Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
19 février 2012 7 19 /02 /février /2012 18:44

I. L'état de l'Iran en 2008

 

Le clivage entre conservateurs (Ahmadinejad) et réformateurs (Moussavi) marque la vie politique du pays depuis les années 90. Ce clivage est du même ordre – quoi que plus tendu ! – que celui entre démocrates et républicains aux Etats-Unis.

 

a) Politique intérieure

 

1) Crise économique

 

La droite, au pouvoir depuis 2004, est divisée. Le général Rezaï, conservateur, s'est présenté contre Ahmadinejad aux élections de 2009. La majorité du président critique sa politique économique désastreuse pour les classes populaires. Cette politique est qualifiée d'innapropriée et de laxiste. Elle est aussi très inflationniste. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'inflation est de 15% fin 2007 et elle passe à 30% fin 2008 début 2009. Les caractéristiques de la crise sont les suivantes :

  • Une croissance faible de 1,4%

  • Une dette extérieure importante

  • Un PIB peu élevé de 602 milliards de $ pour 70 millions d'habitants (la France a un PIB total de 1 900 milliards de $ pour 62 millions d'habitants)

  • Enfin, une politique des « crédits » (pots-de-vin) pratiquée par Ahmadinejad, c'est-à-dire une forme de corruption, n'ayons pas peur des mots.

 

Même la politique étrangère du régime a des répercussions sur le plan bancaire. Les sanctions internationales, à ce niveau, peuvent être coûteuses à long terme. La baisse du taux directeur entraîne une dévaluation du rial (la monnaie nationale) et mène le pays vers une dévaluation et donc une crise monétaire interne d'ici peu de temps.

 

2) Crise politique

 

Deux conceptions de la politique s'oppose en Iran :

1/ Celle d'Ahmadinajad, radical et populaire, qui se traduit par un régime autocratique et autoritaire. La tendance est plus la "dictature" que la démocratie.

2/ Et celle de Moussavi et Khatami, réformatrice et laïque, qui se traduit par un régime tolérant et appaisé au niveau international. La tendance est doncà la démocratie "à l'occidentale."

 

3) Crise religieuse et ethnique

 

Lors des manifestations de 2009, on observe une forte présence des membres du clergé. Depuis 2006, environ, les problèmes de l'Iran se rapprochent de ceux des pays Arabes. Pourtant, Perses par leur histoire, les Iraniens forme un peuple unique en son genre et dont la personnalité est très forte. L'indignation des Turcs, qui sont attaqués médiatiquement, est très violente, et celle des sunnites contre les schiite l'est tout autant (ils ont même organisés des attentats à Zahedan et dans les alentours.)

 

b) Crise extérieure

 

Le conflit pour le "nucléaire iranien" est un des dossiers les plus sensible - avec le réchauffement climatique et le terrorisme - de ce début de siècle. L'Union Européenne, alliée avec les Etats-Unis, s'inquiète de l'enrichissement d'uranium en Iran. Les sanctions, très ciblée et très techniques - ne suffisent pas. La réélection de Ahmadinejad est mauvais pour les Iraniens et pour la communauté internationale. Moussavi, sur le dossier, aurait été sans doute plus conciliant. C'était d'ailleurs - sans l'avouer - le candidat des Etats-Unis et des Européens. Le "coup de théâtre" des élections 2009 a pris tout le monde à la gorge. Israël commence à trembler, et, à plus ou moin long terme, risque de faire un faux pas contre l'Iran. Iran qui pourrait alors acter de la légitime-défense pour "essayer" ses armes de destructions massives.

 

II. Les élections de 2009

 

Les élections présidentielles de 2009 ont permis à Ahmadinejad de retrouver le pouvoir avec officiellement 62,6% des voix. Moussavi, son adeversaire direct, est derrière lui avec 33,7% des voix. Dès l'annonce des résultats, des fraudes ont été dénoncées. La population ne comprend pas les résultats officiels. Moussavi annonçait sa victoire le soir même, peu après le dépouillement. Il dût se rétracter car Ahmadinejad a été reconnu vainqueur peu après. Moussavi est sous le choc, et ses électeurs aussi. Qu'est-ce qui s'est passé ?

En fait, selon le journal Libération, Moussavi aurait obtenu entre 19 et 21 millions de voix (soit 45 à 46%) devant Ahmadinejad (5 à 11% seulement). Un second tour était donc nécessaire. L'ancien président de la République, Khatami, qui soutenait Moussavi, a condamné assez nettement les répressions et l'irrégularité du scrutin. Cet homme politique avait été agressé le 10 février 2009 pour le pousser à retirer sa candidature à la présidentielle.

 

a) Un coup d'Etat !

 

Ahmadinejad a bel et bien réalisé un coup d'Etat. Wikipédia, les jours qui ont suivit l'élection, a refusé toutes les analyses dénonçant un coup d'Etat et expliquant pourquoi le président sortant avait intérêt à gagner le scrutin. Aujourd'hui, pour être un peu plus en accord avec l'actualité, l'encyclopédie libre préfère la question : « Un changement de régime? » Enfin, les administrateurs acceptent - en janvier 2010 ! - de parler « d'un coup d'Etat interne au régime. » Tout cela est un peu trop mou face a deux hommes aussi dangereux que Khomenei et Ahmadinejad.

 

b) La répression de l'opposition

 

La répressions des manifestations de protestations sont un signe symptomatique d'un régime qui change de bord. Il passe de la démocratie à la dictature. Réprimés dans le sang, les rares images qui nous parviennent montrent des pick-up de la police foncer sur des hommes pour les écraser, une jeune femme se faire assassiner à bout portant par un mercenaire en civil. 3 000 arrestations effectuées, de très nombreuses tortures et un remake des procès de Moscou versus Ahmadinejad. Deux opposants - emprisonnés avant les élections - sont accusés de complot contre le pouvoir, de trahison... Ils ont été, cette semaine, condamnés à mort. Ils seront exécutés en février dans l'indifférence général de la communauté internationale.

 

Conclusion

 

Bref, en conclusion, il est important de noter qu'une crise économique et sociale, ainsi qu'un conflit politique intense, mêlé a un jeune clergé réformateur, ne pouvait pas - logiquement - aboutir à la réélection de mister Ahmadinejad. Chacun se ferra son idée, mais je l'affirme haut et fort : l'Iran est désormais, grâce à la bêtise d'Ahmadinejad et de Khomenei, une dictaure.

 

III. La crise nucléaire iranienne

 

La guerre contre le nucléaire Iranien prend un nouveau tournant. Les sanctions s’abattent à nouveau sur le peuple iranien. Qu’espèrent les Etats-Unis et la France ? Un soulèvement du pays et un bain sang, comme en Libye et en Syrie ?

 

a) La menace militaire iranienne ?

 

L’armée iranienne, s’ingéniant à fermer le détroit d’Ormuz, veut certainement montrer par là sa puissance. La venue d'un navire militaire en mer Méditerranée n'est rien d'autre. Il s'agit certainement de faire du repérage afin d'évaluer si le canal de Suez serait praticable en cas de guerre avec Israël. Toutefois, il apparaît évident qu’une guerre serait une catastrophe pour la région et pour le monde entier. Cette fois, il ne s’agira pas d’un simple petit conflit comme le fut la Guerre en Irak. Bien que les conséquences pour la population irakienne ont été des plus terrible, la guerre n’entraîna pas une réaction mondiale en chaîne. Elle contribua néanmoins à fragiliser un peu plus la région, renforçant l'instabilité politique et sociale (nous l'avons vu avec les révoltes de 2011).

 

b) Peut-on craindre une guerre nucléaire ?

 

La guerre contre l’Iran serait d’autant plus grave que l’armée de ce pays est davantage entrainée et équipée que celle de l’Irak ou de la Libye. La crainte de voir l’Iran agir de la même manière que la Libye, c’est-à-dire en perpétrant des attentats à l’étranger, grandit, d'autant qu'ils ont commencé à viser des ambassades israéliennes. Bien sûr, il faut prendre ces informations avec prudence. On a vu ce que donnait la désinformation lors de la Guerre en Irak. Israël n'est pas le pays le plus transparent qui soit. Toutefois, le durcissement de l'attitude des autorités iraniennes à l’égard des ressortissants étrangers est le signe d’une volonté d’afficher une sorte de « toute puissance ».

 

c) L'Iran cherche à gagner du temps ?

 

L’Iran cherche encore à gagner du temps. Cette certitude est celle des observateurs internationaux depuis 2002. Cela fait donc dix ans. L’armée iranienne reste moins puissante que celle des Etats-Unis et elle se mettrait à dos les pays du Golfe. Le risque est de voir ce pays pratiquer la piraterie. Il deviendrait bien plus difficile de lutter contre cette tactique. L’arsenal de l’Iran permettrait de perturber la circulation des pétroliers dans le détroit d’Ormuz, mais cela serait forcément contre-productif pour le pays puisqu’il se retrouverait avec les états du Golfe à dos. Ceux-ci vivent du pétrole et si les pétroliers ne peuvent plus pratiquer le détroit d'Ormuz c'est problématique pour l'Arabie Saoudite. Les cours du brut montraient tellement vite qu’il deviendrait très coûteux de s’en procurer. Bien sûr, les Etats-Unis et l’Union européenne, en plus en période de crise économique sévère, ne laisseraient pas l’Iran provoquer une nouvelle crise pétrolière, comme dans les années 70. Toutefois, l’armée américaine est déjà présente dans la région avec sa Ve flotte d’intervention basée à Bahreïn.

 

d) Un conflit pour le pétrole ?

 

Ne soyons pas réducteur, la situation géopolitique est plus complexe que la question du pétrole. Souvent, dans l'esprit des gens, c'est le pétrole qui explique tout les conflits au Moyen-Orient. Justement, pas dans ce cas là. En tout cas, pas uniquement. C'est plutôt un conflit d'alliance. Les États-Unis ne laisseraient pas l'Iran attaquer Israël, mais si Israël attaquait l'Iran Obama ne dirait rien non plus, ou juste pour la « forme ». Ici, le pétrole n'est pas prioritaire, c'est plutôt la « sécurité » économique de la région qui est au coeur du problème. La menace de l'arme nucléaire n'est pas quelque chose à prendre à la légère car elle permettrait à l'Iran de faire pression sur Israël (qui possède aussi l'arme nucléaire), sur l'Europe et sur les États-Unis. Une guerre nucléaire est donc envisageable, même si le scénario paraît pour le moment invraisemblable. N'oublions toutefois jamais l'Affaire des missiles de Cuba !

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : La Crise des Consciences
  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
  • Contact

Recherche

Archives