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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 23:34

6a01310f70b1f2970c0133f3fc1b2c970b-800wi.jpgFernand Braudel, né à Luméville-en-Ormois dans la Meuse en 1902, décèdera en 1985 à Cluses en Haute-Savoie. Cet historien français est un grand représentant de l'école des Annales avec Marc Bloch et Lucien Febvre. Il est considéré comme l'un des historiens les plus important du XXe siècle. Agrégé à l'âge de vingt-et-un an en 1923 il s'intéresse déjà à l'Espagne du XVIe siècle dans son mémoire. Il est « moderniste » avant d'être un des théoriciens les plus marquant des années cinquante. Longtemps, il sera professeur de lycée avant d'intégrer l'École pratique des hautes études.


La géographie passionne notre érudit, mais c'est une géographie classique, celle de l'influent Paul Vidal de La Blache (1845-1918), initiateur avec Lucien Gallois (1857-1941), des Annales de Géographie en 1891. Cette revue existe encore aujourd'hui. L'œuvre la plus estimable de Vidal de La Blache c'est son Tableau géographique de la France(1903), premier tome de l'Histoire de France d'Ernest Lavisse, qui lui vaudra sa postérité jusqu'à aujourd'hui. Pour les géographes c'est un auteur à connaître comme l'est Michelet pour les historiens ou Durkheim pour les sociologues.


Cette conception de la géographie se rapproche davantage à la géohistoire actuelle dont Braudel est parfois considéré comme un fondateur. Cette branche de la géographie repose sur l'idée que la longue durée est l'élément central expliquant la construction des espaces. La thèse de Braudel, La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II (1949), reprend cette théorie géographique. Lucien Febvre lui a suggéré de changer son titre afin d'axer sa problématique non pas sur Philippe II mais sur l'espace maritime. Très peu d'universitaire, en ce début de XXIe siècle seraient encore capable d'écrire une thèse aussi prépondérante avec les moyens dont disposaient Braudel.


La géographie braudélienne parut pourtant très vite désuète. Toutefois, nous explique Christian Grataloup, « le travail de Braudel, en effet, ne peut être réduit à une vision déterministe de l'histoire de l'histoire et à quelques notions-clefs, dont celles de triple temporalités et de l'économie-monde. Comme toute pensée riche son œuvre a contribué à structurer le champ des sciences de la société, puis à bloquer de nouvelles perspectives. » Fernand Braudel considère d'une part, une approche traditionnelle de l'histoire, prenant en compte les rencontres, les guerres, les batailles et les traités, et d'une autre part, une approche nouvelle prenant en compte les institutions, les économies et les architectures sociales.


Braudel considère le récit et la chronique comme étant la matière première de toute recherche scientifique. Dans ses cours au Collège de France, il s'interroge sur la notion d'empire, c'est-à-dire une histoire « structurale ». De fait, il est à l'origine de l'histoire-globale. Par exemple, dans La Méditerranée, il commence par l'espace géographique puis il s'arrête sur les structures sociaux-économiques avant de terminer par l'histoire politique. Les trois temps découpés ici sont le temps long, le temps court et le temps de l'évènement. Le premier est multiséculaire et structurel. Le second est conjoncturel et basé sur les décennies. Le dernier est événementiel et fondé sur les années ou même les mois.

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1 juin 2011 3 01 /06 /juin /2011 22:31

En histoire, il y a de nombreux sujets inintéressants, mais il faut les aborder dans le cadre d'exposés oraux ou dans le cadre de devoirs sur table. Pourtant, à chaque fois, du moins la plupart du temps, j'ai travaillé sur eux avec autant de passion que si le choix était venu de moi. Pour moi, c'est même encore plus palpitant puisque l'on ne sait pas à quoi nous attendre. On plonge dans l'inconnu pour découvrir la vérité. Il apparaît presque évident qu'il y a des règles en histoire. Au XIXe s., dans leur Introduction aux études historiques, Seignobos et Langlois vont tenter de prouver l'existence de lois scientifiques en histoire. Au XXIe s., le discours a changé. Nous parlons plus volontiers de règles que de lois.

 

Après avoir montré que l'histoire sert la société en recherchant la vérité pour lutter contre les idées reçues, nous avons vu qu'il faut être capable de critiquer, de peser le pour et le contre, de respecter les auteurs dont on parle, cela pour être considéré comme un bon chercheur. Pour être véritablement estimé, reconnu par ses confrères, il faut transmettre ce que l'on a découvert. Cela peut prendre la forme d'un enseignement dispensé dans une université, dans une Institution comme le Collège de France, ou en publiant des articles et des livres. En fait, cela rejoint la nécessité pour le chercheur de mettre en forme ce qu'il a appris ou découvert au fil du temps. Cette étape de la vulgarisation est la plus difficile et souvent celle qui prend le plus de temps. Il faut maîtriser la langue française et rendre son exposé le plus claire et le plus fluide possible. Par exemple, je ne sais pas si moi-même, en écrivant ces mots, je vais être entendu, compris ou même lu. La clarté des phrases n'empêche pas, bien entendu, l'emploi de mots qui appartiennent au langage soutenu ou scientifique.

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31 mai 2011 2 31 /05 /mai /2011 22:28

L'image véhiculé sur l'historien par le commun des mortels est celle-ci : c'est un individu qui lit beaucoup, qui cherche les bonnes phrases et les bons mots, qui fouille de temps en temps dans des papiers jaunis et il en sort un article, parfois même un volumineux livre. Le problème, c'est que ce n'est pas si simple, sinon le plus nul des écrivains ratés serait en mesure de faire de l'histoire. Or, ce n'est pas le cas. Moi-même ne suis pas historien. Bien sûr, il faut lire des livres savants et des articles savants, mais cela ne suffit pas encore à être historien. Il ne suffit pas d'être reconnu historien pour l'être et, dans l'autre sens, certains sont historien mais il ne faut surtout pas le dire. En préambule, je voulais réaffirmer ici quelque chose : l'historien n'est pas un vulgaire compilateur ! L'historien interprète les documents et les sources dont il a connaissance pour élucider une épineuse question.

 

Un chercheur ne peut pas affirmer n'importe quoi. Il faut qu'il puisse apporter la preuve de ce qu'il dit ou de ce qu'il écrit. C'est une règle fondamentale. Juger un événement, donner son point de vue sur WikiLeaks, par exemple, ce n'est pas anodin pour un historien. Il donne à l'évènement le statut de fait historique. Il doit citer ses sources, juger de leur pertinence et proposer une critique de ces sources. Jusqu'au XVIIIe siècle, l'historien en est resté à ce stade de la réflexion. Déjà, nous avons vu que l'historien doit remettre en cause ses idées reçues et cela pour en arriver à critiquer, de la façon la plus érudite possible, les documents dont il a connaissance. Tout cela est la base de la méthode historique, et non toute la méthode.

 

La plupart du temps, cette base est la seule qui soit retenue par les gens. En effet, elle est admise par la société comme pratique. Les journalistes en usent à l'excès, bien qu'ils ne dévoilent pas souvent comment ils ont obtenu leurs informations. D'ailleurs, il devient insupportable de voir dans les médias des individus, voir même des universitaires en manque d'argent, allés exposer leurs connaissances afin de montrer qu'ils ont de la culture – ce dont je ne doute pas – et qu'ils sont bien plus intelligent que le pauvre citoyen lambda qui ne connaît rien au sujet, qui n'a jamais entendu parler de tel ou tel penseur ou de tel ou tel concept. C'est un problème délicat pour l'observateur extérieur, neutre et naïf. En effet, nous entrons ici dans le domaine de l'usurpation scientifique, parfois même de la publicité mensongère. Un écrivain, parcequ'il possède un titre universitaire, va écrire un peu ce qu'il veut ou vendre des livres bâclés à un rythme effréné. L'objectif est de ce faire un maximum d'argent grâce à un lectorat bien plus populaire que s'il s'agissait de publications plus proche de la thèse que du roman. C'est une évidence et c'est scandaleux !

 

Il y a plus grave et Michel Onfray entre dans cette gravité supplémentaire. Pour cacher que son nouveau livre, L'affabulation freudienne (2009), est une grosse supercherie scientifique, il va affirmer dans toute la presse qu'il a lu toute l'ouvre de Freud, soit 3 000 pages, plus 3 000 pages sur Freud. Ensuite, il se pose en martyr, victime de la vindicte populaire d'une des historienne les plus connu du psychanalyste, madame Roudinesco. Alors que je farfouillais dans les livres de la librairie Banse à Fécamp, je suis tombé sur le livre que la spécialiste à écrit peu après la publication du « brulot » du fondateur de l'Université Populaire de Caen. J'ai été bien obligé de l'approuver mais avec une certaine pointe d'amertume. Je n'aime pas les gens qui s'accroche ainsi à leur pré carré mais ce que elle, et d'autres historiens et philosophes ont soulevés, a un fond de vérité.

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30 mai 2011 1 30 /05 /mai /2011 22:26

« Un historien, explique Assouline, c'est un chercheur; et la recherche se fait en archives. Le reste n'est que synthèse ou compilation d'imprimés. Elles peuvent être plus ou moins brillantes mais, de par leur essence même, elles ne font guère avancer notre connaissance de l'histoire. » Pourtant, le travail de l'historien, avant toute chose, doit servir la société dans laquelle il vit. L'histoire a une utilité publique. C'est même un contre-pouvoir puissant, très puissant. Beaucoup d'entre nous l'oublie. En effet, défendre la liberté d'expression en histoire est un rude combat. Le chercheur cherche. Soit, mais pourquoi cherche t-il ? Il cherche pour transmettre. Son objectif est d'interroger ses sources afin de trouver une réponse à une problématique. Il doit donner du sensà sa démarche.

 

L'historien doit commencer par s'intéresser à ce qui est contemporain, à l'actualité la plus récente, et même aux débats qui divisent encore les scientifiques de la discipline. Cela permet de se forger un esprit critique, un esprit de citoyen. L'histoire doit être à des années lumières du débat idéologique. Elle ne doit défendre, sous aucun prétexte, des idées politiques. Elle se doit de rester neutre. Faire preuve d'un esprit critique ce n'est pas défendre coûte que coûte ses observations en refusant celles des autres. Au contraire, comprendre l'autre permet déjà de répondre aux attaques lancées par certains sans aucune réflexion préalable et le plus naturellement possible. D'ailleurs, l'historien, de plus en plus, apparaît comme quelqu'un avide de connaître les menus détails de la vie privée des grands hommes. Pour se forger une image de bon samaritain, il pense le contraire de la doxa uniquement pour le plaisir de contredire. Seulement, ce comportement, plus proche du journalisme d'investigation que de l'histoire, est loin de transparaître à la lecture des livres d'histoire qui sont publiés chaque année.

 

Ce que cherche avant tout l'historien, et cela est loin d'être un scoop, c'est l'affirmation de la vérité. Cela nécessite d'être certain de ce que l'on avance. Pour un néophyte c'est difficile à admettre ou même parfois à comprendre. Il ne faut pas tomber dans une démarche fondée sur des a priori, sur des préjugés ou des idées reçues, c'est-à-dire dans l'art de parler pour ne rien dire. Pour affirmer la vérité, il faut remettre en cause ses propres idées reçues et ses propres préjugés. C'est une étape indispensable. Elle est souvent difficile à entreprendre car elle nécessite un exercice peu courant : se juger soi-même, mais se juger en profondeur.

 

Arcésilas, un penseur grec de l'Antiquité, affirmait qu'il est impossible de connaître la vérité puisqu'il est indigne d'accepter qu'une chose soit vraie ou fausse. Son objectif consiste à argumenter contre les opinions des différentes parties. Un tel est favorable à la guerre, un autre y est opposée. Le philosophe va réfuter les deux positions en affirmant qu'aucun des deux ne peut avoir tort ou raison. Arcésilas, en effet, va douter en permanence tout en favorisant le débat d'idées. Ce qui compte le plus étant la recherche de la vérité. L'un va affirmer l'inutilité de la guerre, destructrice de la vie humaine, et un autre va soutenir qu'il est nécessaire de faire la guerre pour éviter à l'individu des souffrances encore plus éprouvante.

 

Admettre l'existence des idées adverses est quelque chose de primordial. Il faut débattre. C'est important. Le travail de l'historien repose donc sur le débat. C'est l'idée qu'il doit laisser à son lecteur le soin de se forger sa propre opinion en connaissance de cause. En fait, le chercheur doit être convaincu qu'il agit en faveur de la vérité. Il ne doit pas tomber dans le piège subtil qui lui est tendu, c'est-à-dire se montrer convaincant. Il est plus facile de comprendre pourquoi l'historien a une image si controversé en France. En effet, il est soit un proche du pouvoir – et il se doit d'être convaincant pour défendre ses idées – soit il est opposé au pouvoir – et donc convaincu le plus souvent du bien fondé de sa position. C'est une image encore très présente à l'esprit de beaucoup de Français. Dans le point qui suit nous entrerons dans l'esprit d'un historien. Quel impact, par exemple, la médiatisation a-t-elle sur les universitaires et sur leur façon de penser l'histoire ?

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23 mai 2011 1 23 /05 /mai /2011 17:20

L'empirisme est un courant philosophique qui apparaît en Angleterre à la fin du XVIe siècle défendu par Francis Bacon puis par John Locke, George Berkeley et David Hume. Pour ces penseurs, la connaissance vient de l'observation qui permet de dresser des lois générales par accumulation. Finalement, le premier principe est que l'empirisme se fonde donc sur l'expérience.

 

484px-Francis_Bacon-copie-1.jpgFrancis Bacon (1561-1626) est considéré comme étant le fondateur de l'empirisme moderne. Avant de connaître la nature des choses, nous devons nous débarrasser de nos préjugés, les idoles. Il distingue quatre choses : la nature humaine, l'individu, la langue et les écoles philosophiques. Sa démarche se fonde sur l'observation des faits qui débouche sur une hypothèse qu'il faut ensuite vérifier.

 

John Locke (1632-1704) va perfectionner le système. Pour lui, l'expérience vient de nos sensations et de notre réflexion. C'est donc l'idée que l'on ne peut connaître ce qu'est l'amour sans l'avoir expérimenter une fois dans sa vie (sensation). Le soleil se levant toujours du même côté et à peu près à la même heure il apparaît que cela doit être une propriété vraie (observation).

 

George Berkeley (1685-1753) pense qu'une chaise existe parce qu'elle est perçu par l'individu. Ainsi, une chose existe dans la mesure ou nous sommes capable de la percevoir. La perception tient une grande place. En fait, nous percevons une certaine réalité mais pas forcément LA réalité. L'esprit donne à la chaise sa réalité. Un arbre qui tombe dans la forêt ne fera du bruit que si quelqu'un est là pour l'entendre.

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5 mai 2011 4 05 /05 /mai /2011 23:08

george-berkeley.jpgBerkeley est né en Irlande en 1685 près de Kilkenny. Il fait ses études au Trinity College de Dublin en 1700 et enseigne à partir de 1707 puis devient prêtre anglican en 1709. Il entreprend un voyage à Londres puis s'en va en Italie et en France. Nous sommes alors au début du XVIIIe siècle.

 

Il s'installe à Newport sur la côte américaine avec son épouse en 1728 afin de fuir le délitement intellectuel de l'époque mais revient à Londres dès 1731. Il devient alors évêque de Cloyne trois ans plus tard et retourne même en Irlande pour finalement mourir à Oxford en 1753 à 68 ans.

 

Pour Berkeley, il faut cultiver un rapport intime à Dieu. Son système ce compose d'un versant négatif, l'immatérialisme (la matière n'existe pas), et d'un versant positif, le phénoménalisme (les corps sont des phénomènes immatériels réglés). En fait, ce que l'on perçoit ce sont les qualités sensibles qui constituent les corps réglés.

 

Son œuvre principale c'est le Traité des Principes de la connaissance humaine (1710), mais il y a aussi les Trois dialogues (1713). Il se pose la question de la vision des corps car en effet, comment pouvons-nous voir à distance des corps constitués de qualités sensibles ? Finalement, en partant d'une philosophie de la perceptions, Berkeley arrive à une pensée plus large.

 

Souvent, on parle de l'immatérialisme de Berkeley sans mentionner aussi son phénoménalisme. Il critique notamment les fondements du calcul infinitésimal. Berkeley a lu Descartes, Hobbes, Spinoza, Malebranche ou Locke. Il construit sa pensée lentement, cherche, tâtonne, explore les idées nouvelles.

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28 avril 2011 4 28 /04 /avril /2011 00:54

Ah, vraiment, dans quel monde vivons nous ? Il va mal susurrent-on encore... et la culture académique française aussi ! Après Claude Lévi-Strauss mort en octobre 2009, c'est Jacqueline de Romilly qui s'en est allée en décembre 2010. Plus récemment, en janvier 2011, le jeune écrivain de 91 ans seulement, Jean Dutourd, rejoignais ses aïeux.

 

Ah, la sagesse des Anciens, révérence suprême pour ces mortels immortels qui ne sont pour la plupart que des oubliés de l'histoire. Étrange paradoxe, n'est-ce pas, que ces gens que l'on croit mort depuis des lustres et qui, un beau jour, sans crier gare, décède par un hasard parfois salutaire, permettant à ces reliques d'avoir un dernier petit article dans un grand journal.

 

Au son des Quatre saisons de Vivaldi, partons, printaniers internautes, sur les chemins sinueux de ces hommes inconnus qui respirent la poussière d'une vieille dame immortelle, l'Académie Française... Nouveau hasard, nouveau paradoxe, une maison si "féminine" a connu de nombreux amants, jamais des amantes... Eh, eh... misogynes les Anciens ? Un tantinet tout de même...

 

Quel toupet ! À ma naissance, le 28 octobre 1989, la moyenne d'âge des membres est de 75 ans. Le plus vieux d'entre eux, l'antiquité des antiquités, date du XIXe. C'est toute une époque, n'est-il pas ? Ce charmant homme avait pour prénom Henri et pour nom Gouhier. Henri Gouhier, 91 ans, mort en 1994, avocat. Un brave type... Oh, je n'en sais trop rien en vérité...


gouhier.jpg

 

Henri Gouhier (1898-1994)

 

Un des derniers livres de ce Gouhier parle de Bergson. Ah, Bergson ! Ce prix Nobel de littérature fascina une génération entière d'intellectuels et notre cher Henri eut sans doute le privilège de lire les dernières publications du maître lors de son adolescence, de ses études... Lorsque naquit cet Henri Gouhier, en l'an de grâce 1898 un 5 décembre, la prestigieuse Académie regorgeait de grand noms.

 

Imaginez... nous parlons de Lavisse, Loti, de Broglie, Paris, Halévy, Prudhomme (vous savez le premier prix Nobel)... Bref, une belle brochette d'antiquités... Y siégeait même Émile Ollivier, ce ministre de Napoléon III... La moyenne d'âge, tenez vous bien, était de... 62 ans. Eh oui, moins importante... Peut-être est-ce dû à une élection plus jeune en tenant compte d'une moindre espérance de vie...

 

Le plus vieux a aussi 91 ans, comme Henri Gouhier en 1989. Il s'agit d'un parfait inconnu pour moi, Ernest Legouvé, mort en 1903 à... 96 ans ! Poète, romancier, essayiste, il accueilli le tsar Nicolas II en 1896 !! Donc, si vous avez savamment calculé son année de naissance vous avez du trouver 1807. En effet, il est né le 14 février 1807.

 

legouve_ernest.jpg

 

Ernest Legouvé (1807-1903)

 

Alors lui, concernant la composition de l'Académie a sa naissance là, je dois, dire, je connais fort peu de gens. Il y a tout de même Chénier, Lacretelle, le comte de Ségur, Portalis (le père du Code Civil !) et même un certain Lucien Bonaparte qui ne restera point le temps de son immortelle vie... Avoir un frère qui porte le nom de Napoléon Ier est parfois lourd à faire passer, même en étant immortel.

 

59 ans est l'âge moyen des Académiciens en 1807. Je ne referais pas une génération supplémentaire, rassurez-vous, mais j'ai voulu montrer par là, en partant d'un académicien (mon contemporain en quelque sorte !) jusqu'où nous pouvons remonter en trois générations : Gouhier, Legouvé et Thiard de Bissy. Bref, nous allons de 1989 pour arriver à 1807.

 

En fait, il serait possible d'écrire, à la Thibaudet, une histoire de ces trois générations des plus vieux académiciens vivants à trois dates différentes : 1989, 1898 et 1807. Ils sont morts très vieux, mais beaucoup d'autres sont mort âgés. Lévi-Strauss est mort à 100 ans et de Romilly à 97 ans ! Les immortels ont tout de même une longévité supérieur à la moyenne des français, non ?

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16 avril 2011 6 16 /04 /avril /2011 14:30

Le problème, aujourd'hui, concernant la planète, c'est la limite des ressources. Comment gérer la fin du pétrole et de l'uranium ? Que faire face à la crise de l'eau douce ? C'est un fait, la population mondiale connaît une forte croissance et donc une augmentation des besoins s'ensuit. Encore 2 milliard d'habitants meurent de faim. Pourtant, il est possible de nourrir toute la planète comme le montre le documentaire We feed the world. Ce film dénonce le gaspille des pays occidentaux, appel au retour à une agriculture traditionnel pour un consommation locale ou régionale et met en avant le développement des coopératives à l'échelle mondiale. Les paysans sans-terres brésiliens doivent être considérés au même plan que les paysans français qui subissent l'influence des “gros céréaliers”.



Pour trouver des solutions il faut mettre de côté l'aspect économique par un refus du productivisme et il faut aussi s'afficher le plus apolitique possible dans le sens d'une affiliation à un courant. Globalement, les partis écologistes sont rangés à gauche voire à l'extrême-gauche. Dénoncer la “dictature de la consommation” ne signifie pas renier la convivialité et la simplicité de la vie. Tout reste à inventer ou à ré-inventer. Certains écologistes vont plus loin. Paul Ariès, par exemple, appel à la création d'un tribunal compétent pour juger les crimes du nucléaire civile. Je suis entièrement favorable à une telle mesure. La catastrophe au Japon va avoir un impact écologique, humanitaire et économique énorme pour la planète sans que personne ne répondent devant les tribunaux des conséquences de cette catastrophe. Qui a répondu des conséquences catastrophiques de la marée noire au Mexique ? Personnes, mise à part un chef d'entreprise qui part en touchant des aggios et avec un parachute dorée.



L'incident dans la centrale de Fukushima n'est pas une catastrophe d'origine naturelle comme le fut le séisme, mais elle est humaine. Il est risible d'entendre les politiques mettres les problèmes sur le compte du séisme et du raz-de-marée. Ils n'y sont pour rien. La centrale était vieille, mal entretenue, connue pour avoir déjà eu des problèmes. La responsabilité de la catastrophe incombe aux dirigeants de Tepco et au gouvernement japonais. Le bilan de l'actuel Premier ministre risque d'être salée et l'Histoire va retenir son nom mais ce ne sera pas pour l'encenser. L'impératif de l'écologie doit être la sortie du nucléaire sans conditions. Recréer de l'espoir et de la solidarité ne se fera pas d'un claquement de doight. En France, beaucoup de gens n'ont pas encore l'éducation suffisante pour comprendre les problèmes environnementaux qui se posent à l'aube du IIIe millénaire.



Globalement, il faut lutter contre la marchandisation du monde. Un jour, va-t-on nous faire payer pour nous donner le droit de respirer l'hoxygène contenu dans l'air ? La situation devient absurde et intolérable à plus d'un titre. Je ne veux pas être moralisateur, mais les constats sont là. En 2010, la température moyenne a augmenté de 1°C et c'est, selon les climatologues, un record. Il faut remonter cent cinquante ans en arrière pour atteindre des seuils à peu pès équivalent. La question du profit se doit d'être posée : à qui profite le crime ? Toutefois, pour être aussi positif, optimiste, nous notons le développement des AMAP, du commerce équitable (en conflit avec la grande distribution), du développement durable... Est-ce simplement une mode que l'augmentation des voix pour Europe écologie ?



L'agriculture biologique progresse doucètement et la conscience de préserver l'environnement augmente. Les forêts françaises sont parmi les mieux gérées au monde. En 1950, il y avait 11 millions d'hectares de forêt. En 2007, il y en a 16 millions. L'espace boisé français représente plus ou moins 10% de la forêt européenne et se place 4e en terme de superficie derrière la Suède, la Finlande et l'Espagne. L'utilisation de pesticides, d'engrais et de produit phytosanitaire a été depuis les années 50 contrôlée par un certains nombres de directives européennes malgré des régressions ces dernières années. Historiquement, on constate que la France est un leader de l'agriculture biologique par la création en 1962 de l'Association française pour l'agriculture biologique puis de la création de Nature&Progrès en 1964 (qui compte en 1967 400 adhérents).Leader, certes, mais qui n'a pas réussit à s'imposer durablement (sans faux jeux de mots).

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12 avril 2011 2 12 /04 /avril /2011 00:17

Les comportements concrets adoptés par les Cyniques s’inscrivent dans le cadre de la morale cynique. La liberté de l’individu étant le principe fondamental à respecter le mariage devient un asservissement.


Par conséquent, le Cynique préconise de satisfaire ses besoins de la façon la plus naturelle possible, revendiquant délibérément la différence afin de contrefaire les valeurs traditionnelles pour leur en substituer de nouvelles.


L’homme occupe ainsi le bas de l’échelle, la divinité le haut et entre les deux se situe l’animal. La démarche cynique exige une conversion radicale impliquant la suppression de tout ce qui rend l’individu dépendant et c'est le refus de tous les interdits qui relèvent de l’arbitraire social.


Il s’agit pour l’individu de satisfaire ses besoins sexuels sans entrer dans les complications que la société a inventées. La sexualité cynique prend donc soit la forme de la jouissance solitaire, soit celle d’un acte amoureux avec une partenaire consentante.

 

Dans la République cela amène Diogène à admettre tous les actes naturels :

  • la communauté des femmes

  • la liberté sexuelle totale

  • l'hétérosexualité

  • l'homosexualité

  • l’inceste.

Diogène ne demande certainement pas à l’homme de régresser à l’état animal mais il constate seulement que l’animal s’en tire mieux que l’homme. Le plaisir naturel ne diffère donc en rien de celui que connaissent les animaux.


Ce plaisir n’est pas contradictoire avec la maîtrise de soi et la fermeté d’âme. Les comportements cyniques ne pouvaient qu’être provocants mais une forme de  provocation comme instrument pédagogique ! P

 

Finalement, pour sortir les gens de leur léthargie, Diogène, ne cesse de provoquer et d’être celui par qui le scandale arrive.

 

Source : link.

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17 février 2011 4 17 /02 /février /2011 20:06

Dans son Abrégé d'histoire romaine au livre III un certain Florus nous parle de Spartacus, de la guerre des esclaves même. Que connaît-on aujourd'hui de cet épisode? Pour répondre, je m'appuie sur une Histoire de la Rome antiqueécrite par Lucien Jerphagnon sur l'édition revue et complétée de 2002. Spartacus, donc, un gladiateur qui s'entraînait dans un centre à Capoue décide, un beau jour, de se révolter. En effet, sa condition et celle de ses camarades n'était plus tenable. Or, de simple soulèvement d'un groupe de gladiateurs, la rébellion prend une proportion supérieure. Les insurgés se réfugient sur les bords du Vésuve et il devient impossible de les y déloger. Spartacus était intelligent, fin tacticien, et Rome fut obligé d'aligner face à lui 3 000 hommes qu'il a écrasé. Cette défaite ve en fait transformer la rébellion en véritable guerre et Spartacus devient l'ennemi numéro un. L'Italie du Sud est ravagée par les esclaves et les gladiateurs au cours de l'année 72. Pour y mettre un terme, après avoir destitué les deux consuls en place, le Sénat charge Licinius Crassus de réprimer dans le sang la révolte. Ce proche de Sylla va, de l'automne 72 au printemps 71, retourner la situation en faveur de Rome. Spartacus meurt au combat et, dans l'intervalle, Pompée – revenu d'Espagne – massacre 5 000 insurgés en fuite. Crassus va, quant à lui, cruauté suprême, faire crucifié 6 000 prisonniers le long de la voie dite Appienne. Cet horrible supplice eut pour effet immédiat d'arrêter nette la révolte après quelques 12 000 morts. Que nous apprend cette “guerre des esclaves” ? Elle illustre la lente dégradation de la démocratie romaine. Voilà pour les faits actuellement connus. Qu'en est-il de Florus ? Dans quel contexte a-t-il écrit son ouvrage ? Quant l'a t-il écrit?

 

D'après le texte de Florus lui-même, il aurait vécu sous le règne de Trajan et sous celui d'Hadrien, mais plus particulèrement le premier, c'est-à-dire entre 98 et 117 AC. C'est alors l'époque de Tacite, de Pline l'Ancien et de Pline le Jeune, période prospère pour la littérature. D'ailleurs, Trajan, successeur de Nerva, est un empereur aimé par le peuple et dont la “bonne volonté” est manifeste. Il veut, de suite, rassurer les riches après l'épisode Domitien. En 93, cet empereur édicta même une mesure d'expulsion à l'encontre des philosophes italiens. Toutefois, à la mort de Domitien c'est l'âge d'or de la littérature. Un âge d'or durant lequel les plus vieux (Pline l'Ancien, Quintilien, Martial ou Plutarque) côtoient les plus jeunes (Pline le Jeune, Épictète, Tacite, Juvénal ou Suétone). Pour parler comme Thibaudet on peut dire être en présence de la génération des années 20 et celle des années 50. C'est aussi l'apogée du stoïcisme comme courant de pensée officielle avec un retour à la terre, à la vie des champs qui est prôné. De plus, l'époque est marquée par un goût pour l'ordre et la logistique. L'étude de l'histoire c'est alors Tacite, Suétone ou Flavius Josèphe. Jamais Florus n'apparaît dans un livre d'historiographie générale. On le retrouve mentionné dans le livre Le dossier Vercingétorixde Christian Goudineau (p.291-296). Il apparaît que c'est un rhéteur dont on ignore presque tout mis à part le nom de son unique ouvrage, Abrégé d'histoire romaine.

 

Alors, Florus est-il gaulois ou espagnol ? En fait, il presque certain qu'il était citoyen romain de la province, mais on ne peut rien affirmer de plus. C'est donc dans les années 130 à 140 qu'il rédigea sans doute son Abrégé de l'histoire romaine inspiré de Tite-Live. Son récit sur la Gaule en particuliers est miné d'erreurs et de maladresses, reproduisant les “clichés” de l'époque véhiculée sur les Gaulois. De fait, son style est un peu pompeux et ce qui le caractérise le plus c'est l'éloquence du discours, les “bons mots” et les “belles phrases”. Cette éloquence, Cicéron (contemporain de Spartacus !) nous dit qu'elle fut introduite par les Grecs. Ce qu'il faut aussi signaler c'est que son Abrégé ou Tableau n'est pas un simple plagiat de Tite-Live car l'auteur a conçu et résumé, synthésier brillament, l'histoire à sa manière. Un style qui, curieusement, semble bien allé avec les faits décrits. De plus, du fait de l'impératif du résumé, Florus ne prend pas la peine de critiquer ce qui peut amener son récit a un peu plus d'impartialité. Toutefois, il a un regard de romain qui ne fait aucun doute, à la fois vague et précis, ébloui par la grand des évènements et des personnages dont il raconte les hauts faits. Sa tendance à utiliser des “clichés” sur les épisodes qu'il connait le moins vraisemblablement, doitt amener l'historien d'aujourd'hui à la plus grande prudence.

 

De toute évidence, ce qui ressort de tout cela c'est le flou qui entoure l'auteur connu sous ce nom de Florus dont on connaît trois prénoms et un surnom. Est-ce à chaque fois le même auteur ? Toujours est-il que celui dont on parle a écrit un Abrégé de l'histoire romaine et c'est la seule chose que l'on soit en mesure d'affirmer de manière définitive. Quant à la date de rédaction, elle est connue très certainement du fait des données les plus récentes mentionnée par l'auteur. Et Nisard, dès 1865, d'expliquer que “tout ceux qui ont lu et jugé Florus l'ont loué d'avoir sur resserrer dans un petit volume les annales de plus de sept siècles ; d'avoir présenté tant de faits sans confusion et sans sécheresse, et au contraire avec autant d'ordre que de variété ; tous lui ont reconnu de la chaleur, de l'imagination et de la noblesse, l'art de semer son récit d'images vives, de traits brillants et de pensées énergiques, de caractériser les principaux évènements avec une précision qui était une nécessité dans les proportions de son livre et qui en fait le principal mérité.” Or, et comprend aussi pourquoi, Christian Goudineau n'est pas enclin à faire un aussi prompt éloge de Florus, même s'il n'hésite à louer ses mérites. Le ton général de cet Abrégéest celui du panégyrique, de la gloire de Rome en quelque sorte. On y trouve de l'emphase et des exagérations, mais il convient de dire aussi que la valeur historique du récit n'est pas la plus critiqué car sur plusieurs point il n'y a rien a redire et les références sont prestigieuse : Sénèque et Tite-Live notamment. Malgré une légère négligeance de la chronologie, il n'y a rien a dire sur les faits eux-mêmes, du moins concernant l'histoire de Rome se déroulant en Italie, parce que pour la Gaule...

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