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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 20:06

Dans son Abrégé d'histoire romaine au livre III un certain Florus nous parle de Spartacus, de la guerre des esclaves même. Que connaît-on aujourd'hui de cet épisode? Pour répondre, je m'appuie sur une Histoire de la Rome antiqueécrite par Lucien Jerphagnon sur l'édition revue et complétée de 2002. Spartacus, donc, un gladiateur qui s'entraînait dans un centre à Capoue décide, un beau jour, de se révolter. En effet, sa condition et celle de ses camarades n'était plus tenable. Or, de simple soulèvement d'un groupe de gladiateurs, la rébellion prend une proportion supérieure. Les insurgés se réfugient sur les bords du Vésuve et il devient impossible de les y déloger. Spartacus était intelligent, fin tacticien, et Rome fut obligé d'aligner face à lui 3 000 hommes qu'il a écrasé. Cette défaite ve en fait transformer la rébellion en véritable guerre et Spartacus devient l'ennemi numéro un. L'Italie du Sud est ravagée par les esclaves et les gladiateurs au cours de l'année 72. Pour y mettre un terme, après avoir destitué les deux consuls en place, le Sénat charge Licinius Crassus de réprimer dans le sang la révolte. Ce proche de Sylla va, de l'automne 72 au printemps 71, retourner la situation en faveur de Rome. Spartacus meurt au combat et, dans l'intervalle, Pompée – revenu d'Espagne – massacre 5 000 insurgés en fuite. Crassus va, quant à lui, cruauté suprême, faire crucifié 6 000 prisonniers le long de la voie dite Appienne. Cet horrible supplice eut pour effet immédiat d'arrêter nette la révolte après quelques 12 000 morts. Que nous apprend cette “guerre des esclaves” ? Elle illustre la lente dégradation de la démocratie romaine. Voilà pour les faits actuellement connus. Qu'en est-il de Florus ? Dans quel contexte a-t-il écrit son ouvrage ? Quant l'a t-il écrit?

 

D'après le texte de Florus lui-même, il aurait vécu sous le règne de Trajan et sous celui d'Hadrien, mais plus particulèrement le premier, c'est-à-dire entre 98 et 117 AC. C'est alors l'époque de Tacite, de Pline l'Ancien et de Pline le Jeune, période prospère pour la littérature. D'ailleurs, Trajan, successeur de Nerva, est un empereur aimé par le peuple et dont la “bonne volonté” est manifeste. Il veut, de suite, rassurer les riches après l'épisode Domitien. En 93, cet empereur édicta même une mesure d'expulsion à l'encontre des philosophes italiens. Toutefois, à la mort de Domitien c'est l'âge d'or de la littérature. Un âge d'or durant lequel les plus vieux (Pline l'Ancien, Quintilien, Martial ou Plutarque) côtoient les plus jeunes (Pline le Jeune, Épictète, Tacite, Juvénal ou Suétone). Pour parler comme Thibaudet on peut dire être en présence de la génération des années 20 et celle des années 50. C'est aussi l'apogée du stoïcisme comme courant de pensée officielle avec un retour à la terre, à la vie des champs qui est prôné. De plus, l'époque est marquée par un goût pour l'ordre et la logistique. L'étude de l'histoire c'est alors Tacite, Suétone ou Flavius Josèphe. Jamais Florus n'apparaît dans un livre d'historiographie générale. On le retrouve mentionné dans le livre Le dossier Vercingétorixde Christian Goudineau (p.291-296). Il apparaît que c'est un rhéteur dont on ignore presque tout mis à part le nom de son unique ouvrage, Abrégé d'histoire romaine.

 

Alors, Florus est-il gaulois ou espagnol ? En fait, il presque certain qu'il était citoyen romain de la province, mais on ne peut rien affirmer de plus. C'est donc dans les années 130 à 140 qu'il rédigea sans doute son Abrégé de l'histoire romaine inspiré de Tite-Live. Son récit sur la Gaule en particuliers est miné d'erreurs et de maladresses, reproduisant les “clichés” de l'époque véhiculée sur les Gaulois. De fait, son style est un peu pompeux et ce qui le caractérise le plus c'est l'éloquence du discours, les “bons mots” et les “belles phrases”. Cette éloquence, Cicéron (contemporain de Spartacus !) nous dit qu'elle fut introduite par les Grecs. Ce qu'il faut aussi signaler c'est que son Abrégé ou Tableau n'est pas un simple plagiat de Tite-Live car l'auteur a conçu et résumé, synthésier brillament, l'histoire à sa manière. Un style qui, curieusement, semble bien allé avec les faits décrits. De plus, du fait de l'impératif du résumé, Florus ne prend pas la peine de critiquer ce qui peut amener son récit a un peu plus d'impartialité. Toutefois, il a un regard de romain qui ne fait aucun doute, à la fois vague et précis, ébloui par la grand des évènements et des personnages dont il raconte les hauts faits. Sa tendance à utiliser des “clichés” sur les épisodes qu'il connait le moins vraisemblablement, doitt amener l'historien d'aujourd'hui à la plus grande prudence.

 

De toute évidence, ce qui ressort de tout cela c'est le flou qui entoure l'auteur connu sous ce nom de Florus dont on connaît trois prénoms et un surnom. Est-ce à chaque fois le même auteur ? Toujours est-il que celui dont on parle a écrit un Abrégé de l'histoire romaine et c'est la seule chose que l'on soit en mesure d'affirmer de manière définitive. Quant à la date de rédaction, elle est connue très certainement du fait des données les plus récentes mentionnée par l'auteur. Et Nisard, dès 1865, d'expliquer que “tout ceux qui ont lu et jugé Florus l'ont loué d'avoir sur resserrer dans un petit volume les annales de plus de sept siècles ; d'avoir présenté tant de faits sans confusion et sans sécheresse, et au contraire avec autant d'ordre que de variété ; tous lui ont reconnu de la chaleur, de l'imagination et de la noblesse, l'art de semer son récit d'images vives, de traits brillants et de pensées énergiques, de caractériser les principaux évènements avec une précision qui était une nécessité dans les proportions de son livre et qui en fait le principal mérité.” Or, et comprend aussi pourquoi, Christian Goudineau n'est pas enclin à faire un aussi prompt éloge de Florus, même s'il n'hésite à louer ses mérites. Le ton général de cet Abrégéest celui du panégyrique, de la gloire de Rome en quelque sorte. On y trouve de l'emphase et des exagérations, mais il convient de dire aussi que la valeur historique du récit n'est pas la plus critiqué car sur plusieurs point il n'y a rien a redire et les références sont prestigieuse : Sénèque et Tite-Live notamment. Malgré une légère négligeance de la chronologie, il n'y a rien a dire sur les faits eux-mêmes, du moins concernant l'histoire de Rome se déroulant en Italie, parce que pour la Gaule...

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commentaires

S
<br /> <br /> C'est Caton je crois qui rouspétait contre les Grecs et leur "baratinage" ? le beau Kirk Douglas avait bien tenu ce rôle au cinéma; merci de ces explications; les gladiateurs étaient une grosse<br /> entreprise commerciale, avec paris très juteux bien organisés, la Française des jeux ou le PMU n'ont rien inventé ! bonne soirée<br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Effectivement, et il importe de bien connaître les historiens du passé pour comprendre les textes... c'est impératif de l'historien mais, hélà, parfois, on<br /> ne connaît rien, ou presque d'eux. Il faut surtout comprendre - et c'est ce que Viviane fait bien en parlant de ces Augustin et autre Merleau-Ponty - c'est leur époque, l'état d'esprit dans<br /> lequel ils sont au moment de la rédaction de leur oeuvre... En vous souhaitant une bonne fin de semaine.<br /> <br /> <br /> <br />

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