Vincent Van Gogh est le peintre européen du XIXe le plus génial et le plus intéressant. Sa correspondance est d'une impressionnante richesse. Peintre talentueux, c'est aussi un écrivain qui mérite d'être cité. Il adore, semble t-il la lecture, mais aussi l'écriture. Il nous parle ainsi d'Ary Scheffer (1795-1858), peintre français dont voici le tableau, Marguerite à la fontaine, dont Vincent parle dans sa lettre du 10 août 1874.
"Exite t-il une créature plus pure que cette fille qui a tant aimé ?" se demande notre épistolier. Dans cette même lettre d'ailleurs, il parle d'un livre intitulé Voyage autour de mon jardin dont l'auteur n'est pas mentionné. Il s'agit d'un certain Alphonse Karr (1808-1890) et le livre en question a été écrit en 1845. J'en ai sélectionné, un peu au hasard, un extrait dans une édition de 1861. "Le rouge a plus que toutes les autres couleurs frappé les hommes, comme il est aimé des enfants et des sauvages. Quelques une de ces différentes nuances ont, en conséquence, été distinguées et nommées ; il n'y aucune autre couleur dont le langage ordinaire en fournisse autant : cramoisi, ponceau, écarlate, carmin, pourpre, incarnat, nacarat ; mais encore ces dénominations présentent à l'esprit quelque chose de vague, et sur le sens précis duquel il est difficile de faire tomber trois personnes d'accord." (Lettre XII, Des couleurs, p.80) Pour lire le livre, clichez sur le lien suivant : link.
Plus loin dans sa correspondance, le 15 juillet 1875, il mentionne que son frère Théo lui a envoyé un poème de Rückert (1788-1866). Ce n'est point ci-dessus, mais j'ai trouvé celui-ci sur Wikisource, en espérant que la traduction soit bonne (et le texte aussi par la même occasion ) :
Et maintenant, le clair soleil va se lever
Comme s'il n'était rien arrivé cette nuit
Le malheur n'est arrivé qu'à moi
Le soleil brille pour tout le monde !
Il ne faut pas enfermer la nuit en toi,
il faut la verser dans la lumière éternelle !
Une petite lampe s'est éteinte sous ma tente !
Bonjour, ô lumière joyeuse de ce monde.
Friedrich Rückert, sur la mort des enfants