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31 mars 2011 4 31 /03 /mars /2011 18:33

Michel Grivel fut laboureur puis cordier. Né à Sachemont en 1495, il meurt le 1er février 1545 à Clefcy (actuellement Ban sur Meurthe depuis 1995). Ce village ce situe dans la vallée de la Petite Meurthe un affluent de la Meurthe. Entourée de montagnes, cette vallée relie Le Valtin et Xonrupt-Longemer. Près du Valtin se trouve le hameau du Grand Valtin. En aval sont les hameaux de Sachemont, Le Vic, Le Chêne, Sondreville et Les Évaux.

 

Les habitants de Clefcy sont rattachés au chapitre de Saint-Dié, capitale de la région, mais devront servir les ducs de Lorraine. Depuis le XIIIe siècle la commune est une mairie et a donc une influence régionale importante à l'époque de Michel. Le bourg possède, bien sûr, son cimetière et son église. Aujourd'hui, la commune appartient au canton de Fraize qui est un ban au XIVe siècle, c'est-à-dire que la commune possède une fonction judiciaire.

 

Le ban de Fraize est alors contrôlé par les ducs de Lorraine depuis 1343. Situé à 14 km de Saint-Dié, à 19 de Gérardmer et à 39 km de Colmar, c'est un lieu stratégique. Ce n'est pourtant pas ce village qu'habiterons les Grivel. Ils seront davantage présent dans celui du Valtin. La cité la plus importante, encore aujourd'hui, reste Saint-Dié.

 

Dans cette ville, en 1507, va se dérouler un colloque organisé au Gymnase vosgien qui est une école ecclésiastique. Cette école fut fondée en 1490 par le chanoine Vautrin Lud (1448-1527) issu d'une famille influente et amie des ducs de Lorraine. Vautrin, en 1480, est le chapelain et le secrétaire du duc René II. C'est d'ailleurs ce René qui encouragea la création de cette école humaniste qui deviendra une des plus importantes d'Europe.

 

Le Gymnase possède sa propre imprimerie et Vautrin Lud saura s'entourer d'érudits tels que Jean Basin ou Mathias Ringmann (1482-1511). Lors du colloque de 1507 était présent Nicolas Lud, neveu de Vautrin, le cartographe Martin Waldseemüller, Mathias Ringmann et Jean Basin. Ils vont décider de publier une série de cartes de la Terre. Leur ouvrage portera le nom de Planisphère de Waldseemüller (ou Universalis Cosmographia). La toute nouvelle Amérique y est représentée.

 

492px-VautrinLud.jpg

 

C'est dans cet univers de bouillonnement intellectuel que va vivre Michel et ses fils. Seul l'aîné des enfants, Nicolas, restera habiter à Sachemont. Les autres sont natifs de Clefcy et semble y être restés. Pour ne pas entrer dans les listes de nom, je dirais simplement que les autres enfants feront de bons mariages, notamment Colatte (1515-1570) qui semble avoir épousé un fermier, Blaise Durand. Babel (1519-1579) épouse un fermier de Mondray, Jean Finance. Bref, c'est plutôt une période favorable aux naissances et qui semble, au regard de l'espérance de vie, relativement paisible.

 

Nicolas (1513-1583), l'aîné, est laboureur, peut-être fermier. Il aura trois fils dont on ne connaît pas la mère. L'aîné, Colin (1535-1629), épouse Zabel, sans doute allemande, et il en a un fils, Claudon Colin. Celui-ci décède en 1628. Laboureur à Sachemont il réside à Clefcy. Il aura deux fils dont l'aîné, Noël (1582-1647), aura lui-même un fils en 1607, Claude Humbert.     

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 17:27

La périodisation en histoire n'est pas la chose la plus simple. Comment découper le temps en périodes plus ou moins cohérentes afin de donner un sens à un ensemble plus large difficile à définir ?

 

  • La première période généralement observée c'est celle des âges obscures qui se caractérise par une rupture et un sentiment de nostalgie puis il y a un moment de recomposition plus ou moins long avec souvent l'introduction d'un élément extérieur qui va insuffler un nouveau souffle.

  • La seconde période serait celle de l'apogée du cycle.

  • La troisième période celle de l'individualité et de la raison, plus introvertie sur elle-même.

  • La dernière période est celle de l'empire, impériale.

 

Lorsque l'on aborde l'histoire immédiate ou l'histoire du temps présent il convient de se demander comment les contemporains se sont représentés les choses, en fonction de quoi ils ont agi.

 

Les sources sont la presse, la littérature (avec les revues, les mémoires de recherche, les manuels scolaires, les mémoires et autobiographies, les oeuvres de fiction), les témoignages oraux, les sources iconographiques (la caricature, la bande dessiné, la photographie), les sources audiovisuelles (la télévision, la radio)

 

Fernand Braudel considère deux types d'approches pouvant être complémentaire. Une approche traditionnelle de l'histoire, prenant en compte les rencontres, les guerres, les batailles, les victoires et les traités, et une approche nouvelle, prenant en compte les institutions, les économies et les architectures sociales. Braudel, cela est clairement admis, considère le récit et la chronique comme étant de la matière première et non une recherche scientifique aboutie. Il s'intéresse, dans ses cours au Collège de France, à l'Empire. Il se revendique une histoire « structurale » voire « conjoncturale ».

 

La socio-histoire privilégie l'interdisciplinarité. Il faut se méfier de la théorie. Bien sûr, ce courant est encore minoritaire et n'a pas vocation à devenir majoritaire. Il y a un élément important, c'est le passé dans le présent. Il faut aussi importé cette méthode dans l'étude du passé. Cela joue dans la passé... c'est une démarche. Il faut déconstruire les grands concepts afin de retrouver les individus. Il faut présenter des groupements et non des entités collectives. Qu'est-ce que c'est les relations de pouvoirs ? Le pouvoir est un ciment des rapports sociaux. La mémoire ça fabrique du « nous ». Il faut problématiser le discours des dirigeants politiques.

 

Fernand Braudel est l'initiateur de l'histoire globale. Dans sa thèse, publiée en 1949 sous le titre La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, il commence par traiter du milieu géographique, puis des structures sociaux-économiques et enfin termine par l'histoire politique. Il distingue plusieurs durée. Une longue durée, multiséculaire, une courte, pouvant comprendre quelques décennies, et enfin, une événementielle, d'une année ou même d'un mois. Ainsi, le temps long est structurel, le temps court est conjoncturel et le dernier temps est événementiel.

 

La « micro-histoire » est une notion italienne devenue en France un courant majeur à partir des années 1980. Depuis les années 60, l'histoire économique à la Labrousse et l'histoire des mentalités à la Duby sont dominante. Le récit revient à la mode, mais il se complexifie, notamment dans son écriture. Il est moins linéaire, laissant toutefois de côté les grands ensembles, les structures et les superstructures, leur préférant l'action humaine.

 

Les Trente Glorieuses, en France, ont influencé de façon forte et sans ambiguïté l'histoire économique et social, alors que ce n'est pas le cas en Italie. Pourtant, l'histoire italienne n'est pas opposée aux Annales et elle s'intéresse à l'histoire des marchés, des groupes sociaux ou encore à l'histoire de la culture populaire. Ainsi, la micro-histoire va être davantage portée vers le récit de vie, la biographie, vers l'originalité et la richesse des parcours individuels. De fait, les micro-historien vont réduire leur objet d'étude.

 

L'idée de hiérarchie sociale semble importante dans les travaux de ces chercheurs. La sociologie, l'anthropologie, voir même l'ethnologie, sont très proche de cette façon de penser l'histoire. Toutefois, la micro-histoire n'est pas fondée directement sur l'individu, mais sur la configuration, c'est-à-dire qu'elle insère des personnes dans un réseau de relations qui, tout à la fois, aide et contraigne ces mêmes personnes.

 

Il est donc intéressant de noter que la micro-histoire privilégie l'observation des expériences individuelles pour produire des connaissances neuves et non sur des catégories toute faite permettant, de manière presque systématique, de comprendre les évolutions du monde. Ainsi, la démarche empirique et le recours aux archives est d'une importance cruciale pour le micro-historien.

 

L'histoire du temps présent est une histoire en mouvement car elle englobe les personnes vivantes, pouvant témoigner, étant porteur d'une mémoire collective qu'il convient d'étudier. L'idée est de comprendre le présent par le passé en quelque sorte. En France, c'est le terme d'histoire contemporaine qui a pris le dessus, c'est-à-dire d'une histoire qui englobe l'historien et ceux à qui il s'adresse. Le découpage actuel, qui fait commencer l'histoire contemporaine à l'année 1789, est pour moi devenu tout à fait obsolète. J'ai donc proposé une nouvelle période allant de 1792 à 2008, c'est-à-dire fondée non sur un découpage franco-français, mais sur un découpage européen.

 

L'année 1792 est celle de la proclamation de la République en France, mais aussi l'année de la guerre européenne. Cette guerre va conduire la France au rang de super-puissance avec l'empire de Napoléon puis va retomber au rang de puissance moyenne en 1815. La Révolution industrielle va bouleverser les mentalités, permettant la naissance de la sociologie, et va entraîner, par le même élan, l'impérialisme colonial français, le capitalisme libérale et son opposé, le matérialisme marxiste.

 

L'histoire du temps présent prend pour échelle une vie humaine estimée à 80 ans. Ainsi, il existe une histoire du temps présent à toutes les époques, même les plus éloignées. En 1789, l'histoire du temps présent aurait porté le champ d'étude à l'année 1709, c'est-à-dire avant la mort de Louis XIV. Cela permet de ramener l'analyse des faits à une échelle beaucoup plus humaine que l'histoire du temps long qui nie presque l'individu.

 

De ce fait, et l'ambition globalisante n'est pas totalement obsolète, nous pouvons, en nous appuyant sur ce découpage en tranche de 80 années (ou moins en fonction de l'espérance de vie) partir de notre temps et, à l'échelle d'un siècle, deux peut-être (c'est-à-dire l'histoire contemporaine dans son acception universitaire), étudier les évolutions génération par génération (faire du Thibaudet en quelque sorte).

 

Aujourd'hui, le champ d'étude remonte aux années 1930 ou, si l'on veux être plus précis, nous pouvons prendre la crise de 29 comme point de départ. Cela permet de rester dans la perspective d'une histoire contemporaine tout en l'incorporant dans une étude du temps présent, c'est-à-dire d'une compréhension du passé proche par le présent. Le risque majeur de cette histoire est la subjectivité et la partialité.

 

Or, le « temps présent » c'est souvent réduit à une démarche journalistique mais avec des méthodes d'historiens voire de sociologue. La sociologie est presque une discipline incontournable en histoire contemporaine et en histoire du temps présent. L'avantage de cette dernière histoire est d'être flexible en ne s'attachant pas à un événement marquant et en ne sclérosant pas la pensée d'analyse de l'historien du temps présent (période contemporaine, certes, mais dans cent ans ?).

 

Il est intéressant d'avoir cette double approche et de prendre en compte plusieurs « échelles » d'analyse. Par exemple, moi-même suis né en 1989. Dans une acceptation large, l'historie du temps présent c'est l'ensemble de la vie du chercheur. Dans une acception plus réduite, plus universitaire peut-être, ce serait les évènements ayant eu lieu 20 ans avant la date de la recherche. Nous sommes en 2011, donc 1991. Cela évite notamment à des chercheurs d'avoir des représentations déjà conceptualisés sur des sujets qu'ils ont plus ou moins vécus en citoyen anonyme et passionnés. Il faut prendre en compte la mémoire humaine qui, déjà, sur 20 ans, nous « joue des tours ».

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 14:34

Beaucoup de mes articles sont consacrés à ce sujet. Je me suis déjà demandé ce qu'était faire de l'histoire. Faire de l'histoire est le fait de l'historien mais pas uniquement. L'histoire c'est, plus qu'une discipline, une manière de réfléchir sur la société, sur le présent. Il faut le crier haut et fort : l'histoire, ce n'est pas le passé. Il est impossible de revivre le passé. Toutefois, il l'historien reconstruit les évènements en se basant sur l'archéologie, sur des textes... Une maison détruite sera reconstruite... Même reconstruite à l'identique, elle n'aura pas la même saveur que celle d'avant. Bref, ce que les historiens font s'approche de la vérité mais ne l'atteindra jamais.

 

Les Grecs racontaient en enquêtant... L'historien serait un détective cherchant à résoudre les grands mystères du passé. L'image est séduisante mais elle enferme le scientifique dans un chemin à ne surtout pas prendre : celui de la subjectivité et de la partialité. Faire de l'histoire, c'est faire une enquête. Cette affirmation n'est pas fausse mais elle est réductrice. L'historien analyse et interprète. C'est une enquête aboutissant à un récit qui permet de tirer des enseignements du passé. Voilà ce qu'est l'histoire. Depuis sa "naissance" au VIIIe siècle avant notre ère elle a été terriblement complexifié, surtout depuis le XVIIIe siècle de notre ère.

 

L'historien se pose des questions d'ordre générale : pourquoi tel évènement a eu lieu ? Comme cet évènement s'est-il déroulé ? Quels conséquences a t-il eu ?

 

Lorsque l'on voit ses corps plâtrés mort dans l'irruption du Vésuve en 79 un profond sentiment de proximité est ressenti. Pourquoi ? Simplement parce que les morts du Vésuve sont des êtres humains, qu'ils sont mort dans un état de stress et de peur que l'on imagine peu. Une catastrophe comme celle du Vésuve permet de comprendre ce qui s'est passé. Par la description de Pline nous connaissons le chemin effectué par le nuage de cendre. Bref, nous apprenons des choses en histoire mais pas seulement. La disparition brutale de deux villes et l'oubli de la catastrophe dans les mémoire pose question. Visiter Pompéi telle qu'elle est aujourd'hui c'est visiter les restes d'une cité figée dans la mort et non pas ayant dépérit au fil du temps...

 

L'histoire est donc à la fois une enquête sur les faits dits "historiques", c'est un récit de ses faits, une interprétation également et, finalement, l'histoire permet de nous interroger sur passé afin de comprendre les conséquences que les évènements ont eu, nous permet d'éviter les erreurs de nos "ancêtres"... Bref, si l'histoire se veut une reconstruction du passé, elle se veut aussi un éclairage sur notre propre temps.

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24 février 2011 4 24 /02 /février /2011 15:22

Faire une synthèse d'une histoire de cinq siècles en quelques lignes est un défi et une abbération pour un historien. Les rhéteurs romains se gossant de faire de l'histoire pratiquaient tout naturellement le “résumé”. Pour faire bref, disons qu'Auguste met en place les bases de l'empire sans renier la Res publica. Il garde le Sénat mais, déjà, la pratique de l'association du successeur du vivant de l'empereur est pratiquée. Il convient de noter que l'empire n'est pas encore héréditaire même si l'empereur doit adopter son successeur. Au IIe siècle, c'est l'apogée avec l'agrandissement des frontières. L'île de Bretagne et la Dacie sont conquisent et le limes est édifié afin de rassurer la population. Bref, c'est la fameuse pax romana. Au siècle suivant les choses se gâte. Dioclétien met en place la Tétrarchie en 285. Ce système ingénieux d'une double gouvernance de l'empire va s'écrouler avec l'ambition des hommes. De plus en plus les Barbares intègrent l'armée et en 212 la citoyenneté romaine était étendue à tout l'empire.

 

L'empire romain détient certainement plusieurs records et notamment celui de l'institution sur laquelle on a le plus écrit et le plus débattu. Il a eu une aura impressionnante jusqu'au XIXe siècle et encore aujourd'hui. Pourtant, quelqu'un va bouleverser tout cela. Il s'appelle Jésus et il est mort crucifié en 30 en Palestine. La Bible, et notamment le Noveau Testament, relate ce que l'on peut qualifier de miracles. De nombreuses hérésies vont ensuite apparaître comme l'arianisme, le nestorianisme ou encore le monophysisme pour ne citer que les plus importantes. Or, loin d'être une religion orientale, elle est plutôt concentrée – dès ses débuts – en Italie et à Rome même. Considéré comme étant une secte par les autorités romaines et devant le refus de ses membres de célébrer le culte impériale elle sera persécutée. Toutefois, au bout d'un certain temps, elle est officiellement tolérée par l'édit de Milan en 313. L'empereur Constantin se serait même fait baptiser. Le pape, évêque de Rome, a déjà une influence mais elle reste fort limitée. Pourtant, la jeune église a une organisation hiérarchisée en évêchés et en paroisse.

 

Avec les invasions barbares nous avons un tournant. Au début du IIIe siècle, mais surtout entre le IV et le VIe siècles, des peuples germains déferlent sur la Gaule (Alamans, Goths, Francs...) En 406, ils franchissent le Rhin gelé et ne trouvent personne pour les arrêter. Les Wisigoths, venus d'Orient, s'emparent même de Rome en 410. De plus, un “fléau” s'abat sur l'Orient. Ce “fléau” ce sont les Huns qui, de 434 à 454, seront un problème de plus pour un empire divisé en deux et affaibli par la guerre civile. Battu en Occident, en 451, par le général Aetius et par le roi wisigoth Théodoric, Attila ravage l'Italie avant de mourrir lors de sa nuit de noce en 453. Ses fils, divisés, seront écrasés sans difficultés. Après cela, l'empirer d'Occident disparaît en 476 et plusieurs royaumes barbares se partagent les restes :

  • Les Vandales en Afrique auront leurs heures de gloire

  • les Goths installés en Aquitaine et en Italie seront la puissance forte du Ve siècle finissant

  • les Burgondes en Savoie

  • les Alamans en Alsace et en Suisse

  • les Bavarois en Bavière actuelle

  • les Francs en Belgique et dans la Somme.

 

De tous ces peuples ce sont les Francs qui s'imposeront avec Clovis Ier. Roi en 482, il conquiert le domaine gallo-romains (486), l'Aquitaine (507) et se fait baptiser en 498, permettant une alliance avec l'Église gauloise (511). Plus tard, ses fils s'empareront de la Thuringe (528), de la Bourgogne (534) et achèteront la Provence (537). L'apogée de “l'empire franc” ou de l'union franc comme je me plais à l'appeler coïncide avec celui de l'empire byzantin de Justinien qui reconquiert l'Afrique, le sud de l'Espagne, l'Italie.

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21 février 2011 1 21 /02 /février /2011 18:22

Spartacus serait né vers 100 avant notre ère dans la tribus thrace des Maides près du fleuve Struma. “La Thrace, nous explique Catherine Salles, a toujours été réputée au cours des siècles pour la vaillance guerrière de ses hommes et la forte coloration mystique des cultes qui s'y pratiquaient.” (p.8) Nous savons que Spartacus était marié à une prêtresse de Dionysos. La légende veut qu'il ait été berger, mais il se pourrait en fait qu'il soit plus noble qu'on ne le dis. Le débat n'est donc pas clos sur les origines de l'illustre gladiateur. De plus, le fait qu'il maîtrise l'art de la guerre et une pensée que Plutarque compare à celle d'un Grec, est significatif au moins d'une imprégnation culturelle. Appien affirme qu'il déserta après avoir été enrôlé de force dans l'armée romaine. Repris, il fut vendu à un laniste(=marchand de gladiateurs) de Capoue, Lentulus Battiatus. Nous savons que les gladiateurs n'était pas les plus à plaindre concernant leur niveau de vie. Ils avaient une nourriture abondante et il pouvait aussi avoir une femme avec eux. Il semble, d'après les sources latines, que la femme de Spartacus était avec lui chez Battiatus.


En tant que gladiateur, Florus le qualifie de “mirmillon”, c'est-à-dire équipé plus légèrement qu'un “thrace”. Quant à leur condition de vie, Florus nous dit bien que “ceux-ci en effet, si le sort en fait des êtres en tout point assujettis, constituent en quelque sorte une race d'hommes de second rang et peuvent être associés par adoption aux avantages de notre liberté.” Or, le rhéteur romain écrit au IIe siècle de notre ère a l'époque impériale durant laquelle le statut des gladiateurs est tout à fait différents de celui qu'ils avaient trois siècles plus tôt. En effet, Catherine Salles montre bien que “de tous les esclaves, les gladiateurs étaient à coup sûr les plus méprisés, puisque leur seule “utilitée” dans le monde romain était d'offrir le spectacle excitant de leur mort.” (p.11) La plupart du temps, c'étaient des prisonniers de guerre que l'on achetait pour leur vigueur. Pour qu'il puisse servir, il fallait les former dans des “écoles”, les ludi. Capoue était alors un gros centre de formation et Lentulus Battiatus un des lanistesles plus importants. En effet, son école entraînait environ deux-cents gladiateurs, la plupart des Gaulois et des Thraces.

 

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 21:18

Christian Chevandier est professeur d'histoire contemporaine à l'université du Havre. Il a notamment publié en 2009, chez Perrin, L'hôpital dans la France du XXe siècle.

 


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14 février 2011 1 14 /02 /février /2011 00:48

Une colonie, c'est un territoire placé sous la souveraineté d'un autre État qui l'admnistre directement par des fonctionnaires issus de la métropole. Il ne faut donc pas confondre ce terme avec celui de protectorat, territoire placé sous la dépendance d'un autre État mais qui a gardé son autonomie interne, le plus souvent représenté par un souverain. Nous parlons ici plus spécifiquement des colonies. Les deux aspects de la colonisation que nous retenons ici pour comprendre l'état d'esprit ou les mentalités des acteurs sont l'aspect maritime et l'aspect économique. Toutefois, le soutient des dirigeants politiques n'est pas négligeable et nous ne pouvons pas comprendre l'évolution des échanges sans un aperçu rapide du poid, de l'influence de certains députés à la Chambre.

 

1)Les acteurs nationaux : le “parti colonial”.

 

Il convient de souligner les liens étroits qui existent entre les acteurs locaux et les acteurs nationaux – députés ou ministres – qui influencent la politique “coloniale” depuis Paris à leur profit et au profit de leurs soutiens politiques. Après la défaite française de 1871, les “colonistes”, influent dès 1830, intègrent le “parti colonial” qui devient un groupe de pression très efficace, principal inspirateur d'ailleurs de la politique extérieure du pays entre 1890 et 1911. Eugène Étienne (1844-1921) fut le “chef” de ce “parti colonial” puis du “groupe colonial” de 1891 à 1914. Son influence et le poids du “groupe” à la Chambre des députés est considérable. Les notables marseillais, par exemple, sont parmi les acteurs les plus actifs du “parti colonial”. Pour bien comprendre le poid économique et politique de ce que l'on pourrait qualifier, avec des guillemets bien sûr, de “bourgeoisie d'empire”, il faut être conscient de l'évolution des intérêts français outre-mer et de l'état d'esprit des dirigeants politiques ou des notables eux-mêmes. D'ailleurs, qui dit bourgeoisie dit argent et financement. De fait, àcôté des petites maisons familiales, au modeste capital de 1 à 2 millions de francs (valeur 1938), quelques grandes compagnies approchent ou dépassent les 40 millions de francs de chiffre d’affaires à la veille de la guerre. C'est le cas des familles Ancel ou Raoul-Duval au Havre. De plus, ces grands entrepreneurs d’empire agissent en réseau et ont des participations au capital (c'est-à-dire possèdent des parts de marchés) d’entreprises extérieurs à la ville du Havre (pour continuer sur cet exemple), comme Georges Raverat en Indochine ou Hermann du Pasquier dans la boucle du Niger. De fait, vous l'aurez certainement compris, pour mettre en place une politique économique coloniale et impérialiste il faut de solide relais dans les colonies et notamment parmi les notables présents dans les ports de la métropole.

 

2)Les acteurs locaux : une “bourgeoisie d'empire”.

 

Mais qui sont donc ces notables ? Ce sont en fait les acteurs des échanges avec les colonies. Ils peuvent être commerçants, négociants, armateurs, entrepreneurs ou financiers. Pour bien comprendre le rôle et l'évolution de ces acteurs faisons un tout d'horizon des ports français. Dès les années 1840, les marseillais jouent un rôle important dans l'Océan Indien et les négociants commercent aussi avec les Antilles. Jusque dans les années 1850, certaines familles de commerçants (les Pastré) ou de négociants (les Régis et les Verminck) s'enrichissent. En revanche, Suzanne Roher montre bien que les négociants havrais n'avaient aucunes raisons de sortir du commerce prosper qu'ils entretiennent alors avec les États-Unis (pour le coton du Sud) et le Brésil (notamment le café). De ce fait, ils se désintéressent à peu près totalement des nouvelles colonies africaines et asiatiques. D'autres familles d'armateurs, présentes dans des ports de moindres importance, comme La Rochelle ou Fécamp, vivent de la pêche à la morue et de la contrebande. Après la Première guerre mondiale, pour donner un exemple, le commerce du Havre s'effondre du fait du protectionnisme étasunien. Les relations avec les colonies sont alors presque obligées de s'intensifier afin de compenser le manque à gagner économique. Le résultat de tout cela, dans les années 1920, c'est la constitution, dans les ports du Havre, de Bordeaux, de Marseille ou encore de La Rochelle, de Dunquerke ou de Fécamp, d'une véritable bourgeoisie d'affaires. Toutefois, la crise des années 30 va ruiner la plupart des ports et les bombardements du Havre ou la réquisitions puis le sabotage des infrastuctures notamment à Fécamp ne vont pas arranger les choses après la guerre. De ce fait, l'activité portuaire s'effondre. Toutefois, Marseille et Le Havre sauront s'adapter aux nouveaux marchés, notamment celui des conteneurs. Souvent, seuls les échanges commerciaux sont abordés et peu les échanges humains. En effet, l'immigration a été importante. Toutefois, parler d'immigration coloniale est délicat dans le contexte actuel. Je vais pourtant m'y risquer en y consacrant mon dernier point.

 

3)L'immigration et l'émigration coloniale.

 

Pour bien comprendre qui était ces immigrés et ces émigrants, il faut savoir qu'ils étaient sous la protection internationale de la France en tant que sujets français, mais qu'ils n'étaient pas des citoyens à part entière en regard des droits civils et civiques. Éric Saugera, dans un livre intitulé Bordeaux, port négrier (XVIIIe-XIXe s.), nous dit que “l'émigration indienne vers les colonies d'Amérique fut autorisé en 1852 et aussitôt réglementé. Le capitaine Blanc, qui agissait pour des armateurs nantais, obtint de l'État le monopole du transport et une prime de deux cents cinquante francs par Indien introduit à la Martinique ou à la Guadeloupe.” Le Ministre de la Marine lance même un appel aux armateurs et en 1854, un armateur de Granville, Jacques Le Campion, s'engage à introduire 18 000 Indiens aux Antilles et en Guyane en échange d'une prime gouvernementale de 335 francs par immigrants débarqués. L'année suivante, Le Campion fusionne avec la Compagnie Générale Maritime des frères Pereire à Bordeaux. Leur but était d'associer “tout les peuples dans l'exploitation organisée du globe terrestre que la multiplication des transports réduirait à l'échelle humaine.” En fait, au-delà des belles paroles, les frères Pereire sont ni plus ni moins des spécialistes de l'immigration politique. En 1856, ils tentent de remporter le marché de l'immigration chinoise pour le compte de l'Espagne. Ils partent avec trois avantages : ils sont implantés en Espagne, ils disposent d'un capital important, d'une flotte et d'un savoir-faire. Ils n'obtiennent pas ce marché. La proportion des étrangers et de coloniaux a toujours été inférieure, au Havre, à la moyenne nationale alors même qu’il s’agit d’un port. Si l’on considère le colonialisme comme un système de domination et d’exploitation des territoires dominés par les métropoles, le Havre industriel et négociant y prit sa place, avec une certaine fierté il faut le dire, durant une bonne partie du XXe siècle. Les Havrais s’exportèrent peu, comme individus dans l’Empire à la différence des Marseillais (qui s'installent à l'île Maurice et dans les comptoirs des Indes), des Bordelais ou des Corses. Il faut signaler tout de même l'importance de ce transfer de population des colonies vers la métropole durant la Première guerre mondiale. En effet, environ 500 000 personnes (principalement des africains) ont été recrutés dans l'armée et 377 000 ont été employés dans les usines. Au Havre, nous pouvons citer les heurts entre la population et les travailleurs Algériens et Marocains au cours de l'année 1917.

 

Ce que cette attitude d'hostilité traduit c'est une méfiance de la population à l'égard de ces êtres longtemps considérés comme inférieurs et dont on ne comprenait pourquoi ils dormaient et logeaient dans leur ville, parfois même dans les maisons des havrais parti au front. Cela conduit à s'interroger justement sur les représentations véhiculées à l'époque sur l'empire colonial et sur ses habitants.

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8 février 2011 2 08 /02 /février /2011 23:07

Comment un historien peut traiter de la périodisation aujourd'hui ?

 

Tout d'abord, il y a l'idée que les découpages sont arbitraires. Souvent, il s'agit d'un consensus entre les historiens et on dit qu'il y a une mise à distance de la chronologie.  En effet, ce n'est pas quelque chose de naturel.

 

Ensuite, il y a l'idée d'une périodisation universelle. En effet, c'est une vision sous forme de cycle temporel comme une sorte de recommencement répétitif. Cette vision est un peu morte aujourd'hui car parler de cycle n'est plus d'actualité.


Enfin, on note un retour du temps comme objet de retour sur la temporalité : il y a le temps de l'acteur et le temps de l'historien. Concernant le temps de l'acteur, on peut citer KOSELLECK et HARTOG. Pour ce dernier, l'historien réfléchit sur la manière dont les acteurs se situent par rapport à leur temps. Le passé est vu comme un « champ d'expérience ».

 

Qu'est-ce qu'il y a retenir du passé ? HARTOG parle de régimes d'historicités, c'est-à-dire qu'il cherche à définir la manière dont les acteurs se définissent dans le temps.Pour tenter une approche plus actuelle, il y a la notion de temps fragmentés. Les historiens publient de plus en plus de dictionnaires. Ils procèdent par fragments car, par exemple, aucun n'osera publier une synthèse sur la Civilisation européenne des Temps Modernes.


Il existe un découpage académique pesant en quatre périodes. Il y a même des temps dits intermédiaires, c'est-à-dire ceux des siècles, ceux des règnes, comme par exemple l'Histoire de France de Lavisse ou encore les travaux de Gauvard sur la criminalité parce qu'elle se limite au seul règne de Charles VII. Il y a des ruptures, ce sont les temps courts, les temps de ruptures justement. Au final, il y a plusieurs positions que peut adopter l'historien  Il y a la première position qui est dire : j'accepte tout si les historiens se sont données la peine de trouver ses périodes, c'est qu'elles font sens. On peut voir BANNIARD qui a une vision légitimiste face à l'héritage.

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25 janvier 2011 2 25 /01 /janvier /2011 22:23

La question de la périodisation en histoire est encore en débat aujourd'hui. J'ai été écouter, il y a déjà deux mois, une conférence de Nicolas OFFENSTADT dans l'amphi 7 de l'Université du Havre. Elle avait lieu dans le cadre du séminaire de Christian CHEVANDIER, professeur d'histoire contemporaine. Il nous a expliqué qu'il y a une certaine lourdeur dans la périodisation historique. En effet, l'Antiquité, le Moyen-Âge, les Temps Modernes et l'époque contemporaine, sont des périodes discutée, dans lesquelles il y a des sous-périodes, des règnes phares, des appellation qui englobe plusieurs siècle (comme le “Grand Siècle”), etc. L'Antiquité tardive, à laquelle j'attache de l'importance, n'est pas une période “officielle”. Je ne détaillerais pas le contenu de la conférence, mais je vais tenter quelque chose d'un peu osée. Je vais créer de toute pièce une nouvelle période.

 

En fait, je pars de la définition courte d'histoire contemporaine, c'est-à-dire la période que le chercheur a connu (en gros, depuis sa naissance). À partir de là, il reste, de 1789 à 1989 – en ce qui me concerne – deux cents ans. J'ai déjà pensé à tout cela bien sûr, sinon je me permettrais pas d'en parler. Le seul problème, et il est de taille, c'est que je vais avoir du mal à apporter beaucoup d'arguments. De fait, ma nouvelle période s'intitulerait “Temps Industriels” et irait – c'est encore imparfait en mon esprit – de 1814 aux années 1970. Pourquoi ? En fait, 1814 parce que, pour faire plaisir aux modernistes, la Révolution et l'Empire sont une période de transition (comme depuis 1989 soit dit en passant). Bref, entre 1789 et 1814, on a encore affaire à des dirigeants politiques qui pensent en fonction des normes du XVIIIe siècle. Napoléon est lui-même un homme du siècle des Lumières.

 

Alors, pourquoi “Temps Industriels” ? En sociologie, nous l'apprenons, les mentalités évoluent à partir de la Révolution, mais surtout avec la Révolution industrielle. L'homme est pris en compte, mais, paradoxalement, si l'homme s'individualise (il suffit de lire Tocqueville), il est aussi de plus en plus considéré comme une machine (théorie de Taylor). L'histoire commence a prendre un statut nouveau, plus scientifique. La sociologie apparaît au XIXe siècle... Les sciences en général se développent. L'évolutionnisme de Darwin est quelque peu révolutionnaire, même s'il reprend des thèses plus anciennes (notamment Lamarck). De nombreux dictateurs du XXe siècle reprendront à leur compte des systèmes philosophiques du siècle président. Il est évident que le XIXe et le XXe sont liés entre eux. L'industrie, symbole phare du communisme russe, est en déclin dès la fin de la seconde guerre mondiale. Il y a, après la crise des années 70, de nouveau des changements des mentalités, notamment dans la jeunesse. Le capitalisme prend un nouvel essor avec un libéralisme à outrance.

 

Alors que le XIXe siècle s'est intéressé à l'homme, le XXe siècle a permis quelques progrès sociaux considérables (lire Stéphane Hessel), mais depuis quarante ans il y a une régression de ces idées. Le monde a brutalement changé et les contemporains – moi le premier – en ont soit, pas du tout conscience, soit, ils en ont conscience mais ne parviennent pas expliquer de quoi il s'agit. Or, c'est évident, les mentalités en Europe évoluent. Pour moi – peut-être suis-je trop positif – elles n'évoluent pas en mal. L'écologie prend un certain essor et les idées de gauche – malgré les divisions – ne sont pas “morte”, bien au contraire. Je pense plutôt que c'est la droite classique – malgré ses victoires électorales – qui ne va pas bien. L'unité qui était la leur s'effrite. Alors, après le passage au XXIe siècle, mais aussi au IIIe millénaire, une époque est finissante, une période de prospérité économique jamais égalé, la fin des empires coloniaux, une multiplication des “identités” régionales, la baisse rapide du sentiment religieux... permet de donner à la période allant de 1814 aux années 1970 un nom. Mon exposé est peut-être un peu audacieux, mon ambition un peu fort (créer une période n'est pas chose aisée et le flop est assurée, mais j'attends de connaître, dans cinquante ans, le noms qu'on lui donnera).

 

Il est certains qu'à l'échelle du monde les "Temps Industriels" ont encore de beaux jours devant eux. Ainsi, si l'Europe - pour une fois - paraît en avance, il n'en est rien de l'Afrique et de l'Amérique du Sud, par exemple.

 

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 14:20

L'histoire de France contemporaine est passionnante. Depuis 1789, c'est la République qui fut le plus long régime. Avant, sous l'Ancien Régime, c'est-à-dire la monarchie absolue de droit divin, il n'y avait point de place pour la liberté, légalité et la fraternité. Bien sûr, cette vision quelque peu caricaturale est très caricaturale. Si les rois étaient parfois autoritaire, il n'en reste pas moins des hommes. Louis XIV n'était pas plus terrible qu'un Joseph II d'Autriche. En 1715, un petit enfant de 5 ans, Louis XV, accède au trône à la mort de son arrière-grand père. Le temps des long règnes n'est pas terminé. Or, la santé du souverain est fragile. Il ne mourra que le 10 mai 1774 dans l'indifférence générale. Il prendra - cruelle histoire - le surnom de Mal-Aimé à sa mort le 10 mai 1774. Une mort horrible, d'ailleurs, puisqu'il agonisa presque quinze jours, atteint par la petite vérole.

 

Le nouveau roi, Louis Auguste de France, dit Louis XVI, a tout juste 18 ans. C'est un roi qui ne voulait pas régner. "Nous sommes trop jeunes pour régner" aurait-il déclarer. Sa mort m'a toujours semblé injuste. J'ai toujours apprécié ce roi sans savoir dire pourquoi. Bien sûr, je ne suis pas favorable à la monarchie absolue mais, toutefois, ce roi quelque peu maladroit a subi la Révolution en réagissant et en agissant tiraillé par deux tendances : 1/le bien de la monarchie ; 2/le bien du peuple. Quoi que l'on en dise, Louis XVI était persuadé qu'en plaisant au petit peuple de Paris il pourrait conserver le trône. Ce petit peuple lui a été fidèle longtemps jusqu'à la fuite de Ravennes. Une fuite que les sans-culottes ont qualifié d'acte lâche et de trahison. Or, Louis XVI protégeait ses intérêts et il a voulu sauver son trône en se réfugiant en Autriche. 

 

Le 10 août 1792, il est déchu de ses fonctions par l'Assemblée et il est jetté en prison. Le 21 septembre la République est proclamée et partout en Europe, les souverains réagissent. La guerre, déclarée par Louis XVI, se poursuit. L'objectif : réprimer dans le sang une Révolution qui pourrait faire tâche d'huile. Bien évidemment, la position d'un Robespierre n'est pas des moins corrompu et il faut à tout prix que la France résiste sinon il perdra sa tête. Tout le monde connaît le fameux moulin de Valmy. Eh bien, la bataille qui eut lieu dans la plaine est, à mes yeux, un symbole tout aussi important que le 14 juillet 1789. En effet, le 20 septembren Kellerman se trouve obligé de livré bataille à l'armée réputée la meilleure d'Europe, celle de Prusse. Cette armée, forte de 70.000 soldats est opposée à 47.000 français fanatisés, mais dont la plupart n'ont jamais combattus. Elle remporte en ce jour la plus belle victoire de la République. 

 

Ouf, nous voilà sauvé ! Pour le pauvre Louis XVI les choses tournent au cauchemar. À la lecture du Dernier jour d'un condamné de Hugo, on image mal ce qu'il peut se passer dans la tête de quelqu'un qui va mourrir ou qui sent sa fin proche. Il ne faut jamais oublié cet aspect là... Louis XVI restait un homme. De plus, il a longtemps été perçu comme faible et fallot. Or, il n'en a rien été. Plutôt curieux, il aimait les nouvelles technologies, il a aussi pris une grande part à la préparation de l'expédition Lapérouse. Bref, il était plus érudit qu'on ne le crois. En 1789, il n'avait que 35 ans. C'était un jeune roi et il n'a certainement pris conscience de la situation que fort tardivement. Heureusement, on ne peut pas mettre à son actif le massacre des parisiens. Lors de la prise de la Bastille, la garnison s'est défendue après de longue tractation avec les réprésentants du peuple. Quant au champ de Mars, si Louis XVI était roi des Français il ne semble pas avoir été l'instigateur du massacre.

 

Finalement, sa maladresse et son incompréhension vont lui coûté plus cher que les véritables accusations qu'on lui imputera lors de son procès. Jugé à partir du 12 décembre 1792, il est condamné à mort par décapitation le 15 janvier 1793 après un procès fleuve. Le vote du verdict est contestable et fut contesté. Des gens ont votés alors qu'ils n'en avait légalement pas le droit. Ainsi, si le procès avait eu lieu aujourd'hui, dans les mêmes cadres juridiques, il apparaît évident que Louis XVI n'aurait pas été décapité. Enfin... nous ne pouvons réécrire l'histoire et le camp de Robespierre voulait la mort du roi, donc il est condamné à mort. En Seine-Inférieure, sur 16 députés et leur 6 suppléants, tous ont déclarés le roi coupable. Seulement, deux ont votés la mort : Antoine ABITTE l'Aîné et Pierre POCHOLLE. Les autres ont demandés le bannissement.

 

Moralité : le 21 janvier 1793 à 10h22, en place de grève, la tête du roi tombe dans un roulement de tambour. 

 


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