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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 22:42

L'année dernière, des cas de plagiats ont été repérés dans des travaux d'étudiants de deuxième année de licence. Nous avions eu, nous, pauvres petits étudiants de première année, le droit à une leçon de morale de quarante-cinq minutes par notre professeure d'histoire médiévale, madame Sansy. Je ne me sens pas, personnellement, concerné par le plagiat. J'ai cité mes sources la plupart du temps, et, si par mégarde je ne l'ai pas fait – il arrive parfois d'oublier des guillemets ou d'annoter une citation – il s'agit, le plus souvent, d'une erreur dû à une mauvaise relecture.

En ce jour de rentrée universitaire, dans un contexte sociale et politique tendu, nous avons eu le droit à une nouvelle leçon de morale sur le plagiat et sur les sources. Cela m'a fait repenser à ma série d'articles « Contre Onfray » (Contre Onfray (épisode 3) ). Je l'ai critiqué assez ouvertement, c'est vrai, après la parution de son livre L'affabulation freudienne(2010) parce que j'ai trouvé plus crédible le discours des « universitaires » que critique tant Onfray. J'avais d'ailleurs essayé d'apporter des éléments allant dans mon sens... Je reviens donc sur lui, car, dans un monde universitaire où des étudiants se font exclurent deux ans des universités françaises, le plus souvent pour des erreurs du à un manque d'expérience, par naïveté le plus souvent, il y a des docteurs en philosophie (ce qu'est Onfray, ne l'oublions pas) qui publient, pour être médiatisés, des livres quelques peu polémique (je parlais de l'essai il y a peu) et cela sans respecter les règles académiques.

En soi, est-ce un mal ? Non. De nombreux essais sortent, chaque mois, sur des sujets plus ou moins divers, et ces essais sont de plus ou moins bonnes qualités. Ce qui est, pour moi, dérangeant, c'est de constater que Michel Onfray s'oppose à l'université, qu'il juge assez négativement car c'est le sanctuaire du rigorisme intellectuel... Certes, encore une fois. Il peut avoir sa propre idée de l'université, lieu qui lui a donné, tout de même, un métier... Donc, afin de bien se démarquer, il créé l'université populaire de Caen. Le concept est louable et fort intéressant. D'ailleurs, à Fécamp, il y a une université populaire depuis 2007 (?) et elle fonctionne bien... Je vais assister à des cours quand les sujets me plaise. Il y en aura prochainement sur la Franc-Maçonnerie.

Le problème est que Onfray, dans ses cours, et non pas forcément dans ceux de ses collègues, il se sert de cela pour s'en faire une tribune. Il est frappant de constater que, un peu comme le font les professeurs du Collège de France, il publie un livre après un ou deux ans de cours... Il développe ses idées dans ses cours de l'université populaire, et, d'une certaine manière, il reproduit un mécanisme académique fort bien rôdé : il fait ses recherches, donne des conférences et publie des livres (voir Hypathie). C'est un pur produit de ce qu'il est le premier à dénoncer... N'est-ce pas la un manque de respect envers l'institution universitaire ? Une provocation ? L'agacement de Roudinesco se comprend, même s'il ne peut s'excuser par les propos qu'elle a tenue parfois. Onfray est certes plaisant à écouter... Je l'ai fais sur France Culture. Pourtant, une question demeure : qui vérifie ce qu'il affirme ?

Onfray se permet, je m'excuse par avance auprès de ses admirateurs fervents, de ces interprétations que l'on qualifie de lecture par « sous-entendus ». De plus, il use de la caricature, d'arguments ad hominem (c'est une technique de rhétorique !) et d'analogies plus que douteuses... Il va même bien plus loin. Onfray ose dire que Kant est le précurseur du nazi Eichmann, simplement parce que ce dernier a cité le philosophe allemande lors de son procès... C'est ce que l'on appelle, en histoire, un fâcheux anachronisme ! En fait, nous aurions affaire à un sophiste plus qu'à un philosophe.

Il est évident qu'Onfray n'est pas qu'un affabulateur - je ne veux pas entrer dans son jeu - mais il y a certaine dérives, quelque fois, comme l'expulsion des Roms, qu'il faut non pas dénoncer - je ne suis pas un juge - mais dont il faut mettre en garde les citoyens, et cela par "honnêteté intellectuelle" (si, bien sûr, cette expression à un sens encore aujourd'hui).

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 16:55

Hypathie.jpg

 

Hypatia, Charles William Mitchell, 1885

 

 

Hypathie   d'Alexandrie   (370­415)   était   une   philosophe   néoplatonicienne   dont   le   film Agora (2009) d'Alejandro Amenábar narre la mort en martyre. Ville­monde, Alexandrie est connue   pour   sa   bibliothèque.   Une   École   philosophique   y   était   implantée   et   le   restera jusqu'en 640. Hypathie était la fille du philosophe Théon avec qui elle étudia les thèses d'Euclide et de Ptolémée. Sa mort la fit davantage connaître que ses écrits. En effet, elle a été écorchée vive par des séides du patriarche de la ville, Cyrille.

 

Les sources


Le   peu   de   sources   dont   dispose   les   historiens   de   la   philosophie   et   de   la   pensée   en générale, sont plutôt favorable à Hypathie. Socrate le Scolastique, l'auteur d'une  Histoire ecclésiastique, était un chrétien de Constantinople. Il dénonce l'attitude de Cyrille. Notre chroniqueur décrit Hypathie comme lectrice de Plotin, et, nous explique t­il, elle connaissait parfaitement   la   pensée   de   Platon.   Charismatique,   sans   doute   assez   belle,   elle   avait   un charme qui la rendait apprécié de ses concitoyens. Un certain Damascius, dernier chef de l'Académie, nous le décrit déambulant dans la ville revêtue de sa toge blanche et interpellant ses concitoyens à la manière de Socrate. Un Jean de Nikiu, au VIIe siècle, critique Hypathie en l'accusant d'être une magicienne et une ensorceleuse. Seulement, Jean est copte, et il défend   Cyrille   d'Alexandrie   car   ce   patriarche   est   le   fondateur   de   l'église   copte.   Son témoignage n'est donc pas fiable.


Une universitaire moderne


Hypathie nous apparaît comme une véritable universitaire moderne, mêlant recherches, publications et enseignements. Elle prononçait des conférences devant un grand nombre d'auditeurs, un peu comme un professeur d'aujourd'hui qui fait cour devant les amphis des facultés. Hypathie   donnait   aussi  des   leçons   ''particulières''  à   un  auditoire beaucoup plus réduit. Ses leçons sont beaucoup plus poussées que les cours magistraux. Nous avons le noms   de   ses   étudiants :   Herculianus,   Olympius,   Ision,   Hesychius,   Euoptius   et son   frère Synesius, Alexandre, Théoctenus, Gaius et Auxentius. La plupart de ses élèves viennent des quatre coins de l'Empire et appartiennent à des riches familles de notables. Cela nous permet de noter la réputation d'Hypathie dans l'Empire d'Orient. Ses étudiant, d'ailleurs, formaient davantage une bande d'amis qu'une classe comme nous les connaissons aujourd'hui dans nos universités. Ils ont toujours respectés l'enseignement de leur maître toute leur vie, alors que certains d'entre eux étaient chrétiens. Bref, Hypathie serait une excellente professeure de fac.


Son enseignement


Je serais très cours sur son enseignement car c'est le point le moins connu. Nous savons qu'elle  a  lu  Plotin,   qu'elle   connaît  fort  bien  Platon  et Aristote  ainsi que  les  théories du fameux Pythagore, le système d'Euclide et celui de Ptolémée. Son enseignement est donc le plus   classique   qu'il   soit,   c'est­à­dire   le  quadrivium.  Nous   dirions   aujourd'hui qu'elle   est spécialiste   de   la   science   expérimentale.   Elle   donnait   des   cours   de mathématiques,   de géométrie, d'astronomie ou encore de musicologie. Il convient donc de « casser » un mythe la concernant : elle n'a pas révolutionné les sciences de son temps. Aucun de ses élèves n'est devenu un génie. Ils étaient, certes, de très bons érudit, spécialistes dans les domaines que leur enseignait Hypathie, mais ils ont fait, dans le meilleur des cas, d'excellents professeurs. Proche d'Oreste, préfet d'Égypte, qui était païen, cela aurait pu laisser entrevoir qu'elle le fut aussi. Or, nous pouvons affirmer, sans une grande marge d'erreur, qu'elle enseignait plutôt la tolérance, cherchant les points communs entre la théologie naturelle du christianisme et la philosophie   païenne.   Alors,  pourquoi   a­-t­-elle   été   tuée ?   Pour   ses   sympathies   envers   les païens ? Pour son amitié avec le préfet, hostile à Cyrille ? Par jalousie ou simplement par peur de sa notoriété et donc de son influence ?   


Le contexte politique


En 415, date de la mort d'Hypathie, c'est l'empereur Théodose II qui règne. Son entourage est chrétien et sa sœur, Pulchérie, jeune femme de quinze ans, est la véritable détentrice du pouvoir. Cyrille d'Alexandrie est un proche de la famille impériale, ou, du moins, il en est pas moins respecté. Évêque de la ville depuis 412, cet homme d'église est né vers 376 et probablement mort en 444. Brutal et sans états d'âme, le patriarche chassa de sa ville les Juifs avant de s'en prendre aux Novatiens (hérétiques chrétiens) et aux Païens. Le préfet de l'Égypte, Oreste, s'opposa souvent à lui, mais il ne put empêcher les massacres de 415 au cours desquels périt Hypathie. Rappelons toutefois que l'Egypte est considérée comme le propriété personnelle de l'empereur et que son préfet est le troisième personnage de l'Etat.
Commandant en chef et l'armée, il a le pouvoir d'un vice­roi et peut donc légiférer au nom du prince. Lorsque Cyrille tenta de tuer le préfet en lançant contre lui les prêtres intégristes de Nitrie il fut obligé de se soumettre à l'autorité impériale et des menaces pesèrent sur sa personne. Pour se venger, le patriarche fit arrêter Hypathie et la donna en pâture à ses oilles les plus furieux. Elle fut, comme je l'ai dit, écorchée, ses yeux furent crevée, puis, écartelée, ses membres furent éparpillés au quatre coins de la ville par le peuple en furie. La justice impériale, comme par un hasard fort douteux, ne fut pas rendue. Pulchérie tient alors les rênes du pouvoir. 

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 15:04

Une distinction est faite entre le livre de reportage - qui saisit l'actualité immédiate, récente - et le livre univeristaire, oeuvre mûrement réfléchie, élaborée consciencieusement pendant plusieurs années. Les journalistes ne dédaignent pas écrire, de temps en temps, des livres d'histoire en fonction de l'actualité. La publication récente du Mélancolie Française (2010) d'Eric Zemmour chez Fayard/Denoël en est l'exemple parfait (Un essai historique intéressant ! ). Cependant, certaines revue, par leur format et leur présentation, ressemble davantage à un livre qu'à un périodique. La différence réside dans le fait que le livre n'a pas pour vocation de présenter l'actualité d'un sujet - comme c'est le rôle d'une revue ou d'un journal quotidien - mais de présenter l'actualité des recherches que l'auteur mènent sur le sujet en question. C'est une différence qu'il ne faut pas négliger. 

 

L'actualité, c'est-à-dire les nouvelles du jour, sont lié au livre car ce sont les journaux et les revues qui en font la plus grande publicité. Il est rare, même inimagineable, de voir le jeune auteur d'une thèse présenter son travail, quant bien même celui-ci serait publié. Par exemple, quel journal "grand public" (Le Monde, Le Figaro, Politis, etc) parlerait de la thèse La notion d'Etat dans la pensée politique chinoise et ses conséquences sur la scène internationale (Paul André, 2009, link), qui, pourtant, traite de l'actualité récente de ce grand pays. Je suis prêts à parier - pas trop vite, mais sans grand risque - que le même sujet abordé par un journaliste "spécialiste" de la question aurait donné un livre différent et sur tout les points. Si Paul André aborde son sujet d'un point de vue politique - comme le font beaucoup d'essayiste - il n'en reste pas moins un architecte, cherchant la qualité et la cohérence du propos avant d'analyser son sujet en fonction des préjugés que nous avons tous sur la Chine : dictature impérialiste, armée qui occupe le Tibet illégalement, tension avec Taïwan, bref, un gros méchant qui fait peur à tout le monde.

 

Ainsi, vous l'aurez compris, les journalistes "spécialisés" s'intéressent davantage aux rapports des pays qu'ils abordent avec l'extèrieur, plutôt qu'ils n'étudient le pays de l'intérieur, et, par exemple, comment les habitants perçoivent le régime de l'intérieur et surtout comment ils perçoivent l'extérieur. Quel vision les chinois lambda ont-ils de nous européens ? Personnellement, je n'en sais trop rien. En revanche, ce qu'il me semble être une réalité, c'est qu'un essai politique doit être rattaché à l'actualité du moment pour avoir un impact médiatique. C'est un point essentiel. Il y a aussi des essais, très bons, mais qui sont beaucoup moins médiatisés. Si L'Esprit des Lumières (2006) de Tzvetan Todorov n'est pas passé inaperçu, il se rattache indirectement à l'actualité en mettant en regard le mouvement d'idées de cette époque et notre monde actuel, celui du début du XXIe siècle. Il n'entre pas pour autant dans les travers des journalistes, c'est-à-dire la recherche de la polémique. 

 

L'essai s'intéresse davantage aux grandes questions du moment qu'à des sujets peu en rapport avec l'actualité ou la culture du pays. Il est étonnant de noter que le livre de Sylvain Gouguenheim, Aristote au mont Saint-Michel (2008) est été sujet à une polémique sur la place de l'Islam et l'impact de la culture musulmane sur l'Occident. En effet, l'auteur démontre que ce sont les grecs davantage que les Arabes qui ont été à l'origine de la foisonnant culture occidentale. Il y a un amalgame... Les Arabes ne sont pas nécessairement tous musulmans, et les musulmans ne sont pas tous nécessairement des Arabes. Les Pakistanais ne sont pas des Arabes et pourtant ce sont bien des musulmans. Qu'ont fait, objectivement, les intellectuels Arabes ? Ils ont véhiculé la culture grecque et ils ont empêché la disparition de précieux manuscrit. Seulement, il est indéniable que ce sont les grecs, notamment à Constantinople, qui sont restés les détenteurs de la connaissance des Anciens. Les Arabes se sont cantonnés dans le rôle de passeur du savoir, ou, alors, ils ont alimenté leur propre culture par des lectures personnels de Thomas d'Aquin, par exemple. 

 

Finalement, pour être un "succès de librairie", un essai doit proposer une vision générale de la question soulevée par l'actualité. Cette manière de faire permet d'éclairer un évènement en adoptant un regard emprunt de distance ; regard qui semble être impartial et objectif, bref qui semble être scientifique. Souvent, malheureusement pour les lecteurs, ce n'est qu'une illusion donné par l'auteur. Jacques Attali, en France, avec son Tous ruinés dans dix ans ? (2010), pose des question sur la dette publique et sur les réformes qu'ils faudraient mener, et cela en regard direct avec l'actualité. Or, il ne propose pas de réels réponses. Voilà ce que dis la présentation de l'éditeur sur Amazon : "Jamais, sauf en période de guerre mondiale, la dette publique des grands pays de l'Occident n'a été aussi élevée". Certes, mais on le sait... Il faut donc se méfier des essais qui se veulent scientifiques sans être écrit par des spécialistes "qualifiés" et non des spécialistes, disons, "de terrain"... Attali n'est rien d'autre qu'un essayiste de haute volée, certes, qui, je pense - mais je n'en mettrai pas ma main à couper - essaie de donner des sources fiables, etc... Seulement, il n'est pas objectif, encore moins impartial...

 

L'essayiste, et je conclue là-dessus, se place souvent de son point de vue, défendant ses idées, et non une thèse réfléchie et construite en présentant les arguments adverses tout en démontrant qu'ils sont infondés, inadéquats, puis, avec brio, amener ses propres arguments sur la table...

 

 

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2 septembre 2010 4 02 /09 /septembre /2010 15:01

blandine.jpg

Blandine épargnée par les lions.

 

L’histoire de Blandine, une jeune esclave, refuse de dénoncer ses maîtres et elle est donc torturée, m'a marquée étant petit. Elle ne renia pas le Christ et donc on lui fit tout subir : l’écartèlement, le fouet, la chaise de fer rougie au feu, les bêtes féroces, et finalement, car elle se refusait à mourir, la lance d’un soldat en plein cœur. Nous sommes à Lyon au mois de juillet 177 sous le règne de Marc-Aurèle, l’empereur philosophe. Voilà où la folie des hommes conduisaient il y a déjà deux mille ans (ou presque). 

Voir ce lien : link

 

 

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31 août 2010 2 31 /08 /août /2010 23:40

L'archevêque de Paris, ai-je entendu sur France Inter, aurait déjeûné avec notre cher ministre de l'intérieur Brice Hortefeux, lui assurant que l'Eglise ne se mélera pas des affaires de l'Etat au sujet des déportations de Roms. Oh, je sais, j'emploie le mot déportation, qui est fort car il renvoie à la seconde guerre mondiale, durant laquelle la communauté a subie maintes brimades, et pas seulement par les nazis... De Gaule les a gentilment laissés croupir dans les camps jusqu'en 47.

 

Que les indécis lisent cette citation de Pascal pour être éclairé de leur bêtise :

 

La force est la reine du monde, et non pas l'opinion, mais l'opinion est celle qui use de la force. C'est la force qui fait l'opinion. La mollesse est belle, selon notre opinion. Pourquoi ? Parce que qui voudra danser sur la corde sera seul, et je ferai une cabale plus forte de gens qui diront que cela n'est pas beau. (Pensées 477) 

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29 août 2010 7 29 /08 /août /2010 04:03

Les-tribulations-heroiques-de-Balthasar-Kober-1-.jpg

 

Ce roman de Frédérick Tristan, publié en 1980 aux éditions Balland, est une étrange histoire : celle d'un jeune homme dont la vie bascule après la mort de son père. Etudiant - l'histoire se déroule en 1595 - Balthasar Kober deviendra membre de la Confrèrie des Galopins. Palpitante, pleine de suspens, de surprise, d'amour, etc... Un livre à suspens, vraiment, et un attachement sincère naît pour les personnages... Dans une Allemagne et une Italie divisé, par la réforme religieuse, les querelles d'intérêt, et dominé par la lente mais impitoyable Inquisition. Balthasar et son maître, Friedrich Cammerschulze, se sortiront-ils des embûches dressés par le terrible Dietrich Frankenberg, recteur de Dresde ? 

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27 août 2010 5 27 /08 /août /2010 02:27

L'acculturation, d'après le dictionnaire de philosophie de Christian Godin, c'est le processus par lequel une culture se transforme ou se perd (en totalité ou en partie) au contact avec une autre. Il peut prendre trois formes : l'intégration, l'assimilation, et le syncrétisme. Nous sommes dans un pays qui parle sans cesse d'intégration. Intégrer, c'est faire entrer un membre ou un élément dans un ensemble. Ainsi, en tant qu'étudiant, je suis intégré à l'ensemble qui correspond à mon statut, c'est-à-dire en l'occurence, l'université du Havre. C'est une forme d'insertion sociale totalement indépendante de ma volonté. Je suis un membre de l'université à partir du moment ou elle m'a accepté. C'est une intégration que l'on qualifie d'administrative. Seulement, le sens le plus usité, et celui qui nous intéresse ici, c'est le sens politique du terme. Par la définition qu'il en donne, Christian Godin, détail encore davantage la notion. D'abord, tout simplement, politiquement, c'est l'intégration des étrangers, c'est-à-dire n'appartennant pas au même pays, au même groupe de référence.      

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26 août 2010 4 26 /08 /août /2010 05:46

Emmanuel Kant (1724-1804) est un philosophe dont je n'ai lu que deux petits essais. Bien sùr, ce ne sont pas les moins importants, mais ils ne permettent pas d'apprécier sa pensée dans son ensemble. Immanuel Kant (painted portrait)[1]Onfray, dans un livre consacré au bourreau nazi Eichmann, rapproche ce monstre au philosophe allemand. Il est évident que c'est un dangereux racourci. Kant donne l'impression d'un penseur humaniste, défenseur de la souveraineté des peuples, mais qui, par son style surtout, et par une pensée qui laisse une large place à l'interprétation, reste facilement manipulable. Il faut être prudent et ne pas affirmer n'importante quoi sous n'importe quel prétexte. Kant est favorable à l'Aufklarüng, c'est-à-dire aux idées des Lumières. "Les Lumières, explique t-il, c'est la sortie de l'homme hors de l'état de tutelle dont il lui-même responsable. L'état de tutelle est l'incapacité à se servir de son entendement sans la conduite d'un autre. On est soi-même responsable de cet état de tutelle quand la cause tient non pas à une insuffisance de l'entendement mais à une insuffisance de la résolution et du courage de s'en servir sans la conduite d'un autre. Sapere aude ! Aie le courage de te servir de ton propre entendement ! Volà la devise des Lumières." (Qu'est-ce que les Lumières ?, 1991 [1784], GF-Flammarion, pp.43-44). Ce texte, très intéressant, nous donne une définition des Lumières et place deux notions importants : la responsabilité et l'entendement.

 

Ainsi, des termes comme l'état de tutelle ou la conduite d'un autre ont aussi leur utilité. La responsabilité, d'après le dictionnaire Hachette, c'est la capacité, le pouvoir de prendre des décisions. L'homme se serait sortie, au siècle des Lumières, d'un état de tutelle dont il a lui même permis la naissance. Cet état de tutelle, explique t-il, c'est l'incapacité à se servir de son entendement, c'est-à-dire de sa faculté à raisonner, à réfléchir, et cela sans la conduite d'un autre, d'un tiers, d'un individu possédant une quelconque autorité autoritaire ou absolue. Pour Kant, se servir de cette faculté à réfléchir [par nous-même], c'est une conduite qui doit dépasser l'état de tutelle et cela en ayant le courage  de se servir de son entendemen. Finalement, pour faire encore plus simple, cette devis des Lumières que donne Kant, c'est l'affirmation de la pensée par soi-même, de la liberté d'opinion. C'est, pour moi, un fondement de la démocratie moderne, c'est-à-dire celle qui naît après les Révolutions américaine et  française.

 

Prendre la décision de se libérer d'un état de tutelle qui l'empêche de réfléchir, de s'interroger sur son existence, sur ses droits et ses devoirs, permet à l'homme de se percevoir autrement en Occident, et notamment aux Etats-Unis et en France. En posant la question, Qu'est-ce que les Lumières ?, Kant annonce, peut-être sans le vouloir et sans y avoir songé, annonce la Révolution française et les troubles en Europe des années à venir. Le paysan qui prend conscience de son statut d'inférieur, de l'injustice de cet état, va réclamer l'abolition de la société d'ordres, des privilèges et des droits féodaux, car tout cela bloque, empêche, les possibilités de faire carrière.

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19 août 2010 4 19 /08 /août /2010 16:58

Lucien Jerphagnon est né en 1921. Ce n'est pas un historien, mais un philosophe. Spécialiste de de l'antiquité et du moyen âge, il nous a gratifié, nous historiens, d'une Histoire de la Rome antique fort utile. Il n'aborde pas cette histoire d'un point de vue d'historien, mais d'un point de vue de philosophe. Il utilise, bien sûr, les mêmes méthodes de recherches que les nôtres, mais il oriente autrement son propos. Il veut aider ses étudiants à contextualiser, à se faire une idée du cadre sociale, etc, dans lequel vivait Cicéron, Marc Aurèle, et tout les autres. Trois livres sont, ou deviendront sans doute, des classiques : Histoire de la Rome antique (2002), Les dieux ne sont jamais loin (2006) et Au bonheur des sages (2007). C'est le premier qui va nous intéreser ici. Je l'ai lu relativement vite, avec un réel plaisir, et avec aussi, c'est important, avec une certaine passion, avec cette soif de connaître qui m'anime parfois. Le livre n'est pas autre chose qu'une Introduction à l'histoire de la Rome antique, c'est-à-dire un aperçu, c'est-à-dire une fresque, et donc, naturellement, et Jerphagnon ne le cache pas, elle est incomplète. Son propos commence bien devrais-je dire : ""Si Rome m'était contée..." C'est vrai : depuis l'enfance, j'y ai pris un plaisir extrême - et aussi, depuis l'âge mûr, quelques coups de sang toutes les fois qu'il me faut constater l'insignifiance ou la niaiserie de ce qu'on entend dire couramment "des Romains". Considérés en bloc, bien sûr, toutes époques, toutes origines, toutes catégories sociales confondues. Rome avait pourtant, elle aussi, ses propriétaires et ses prolétaires, ses directeurs de sociétés et ses manoeuvres-balai. Ils ne buvaient pas le même vin, ne mangeaient pas la même cuisine et leurs enfants ne faisaient pas précisément les mêmes études. Faute de le dire, que de clichés passa-partout ! Imaginez plutôt ce qu'on racontera "des Français" dans vingt siècles, si du moin on en parle encore. On mêlera les troubadours, les chauffeurs-livreurs, les seigneurs féodaux, les poilus de 14-18, et tout ce monde évoluera dans un temps fait de toutes les époques superposées : celle de Jeanne d'Arc, de Charles de Gaulle, du bon roi Dagobert. C'est exactement ce qu'on fait à propos de la Rome antique : douze siècles d'Histoire, si complexes, si délicats à cerner, réduits à quelques fadaises, inusables poncifs à base d'orgies, de gens couronnés de roses et qui se font vomir, de premiers chrétiens dans leur catacombes et d'amphitéâtres bourrés de lions. A part quelques nols : Jules César (à cause des "chaussés" ? A cause d'Astérix ?), Néron, bien sûr, avec sa lyre et son incendie, et pour les plus âgés, Vespasien, je ne vois pas grand monde émerger, au hasard des conversations, des ruines de cette civilisation dont la langue même est en train de mourir pour la seconde fois faute d'être plus largement enseignée." (pages 13 et 14)

 

jerphagnon.1247650768-1-.jpgLe début de l'Introduction donne une idée de ce que veux l'auteur : remettre les choses à leur place en donnant un minimum de connaissance aux lecteurs. Pour moi qui en était au stade des préjugés, c'est un excellent livre. De plus, je dois le dire, j'ai souvent été outré par certains propos tenu sur le moyen âge, les Mérovingiens (des monstres en fait), etc, etc. Penser que les hommes du moyen âge (période qui s'étale sur dix siècles !) sont tous des pauvres paysans oprimés par les seigneurs féodaux, des pilleurs, des brigands, des incendiaires, reste une vision assez limité de la réalité. Entre Charles Ier le Grand (768-814) et Charles VIII l'Affable (1483-1498) il y a tout de même une différence de culture, d'époque, de manière de penser, de façon d'être en société, etc., etc. C'est cela que Jerphagnon veut nous montrer avec la Rome antique. De Romulus à César il y a déjà sept siècle de différence, et de César à Clovis il y en a cinq. Si l'on imagine déjà la différence qu'il y a entre l'époque de Charles VIII à celle de Louis XIV (1498 à 1715) elle est énorme. Il y a, nous Français de 2010, presque trois siècles qui nous sépare de la mort de Louis XIV. Il faut retenir de cela que le temps, la notion du temps, c'est quelque chose d'important, qu'il ne faut jamais oublier. Cela permet d'éviter les amalgames : prendre prétexte du passé pour faire le présent est une des pires dérives. César était un dictateur lettré, et bien nous, les dictateurs des siècles allont lui ressembler. Napoléon III est le parfait exemple de cet accaparement de l'Histoire. Or, il est nécessaire de faire la part des choses. Jamais César n'aurait pu prévoir, 19 siècles avant, qu'il servirait de modèle aux bonapartistes. Le contexte politique, économique et social était différent, la mentalité était différente, les moeurs et coutumes étaient différentes, le droit était différent, la langue et la religion était différentes, etc., etc. En un mot, rien ne relie César à Napoléon. Rien ? Si pourtant. Ce lien étroit, magique, intense, qui, parfois, relie un être humain à un autre être humain, peut importe la distance qui les sépare, le temps, le milieu social et la religion... Ils s'aiment, mais c'est un amour comme souvent il y en avait, et il y en a encore, entre l'admirateur et celui que Hegel appel le Grand Homme. 

 

Jerphagnon, loin de rester dans son univers, dans son monde des idées, de la philosophie, comme nous pourrions le reprocher aux antiquisants en général, il va nous faire voyager au fil du temps, va nous faire découvrir des sociétés inconnues, des Grands Hommes dont l'inexistance nous fait défaut, dont le nom même n'est rien pour nom qu'un long silence perdu dans les profondeurs du Stix, etc, etc. Je sais : mes propos sont d'un style et d'un goût un peu dépassé, mais si vrai... En vérité, il faudrait, pour parler d'histoire, savoir écrire comme Chateaubriand ; un style romantique, n'hésitant pas à plonger dans le monde de l'épopée et des héros ; héros d'une histoire qui n'est plus mythique, qui n'est plus un mensonge de l'esprit, mais une histoire réelle, une histoire dont nous pouvons prouver l'existence grâce aux traces et aux documents que nous ont laissés nos lointains ancêtres... C'est merveilleux ! Le livre de Jerphagnon n'est pas un simple livre d'Histoire, même si le style, celui du philosophe, est parfois jargonneux et incompréhensible, mais c'est un conte, un voyage dans le temps vitesse grand V... Une épopée serait le mot, mais une épopée que nous vivons avec un regard de contemporain de notre XXIe siècle. Ceux qui commandent, ceux qui dirigent, ceux qui ont le pouvoir, ne sont pas toujours les mêmes... Le Sénat, sous la République, imposait plus ou moin son point de vue, puis, peu à peu, ce furent les dictateurs, ces généraux investis des pleins pouvoirs... D'une gouvernance monarchique elle passe à une gouvernance collégiale, puis, enfin, la Rome antique passe à une nouvelle gouvernance monarchique (les triumvirats) puis à une gouvernance impérialiste (l'Empire). Un terme qualifie les neuf dixième de l'Histoire de la Rome antique : Res publica.

 

"Cela dit, nous explique notre auteur, je serais atterré qu'on me prêtât la prétention de présenter ici le livre idéal qui suffirai à tout : "Prenez et lisez, etc." Par tous les dieux ! Il faudrait être paranoïaque ou à peu près inculte. Plus modeste infiniment est mon intention : offrir quelque chose comme une approche de la Rome antique. Je la destine non point à mes collègues spécialistes, qui n'en ont aucun besoin, mais à tous ceux qui auraient envie de prendre une vue cavalière sur ces douze siècles qui préludent à notre propre civilisation. (...) Voilà pourquoi j'ai essayé d'être aussi complet que possible, et moins ennuyeux qu'il se pouvait. (...) Cela devait être rédigé aussi simplement que possible, comme une histoire qu'on raconte, afin que tout être raisonnable pût y avoir accès, et peut-êttre même y trouver plaisir." (pages 17, 18 et 19) Cette Introduction a été écrite en mars 1987 comme l'indique l'ouvrage... Seulement, le contenu du livre a été revue et complété par l'auteur pour cette édition de 2002. Je crois d'ailleurs que le livre a été revue et complété en 2009, mais je ne puis l'affirmer avec certitude. Le monde des idées, des pensées, cotoient le monde des dates, des grands hommes, et cela avec une facilité déconcertante... Par exemple voilà ce qu'il dit du siècle d'Auguste (le Ier après notre ère) : "Peu de siècles, quand on y songe, auront rassemblé autant de cartes maîtresses, autant de gloires dans les lettres, les arts, l'histoire et ce qu'on peut appeler, toutes choses égales d'ailleurs, la science. C'est vraiment le Grand Siècle." (page 222) Après Auguste, et ce siècle d'or, Tibère. Le IIe siècle apporte un autre style, une autre manière de penser : c'est l'époque du prince-philosophe Marc Aurèle dont Ridley Scott raconte avec quelques fantaisies, la mort. En effet, dans le film il meurt étranglé par son fils dans cette Germanie barbare, alors que, en réalité, il meurt de la peste à Vienne. "La postérité n'a pas été tendre pour le fils de Marc Aurèle. Avec Caligula, Néron, Domitien et quelques autres, Commode est membre du club des princes maudits, voués aux zones les plus désolées des Enfers. Renan, par exemple, le voit comme un "équarrisseur de bêtes, un gladiateur", et les manuels vont répétant qu'il fut une sombre brute, sans se donner la peine d'aller plus loin." Il est vrai, toutefois, que le Sénat ne l'aimait point, que sa soeur Lucilla conspira contre lui... Ainsi, le film de Scott, Gladiator, est une illustration parfaite des amalgames, du mélange entre le mythe et ma vérité, que l'on peut faire perdurer... Ceux qui ont regardés me film ne ce sont point demandé si c'était vrai ou faux. Penser que Marc Aurèle fut assassiné est bien plus intéressant - l'assimilant par là à Socrate - que penser, comme c'est le cas, qu'il est mort de la peste.

 

Voir aussi le blog d'Axel Evigiran

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17 août 2010 2 17 /08 /août /2010 07:11

 

Tzvetan Todorov, jusqu'à cette année, m'était totalement inconnu... Chercheur au CNRS, c'est un historien des idées... J'aime ce statut, ce titre, parcequ'elle me correspond un peu. Non pas en considérant mes connaissances, fort modeste, mais mon état d'esprit, mes goûts, etc. Il y a déjà "historien", dont j'aimerais en être un, et il y a ensuite "des idées"... Comment ne pas faire le rapprochement avec l'histoire des arts ? Ainsi, Todorov ne serait pas un philosophe et ne serait pas non plus un histoire, mais les deux en même temps... Son style, sa manière d'aborder les sujets, font de Todorov un excellent chercheur... Il puise là où l'homme est le plus intéressant : sa pensée, sa conscience, ses idées... L'Esprit des Lumières (2006) est un exemple de cette esprit historique qui me plaît le plus. En effet, Todorov, dans cet essai, nous donne une vision des Lumières en regard avec notre monde actuel. Quel avenir pour les idées des Lumières ? L'humanisme a-t-il un avenir au XXIe siècle ? La perte du religieux est-il un danger pour la démocratie ? Il revient notamment sur des notions comme la laïcité, la vérité, l'humanité, l'universalité...    

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  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
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