La périodisation en histoire n'est pas la chose la plus simple. Comment découper le temps en périodes plus ou moins cohérentes afin de donner un sens à un ensemble plus large difficile à définir ?
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La première période généralement observée c'est celle des âges obscures qui se caractérise par une rupture et un sentiment de nostalgie puis il y a un moment de recomposition plus ou moins long avec souvent l'introduction d'un élément extérieur qui va insuffler un nouveau souffle.
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La seconde période serait celle de l'apogée du cycle.
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La troisième période celle de l'individualité et de la raison, plus introvertie sur elle-même.
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La dernière période est celle de l'empire, impériale.
Lorsque l'on aborde l'histoire immédiate ou l'histoire du temps présent il convient de se demander comment les contemporains se sont représentés les choses, en fonction de quoi ils ont agi.
Les sources sont la presse, la littérature (avec les revues, les mémoires de recherche, les manuels scolaires, les mémoires et autobiographies, les oeuvres de fiction), les témoignages oraux, les sources iconographiques (la caricature, la bande dessiné, la photographie), les sources audiovisuelles (la télévision, la radio)
Fernand Braudel considère deux types d'approches pouvant être complémentaire. Une approche traditionnelle de l'histoire, prenant en compte les rencontres, les guerres, les batailles, les victoires et les traités, et une approche nouvelle, prenant en compte les institutions, les économies et les architectures sociales. Braudel, cela est clairement admis, considère le récit et la chronique comme étant de la matière première et non une recherche scientifique aboutie. Il s'intéresse, dans ses cours au Collège de France, à l'Empire. Il se revendique une histoire « structurale » voire « conjoncturale ».
La socio-histoire privilégie l'interdisciplinarité. Il faut se méfier de la théorie. Bien sûr, ce courant est encore minoritaire et n'a pas vocation à devenir majoritaire. Il y a un élément important, c'est le passé dans le présent. Il faut aussi importé cette méthode dans l'étude du passé. Cela joue dans la passé... c'est une démarche. Il faut déconstruire les grands concepts afin de retrouver les individus. Il faut présenter des groupements et non des entités collectives. Qu'est-ce que c'est les relations de pouvoirs ? Le pouvoir est un ciment des rapports sociaux. La mémoire ça fabrique du « nous ». Il faut problématiser le discours des dirigeants politiques.
Fernand Braudel est l'initiateur de l'histoire globale. Dans sa thèse, publiée en 1949 sous le titre La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II, il commence par traiter du milieu géographique, puis des structures sociaux-économiques et enfin termine par l'histoire politique. Il distingue plusieurs durée. Une longue durée, multiséculaire, une courte, pouvant comprendre quelques décennies, et enfin, une événementielle, d'une année ou même d'un mois. Ainsi, le temps long est structurel, le temps court est conjoncturel et le dernier temps est événementiel.
La « micro-histoire » est une notion italienne devenue en France un courant majeur à partir des années 1980. Depuis les années 60, l'histoire économique à la Labrousse et l'histoire des mentalités à la Duby sont dominante. Le récit revient à la mode, mais il se complexifie, notamment dans son écriture. Il est moins linéaire, laissant toutefois de côté les grands ensembles, les structures et les superstructures, leur préférant l'action humaine.
Les Trente Glorieuses, en France, ont influencé de façon forte et sans ambiguïté l'histoire économique et social, alors que ce n'est pas le cas en Italie. Pourtant, l'histoire italienne n'est pas opposée aux Annales et elle s'intéresse à l'histoire des marchés, des groupes sociaux ou encore à l'histoire de la culture populaire. Ainsi, la micro-histoire va être davantage portée vers le récit de vie, la biographie, vers l'originalité et la richesse des parcours individuels. De fait, les micro-historien vont réduire leur objet d'étude.
L'idée de hiérarchie sociale semble importante dans les travaux de ces chercheurs. La sociologie, l'anthropologie, voir même l'ethnologie, sont très proche de cette façon de penser l'histoire. Toutefois, la micro-histoire n'est pas fondée directement sur l'individu, mais sur la configuration, c'est-à-dire qu'elle insère des personnes dans un réseau de relations qui, tout à la fois, aide et contraigne ces mêmes personnes.
Il est donc intéressant de noter que la micro-histoire privilégie l'observation des expériences individuelles pour produire des connaissances neuves et non sur des catégories toute faite permettant, de manière presque systématique, de comprendre les évolutions du monde. Ainsi, la démarche empirique et le recours aux archives est d'une importance cruciale pour le micro-historien.
L'histoire du temps présent est une histoire en mouvement car elle englobe les personnes vivantes, pouvant témoigner, étant porteur d'une mémoire collective qu'il convient d'étudier. L'idée est de comprendre le présent par le passé en quelque sorte. En France, c'est le terme d'histoire contemporaine qui a pris le dessus, c'est-à-dire d'une histoire qui englobe l'historien et ceux à qui il s'adresse. Le découpage actuel, qui fait commencer l'histoire contemporaine à l'année 1789, est pour moi devenu tout à fait obsolète. J'ai donc proposé une nouvelle période allant de 1792 à 2008, c'est-à-dire fondée non sur un découpage franco-français, mais sur un découpage européen.
L'année 1792 est celle de la proclamation de la République en France, mais aussi l'année de la guerre européenne. Cette guerre va conduire la France au rang de super-puissance avec l'empire de Napoléon puis va retomber au rang de puissance moyenne en 1815. La Révolution industrielle va bouleverser les mentalités, permettant la naissance de la sociologie, et va entraîner, par le même élan, l'impérialisme colonial français, le capitalisme libérale et son opposé, le matérialisme marxiste.
L'histoire du temps présent prend pour échelle une vie humaine estimée à 80 ans. Ainsi, il existe une histoire du temps présent à toutes les époques, même les plus éloignées. En 1789, l'histoire du temps présent aurait porté le champ d'étude à l'année 1709, c'est-à-dire avant la mort de Louis XIV. Cela permet de ramener l'analyse des faits à une échelle beaucoup plus humaine que l'histoire du temps long qui nie presque l'individu.
De ce fait, et l'ambition globalisante n'est pas totalement obsolète, nous pouvons, en nous appuyant sur ce découpage en tranche de 80 années (ou moins en fonction de l'espérance de vie) partir de notre temps et, à l'échelle d'un siècle, deux peut-être (c'est-à-dire l'histoire contemporaine dans son acception universitaire), étudier les évolutions génération par génération (faire du Thibaudet en quelque sorte).
Aujourd'hui, le champ d'étude remonte aux années 1930 ou, si l'on veux être plus précis, nous pouvons prendre la crise de 29 comme point de départ. Cela permet de rester dans la perspective d'une histoire contemporaine tout en l'incorporant dans une étude du temps présent, c'est-à-dire d'une compréhension du passé proche par le présent. Le risque majeur de cette histoire est la subjectivité et la partialité.
Or, le « temps présent » c'est souvent réduit à une démarche journalistique mais avec des méthodes d'historiens voire de sociologue. La sociologie est presque une discipline incontournable en histoire contemporaine et en histoire du temps présent. L'avantage de cette dernière histoire est d'être flexible en ne s'attachant pas à un événement marquant et en ne sclérosant pas la pensée d'analyse de l'historien du temps présent (période contemporaine, certes, mais dans cent ans ?).
Il est intéressant d'avoir cette double approche et de prendre en compte plusieurs « échelles » d'analyse. Par exemple, moi-même suis né en 1989. Dans une acceptation large, l'historie du temps présent c'est l'ensemble de la vie du chercheur. Dans une acception plus réduite, plus universitaire peut-être, ce serait les évènements ayant eu lieu 20 ans avant la date de la recherche. Nous sommes en 2011, donc 1991. Cela évite notamment à des chercheurs d'avoir des représentations déjà conceptualisés sur des sujets qu'ils ont plus ou moins vécus en citoyen anonyme et passionnés. Il faut prendre en compte la mémoire humaine qui, déjà, sur 20 ans, nous « joue des tours ».