Que mes lecteurs m'excuse par avance de m'autocriter une seconde fois (cf. Regrets ! ), mais je ne peux m'en empêcher. Tout d'abord, il est évident que je ne relis pas sufisamment mes articles, car plusieurs foi je relèves des erreurs dans mes textes, des mots passés à la trappe, etc. Pourquoi cette seconde autocrique ? Pourquoi vous en faire part ? Je trouve, en effet, comme le font remarquer commentateurs directs (ceux publiés sur mon blog, que je remercie par là même occasion) et commentateurs indirects, que la richesse de mon blog semble bienvenue, et j'en suis fort aise, mais, étant un débutant blogeur et un débutant pédagogue, il me faut faire la par des choses. A l'université on nous apprends, évidemment, à être rigoureux, consciencieux, mais surtout a ne pas tomber dans la facilité des sophistes, c'est-à-dire la vulgarisation. Or, ce mot m'indigne quelque peu.
La vulgarisation c'est l'action de vulgariser, c'est-à-dire de mettre des connaissances à la portée de tous. Soit. Seulement, cette définition est celle du dictionnaire, et non pas celle du langage courant. Vulgariser une science est aujourd'hui acceptable, mais un livre de vulgarisation n'est pas reconnu comme un livre d'érudition, comme un livre "universitaire". La plupart des livres que je me dois de lire à la fac ne sont pas des livres de vulgarisation. Ils mettent des connaissances à la portée d'un petit nombre. Ils sont, en quelque sorte, ellitistes. Beaucoup d'érudits, sont, encore aujourd'hui, tellement imbus de leur personne, qu'ils n'iront, pour rien au monde, écrire un livre destinés à tous. Un historien doit communiquer ce qu'il a appris, et, comme Henri-irénée Marrou, j'accorde une grande importance à cette nécessité de la transmission du savoir. Garder pour soi ce que l'on connaît ne sert à personne, et, bien sûr, ne sert pas à faire progresser la discipline historique, ce qui est, rappelons-le le devoir de l'enseignant-chercheur, c'est-à-dire de celui qui a rédigé ou entrepris de rédiger une thèse.
Comment, avec ce que je sais et puis savoir, construire le meilleur exposé, le plus riche de contenu, le plus vrai et en même temps le plus convaicant, le plus assimilable (tout de même, si j'écris, c'est pour être compris) ? (Marrou, De la connaissance historique, p.272) Il est ainsi malvenu de faire montre de son érudition en exposant ses connaissances sur un détail dont le grand public n'a que faire et qui, par ailleurs, couperait l'auteur de l'intérêt que ses lecteurs lui portait. J'ajouterais, de coeur avec Marrou, et avec vous éventuels amateur d'histoire, que le profane imagine difficilement le combat quotidien que mène l'historien pour atteindre à l'expression juste, à la phrase qui dira tout ce qu'il sait, sans en rien laisser échapper, mais sans non plus durcir la pensée, ni paraître savoir plus qu'il ne sait en réalité, ni aiguiller l'imagination du lecteur sur une fausse piste. (p.274)
Il est évident que je collectionne les erreurs cités par Marrou et c'est parce que je suis tout de même étudiant, et donc censé faire preuve d'une certaine méthode et de pédagogie, surtout si je deviens un jour professeur, que je fais part de ma difficulté à rédiger mes articles à mes lecteurs. Je sais, par expérience personnelle, que je n'ai jamais eu la grosse tête et que je suis resté modeste en toute circonstance, même devant une franche réussite. Je sais aussi, pour me l'être vu reprocher plusieurs fois, que je reste souvent trop caricatural, trop brouillon, ou que mes idées s'enchaînent mal et rendent le tout incohérent. Cela m'a value des remarques acerbes des professeurs du lycée, du genre : "Ensemble juste convenable malgré l'enthousiasme. A tendance à répondre trop vite ou à chercher la complication." Ce commentaire d'un professeur d'histoire des arts lors de ma première Littéraire caractérise fort bien - malheureusement! - m'a façon de raisonner. Il y a encore celui-là, de mon prof d'histoire de terminale : "Ensemble juste, moyen dû à des problèmes de méthode, d'analyse et à un travail pas assez approfondi."
J'ai l'impression - je serais heureux si s'en était une - que beaucoup d'articles de mon blog (et il y en a 75 déjà !) n'ont pas été assez travaillé. Je souhaite transmettre quelque chose ayant une certaine valeur intellectuelle... J'ai toutefois certaines qualités, soulignés par des professeurs de divers enseignements : élève cultivé, vif, sérieux et volontaire. Voici ce que me demande avec virulence mon fort intéressant et pédagogue professeur de littérature Mathieu Chadebec, un normalien (rien que ça !) : "De la rigeur, de la simplicité, de la clarté !" Mon blog est pour moi l'occasion de m'entraîner, je l'avoue, à rédiger des textes sur des sujets qui me tiennent à coeur, avec un minimum de pédagogie et des réflexions d'un niveau plus élevé que ce que l'on pourrait trouver sur Internet en cherchant par exemple sur Google.
Je prends sans doute pas assez de temps pour penser mes articles, changeant de sujet souvent, et finalement reproduisant ce que l'on me reproche depuis même le collège, c'est-à-dire que je veux aller trop vite, que je ne prends pas le temps d'organiser mes idées et que je manque de méthodes. En affirmant cela, sur ce blog, soit c'est un aveu de faiblesse, soit ce sera perçue comme un manque de tact évident... Peu de chercheur, amateur ou professionnel, aujourd'hui, n'oseront affirmer et déclarer publiquement leur incompétence dans un domaine... Un historien, pense Marrou, travaille avant tout pour lui-même et la recherche de la vérité c'est un contrat passé avec soi même. Je ne me permettrais pas d'avancer une affirmation non-vérifiée et encore moins paraître savoir ce que j'ignore... Et, m'a t-on dit, c'est l'impression que donne mon blog... Ainsi, l'historien chercherait avant tout à se convaincre lui de la véracité de ce qu'il avance... Je ne suis pas convaincu me concernant, ou, du moins, je commence à douter.
Prenez cet article comme bon vous semble... et s'il vous apparaît inutile, puérile ou déplacer, vous aurez sans doute raison, mais dans un soucis d'honnêteté intellectuel, et peut-être de sincérité aussi, je me devais de l'écrire...