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24 janvier 2011 1 24 /01 /janvier /2011 00:01

 

Le philosophe, paraît-il, doit faire preuve de retenu, doit être rigoureux et efficace. Son originalité réside souvent en sa capacité à choisir des sujets peu habituels, dont les gens n'ont pas l'habitude d'entendre parler. La clarté et la précision est de mise afin d'être compris du plus grand nombre. Souvent, le philosophe aime bien réhabiliter les vaincus, ce que la postérité n'a pas parfois pas gardé en mémoire. Une chose est toutefois certaine : les philosophes peuvent dire des choses vrais, des choses fausses et des choses qui n'ont aucun sens. De fait, un philosophe peut-être victime d'erreurs et d'illusions. Il se pose des questions basiques à l'observateur extérieur : Quels sont les arguments d'un philosophes ? Ces arguments sont-ils vrais ou faux ? Une idée est véhiculée souvent : celle de dire que les philosophes ne peuvent se contredire car ils ne parlent pas de la même chose... Cela est bien sûr faux... Qu'ont en commun Kant et Onfray ? Rien, si ce n'est le titre de “philosophe”. Onfray obtient même, parfois, le pompeux statut de “philosophe national”.

 

Pour Jacques BOUVERESSE, il faut prendre les philosophes au pied de la lettre et non leur attribuer des choses qu'ils n'ont pas penser, pas écrite... La controverse qu'il y a eu après la publication du Crépuscule d'une idole de Michel ONFRAY est à ce titre assez significative. ONFRAY s'est permis d'affirmer des choses qu'il est impossible de prouver historiquement. Pour BOUVERESSE, il faut donc critiquer, débattre, tout expliquer. De plus, il est nécessaire de clarifier le vocabulaire et la logique de chaque paragraphe. Le rôle de l'écriture, de la sémantique, est donc fort important. Il se pose, comme en histoire d'ailleurs, la question de la vérité philosophique. Or, il se pose deux problèmes de fond : 1/est-ce vraiment un vérité ? ; 2/existe t-il des raisons d'appeler cette vérité “philosophique” ? Ainsi, se pose la question suivante : que peut-on faire exactement du point de vue proprement philosophique, c'est-à-dire d'un point de vue qui ne peut pas être simplement historique, avec les productions philosophiques du passé ?

 

La rencontre avec la philosophie c'est d'abord la rencontre avec les doctrines et avec leur histoire. Il ne faut pas, pour autant, rester à l'état de la philosophie telle qu'elle est actuellement. Il y a l'idée que la philosophie n'est pas une science historique. Or, pour moi, penser l'écriture de l'histoire c'est la même chose que penser l'écriture de la philosophie. Ainsi, l'histoire de la philosophie serait en fait l'histoire de l'écriture de la philosophie. On revient à une simple histoire des pensées penseront certains. Peut-être... Seulement, comme c'est le cas avec l'histoire-récit, il ne faut pas confondre l'histoire des pensées pour “grand public” et l'histoire des pensées pour les universitaires. Cette dernière entre tout à fait dans les préoccupations de Jacques BOUVERESSE. Remettre un philosophe dans son contexte c'est faire de l'histoire de la philosophie. Or, ce qui m'intéresse avec la philosophie c'est de prendre Platon à l'égal de Kant, c'est-à-dire de nier la distance chronologique et géographique. Je veux prendre les idées de chacun pour les confronter et les faire débattre. Le risque est de tomber dans l'anachronisme. En parlant de Kant, aborder Socrate n'est pas anachronique. Or, parler de Kant en lui prêtant les pulsions d'un Eichman n'est pas acceptable (voir Le songe d'Eichman deOnfray).

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23 janvier 2011 7 23 /01 /janvier /2011 22:57

Clovis est un personnage social particulièrement important puisqu'il est roi, mais encore plus particulièrement parcequ'il est gouverneur de la province de Belgique Seconde. Il est difficile, dans son cas, de parler de la perception qu'il pouvait avoir de lui-même. Souvent, le lecteur d'une biographie recherche de l'originalité dans la vie qui lui est exposé. Or, pour saisir une vie dans ce qu'elle a de plus humain, il faut, au contraire, rechercher en quoi elle s'inscrit dans un contexte historique, dans un cadre social. Le risque est grand de partir dans le récit de vie pour ce qu'il est et de ne pas prendre en compte cet aspect pourtant fondamental qu'est le contexte. Il faut faire la différence entre les normes et les pratiques, l'individu et le groupe, l'intérêt et le devoir, le dominant et le dominé... Quelles libertés s'accorde l'individu ? Cette question est cruciale. Certains maires du Palais vont oser porter leur fils ou des individus illégitime sur le trône, réservé aux seuls Mérovingiens. Cette outrecuidance fut réprimé d'abord, mais elle passa dans les pratiques et la noblesse intégra que c'était possible.

 

La vie d'un individu va de la naissance à la mort et pour la décrire il faut savoir écrire, tout simplement. Ce n'est pas facile pourtant. Trop de mauvaise biographie privilégie le style à la profondeur de l'analyse. La psychologie tient une place très importante, mais cet aspect reste très littéraire car très abstrait. Non pas que la littérature soit uniquement fondée sur de l'abstrait, mais pour un historien il est très difficile de manipuler ce genre de chose. Concernant un individu, même comme vous et moi, trois problèmes s'offrent au chercheur : 1/la responsibilité politique ; 2/la conscience religieuse ; 3/la réputation. Or, généralement, une biographie neutre n'est pas amusante. La passion doit inspiré son auteur et souvent il est favorable à son personnage. Nous le savons pourtant, le genre biographique, notamment en histoire, n'a pas finit d'être théorisé...

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 02:00

Depuis mon entrée au Collège, l'histoire m'a toujours passionné. Une fois arrivée au Lycée, j'ai eu un court moment de doute, mais je me suis remis en cause assez vite, faisant comme DESCARTES et me demandant : qu'est-ce que je connais en histoire ? La réponse fut : presque rien, mise à par la Révolution et l'Empire. Il me fallut remédier à cela et j'ai commencé à acheter les livres qui composent ma chère bibliothèque. Tout cela pour dire que mes références étaient CHATEAUBRIAND et MICHELET et que j'ai longtemps admiré TOCQUEVILLE avant d'aller voir du côté de LAVISSE. Depuis, je suis rentré  à la fac  d'histoire du Havre. Alors, tout naturellement, depuis quelques mois, grâce à mon blog et aux commentaires souvent utiles, je me suis remis en question une fois envore – à titre tout à fait personnel – sur ma façon de travailler et de penser l'histoire (plusieurs articles de ce blog concerne des auto-critiques). Mon intérêt pour l'historiographie – l'histoire de l'histoire – vient de tout cela. J'ai écris la série suivante  (voir les trois articles précédents : c'est la suite) d'après la lecture d'un livre de Gérard NOIRIEL (1950-), Qu'est-ce que l'histoire contemporaine ? (Hachette, 1998). J'ai retenu du livre-manuel ce qui m'a intéressé, laissant plusieurs points de côté. Je ne fais donc pas le compte-rendu du livre !

 

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20 janvier 2011 4 20 /01 /janvier /2011 01:00

Qu'est-ce que l'histoire évènementielle ?  

 

En règle générale, l'histoire évènementielle privilégie la description des phénomènes historiques. Il n'y a pas d'explication. On ne tente pas de comprendre mais d'informer. C'est presque du journalisme pour pousser la caricature jusqu'au bout. En fait, c'est la fameuse histoire-récit mise à mal par les Annales. Il se trouve que Lucien FEBVRE (1878-1956) et Marc BLOCH (1886-1944), bien connus des historiens, luttent contre l'école méthodique de Charles-Victor LANGLOIS (1863-1929) et Charles SEIGNOBOS (1854-1942). Ils ont écrit un ouvrage en commun, en fait un manuel de méthodologie, utilisé par les étudiants de l'époque. Il s'agit de la célèbre Introduction aux études historiques (1898). Ce manuel est lourd à lire, mais fort instructif. Pour eux, l'historien doit uniquement vérifier la valeur des documents à sa disposition pour en extraire des faits. Nous y voilà ! Il n'y a point trace ici d'interprétation ou d'analyse documentaire. Ce n'est même pas la méthode de notre commentaire de document. L'archéologie est presque totalement ignoré par nos deux auteurs. La synthèse leur est étrangère.

 

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Pour Lucien FEBVRE, ce type d'histoire évoque celle des grandes dates, des guerres, des règnes et des négociations diplomatiques. Or, cette critique est injuste car ce que les Annales visent en réalité ce sont les vulgarisateurs, les fabricants de manuels. Seulement, ils vont aussi passé dans l'ombre le côté scientifique de cette histoire évènementielle dont, semble t-il, la qualité était loin d'être humiliante. Des thèses étaient même soutenues. Il ne faut pourtant pas attendre FEBVRE pour noter des changements concernant l'écriture de l'histoire et la pensée historique. Jean JAURÈS (1859-1914), en tant qu'historien, dont le statut de normalien peut suffir à légitimer ses travaux, s'intéresse aux économiques et sociaux de la Révolution ainsi qu'au peuple. Peu à peu, la vie quotidienne est au centre des préoccupations d'un plus grand nombre d'historiens comme l'atteste l'oeuvre tardive de Georges LEFEBVRE (1874-1959). L'économie apparaît alors comme le facteur qui structure la vie sociale, mais surtout qui l'encadre et sur laquelle les individus n'ont aucune prise.

 

 

 

Olivier BARROT présente le livre Le Rhin de Lucien Febvre paru en 1935

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 23:00

Quel est donc le rôle des individus, qu'ils soient grand où petit ?

 

Ce que cherche Albert SOREL (1842-1906), le “père de l'histoire diplomatique” à la MABILLON, concernant les individus, c'est leur caractère, leurs intentions, le rôle qu'ils ont joués et l'action qu'ils ont exercé (cf. mes articles sur l'action sociale). L'objectif est de faire revivre les hommes du passé. C'est aussi un de mes objectifs quand j'écris de l'histoire, quand je fais un exposé oral... Rendre aux défunts leur part d'humanité. Le Fernand BRAUDEL (1902-1985) pensait même que l'inconscient d'une société c'est son histoire. Bien sûr, tout cela reste abstrait et pour comprendre l'inconscient il faudrait être capabable de saisir la singularité des individus. Je n'en suis pas encore là, bien évidemment. Je sabre volontier le champagne le jour où je puis raconter la vie d'un individu en occultant totalement le narrateur et en laissant au premier plan un récit vivant, riche et humain. Un courant italien, celui de la micro-histoire, prone l'étude d'une vie singulière. Le chercheur doit se donner pour objectif de comprendre la complexité des diverses relations dans lesquelles l'individu est pris.

 

 

La leçon d'histoire de Fernand Braudel à Châteauvallon

L'acteur social donne un sens à ses actes. Il y a de nombreux acteurs sociaux qui ont tous leur propre histoire. L'idée est de “peindre” l'atmosphère d'une sphère sociale déterminée et les sentiments des acteurs. J'aime cette façon de voir les choses car cela permet à l'histoirien de rester humble. Il ne prétend plus, en effet, présenter aux lecteurs la réalité histoirique (→ Histoire de France de Lavisse : certains volumes sont écrit dans cette esprit-là), mais il prétend, au contraire, donner un point de vue, son point de vue sur un évènement ou un phénomène. Carlo GINZBURG (1939-), par exemple, donne de l'importance aux détails, aux anomolies, aux individus ordinaires. Dans un autre registre, il y a un aspect plus social de la micro-histoire, proche de... l'individualisme méthologique de Max Weber (dont je me sens plus proche que du holisme). Ce que cette micro-histoire sociale recherche ce sont les stratégies des acteurs.

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 22:00

En guise de conclusion, je parlerais de Maurice HALBWACHS. Pour lui, nos souvenirs résultent d'expériences vécues au sein de la famille, de la communauté scolaire ou plus tard de la profession. Chacun d'entre nous a ses “lieux de mémoires”. Il y a trois points choses importantes : 1/Les souvenirs individuels (en relations avec les expériences vécues) ; 2/la mémoire collective ; 3/la tradition. La mémoire collective, celle du groupe donc, s'écrit toujours au présent. C'est une “reconstruction du passé”. L'idée c'est de sauver de l'oubli des faits ou des acteurs du passé. Je vais ici me permettre de devenir quelques instants philosophe. La mémoire individuelle se réduit aux “impressions” et la mémoire collective inclut les souvenirs. La mémoire dépend donc de présupposés sociaux. En effet, si l'on peut se souvenir c'est que l'on peut aussi oublier. C'est l'idée que la mémoire a besoin de vivre, d'être sans cesse stimulée, pour se souvenir. Sans cette stimulation, sans cette activation de la mémoire, les souvenirs nous les oublions ou alors ils vont s'estomper.

 

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Cela peut éclairer l'idée que le passé est dans le présent et que finalement la mémoire ne serait que la reproduction du passé. Le souvenir, “présent” à notre esprit, est une sorte de duplication de l'évènement “passé”. Pour BERGSON, nous mémorisons nos souvenirs. Le passé est donc sans cesse avec nous. Ainsi, il va parler du “poids du passé”, c'est-à-dire de la conservation des souvenirs. Le présent empiète à la fois sur le passé et sur l'avenir, il est comme un élastique, extensible à l'infini : il dure. Pour saint AUGUSTIN, déjà, le passé est “présent” à notre esprit, le “présent” est l'instant “t” et le futur est contenu dans le présent. C'est la fameuse triade : 1/le passé présent ; 2/le présent présent : 3/le futur présent. Le passé devient une existence “virtuelle” alors que, pendant longtemps, c'est le présent qui était du non-être. Finalement, le souvenir est virtuel puisqu'il est l'imparfait reflet du passé. Le présent venant du passé et le devenir du présent, le passé n'est plus, le devenir n'est pas encore et le présent est ce qui se fait.

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19 janvier 2011 3 19 /01 /janvier /2011 21:00

Problème : le passé a-t-il fini d'exister ou a-t-il cessé d'être utile ?

 

Je puis simplement dire, pour ne point vous laisser méditer trop longtemps que le passé existe et qu'il existe très clairement et distinct du présent. BERGSON s'oppose à “monsieur tout le monde”. “Monsieur tout le monde”, en effet, pense que ce qui n'est plus n'existe plus et donc qu'il n'est nul besoin de s'en souvenir. Or, nous avons conscience du passé, mais cette conscience est abstraite, indéfinissable et traduit davantage un sentiment qu'une réalité. Ainsi, pour MERLEAU-PONTY notre perception du passé est notre ouverture au monde, “notre “insertion” dans un monde, naturel et historique, [qui] est pour ainsi dire notre initiation à l'être.” (Pascal Dupond, 2007) Et j'ajouterais, à l'être en société.

 

Finalement, nous en revenons à la question classique : à quoi sert l'histoire ?

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10 janvier 2011 1 10 /01 /janvier /2011 06:18

 Les conduites humaines sont souvent perçues comme étant teinté d'une certaine absurdité. Souvent, le contemporain compare les actes avec les intentions et les principes avec la conduite. Par exemple, la prise du pouvoir est la récompense du démagogue. Le chef, celui qui incarne ce rôle, doit jouer sur le hasard et sur l'évolution des évènements. Il y a en effet deux sortes de politique.

 

D'une part, il y a la politique de l'entendement. Elle est risquée et souvent fondée sur la résignation. Le chef se fie à l'histoire. Il cherche à sauvegarder cerains biens, la paix, la liberté ou cherche à atteindre un unique objectif, la grandeur de la nation.

 

D'autre part, il y a la politique de la raison. Le risque ici est l'aveuglement. Le chef renie l'histoire. Il adapte une tactique à une stratégie et il y a souvent un accomodement avec le régime. "On rétablit la monarchie, mais non les droits féodaux." (Raymond Aron)

 

Quelles sont les trois incertitudes du chef ? D'abord, il recueille un héritage qu'il n'a pas choisit et avec lequelle il va devoir se débrouiller. Ensuite, il doit tendre vers un avenir dont il ignore tout, ne sachant point si son plan d'action pourra être mis en place. Enfin, il doit chercher à se situer dans un mouvement qui dépasse souvent les individus. 

 

Ce que la collectivité exige du chef c'est qu'il se sacrifie à une cause. D'ailleurs, peu nombreux sont les chefs d'États, les gouvernants en tout genre (dictateur, roi...) qui n'ont pas fait usage de la force contre des ennemis du dedans et du dehors pour se maintenir au pouvoir. Les exemples de Laurent Gbagbo ou  de l'actuel répression en Tunisie sont éloquents.

 

Il y a deux démarches politiques possibles : le choix et/ou l'action. Faire un choix et agir. Ce sont des constantes, c'est-à-dire des données stables. En effet, une situation, comme par exemple le mouvement social de l'année dernière en France, résulte toujours d'un choix (celui de faire voter la "réforme" des retraites sans tenir compte des  revendications populaires) et d'une action (un gouvernement qui ne rompt pas et une population qui manifeste sa colère en défilant dans la rue, en faisant grève ou en bloquant les usines).

 

Qu'est-ce donc que le "vrai" politique ? C'est celui qui renverse les alliances, celui qui fait un effort pour être original et qui respecte le passé.

 

Le choix

 

Il résulte de deux choses : le choix d'une politique cohérente et l'adhésion à un parti fédérateur. Les choix politiques, en fait, sont incompréhensible pour le citoyen lambda. Pourtant, il y a quelques éléments permettant de comprendre tout cela.

 

Par exemple, le fait pour Sarkozy d'intégrer des socialistes et des centristes dans son gouvernement, résulte d'un choix politique stratègique. Le problème est que celui qui s'intègre à un groupe accepte de le servir. Ainsi, les socialistes vont s'empresser de se démarquer des "socialistes" qui ont rejoint la majorité présidentielle.

 

Toutefois, adhérer à un groupe n'empêche pas d'agir. Il y a ici l'idée toute bête entre "pour" et "contre". Un ministre peut-être contre telle loi pour telle ou telle raison, mais il totalement pour la politique générale menée par le Président de la République. C'est pour cela qu'il faut faire attention aux nuances. L'art de la politique a ses subtilités !

 

Dans une configuration classique, les réformistes et les conservateurs sont souvent opposés aux révolutionnaires. Les intellectuels, dans de nombreux cas, restent attachés aux partis politiques dits "avancés". En effet, on trouve beaucoup moins d'inconvénients au système actuel qu'à celui qui s'annonce. Ce qu'il faut bien comprendre, c'est que la révolte des masses est une réalité, presque une loi historique. L'incertitude en l'avenir provoque des angoisses et donc des malaises.

 

Un choix, finalement, implique des sacrifices et l'on choisit toujours contre quelque chose ou contre quelqu'un. Dans leur choix de société, la bande à Sarko devraient peut-être réfléchir un peu plus là-dessus.

 

L'action

 

Lorsque le chef décide d'agir c'est souvent mauvais signe. Il cherche la plupart du temps les moyens de conserver ou d'obtenir le pouvoir et cela afin de l'utiliser en vue d'une politique souvent personnelle. De fait, la plupart du temps, comme c'est le cas actuellement, il y a un gros décalage entre la réalité et la prise de conscience de celle-ci.

 

Il résulte de cela une mauvaise prise en compte des changements. D'ailleurs, il est plus facile de promettre et de ne pas tenir  ses promesses que d'être honnête mais en restant sur le banc de touche. L'iédologie et le mythe ont toujours fonctionné dans la vie sociale, et cela à toute les époques. 

 

Il apparaît aujourd'hui évident qu'un préjugé, qu'un lieu commun, qu'une idée-reçue, prépare à de rudes désilutions. Ainsi, il y a le chef idéaliste, le chef anarchiste qui dit non à tout ordre social nouveau et les vrais révolutionnaires en disant non à l'ordre aveuglant de notre monde. 

 

Il est aussi évident que la révolte comporte le sacrifice de la vie. Le courage et l'héroïsme des Tunisiens qui se sont brûler pour protester contre un régime dictatorial et corrompu pratiquent la politique de la raison (aveuglement, dénie de l'histoire (qu'elle soit passée, présente ou futur) et héroïsme). 

 

Finalement, l'histoire ne peut être intelligible qui si on cherche à expliquer comment elle fonctionne et qu'on fasse comprendre aux autres la complexité d'un phénomène. L'histoire, en effet, rappelons-le, c'est une suite de faits, une succession d'oeuvres et une série d'existences. L'évènement, l'acte humain, est le résultat d'un choix (entre plusieurs possibles) en réponse à une conjoncture donnée. Qu'est-ce qui rend donc si incertain les choix politiques ? Il y a une multitude de buts à atteindre. Des objectifs, dirons-nous, pour être moderne, qui dépendent de la connaissance par l'acteur (disons Sarkozy) de la conjoncture actuelle et de l'efficacité des moyens dont il dispose. Que cherche t-il a atteindre comme objectif finale ? Les moyens utilisés sont-ils licites ou non, louables ou non ? En définitive, les mobiles de l'acte (le passage en force du Traité de Lisbonne par exemple) doivent être adapté à la fin (changer de Constitution européenne) et à l'objectif de l'acteur (faire passer un texte dont il est l'instigateur).

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 22:11

Les sciences cognitives sont la psychologie, les neurosciences, l'informatique, la biologie, mais encore l'intelligence artificielle (type robot), la philosophie et aussi la linguisitique.

 

Il y a plusieurs questions que se posent les sciences cognitives :

      Comment un système naturel ou artificiel acquiert des informations sur le monde dans lequel il se trouve ?

      Comment ces informations sont représentées et transformées en connaissances ?

      Comment ces connaissances sont utilisées pour guider son attention et son comportement ?

 

La “cognition” est un synonyme “d'intelligence” et de “pensée”. La question générale que les cognitivistes se posent est la suivante : comment fait-on pour penser ?

 

La linguistique comprend plusieurs “sciences” annexes :

 

           * La phonologie : étude de la nature des sons.

                * La sémantique : étude des significations

           * La syntaxe : étude des règles d'agencement des mots selon une grammaire.

           * La pragmatique : étude d'une langue telle qu'elle est réellement utilisée dans la vie sociale.

 

Une langue repose sur l'analyse des sons, des mots, de la phrase, du texte, de la conversation...

 

En philosophie, le débat a été ouvert entre “esprit” et “matière”, entre “langage” et “pensée”, etc. À ce titre, DESCARTES et HOBBES sont des précurseurs. Il existe une philosophie de la cognition qui comprend trois domaines : l'épistémologie, l'ontologie et la philosophie des sciences.

 

L'informatique est la science du traitement automatique de l'information. Le terme a été formé par Philippe DREYFUS à partir du mot “information” et de la désinence -ique. C'est aussi l'articulation de matériels (ordinateurs, réseaux...) et de programmes (logiciels).

 

Une information peu avoir plusieurs sens :

 

1) action d'apprendre à autrui   

2) élément et résultat de l'action d'apprendre à autrui : les informations télévisées 

3) ensemble des connaissances dont un individu dispose dans un domaine donné

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22 décembre 2010 3 22 /12 /décembre /2010 23:37

22 décembre 2010

Le Collège de France rend hommage à Mme Jacqueline de Romilly décédée ce 18 décembre 2010.

 

Vie et travaux de Jacqueline de Romilly

Chaire de la Grèce et la formation de la pensée morale et politique (1973-1984)


Denis Knoepfler  ,

Titulaire de la chaire Épigraphie et histoire des cités grecques

 

Helléniste de premier plan, Jacqueline de Romilly a été en réalité, chacun en a conscience, beaucoup plus que cela : l’une des très grandes dames de la vie culturelle dans la seconde moitié du XXe siècle, toutes spécialités et même toutes nationalités confondues. Et cette position très en vue, elle l’a conservée intacte durant toute la première décennie du XXIe siècle encore, continuant jusqu’à la fin, en dépit des atteintes de l’âge, à publier essai sur essai – sans parler de romans et de nouvelles - à un rythme que l’on serait presque en droit de considérer comme excessif si, derrière cette production destinée surtout, en ces dernières années, au grand public cultivé, il n’y avait le très légitime souci du professeur de revenir, encore et toujours, sur les plus importantes leçons du passé pour assurer la transmission de l’héritage, un souci mêlé d’ailleurs d’une inquiétude croissante, comme on le fera voir au terme de cet hommage.


91c7012912a0cc6196b00210.L._SL500_AA300_.jpgCitoyenne française et justement fière de l’être, Jacqueline de Romilly fut en même temps, à toutes les étapes de son parcours, extrêmement représentative, nous semble-t-il, de ce que la France peut offrir de meilleur à ceux et à celles qui ambitionnent de rejoindre son élite intellectuelle : née Jacqueline David en 1913, la future Madame de Romilly suit, dans l’entre-deux-guerres, toute la filière de l’école républicaine, en décrochant régulièrement les premiers prix et en occupant infailliblement la première place au classement de sortie, jusqu’à l’agrégation comprise. Puis, au lendemain de la Seconde guerre mondiale, en 1947, elle défend brillamment et publie aussitôt une thèse d’État longuement mûrie, dont le sujet semble de prime abord bien austère pour une helléniste dès alors très consciente du rôle que les femmes seront désormais appelées à jouer : ce sujet, c’est la montée en puissance de la cité d’Athènes dans le monde grec telle que Thucydide - le moins féministe, assurément, des auteurs antiques ! - la met en évidence et l’explique sans la moindre concession à l’anecdotique, qu’il s’agisse d’éphémères combinaisons politiques ou d’intrigues amoureuses.

 

Et fort de ce premier succès ô combien mérité, Jacqueline de Romilly ne tarde pas à devenir, dans le sillage de cette autre helléniste qu’est fondamentalement (ne l’oublions pas) Marguerite Yourcenar, une espèce de porte-parole de la culture en France et dans le monde : n’a-t-elle pas été reçue dans tous les établissements les plus prestigieux de ce pays? L’Institut de France à travers ses deux plus anciennes académies, la Française à partir de 1980, l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres dès 1972, le Collège de France où elle aura eu le singulier privilège d’être la première femme à entrer comme professeur titulaire et où elle enseignera dix années durant (1973-1983) avant une longue et active période d’honorariat ; la Sorbonne aussi et d’abord, de 1957 à 1973. Et il est à peine besoin de dire qu’elle a obtenu les plus hautes décorations dans les principaux ordres nationaux, celui de la Légion d’honneur, celui du Mérite, des Arts et des Lettres, et plusieurs autres encore ; à quoi s’est ajoutée, au fil des ans, une foule de distinctions étrangères (au point qu’il serait presque plus aisé de dresser la liste des académies qui n’eurent pas l’occasion de l’accueillir que de donner celle des établissements qui se sont honorés de la compter parmi leurs membres).

 

345px-Thucydides-bust-cutout_ROM-2.jpgThucydide


Il est bien connu, d’autre part, que si elle a mené un ardent combat en faveur de toutes les composantes de la culture littéraire ou même de la culture tout court - on s’en persuadera en relisant ses méditations sur L’enseignement en péril après 1968 et, un peu plus tard, sa Lettre aux parents sur les choix scolaires (les deux essais ont été réédités ensemble en 1991) ou, dans un registre moins dramatique, ses chroniques de langue française données à un mensuel féminin largement diffusé (ces alertes billets ont eux aussi été réunis en un volume, joliment intitulé Dans le jardin des mots) -, Jacqueline de Romilly fut essentiellement habitée par une passion qui ne s’est jamais démentie ni même essoufflée : celle de la Grèce antique à travers sa langue, sa littérature et, plus généralement, sa civilisation.

 

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Parler de «passion» dans son cas n’est nullement exagéré, puisque c’est pour l’amour du grec, selon son expression, qu’elle a maintes fois pris la plume et la parole, jusqu’à donner naguère (en l’an 2000) ce titre suggestif à un ouvrage collectif publié par ses soins et ceux du très regretté Jean-Pierre Vernant, autre grande figure récemment disparue de l’hellénisme français.

 

Que le Collège de France, au début des années soixante-dix (c’est-à-dire au moment où l’illustre épigraphiste et historien du monde grec qu’était Louis Robert allait prendre sa retraite après trente-cinq ans de domination incontestée), ait pu recruter coup sur coup deux hellénistes de cette taille fait véritablement honneur à l’Assemblée des professeurs d’alors, qui sut voir qu’il n’y avait pas là redondance, mais qu’avec l’enseignement dispensé au Collège par de telles personnalités, ce sont des aspects fondamentaux de l’enquête sur les origines et la nature du «miracle grec» qui (de façon remarquablement complémentaire au demeurant) pourraient être présentés au public ; immense privilège que tous les établissements universitaires d’Europe et d’Amérique devaient envier à notre Maison. Fidèle aux orientations qui, jusque-là, avaient servi de cadre à sa recherche au sein de l’Institut de grec de la Sorbonne, Jacqueline de Romilly donna à la chaire créée pour elle au Collège un intitulé qui définissait bien ses intentions : « La Grèce et la formation de la pensée morale et politique ». Cette réflexion, elle l’avait en effet amorcée - et bien plus que cela, à dire vrai - avec sa thèse retentissante sur Thucydide et l’impérialisme athénien (1947) et elle l’avait poursuivie avec un essai plus synthétique sur Histoire et raison chez Thucydide (qui a connu trois tirages depuis 1956), en assurant parallèlement, pour la Collection des Universités de France aux Belles Lettres, la traduction de « L’histoire de la guerre du Péloponnèse » (1953-1972) et en assortissant d’une importante introduction l’édition d’un Hérodote et d’un Thucydide en français (traduits en l’occurrence par d’autres qu’elle) dans un très commode volume de la Pléiade (1964).

 

9782251800059.jpgCe n’est donc pas un hasard si ses premiers cours ici furent l’occasion de revenir sur cette œuvre fascinante entre toutes qu’est le récit par Thucydide d’une guerre pratiquement contemporaine de l’auteur, pour essayer de cerner au plus près la conception que le grand historien athénien avait, par exemple, du pouvoir ou de la justice - aussi souvent bafouée alors qu’aujourd’hui -, de la démocratie telle qu’elle était mise en pratique de son temps à Athènes et, plus généralement, des divers régimes politiques, ou même de certains traits de la vie économique et sociale. De fait, élargissant encore la perspective dans l’un de ses derniers cours, elle a montré que cet auteur, formé lui-même à l’école des sophistes et des premiers théoriciens de la médecine, était, d’une certaine manière, à la source de toutes les sciences humaines. Plus tard (1990), elle fut encore amenée à publier, sous l’égide du Collège, un attachant petit essai sur La recherche de la vérité chez Thucydide et, plus récemment encore (2005), son élève Monique Trédé, professeur à l’ENS, eut l’heureuse initiative de réunir en un fort volume la plupart des mémoires consacrés par Jacqueline de Romilly à cet auteur.


Mais ce serait évidemment donner une image bien étriquée de sa production - et d’abord de ses curiosités – que d’enfermer notre collègue dans la critique (si novatrice et abondante qu’elle ait pu être) d’une œuvre unique. En réalité, elle n’eut jamais le sentiment de trahir ce vieux compagnon de route qu’était pour elle Thucydide en tournant son esprit vers d’autres géants de la littérature grecque et en étudiant leur production avec la même sagacité. N’a-t-elle pas manifesté une empathie au moins égale à l’égard du vieil Homère, dont l’œuvre lui a inspiré plusieurs ouvrages (ainsi un « Que sais-je » maintes fois réédité), sans parler du portrait moral, si nuancé, qu’elle a su tracer naguère de l’irréprochable adversaire des Grecs rassemblés devant Troie qu’est Hector, le plus attachant sans doute, parce que le plus humain, des héros homériques, défenseur jusqu’au bout d’une cause qu’il sait d’ores et déjà perdue. Et que dire des Tragiques athéniens, que Jacqueline de Romilly n’a cessé, jusqu’à la fin, d’interroger pour mettre en évidence, à travers les mots utilisés, inventés (ou parfois délibérément évités) par eux, l’évolution des modes de pensée d’Eschyle à Euripide ? Plusieurs années durant, ses cours et ses séminaires du Collège - deux types d’enseignement qui, chez elle, étaient, somme toute, assez peu différenciés, si ce n’est que les seconds lui offraient la possibilité de faire plus de place à la lecture directe des textes grecs – furent consacrés à l’étude du développement des notions morales dans la tragédie, à l’expression de la crainte et de l’angoisse ou à l’évolution du pathétique - pour reprendre les titres de deux de ses ouvrages -, et cela toujours à partir de l’épopée homérique, référence obligée (en ce domaine aussi sa bibliographie est considérable : on se bornera à citer ici sa synthèse de 1995 intitulée Tragédies grecques au fil des ans). C’est ainsi qu’elle étudia le contenu et l’emploi chez les poètes tragiques des mots éleuthéros, éleuthéria, « libre, liberté », rencontrant en chemin la notion si importante chez les Hellènes d’ «âme divisée» entre des aspirations ou, plus souvent, des devoirs contradictoires.


Des thèmes de cette nature l’amenaient tout naturellement à poursuivre son enquête chez les philosophes (même si elle se défendait de faire de la philosophie), à commencer, bien sûr, par ce Platon [voir ci-dessous] aux talents littéraires si éclatants duquel elle était extrêmement sensible, voyant en lui le très digne héritier – y compris sur le plan poétique au sens le plus fort de ce terme - des grands créateurs de l’Athènes de Périclès. platon.jpgEn fait, comme le montre bien son Précis de littérature grecque de 1980 (opportunément réédité en 2002), c’est la lecture de tous les représentants de cette littérature, sans écarter les auteurs de l’époque hellénistique et romaine (même si elle s’aventurait moins volontiers sur leurs traces, tout en reconnaissant leur capacité à renouveler et à transmettre les valeurs propres de l’hellénisme), c’est cette vision globale, disais-je, qui lui permit de retracer l’histoire de diverses notions, les unes singulières, les autres à première vue banales (et pour cette raison fort délaissées par ses devanciers) : par exemple l’exigence, non exclusivement chrétienne, du « pardon » ou cette « douceur » dont elle a montré, dans un ouvrage qui a fait date (La douceur dans la pensée grecque, 1979), qu’elle était comme la pierre de touche de la civilisation, chaque époque définissant ses normes en la matière et forgeant au besoin de nouveaux mots pour exprimer son idéal d’humanité ; ainsi en va-t-il du beau mot philanthrôpia (littéralement « sentiment d’humanité », d’où « bonté, « bienveillance », etc.), qui, chose remarquable, n’apparaît qu’au début du IVe siècle avant J.-C. avec l’historien Xénophon et le rhéteur Isocrate.


Si Jacqueline de Romilly, en raison de sa grande notoriété dans les milieux les plus variés, a forcément été amenée à publier des textes de circonstances, si elle a également, vers la fin de sa vie, produit des œuvres de fiction, en particulier des nouvelles qui témoignent, du reste, d’un sens très vif de la psychologie (et pas seulement féminine !) comme aussi - est-il besoin de le souligner - d’un réel talent d’écrivain, sa production la plus durable sera sans doute celle qu’elle a consacrée, pendant plus d’un demi-siècle, à ses auteurs de prédilection, Homère, Euripide – le poète psychologue par excellence - et d’abord, bien sûr, Thucydide, sans oublier, on vient de le voir, ses travaux sur l’histoire de maints concepts fondamentaux de la culture hellénique. C’est là que se manifeste peut-être le mieux sa rare aptitude à saisir toutes les harmoniques d’un texte ancien, à le rapprocher de plusieurs autres grâce à son exceptionnelle familiarité avec l’ensemble du corpus littéraire, en même temps que son souci permanent de faire partager à autrui l’éblouissement toujours renouvelé que lui procuraient les chefs-d’œuvre de la Grèce antique.

 

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On ne saurait pourtant dissimuler que, malgré la foi qui continuait à l’animer, Jacqueline de Romilly manifesta, en ses dernières années, une réelle inquiétude sur la transmission et la permanence de l’héritage hellénique dans le monde d’aujourd’hui. Rien ne le montre mieux que son livre paru au printemps 2010, La grandeur de l’homme au siècle de Périclès, qu’elle présente elle-même, in fine, comme son testament, du reste dicté et non plus écrit directement de sa main. Elle y dit certes sa reconnaissance pour tout ce qu’elle a elle-même pu retirer du contact quotidien avec les Anciens mais aussi sa souffrance de « voir aujourd’hui se répandre une tendance à s’en désintéresser », alors que, du fait de la crise actuelle, aucune époque, ajoute-t-elle, « n’a eu autant besoin de notre littérature grecque, du talent qu’ont eu les auteurs (...) pour nous offrir cet exemple de réussite, et pour s’émouvoir de diverses façons de tous les merveilles que représente l’existence humaine en dépit des difficultés et des catastrophes ».


Que cette inquiétude soit en partie fondée, qui en disconviendra ? Pourtant, il n’y a nulle raison de désespérer de l’avenir de l’héritage hellénique, qui est, pour l’humanité, un ktêma eis aiêi, « une acquisition pour toujours », selon l’immortelle expression forgée par Thucydide. Même l’enseignement du grec ancien, qui a connu bien d’autres périodes d’étiage mais s’en est toujours relevé, reviendra un jour en force. La disparition de la «Vieille Dame du Quai de Conti» ne marquera donc pas la fin de l’hellénisme français, disons-le avec d’autant plus de conviction que les journalistes - comme toujours avides de simplification - voudront sans doute proclamer le contraire, en croyant rendre ainsi hommage à la défunte. Non, il y a encore en ce pays (et ailleurs aussi, bien sûr) nombre d’excellents hellénistes, y compris parmi les plus jeunes. C’est à eux désormais qu’incombera le devoir de se battre au premier rang (en promachois, comme disent les auteurs d’épigrammes funéraires).


Puissent-ils le faire avec tout le talent, avec ce don de persuasion, peithô, si haut placé dans l’échelle des valeurs helléniques, avec cette passion communicative, « cette ouverture à cœur » (pour reprendre le titre de l’un des romans de Jacqueline de Romilly) qu’aura su y mettre, jusqu’à son dernier souffle, notre très éminente et – pour plusieurs d’entre nous - très chère collègue.

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