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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 22:03

Déclaration de Viviane Reding,

Vice-Présidente de la Commission européenne responsable de la Justice, des droits fondamentaux et de la citoyenneté, sur l'évolution de la situation concernant les Roms.

 

Bruxelles, le 14 septembre 2010

 

« La Commission européenne a suivi de très près l'évolution de la situation concernant les Roms en France, au cours des dernières semaines.

J'ai été personnellement choquée par des circonstances qui donnent l'impression que des personnes sont renvoyées d'un État membre uniquement parce qu'elles appartiennent à une certaine minorité ethnique. Je pensais que l'Europe ne serait plus le témoin de ce genre de situation après la seconde guerre mondiale.

J'ai clairement exprimé mes doutes concernant la légalité des mesures françaises, dans ma déclaration publique du 25 août, faite de commun accord avec le Président de la Commission, avec qui j'ai travaillé étroitement sur cette question pendant l'été.

Le 1er septembre dernier, j'ai, présenté avec le commissaire Andor et la commissaire Malmström, une analyse juridique préliminaire des mesures françaises, au Président Barroso et au Collège des commissaires.

Cette analyse préliminaire a souligné, entre autres, que la France serait en violation des lois de l'Union européenne si les mesures prises par les autorités françaises lors de l'application de la Directive sur la libre circulation, ciblaient un groupe particulier de personnes sur base de la nationalité, de la race ou de l'origine ethnique.

Le Collège des commissaires a tenu un débat approfondi sur cette question la semaine dernière à Strasbourg.

Lors d'une réunion formelle avec les ministres français Éric Besson et Pierre Lellouche, la Commission européenne, représentée par la commissaire Malmström et moi-même, a reçu des assurances politiques qu'aucun groupe ethnique spécifique n'avait été ciblé en France. Cela n'a pas permis de dissiper nos doutes.

C'est pourquoi mardi dernier, j'ai aussi envoyé une lettre formelle au ministre français Besson demandant des informations supplémentaires à envoyer rapidement à la Commission.

Je regrette profondément que les assurances politiques données par deux ministres français mandatés officiellement pour discuter de cette question avec la Commission européenne, sont maintenant ouvertement contredites par une circulaire administrative de ce même gouvernement.

Le rôle de la Commission en tant que gardienne des Traités est rendu extrêmement difficile si nous ne pouvons plus avoir confiance dans les assurances données par deux ministres lors d'une réunion formelle avec deux commissaires et en présence de 15 fonctionnaires de haut niveau de part et d'autre de la table.

Vu l'importance de la situation, il ne s'agit pas d'un affront mineur. Après 11 ans d'expérience à la Commission, je dirais même plus, c'est une honte.

Soyons clairs : la discrimination basée sur l'origine ethnique ou la race, n'a pas de place en Europe. Elle est incompatible avec les valeurs sur lesquelles l'Union européenne est fondée. Les autorités nationales qui discriminent des groupes ethniques lors de l'application du droit de l'Union européenne violent aussi la Charte des droits fondamentaux de l'Union européenne, que tous les États membres ont signée, y compris la France.

Je trouve donc extrêmement troublant que l'un de nos États membres, à travers des actes de son administration, remette en question, de manière aussi grave, les valeurs communes et le droit de l'Union européenne.

Je souhaite aussi exprimer mon désaccord avec les déclarations faites hier par le Secrétaire d'Etat chargé des affaires européennes mettant en cause le rôle de la Commission européenne en tant que gardienne des Traités. Permettez-moi de rappeler le rôle de la Commission en tant que gardienne des Traités, qui est un des fondements de l'Union européenne

une Union qui existe, non pas par la force, mais à travers le respect des règles de droit adoptées par tous les États membres, y compris la France.

Je note que les autorités françaises elles-mêmes semblent prendre conscience que les évènements de ce weekend les mettent dans une situation intenable. Je note également qu'hier après-midi, le ministre français de l'Intérieur a signé une nouvelle circulaire éliminant les références à un groupe ethnique spécifique. Nous sommes en train d'en examiner les conséquences juridiques. Il est important que ce ne soient pas seulement les mots qui changent mais aussi le comportement des autorités françaises. Je demande donc aux autorités françaises une explication rapide.

La Commission tiendra compte de l'ensemble des évolutions ainsi que de toute autre documentation pertinente, dans son analyse juridique de la situation. Cette analyse juridique est conduite en étroite coopération par mes services, les services des commissaires Malmström et Andor, ainsi que le Service juridique du Président. Je m'attends à ce qu'elle soit finalisée dans les jours qui viennent.

Je suis personnellement convaincue que la Commission n'aura pas d'autre choix que celui d'ouvrir une procédure d'infraction à l'encontre de la France, sur la base de deux motifs :

- le premier : application discriminatoire de la Directive sur la libre circulation.;

- le second : défaut de transposition des garanties procédurales et matérielles prévues par la Directive sur la libre circulation.

Bien sûr, je donnerai aux autorités françaises le droit de soumettre dans les prochains jours leurs commentaires sur les nouvelles évolutions. Toutefois ma patience a des limites, trop c'est trop.

Aucun État membre n'est en droit de s'attendre à un traitement spécial lorsque les valeurs fondamentales et le droit de l'Union européenne sont en jeu. Aujourd'hui cela s'applique à la France. Et cela s'appliquera de la même manière à tout autre État membre, grand ou petit, qui serait dans une situation comparable. Vous pouvez compter sur moi. »

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 18:12

Après une message laissé par un Internaute, je me suis décidé à écrire ce court article simplement par honnêteté encore une fois. On m'a fait remarqué donc, que je mélangeais critique sur l'actualité, avec une certaine position politique (je ne suis donc pas impartial...), et articles plus ou moins ardus sur divers sujets. 

 

Je veux juste signaler à mes lecteurs que je ne souhaite pas faire de ce blog un blog universitaire, et donc avec un contenu purement scientifique... Non, car c'est pour moi l'occasion de faire part de mes lectures, de mes "coups de gueule" ou des  sujets qui m'intéressent sur le moments...

 

Parfois, certes, on me l'a signalé, je ne cite pas toujours mes sources... Les journalistes ne le font pas non plus... Je suis le plus rigoureux possible, mais il y a aussi un travail important quand on a décidé d'annoter tout ses articles... Travail qui, sur un blog comme celui-là, peux, dans quelque cas, être passé à la trape sans trop de problèmes...

 

Donc, orientation du blog ?

 

- Concernant les articles d'actualité ou ceux de la rubrique "My thinking" je recherche une certaine objectivité, même si il n'y a pas l'impartialité... Je suis tolérant envers les idées des autres, donc j'essaie de comprendre ceux que je critique...


- Concernant les articles "scientifique" je recherche la rigeur, bien sûr, mais aussi à être compris de tous, ce qui, dans certains cas, nécessite des concessions et donc de déroger à certaines règles...


- Objectif capital : je tiens bien sûr à délimiter ce qui relève de l'interprétation ou de l'actualité et ce qui relève d'articles plus scientifique et donc qui ne sont pas censé comporter mon point de vue (s'il n'est pas impartial, en sciences humaines, le chercheur ne vaut plus grand chose...)

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 08:31

• La marche vers la foi

 

Aurelius Augustinus n’est pas un lettré ordinaire. Celui que l’on appelle aujourd’hui saint Augustin est né en Algérie à Thagaste, actuelle ville de Souk-Ahras, en Algérie, le 13 novembre 354. Son père, Patricius, illettré, est citoyen romain d’origine modeste, et sa mère, Monique, est une fille berbère. Petite ville tranquille de Numidie, Thagaste existe depuis le début de l’ère chrétienne. Elle sera un siège épiscopal à l’époque d’Augustin. Peuplée avant tout de légionnaires réformés, de Berbères et de Puniques, la ville ressemble à beaucoup d’autres à cette époque et Patricius, le père d’Augustin, est un employé communal de l’époque. Sa mère est une femme chrétienne qui avait, selon son fils lui- même, beau-coup de foi. Malgré son inconstance morale, Patricius savait que seule l’étude permettait de faire quelque chose de sa vie. Il a donc économisé pour envoyer ses enfants à l’école. D’abord étudiant à Madaure, le jeune adolescent se retrouve, après une pause de deux ans, à Carthage. Augustin dira dans le livre III de ses Confessions : « Je vins à Carthage où j’entendais bouillonner autour de moi la chaudière des amours infâmes. » Plus tard il aura un regard critique sur cette période : « Je feignais d’avoir fait ce que je n’avais pas fait, avoue t-il sincèrement, pour n’être pas jugé d’autant plus méprisable que j’étais plus innocent et tenu pour d’autant plus vil que j’étais plus chaste. » C’est à cette époque qu’il rencontre celle qui sera sa femme et la mère de son fils, Adéodat. Il a alors dix-sept ans.

 

• La convertion : découverte de Dieu. 

 

387. C’est à cette date que saint Augustin va se convertir au christianisme. D’abord manichéiste, platonicien, stoïcien, lecteur de Cicéron et adepte de Plotin et de Porphyre, il s’ouvre à Dieu et au Christ. De cette découverte émanera, à la manière de la maïeutique socratique, c’est-à-dire l’art d’accoucher les idées, un des plus grands penseurs du Moyen-Âge avant Thomas d’Aquin. Théologien et philosophe, Augustin a donné au monde des idées un nouveau visage. La religion n’est plus une chose abstraite, mais elle devient intelligible. Quant à l’indépendance de la raison, elle s’oppose à la dépendance de la foi. C’est la foi qui révèle la vérité au croyant alors que c’est la raison qui lui apprend la vérité. La foi, en effet, suppose une sorte de découverte. Cette découverte, qu’Augustin appelle Révélation, c’est la découverte de Dieu, mais aussi de soi-même. Le problème qui se pose dès le départ est simple mais profond : est-ce la raison qui précède la foi ou est-ce la foi qui précède la raison ? Pour Augustin, il n’y a aucune hésitation à avoir : c’est la foi qui précède la raison. Dieu a donné la raison aux hommes donc la raison provient de Dieu. Rechercher Dieu revient à rechercher la raison. Dès lors, si la révélation apporte la foi, la foi apporte la raison, c’est-à-dire la compréhension intellectuelle du monde. Tout cela est bien joli, mais cette pensée n’a de sens que pour le croyant. Celui qui ne croit pas peut essayer de comprendre le croyant en se mettant à sa place, mais il perd l’essence même de la foi. La foi, fides, cherche à comprendre le monde et à guider le croyant vers cette compréhension.

 

• Je crois pour comprendre

 

« Credo ut intelligam », je crois pour comprendre. Pour comprendre, il faut croire. Or, pour avoir la foi, il faut comprendre. Donc, pour avoir la foi, il faut croire. C’est jusque-là d’une simplicité déconcertante. Seulement, un syllogisme ce n’est pas une preuve de vérité. Le syllogisme est juste logique. Une logique qu’Augustin n’hésite pas à qualifier d’absurde. « Je crois parce que c’est absurde. » Et parce que c’est absurde, la logique n’a en apparence rien de divin. L’absurdité remet en cause les contradictions humaines. Seulement, sans contradictions, il ne pourrait pas comprendre le monde, et donc de façon intrinsèque, il ne pourrait pas non plus comprendre Dieu. Finalement, l’absurdité fait partie intégrante de la compréhension de Dieu. Si l’on en vient à Dieu, disons qu’il est l’objet de la foi. Je crois en Dieu pour comprendre Dieu, car Dieu, pour le croyant, n’est pas n’importe qui : il n’y a rien ni personne au-dessus de lui, rien ni personne d’extérieur à lui, et rien ni personne n’existe sans lui. Ce constat ferait aujourd’hui bien rire nos astrophysiciens, mais il s’explique à l’époque parce que Dieu est la seule puissance transcendante. Il a créé le monde à partir du néant et donc de rien. Cela signifie dans l’esprit d’Augustin que Dieu existait avant le monde, et donc avant le temps. Dieu existe hors du temps et en dehors de toute chose. Il est partout et nulle part. Pour Augustin, « il y a trois temps, le présent du passé, le présent du futur et le présent du présent. » L’homme est prisonnier du temps, mais Dieu, lui, ne peut l’être car cela impliquerait qu’il ne connaîtrait pas le futur.

 

• La route vers le bien

 

Les choses surprenantes arrivent bientôt. On pourrait prendre Augustin pour un allumé ou un fou, alors qu’il n’en est rien. Le croyant doit aimer Dieu car c’est cet amour qui nous apporte le bonheur et qui permettra le salut de notre âme. Pour comprendre Augustin, il faut comprendre que sa pensée est celle de son temps. Désirer aller au Paradis, c’est désirer le Paradis en tant que tel : le reflet de Dieu. La liberté de l’homme sur terre est à ce prix : se conformer à l’ordre divin, à la parole de Dieu. Le croyant doit donc converser avec Dieu s’ilveut recueillir sa parole. Parler à Dieu était donc considéré comme naturel pour Augustin. Pour lui, la révélation faite à Jeanne d’Arc serait tout à fait normale. Il y a de quoi se poser des questions, mais comme les Chrétiens pensaient que les miracles étaient possibles, il faut faire avec. Les miracles supposent qu’il y a des malheurs, et donc le mal. Pour Augustin, faire le bien, être le bien incarné sur terre, c’est une liberté parfaite que possède l’homme. L’homme corrompu, qui ne tend pas assez vers Dieu, possède une liberté imparfaite. Celui qui est bon c’est celui qui est touché par la grâce de Dieu. L’homme ne peut-être bon que si Dieu en a décidé ainsi. Quelle chance ! Oui, mais cela signifie qu’il faut avoir la foi pour être bon puisque c’est Dieu qui nous accorde cet honneur. Pour faire le bien, il faut aussi raisonner. Il faut comprendre l’autre afin d’être capable de l’aider. Augustin en vient à s’interroger sur la notion de mémoire. Qu’est-ce que la mémoire ? C’est une sorte de carte d’identité personnelle. La mémoire est une faculté de la pensée. C’est elle qui nous permet d’avoir conscience du passé, du présent et du futur. C’est un peu la mémoire du temps. C’est elle aussi qui organise nos connaissances et qui permet l’intel-ligence et la volonté. On comprend, dès lors, que l’histoire tienne une place aussi importante dans la pensée d’Augustin. C’est dans la Cité de Dieu qu’il définit le rapport entre Dieu et l’histoire. Dieu a lui-même une histoire. L’incarnation de Dieu en homme permet de donner un sens à la Cité des hommes. Le Christ n’est pas seulement le fils de Dieu, mais c’est un homme mortel, accablé par le malheur, ne retrouvant le bonheur qu’au ciel : la Cité de Dieu.

 

• Augustin est-il fataliste ?

 

Il y a chez Augustin une sorte de fatalisme, mais un fatalisme qui repose sur une démonstration simple et naturelle alors que tout est complexe et surnaturel. C’est en cela que le génie d’Augustin est caractéristique. Il justifie notre dévouement à Dieu et la nécessité de se plier à sa parole. La Cité des hommes, le malheur et la mort, tends à devenir la Cité de Dieu, le bonheur suprême et la vie éternelle. Par cette quête du bonheur, fortement contestable selon moi, mais sincèrement défendue par Augustin, les Chrétiens justifient la conversion forcée des païens et autres hérétiques. Seulement, et c’est très important de le signaler, Augustin n’a jamais prôné la mise à mort des païens et autres hérétiques. En ce qui concerne la chute de la République romaine, Augustin l’analyse ainsi : « Là où il n’y a pas de justice, il n’y a pas de république. » Mort martyr, Augustin sera sanctifié par l’église catholique et même considéré comme Bienheureux chez les orthodoxes. Le penseur est universellement reconnu et apprécié comme étant l’un des plus grands philosophe et théologien de son temps. Concluons en entérinant un vieux débat. Augustin n’est pas un misogyne. Il prêche l’abstinence en matière sexuelle, mais il ne prêche pas contre les femmes. Alors qu’il était à Carthage, la ville « des honteuses amours », il rencontra de nombreuses et charmantes demoiselles, dont sa future femme et mère de son fils Adéodat. Par l’exemple d’Adam et Eve, Augustin estime que la sexualité appartient à un Idéal voulu par Dieu. Ce que notre penseur condamne c’est l’acte sexuel considéré dans sa seule recherche du plaisir charnel. Il affirme toutefois que « la totale abstinence est plus facile que la parfaite modération. » Sa pensée, en définitive, influencera le Moyen-Âge et en particulier des penseurs tels que Boèce, Anselme, Bonaventure ou Roland de Crémone. Plus près de nous, elle influencera Descartes, Pascal (la fameuse règle des trois concupiscences9), Malebranche, Leibniz ou encore Heidegger, Arendt ou Ricœur.

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17 septembre 2010 5 17 /09 /septembre /2010 07:31

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Galba (3 av. notre ère à 69 après notre ère).

 

"Il était d'une taille ordinaire ; il avait la tête chauve par-devant, les yeux bleus, le nez aquilin, les pieds et les mains tellement contrefaits par la goutte, qu'il ne pouvait ni souffrir une chaussure ni feuilleter ou tenir un livre. Il avait de plus au côté droit une excroissance de chair si considérable, qu'un bandage pouvait à peine la soutenir." (Suètone, Vie des Douze Césars)

 

Le 10 juin 68, Néron se suicide, abandonné de tous. Galba, alors en Espagne, est choisit pour être le nouvel Auguste par le Sénat. Il est même acclamé par la garde prétorienne. Ce légat est né le 24 décembre 3 avant notr ère à Terracione, près de Rome, en Campanie. Il a donc 70 ans ! Avertie de sa glorieuse nomination, il va mettre quatre mois pour atteindre Rome. C'est un petit record... de lenteur ! Le moins que l'on puisse dire, c'est que la situation n'est pas la plus calme qui soit. Les partisans de Néron sèment la pagaille en ville, le Sénat délibère et la garde prétorienne attend l'empereur. Bref, c'est l'anarchie !

 

Le préfet du prétoire, un certain Nymphidius Sabinus, va tenter sa chance. Il se vêtit des insignes impériales et veut se faire proclamer par ses hommes Auguste. Malheureusement pour lui, les soldats, qui attendent leur prime pour avoir trahis Néron, n'apprécient pas la plaisanterie... Le pauvre préfet est massacré (juillet 68). Il faut attendre encore plusieurs semaines avant de voir l'empereur faire son entrée dans la ville (octobre 68). Galba fait massacrer les partisans de Néron et il se choisit un Conseil. Il se compose de Vinius, un personnage cruel, de Laco, un lâche, bombardé Préfet du prétoire, et d'Icelus. 

 

L'empereur va demander la rétribution des gratifications distribuées par Néron. Pour se faire des amis, il y tout de même mieux ! Pour couronner le tout, séance d'amnistie : l'affranchi Halotus et l'ancien préfet du prétoire, un sadique, Tigellion. Enfin, pour s'achever, Galba refuse de payer la prime due aux Prétoriens. Il a tout faux et tout le monde à dos : le peuple, les notables et sa propre garde. S'en est fait de lui, avant même le début de son règne... Pour calmer le jeu, Galba adopte Pison le 10 janvier 69. Ce jeune homme de bonne famille est le petit-fils du Pison qui conspira contre Néron.

 

Le problème, là-encore, c'est que, par cet nomination, logique du point de vue de l'empereur, Pison étant, depuis toujours, comme son fils... Pour le reste de la ville, ça ne l'est pas... Othon, un général bourru et violent, était pressenti depuis le début. Fidèle des fidèles, pourtant ancien ami de Néron, il possède une bonne expérience de l'art militaire, une autorité incontestable, etc. Il prend peur, pense qu'il est disgrâcié. Il alerte les Prétoriens et marche sur le Palatin. Par ruse, un soldat fait sortir Galba du palais, l'emmène sur le Forum... C'est un piège, évidemment ! L'empereur est massacré. Othon, vainqueur, est le nouvel Auguste (15 janvier 69). 

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16 septembre 2010 4 16 /09 /septembre /2010 00:24

La bataille d’Andrinople – aujourd’hui Edirne en Turquie – a lieu le 9 août 378 entre les Romains commandés par l’empereur Valens et les Goths commandés par les rix Fritigern, Safrax et Alatheus. L’armée romaine n’avait pas connu de désastre aussi cuisant depuis les guerres puniques contre Carthage. L’armée romaine était forte de 49 000 hommes (dont 5 000 légions d’élites, 16 000 légionnaires et 28 000 auxiliaires) et 7 500 cavaliers (dont 1 500 cavaliers de la garde impériale, 1 000 cavaliers palatins et 5 000 équites.) L’armée gothique était quant à elle forte de 143 500 fantassins et 11 500 cavaliers. Les Romains commence par encercler le camp ennemi, mais, embusquée derrière les hauteurs, la cavalerie gothique se rua sur les cavaliers romains, bien inférieurs en nombre. Les Romains engagent le corps à corps avec des hommes dont l’effectif à diminué de moitié par la fuite des auxiliaires et des équites. Le tournant de la bataille arrive alors : l’infanterie romaine, parmi laquelle se trouve Valens, est encerclé par la cavalerie gothique. Valens et les généraux Victor et Trajan se regroupent pour former un noyau de résistance. Ils y restèrent tous.

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 22:42

L'année dernière, des cas de plagiats ont été repérés dans des travaux d'étudiants de deuxième année de licence. Nous avions eu, nous, pauvres petits étudiants de première année, le droit à une leçon de morale de quarante-cinq minutes par notre professeure d'histoire médiévale, madame Sansy. Je ne me sens pas, personnellement, concerné par le plagiat. J'ai cité mes sources la plupart du temps, et, si par mégarde je ne l'ai pas fait – il arrive parfois d'oublier des guillemets ou d'annoter une citation – il s'agit, le plus souvent, d'une erreur dû à une mauvaise relecture.

En ce jour de rentrée universitaire, dans un contexte sociale et politique tendu, nous avons eu le droit à une nouvelle leçon de morale sur le plagiat et sur les sources. Cela m'a fait repenser à ma série d'articles « Contre Onfray » (Contre Onfray (épisode 3) ). Je l'ai critiqué assez ouvertement, c'est vrai, après la parution de son livre L'affabulation freudienne(2010) parce que j'ai trouvé plus crédible le discours des « universitaires » que critique tant Onfray. J'avais d'ailleurs essayé d'apporter des éléments allant dans mon sens... Je reviens donc sur lui, car, dans un monde universitaire où des étudiants se font exclurent deux ans des universités françaises, le plus souvent pour des erreurs du à un manque d'expérience, par naïveté le plus souvent, il y a des docteurs en philosophie (ce qu'est Onfray, ne l'oublions pas) qui publient, pour être médiatisés, des livres quelques peu polémique (je parlais de l'essai il y a peu) et cela sans respecter les règles académiques.

En soi, est-ce un mal ? Non. De nombreux essais sortent, chaque mois, sur des sujets plus ou moins divers, et ces essais sont de plus ou moins bonnes qualités. Ce qui est, pour moi, dérangeant, c'est de constater que Michel Onfray s'oppose à l'université, qu'il juge assez négativement car c'est le sanctuaire du rigorisme intellectuel... Certes, encore une fois. Il peut avoir sa propre idée de l'université, lieu qui lui a donné, tout de même, un métier... Donc, afin de bien se démarquer, il créé l'université populaire de Caen. Le concept est louable et fort intéressant. D'ailleurs, à Fécamp, il y a une université populaire depuis 2007 (?) et elle fonctionne bien... Je vais assister à des cours quand les sujets me plaise. Il y en aura prochainement sur la Franc-Maçonnerie.

Le problème est que Onfray, dans ses cours, et non pas forcément dans ceux de ses collègues, il se sert de cela pour s'en faire une tribune. Il est frappant de constater que, un peu comme le font les professeurs du Collège de France, il publie un livre après un ou deux ans de cours... Il développe ses idées dans ses cours de l'université populaire, et, d'une certaine manière, il reproduit un mécanisme académique fort bien rôdé : il fait ses recherches, donne des conférences et publie des livres (voir Hypathie). C'est un pur produit de ce qu'il est le premier à dénoncer... N'est-ce pas la un manque de respect envers l'institution universitaire ? Une provocation ? L'agacement de Roudinesco se comprend, même s'il ne peut s'excuser par les propos qu'elle a tenue parfois. Onfray est certes plaisant à écouter... Je l'ai fais sur France Culture. Pourtant, une question demeure : qui vérifie ce qu'il affirme ?

Onfray se permet, je m'excuse par avance auprès de ses admirateurs fervents, de ces interprétations que l'on qualifie de lecture par « sous-entendus ». De plus, il use de la caricature, d'arguments ad hominem (c'est une technique de rhétorique !) et d'analogies plus que douteuses... Il va même bien plus loin. Onfray ose dire que Kant est le précurseur du nazi Eichmann, simplement parce que ce dernier a cité le philosophe allemande lors de son procès... C'est ce que l'on appelle, en histoire, un fâcheux anachronisme ! En fait, nous aurions affaire à un sophiste plus qu'à un philosophe.

Il est évident qu'Onfray n'est pas qu'un affabulateur - je ne veux pas entrer dans son jeu - mais il y a certaine dérives, quelque fois, comme l'expulsion des Roms, qu'il faut non pas dénoncer - je ne suis pas un juge - mais dont il faut mettre en garde les citoyens, et cela par "honnêteté intellectuelle" (si, bien sûr, cette expression à un sens encore aujourd'hui).

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15 septembre 2010 3 15 /09 /septembre /2010 01:40

Source : LEVY-BRUHL (Lucien), L'âme primitive, Paris, Presses Universitaire de France, 1996 [1927], "Quadrige", chap. II, p. 176 à 184.

 

Lévy-Bruhl s'appuie sur les travaux d'Elson Best, The Maori. Le wairua, chez les Maori, c'est l'âme ou l'esprit de l'homme. Il revêt deux aspects en apparence contradictoire. "C'est une qualité immatérielle qui survit au corps, et cependant on nous dit aussi que certaines pratiques magiques étaient employées pour détruire les wairua des ennemis, et causer ainsi la mort de support physique." (Lévy-Bruhl, p.177) Lorsqu'une personne rêve d'un endroit lointain, c'est son âme qui y a été transporté. Le wairua quiite le corps à la mort.

 

"Le mauri est un principe qui ne peut pas ainsi quitter le corps vivant." Là-encore, seule la mort le libère. C'est lui qui mesure et tempère les émotions primaires comme la haine,  la joie, la colère, la jalousie ou la peine... Le mauri est trois choses :

 

  1. 1) Une activité en nous.
  2. 2) Un principe physique de vie active ou un principe de vie tapu (=sacré), c'est-à-dire mauri ora.
  3. 3) Le mauri matériel, c'est-à-dire le talisman, un objet protecteur. Il faut faire entrer un dieu dans l'objet de l'intermédiaire du mana.

On peut faire, ici, le rapproche avec Halbwachs et son principe de mémoire culturelle (Halbwachs ). Lorsque le christianisme est arrivé chez les Maori, le mauri a été, d'après les Anciens, souillé et de nombreux malheurs se sont abbatus sur leur peuple.

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 16:55

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Hypatia, Charles William Mitchell, 1885

 

 

Hypathie   d'Alexandrie   (370­415)   était   une   philosophe   néoplatonicienne   dont   le   film Agora (2009) d'Alejandro Amenábar narre la mort en martyre. Ville­monde, Alexandrie est connue   pour   sa   bibliothèque.   Une   École   philosophique   y   était   implantée   et   le   restera jusqu'en 640. Hypathie était la fille du philosophe Théon avec qui elle étudia les thèses d'Euclide et de Ptolémée. Sa mort la fit davantage connaître que ses écrits. En effet, elle a été écorchée vive par des séides du patriarche de la ville, Cyrille.

 

Les sources


Le   peu   de   sources   dont   dispose   les   historiens   de   la   philosophie   et   de   la   pensée   en générale, sont plutôt favorable à Hypathie. Socrate le Scolastique, l'auteur d'une  Histoire ecclésiastique, était un chrétien de Constantinople. Il dénonce l'attitude de Cyrille. Notre chroniqueur décrit Hypathie comme lectrice de Plotin, et, nous explique t­il, elle connaissait parfaitement   la   pensée   de   Platon.   Charismatique,   sans   doute   assez   belle,   elle   avait   un charme qui la rendait apprécié de ses concitoyens. Un certain Damascius, dernier chef de l'Académie, nous le décrit déambulant dans la ville revêtue de sa toge blanche et interpellant ses concitoyens à la manière de Socrate. Un Jean de Nikiu, au VIIe siècle, critique Hypathie en l'accusant d'être une magicienne et une ensorceleuse. Seulement, Jean est copte, et il défend   Cyrille   d'Alexandrie   car   ce   patriarche   est   le   fondateur   de   l'église   copte.   Son témoignage n'est donc pas fiable.


Une universitaire moderne


Hypathie nous apparaît comme une véritable universitaire moderne, mêlant recherches, publications et enseignements. Elle prononçait des conférences devant un grand nombre d'auditeurs, un peu comme un professeur d'aujourd'hui qui fait cour devant les amphis des facultés. Hypathie   donnait   aussi  des   leçons   ''particulières''  à   un  auditoire beaucoup plus réduit. Ses leçons sont beaucoup plus poussées que les cours magistraux. Nous avons le noms   de   ses   étudiants :   Herculianus,   Olympius,   Ision,   Hesychius,   Euoptius   et son   frère Synesius, Alexandre, Théoctenus, Gaius et Auxentius. La plupart de ses élèves viennent des quatre coins de l'Empire et appartiennent à des riches familles de notables. Cela nous permet de noter la réputation d'Hypathie dans l'Empire d'Orient. Ses étudiant, d'ailleurs, formaient davantage une bande d'amis qu'une classe comme nous les connaissons aujourd'hui dans nos universités. Ils ont toujours respectés l'enseignement de leur maître toute leur vie, alors que certains d'entre eux étaient chrétiens. Bref, Hypathie serait une excellente professeure de fac.


Son enseignement


Je serais très cours sur son enseignement car c'est le point le moins connu. Nous savons qu'elle  a  lu  Plotin,   qu'elle   connaît  fort  bien  Platon  et Aristote  ainsi que  les  théories du fameux Pythagore, le système d'Euclide et celui de Ptolémée. Son enseignement est donc le plus   classique   qu'il   soit,   c'est­à­dire   le  quadrivium.  Nous   dirions   aujourd'hui qu'elle   est spécialiste   de   la   science   expérimentale.   Elle   donnait   des   cours   de mathématiques,   de géométrie, d'astronomie ou encore de musicologie. Il convient donc de « casser » un mythe la concernant : elle n'a pas révolutionné les sciences de son temps. Aucun de ses élèves n'est devenu un génie. Ils étaient, certes, de très bons érudit, spécialistes dans les domaines que leur enseignait Hypathie, mais ils ont fait, dans le meilleur des cas, d'excellents professeurs. Proche d'Oreste, préfet d'Égypte, qui était païen, cela aurait pu laisser entrevoir qu'elle le fut aussi. Or, nous pouvons affirmer, sans une grande marge d'erreur, qu'elle enseignait plutôt la tolérance, cherchant les points communs entre la théologie naturelle du christianisme et la philosophie   païenne.   Alors,  pourquoi   a­-t­-elle   été   tuée ?   Pour   ses   sympathies   envers   les païens ? Pour son amitié avec le préfet, hostile à Cyrille ? Par jalousie ou simplement par peur de sa notoriété et donc de son influence ?   


Le contexte politique


En 415, date de la mort d'Hypathie, c'est l'empereur Théodose II qui règne. Son entourage est chrétien et sa sœur, Pulchérie, jeune femme de quinze ans, est la véritable détentrice du pouvoir. Cyrille d'Alexandrie est un proche de la famille impériale, ou, du moins, il en est pas moins respecté. Évêque de la ville depuis 412, cet homme d'église est né vers 376 et probablement mort en 444. Brutal et sans états d'âme, le patriarche chassa de sa ville les Juifs avant de s'en prendre aux Novatiens (hérétiques chrétiens) et aux Païens. Le préfet de l'Égypte, Oreste, s'opposa souvent à lui, mais il ne put empêcher les massacres de 415 au cours desquels périt Hypathie. Rappelons toutefois que l'Egypte est considérée comme le propriété personnelle de l'empereur et que son préfet est le troisième personnage de l'Etat.
Commandant en chef et l'armée, il a le pouvoir d'un vice­roi et peut donc légiférer au nom du prince. Lorsque Cyrille tenta de tuer le préfet en lançant contre lui les prêtres intégristes de Nitrie il fut obligé de se soumettre à l'autorité impériale et des menaces pesèrent sur sa personne. Pour se venger, le patriarche fit arrêter Hypathie et la donna en pâture à ses oilles les plus furieux. Elle fut, comme je l'ai dit, écorchée, ses yeux furent crevée, puis, écartelée, ses membres furent éparpillés au quatre coins de la ville par le peuple en furie. La justice impériale, comme par un hasard fort douteux, ne fut pas rendue. Pulchérie tient alors les rênes du pouvoir. 

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14 septembre 2010 2 14 /09 /septembre /2010 13:15

Avons-nous affaire à une politique raciste ? L'accusation est peut-être osé,e mais tout porte à croire qu'elle ne l'est pas tant que cela. Viviane Reding, commissaire européenne de la Justice à qualifié de "honte" la politique des autorités françaises. Les expulsions collectives constituent une discrimination fondée sur la race. Pour le Parlement européen c'est la loi sur la libre circulations des biens et des personnes qui n'est pas respectée. Si le Parlement n'a malheureusement aucun droit et aucune possibilité d'agir sur les états fautifs, et notamment la France, la critique n'en est pas moins la bienvenue : ils critiquent la rhétorique provocatrice et discriminatoire des décideurs politiques.

 

En Franc, il y a une pétition de SOS Racisme qui a été mise en ligne hier. Il ne faut pas faire d'amalgame entre Vichy et le gouvernement actuel nous dit-on sans cesse. Pourtant, je viens de constater, dans la force des propos des députés, qu'il y a une dérive quelque part, et qu'elle n'a rien de licite. Certes, je n'irai pas jusqu'à dire que les hommes politiques français ont organisé les expulsions des Roms parcequ'ils sont Roms, mais simplement pour montrer que l'Etat possède encore une police et qu'ils sont capables de se montrer intransigeant. Vichy n'a pas fait mieux avec les Juifs. La France est allé bien plus loin que les demandes des Allemands. C'est une "honte" en effet. Curieusement, c'est la même réaction que l'on a devant la situation actuelle. 

 

Un sentiment est une réaction naturelle et profonde, qui est guidée par la raison... Il y a ici comme un sentiment d'injustice et de discrimination. Les Roms sont tabassés et massacrés dans le Nord de l'Italie, le tout soutenus par Silvio Berlusconi dont le silence est éloquent. Plus talentueux, le chef du gouvernement italien laisse faire, ne s'impliquant pas. Sarkozy est beaucoup moins talentueux, s'implique personnellement... D'ailleurs, dois-je rappeller les blagues racistes de certains membres du gouvernement, les propos prononcé sans le vouloir, etc. Ainsi, aujourd'hui nous avons affaire à des déportations de masse. Je note pour finir que, vous l'avez sans doute entendus, deux avocats ont fait passer des Roms en Belgique avant de leur faire repasser la frontière, ce qui, selon le droit européens, annule leur avis d'expulsion.

 

Je vous laisse vous faire une idée... Il y a des délinquants en France, bien Français, certains commettent des délits à l'étrangers, alors pourquoi en Roumanie (où il y a une assez forte communauté française) en Suisse ou ailleurs, on n'expulsent pas nos concitoyens ? Je pose la question en toute conscience, car ils pourraient... Ils ne le font pas... Pourquoi ? Peut-être parceque nous sommes riches, que notre gouvernement est capable de mobiliser l'armée pour sauver ses ressortissants... Que peuvent faire les Roms ? La plupart vivent dans des bidonvilles en marge de nos grandes villes et en Roumanie ils n'en veulent pas non plus... C'est donc une proie facile pour les autorités françaises... Je trouve bien qu'une voie européenne, officielle, s'élève contre cette stigmatisation qui prend une dangereuse proportion continentale (comme avec les Juifs

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11 septembre 2010 6 11 /09 /septembre /2010 15:04

Une distinction est faite entre le livre de reportage - qui saisit l'actualité immédiate, récente - et le livre univeristaire, oeuvre mûrement réfléchie, élaborée consciencieusement pendant plusieurs années. Les journalistes ne dédaignent pas écrire, de temps en temps, des livres d'histoire en fonction de l'actualité. La publication récente du Mélancolie Française (2010) d'Eric Zemmour chez Fayard/Denoël en est l'exemple parfait (Un essai historique intéressant ! ). Cependant, certaines revue, par leur format et leur présentation, ressemble davantage à un livre qu'à un périodique. La différence réside dans le fait que le livre n'a pas pour vocation de présenter l'actualité d'un sujet - comme c'est le rôle d'une revue ou d'un journal quotidien - mais de présenter l'actualité des recherches que l'auteur mènent sur le sujet en question. C'est une différence qu'il ne faut pas négliger. 

 

L'actualité, c'est-à-dire les nouvelles du jour, sont lié au livre car ce sont les journaux et les revues qui en font la plus grande publicité. Il est rare, même inimagineable, de voir le jeune auteur d'une thèse présenter son travail, quant bien même celui-ci serait publié. Par exemple, quel journal "grand public" (Le Monde, Le Figaro, Politis, etc) parlerait de la thèse La notion d'Etat dans la pensée politique chinoise et ses conséquences sur la scène internationale (Paul André, 2009, link), qui, pourtant, traite de l'actualité récente de ce grand pays. Je suis prêts à parier - pas trop vite, mais sans grand risque - que le même sujet abordé par un journaliste "spécialiste" de la question aurait donné un livre différent et sur tout les points. Si Paul André aborde son sujet d'un point de vue politique - comme le font beaucoup d'essayiste - il n'en reste pas moins un architecte, cherchant la qualité et la cohérence du propos avant d'analyser son sujet en fonction des préjugés que nous avons tous sur la Chine : dictature impérialiste, armée qui occupe le Tibet illégalement, tension avec Taïwan, bref, un gros méchant qui fait peur à tout le monde.

 

Ainsi, vous l'aurez compris, les journalistes "spécialisés" s'intéressent davantage aux rapports des pays qu'ils abordent avec l'extèrieur, plutôt qu'ils n'étudient le pays de l'intérieur, et, par exemple, comment les habitants perçoivent le régime de l'intérieur et surtout comment ils perçoivent l'extérieur. Quel vision les chinois lambda ont-ils de nous européens ? Personnellement, je n'en sais trop rien. En revanche, ce qu'il me semble être une réalité, c'est qu'un essai politique doit être rattaché à l'actualité du moment pour avoir un impact médiatique. C'est un point essentiel. Il y a aussi des essais, très bons, mais qui sont beaucoup moins médiatisés. Si L'Esprit des Lumières (2006) de Tzvetan Todorov n'est pas passé inaperçu, il se rattache indirectement à l'actualité en mettant en regard le mouvement d'idées de cette époque et notre monde actuel, celui du début du XXIe siècle. Il n'entre pas pour autant dans les travers des journalistes, c'est-à-dire la recherche de la polémique. 

 

L'essai s'intéresse davantage aux grandes questions du moment qu'à des sujets peu en rapport avec l'actualité ou la culture du pays. Il est étonnant de noter que le livre de Sylvain Gouguenheim, Aristote au mont Saint-Michel (2008) est été sujet à une polémique sur la place de l'Islam et l'impact de la culture musulmane sur l'Occident. En effet, l'auteur démontre que ce sont les grecs davantage que les Arabes qui ont été à l'origine de la foisonnant culture occidentale. Il y a un amalgame... Les Arabes ne sont pas nécessairement tous musulmans, et les musulmans ne sont pas tous nécessairement des Arabes. Les Pakistanais ne sont pas des Arabes et pourtant ce sont bien des musulmans. Qu'ont fait, objectivement, les intellectuels Arabes ? Ils ont véhiculé la culture grecque et ils ont empêché la disparition de précieux manuscrit. Seulement, il est indéniable que ce sont les grecs, notamment à Constantinople, qui sont restés les détenteurs de la connaissance des Anciens. Les Arabes se sont cantonnés dans le rôle de passeur du savoir, ou, alors, ils ont alimenté leur propre culture par des lectures personnels de Thomas d'Aquin, par exemple. 

 

Finalement, pour être un "succès de librairie", un essai doit proposer une vision générale de la question soulevée par l'actualité. Cette manière de faire permet d'éclairer un évènement en adoptant un regard emprunt de distance ; regard qui semble être impartial et objectif, bref qui semble être scientifique. Souvent, malheureusement pour les lecteurs, ce n'est qu'une illusion donné par l'auteur. Jacques Attali, en France, avec son Tous ruinés dans dix ans ? (2010), pose des question sur la dette publique et sur les réformes qu'ils faudraient mener, et cela en regard direct avec l'actualité. Or, il ne propose pas de réels réponses. Voilà ce que dis la présentation de l'éditeur sur Amazon : "Jamais, sauf en période de guerre mondiale, la dette publique des grands pays de l'Occident n'a été aussi élevée". Certes, mais on le sait... Il faut donc se méfier des essais qui se veulent scientifiques sans être écrit par des spécialistes "qualifiés" et non des spécialistes, disons, "de terrain"... Attali n'est rien d'autre qu'un essayiste de haute volée, certes, qui, je pense - mais je n'en mettrai pas ma main à couper - essaie de donner des sources fiables, etc... Seulement, il n'est pas objectif, encore moins impartial...

 

L'essayiste, et je conclue là-dessus, se place souvent de son point de vue, défendant ses idées, et non une thèse réfléchie et construite en présentant les arguments adverses tout en démontrant qu'ils sont infondés, inadéquats, puis, avec brio, amener ses propres arguments sur la table...

 

 

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Présentation

  • : La Crise des Consciences
  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
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