthodes de datation historique et le radiocarbone [carbone 14] sont compatibles pour l'Égypte ancienne.

 

Avant cette étude, les historiens possédaient une chronologie flottante, c'est-à-cire cohérente mais ne reposant sur aucune date absolue. Malgré cette avancée toute récente certaines inscriptions trouvées sur les sites de fouilles et les informations de Manéthon constituent encore l'essentiel de la datation.

 

Les indications de phénomènes astrologiques ont permis de fournir davantage d'éléments. De plus, les Pharaons ayant régnés plus de trente ans célébraient la fête Sed. Il est difficile cependant de dater à une année précise un évènement. Du coup, beaucoup d'égyptologues donnent leur chronologie (cohérente mais divergentes les unes des autres).

 

Il est admis que la pyramide de Djéser à Saqqara a été construite entre 2667 et 2592 avant notre ère. Toutefois, il est difficile d'être précis au-delà d'une marge de cent à deux cents ans. Donc, pour contourner les imprécisions de la méthode au carbone 14 une équipe d'Oxford a analysé des échantillons de plantes ayant servi d'offrandes aux temples ou dans les pyramides.

 

La précision est tombée sous le siècle, voir même sous le demi-siècle pour une grande majorité des échantillons. Ainsi, ils ont ramenés le début de l'Ancien Empire entre 2691 à 2625. Le Nouvel Empire, avec Ahmosis, commence entre 1570 et 1544. Le règne du grand Ramsès II débute entre 1297 et 1277, celui de Tut entre 1353 et 1331.

 

Cela remet en cause quelques datations d'auteurs de renommée internationale, mais peu importe. Toutefois, cette découverte pourrait permette quelques changements d'interprétation concernant certains évènements, notamment l'irruption du volcan Théra en mer Égée. Finalement, les archéologues et autres égyptologues débattent sur cette nouvelle chronologie.

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 19:46

Le nom de Marathon est resté dans l'histoire comme la victoire de la jeune démocratie athénienne sur le puissant empire Perse. Cette bataille a même donné son nom à une discipline sportive des jeux olympiques modernes. Cette bataille reste la plus célèbre des Guerres Médiques. Seulement, elle n'a pas eu l'importance de la bataille de Salamine et le sacrifice des Spartiates aux Thermopyles, un peu plus tard, est également un acte de courage et un sacrifice presque aussi important que celui des Athéniens. Comment expliquer la place que lui donne Hérodote dans ses Histoires? Sa vision des évènements est centré sur la cité d'Athènes et il nous donne son explication de la bataille et des conséquences qu'elle a eues. Des conséquences qui semblent fort anachroniques à cette époque là. En effet, Hérodote attribue à Miltiade ces phrases : “elle peut devenir la première entre les cités grecques” ou “ta cité la première de la Grèce”. À ce stade de la guerre, Miltiade ne peut affirmer que sa cité deviendra la première de toute la Grèce, même si inconsciemment il en est persuadé, car les Perses ne sont pas défaits. La bataille des Thermopyles en est le contre-exemple parfait.

 

Athènes, au début du Ve siècle avant notre ère, est une jeune démocratie. Les réformes de Clisthène ont eu lieu et, comme le rappelle Miltiade, en citant Hippias, la cité sort d'une période de tyrannie. Sparte, symbole du régime oligarchique, domine alors le Péloponnèse. À l'Est se trouvent les Perses, dénommés Mèdes par les Grecs. Darius, le roi, possède l'armée la plus puissante du monde Égéen. Les cités préfèrent se soumettre car elles ne sont pas rasées ou privées de leur liberté. C'est ce choix que les stratèges Athéniens doivent fair en engageant ou non le combat. Dans le texte d'Hérodote, le problème est assez clair : il s'agit de se soumettre ou de résister (au risque de perdre). Le discours éloquent de Miltiade cherche à convaincre l'archonte-polémarque de décider le combat ; un combat nécessaire pour sauver la liberté de la cité. Hérodote insiste sur l'aspect démocratique du choix et la responsabilité qui incombe à Callinachos. Il met en avant certaines valeurs propres à Athènes et à la démocratie. Dès lors, comment la bataille de Marathon symbolise t-elle les valeurs de la démocratie athénienne ?

 

Miltiade parle plusieurs fois de liberté dans son discours et l'oppose au mot esclave. L'idée de soumission s'oppose à celle de liberté. À qui doit-on le mérite d'avoir engagé le combat et donc à qui doit t'on attribuer la victoire indirectement ?Est-ce Militiade pour avoir su fléchir le polémarque ? Est-ce Callinachos, le polémarque, pour avoir compris l'intérêt qu'il avait de prendre cette décision ? Hérodote a connu personnellement Miltiade même s'il n'a pas connu lui-même les évènements étant né ver 489 à Halicarnasse en Carie. Militiade parle d'Athènes comme pouvant devenir la première cité de la Grèce alors qu'il n'est pas encore question d'impérialisme. Hérodote a une vision contemporaine de faits que Miltiade lui a peut-être racontés. Il veut souligner le rôle propre à Athènes, attribuer à la cité toute la gloire de la victoire. Ce que nous propose Hérodote c'est l'idéalisation de la bataille.

 

En 491, Darius choisit d'attaquer les Grecs et attaque en Érétrie. Athènes se trouve directement menacée. Lorsque les palabres ont lieu entre Callinachos d'Aphidna et Miltiade nous sommes en septembre 490. L'état major est divisé mais il faut prendre une décision. Après avoir exposé les arguments de Miltiade j'exposerais ceux de Callinachos.

 

  • Les uns, alléguant le petit nombre de leurs soldats en face de l'armée des Mèdes [Perses], ne voulaient pas qu'on livrât bataille.” En effet, l'armée de Darius est deux à trois fois supérieur à celle des Grecs et il est légitime que certains stratèges se posent la question de l'utilité d'une bataille. Elle peut, certes, être une victoire, mais elle a surtout une chance plus grande d'être une défaite. La perte inutile de soldats est-elle un sacrifice nécessaire au bien de la cité ? D'autres cités se sont soumises et n'ont pas été inquiétées de ce fait. Seulement, face à cette opinion, Miltiade pense que la bataille est nécessaire.

  • Les autres, dont était Miltiade engageaient à le faire.” En effet, il est nécessaire de combattre pour défendre la démocratie athénienne et ne pas avoir à subir la présence d'une garnison Perse dans la ville. Miltiade demande à Callinachos : “Il dépend de toi maintenant, (…) ou bien de rendre Athènes esclave ou bien d'assurer sa liberté.” Pour Hérodote, le meilleur parti est celui de Miltiade parce que la démocratie n'aurait pu survivre autrement. C'est aussi pour cela qu'il fait référence à la tyrannie en citant Hippias.

  • S'ils se soumettent aux Mèdes, ce qu'ils auront à souffrir une fois livrés à Hippias, est d'ores et déjà décidé.” La soumission aux Perses, pour un certain nombres de généraux, semble signifier le rétablissement d'une oligarchie, voire même d'une tyrannie. C'est un enjeux de la bataille qui explique l'emphase de Miltiade. En effet, en 514, les tyranochtones, Harmodios et Aristogitos, assassinaient Hipparque, tyran. La survie de la démocratie est à ce prix : ou bien la cité meurt en combattant, ou bien elle se soumet. Le problème d'Hérodote est qu'il nous dit que Miltiade est certain de la victoire en reconstruisant son discours. Cela rend le choix de Callinachos d'autant plus décisif.

     

Les Athéniens disposent de 9 000 soldats et les Platéens en ont joint 1 000. Le rapport de force est de 1 pour 2 et donc on refuse le combat par pragmatisme. Un autre élément est à prendre en compte. Les Philaïdes, la famille de Miltiade, avaient une principauté en Chersonèse de Thrace. Il pourrait agir par intérêt personnel. On note déjà une évolution de la démocratie. Il faut noter aussi que Callinachos a été désigné au tirage au sort.

 

  • L'idéal démocratique est défendu : “C'est donc à toi [Callinachos] présentement que tout se ramène.” Le polémarque, onzième voix, joue le rôle d'arbitre dans la décision. Miltiade essaie donc de la fléchir en le mettant devant ses responsabilités. Souhaite t-il le retour de la tyrannie ? La souffrance des Athèniens sera la résultat d'une soumission tout autant qu'une défaite. Pourquoi ne pas tenter de livrer bataille et libérer l'Attique ? Pour le fléchir, Miltiade en appelle au courage du polémarque. En effet, puisqu'il a été tiré au sort, désigné par la fève, il doit assumer son rôle de représentant de la cité et donc doit tout faire pour la sauver.

  • Nous sommes en état, pourvu que les dieux tiennent en balance égale, d'avoir dans le combat l'avantage.” Miltiade remet cette décision aux dieux, ce qui montre l'importance du moment mais surtout le caractère sacré qu'il accorde à la décision qu'ils vont prendre. La décision de Callinachos est donc cruciale. Finalement, il est dans une position qui l'empêche de véritablement reculer. Il donne son accord, mettant en avant l'état d'esprit des soldats lors de la bataille. La vaillance des hoplites est d'autant plus importante qu'ils se battent contre plus fort qu'eux.

 

Les Athèniens et les Platéens sont victorieux. Toutefois, la postérité retient le seul rôle d'Athènes. C'est une dénaturation de la réalité puisque Platées y participe et parce que la bataille n'eut pas une aussi grande influence que cela. En effet, les Guerres médiques ne sont pas terminés. La victoire permettra pourtant à Athènes d'avoir une primauté sur les autres cités de l'Attique grâce surtout à sa propagande. Le bilan est de 192 tués pour les Grecs et de 6 400 tués pour les Perses. Pour eux ce n'est pas une catastrophe.

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