La fraude est intellectuellement malhonnête. Des cas de plagiats ont été détectés à l'Université du Havre au printemps 2010. Nous avions eut le droit à une leçon de morale de notre professeure d'histoire médiévale, Mme Sansy. La lecture d'un essai de Marie-Estelle Pech, L'école de la triche, dans lequel elle revient sur la diffusion d'un exercice de mathématique du baccalauréat en juin 2011, me permet de relancer un « vieux » débat.
En effet, quel intérêt y-a t-il a tricher ? À l'Université du Havre, celle-ci est très répandue, notamment en licence 1. Les étudiants, lors des contrôles en amphis, s'arrange pour se mettre à côté – et cela même avec un siège d'écart entre eux – afin de se passer les brouillons. Les précautions, comme avoir un brouillon de couleur différente, ne change pas grand chose. La témérité de nos chers collègues de première année est sans-limite. Pour ma part, je n'ai triché qu'une fois en classe de seconde et je n'en suis pas forcément fier, d'autant que cela ne m'a pas apporté grand chose au final.
Les professeurs, à l'Université, prennent des mesures contre la triche, mais c'est très difficile à détecter. Pourtant, la majorité des « conseil de discipline » sont réunis pour cause de plagiat et triche lors des examens. Le copiage et le copier-coller sont les principales formes de fraude. Souvent, les professeurs n'ont pas le temps de vérifier les textes d'un exposé ou d'un dossier avec un logiciel contre le plagiat, et la fraude passe inaperçue. Dès lors, la suspicion est de mise. Beaucoup d'étudiant, dont moi-même et un camarade de licence 2, avons été soupçonnés de n'avoir pas écrit nous-même nos exposés. Bien sûr, c'est une allégation sans fondement, car la pratique de l'écriture, additionné d'un fort amour-propre, nous exclus d'emblée de cette odieuse pratique.
La recherche est pour moi un plaisir. L'écriture en est un autre. Fabriquer un texte doit être personnel et le style également. Pour ma part, ma façon d'écrire ne peut être dissociable de ma personnalité, de ma manière de penser. Cela donne à nos travaux universitaires une certaine authenticité, indispensable pour prétendre s'affirmer en tant que chercheur reconnu par ses collègues pour ses mérites et non sa réussite scolaire en elle-même. Avoir un diplôme n'est pas une preuve de notre intégrité morale et de notre honnêteté intellectuelle. Cette expression peut paraître quelque peu pompeuse, mais elle est nécessaire pour comprendre la fameuse « Crise des Consciences » dont le constat à motivé la création de ce blog.
Marie-Estelle Pech est journaliste au Figaro, journal à l'opposé de mes idées, mais elle a le mérite de dresser un portrait simple et réaliste de ce qu'est la situation de l'éducation actuellement. La course au diplôme enlève, de facto, aux élèves le plaisir d'apprendre pour apprendre, c'est-à-dire pour se cultiver. Dès lors, dans les mentalités, jusqu'à l'université, l'idée dominante est celle d'apprendre pour réussir son examen afin d'être le plus qualifié. Cela entraîne une course à l'opportunisme et à l'individualisme que je méprise profondément.
Personnellement, j'ai toujours défendu mon projet scolaire quoi qu'il arrive et j'ai toujours voulu mériter mon passage dans les classes supérieurs. Certes, j'ai été soutenu par des professeurs, mais parce que j'ai su leur montrer ma capacité à faire des efforts et à me remettre en cause. C'est crucial ! Et je ne suis pas vieux pour affirmer cela. J'ai tout juste 22 ans. Faire des efforts est humain. Se remettre en cause aussi. Les deux choses ne sont pas insurmontable. La réussite scolaire étant plus importante que la formation intellectuelle dans l'esprit des gens, il devient bien difficile de contredire les individus remettant en cause la valeur des diplômes. Ces diplôme étant obtenu par la triche – que certains considère massive – il est évident que les élèves ayant travaillé pour l'obtenir sont dévalués.
Pour moi, cette dévaluation des diplômes est un mirage, car proportionnellement, les très bons élèves ne sont pas plus nombreux qu'avant. De plus, beaucoup de pontes de l'université l'affirment : les thésards sont souvent plus rigoureux et érudits que leurs aînés. Bref, la formation est meilleure et la prise en compte par certains étudiants des règles est une réalité. Les conséquences de ces améliorations méthodologiques donnent des recherches de très bonne qualité. Il convient aussi de souligner que la massification a forcément une incidence sur la proportion des fraudes. Celle-ci ne sont pas plus nombreuses, mais plus « massive » car les élèves sont plus nombreux. Dès lors, les fraudes se « voient » davantage.
Il est vrai cependant que le « copiage sur le voisin » est facile, surtout lorsque celui-ci est complice. Se donner des réponses discrètement n'est pas bien compliqué. Toutefois, pour ma part, si la triche pourrait être une pratique assez courante, elle ne me viendrait à l'esprit en aucune manière. Réussir un examen sans avoir la fierté d'y être pour quelque chose m'insupporte. D'ailleurs, l'impunité des fraudeurs est souvent décourageante pour les étudiants honnêtes. Marie-Estelle Pech, page 111, pose la question suivante en titre de chapitre : « Pourquoi triche t-on ? » Vaste questionnement, en effet. Pour les tricheurs, c'est facile, ça permet de faire peu d'efforts et le risque d'être pris est minime. Peut-être... Pourtant, le risque pour un étudiant n'est pas négligeable : il peut encourir jusqu'à deux ans d'interdiction de passer un diplôme universitaire en France.
La question de l'injustice des notes est aussi un fait non négligeable que j'ai personnellement éprouvé à l'université. Une professeure d'histoire moderne a noté de manière totalement injuste des exposés oraux. En effet, certains d'entre-nous, dont je faisais parti, ont travaillé plusieurs heures (j'en ai compté une trentaine) sur un des tout premiers exposé oral de notre cursus. D'autres, sans doute plus malin diront les intéressés, ont cherché dans les livres un plan et des connaissances, ne prenant pas la peine de construire leur propre raisonnement. Le fait qu'ils ajoutent une présentation power point, leur a donné un avantage aux yeux de la professeure. Cette injustice aurait pu m'inciter à en faire de même. S'il suffit de reprendre des plans dans des bouquins et des articles, mettant en plus quelques connaissances innattendues, pour avoir la moyenne, pourquoi se priver ?
Je me pose encore la question : pourquoi ne suis-je pas tombé dans la facilité de ce type d'attitude ? Je n'ai pas la réponse. Je pense, par amour-propre surtout. Aujourd'hui, à l'Université du Havre, certains étudiants en troisième année – ils me pardonneront de les accuser – ont réussit sans grand mérite. Je suis un étudiant moyen et j'ai donc des notes ressemblantes à ceux qui ne font pas grand chose. J'en conçois une certaine honte car j'estime avoir obtenu mes résultats en travaillant beaucoup, en comparaison avec mes difficultés scolaires du Collège et du Lycée. C'est injuste quelque part ! Les autres élèves de ma promotion ont de bien meilleurs résultats que les miens. J'ai environ 11,5 de moyenne et je n'arrive pas à travailler plus que ce que je fais. C'est déjà un exploit par rapport à mon passé scolaire. Ainsi, cela peut provoquer un sérieux sentiment d'injustice de la part d'étudiant comme moi. De plus, j'ai souvent eut l'impression d'être déprécié par mon entourage qui m'affirme que l'université est « facile ».
Le niveau universitaire n'est pas plus faible qu'avant, du moins pas encore, mais l'état d'esprit de certain est lamentable. Dès lors, et je suis rarement moralisateur, mais la crise des consciences de ces dernières années est une réalité face à laquelle il conviendra de réagir. L'absence de culture parmi la classe politique au sommet de l'état ne présage rien de bon et les nouvelles réformes des programmes non plus. Les élèves se doivent d'enregistrer le plus de connaissances possibles. Cela n'est pas à la portée de tous, car comme moi, beaucoup ont des difficultés pour apprendre par coeur. Le par coeur ne permet pas l'exercice de l'esprit critique, nécessaire à chaque situation pour se forger une opinion sur l'actualité. Savoir que la bataille de Marignan à eut lieu en 1515 ne permet pas de comprendre ses enjeux, ni même ses répercussions. Bref, c'est un savoir encyclopédique sans intérêt pour une formation universitaire nécessitant de réfléchir et de comprendre, d'organiser ses connaissances pour répondre à une problématique.