Jean Bottéro (1914-2007) est un spécialiste du Moyen-Orient ancien, notamment de la célèbre cité de Babylone, mais surtout de la Mésopotamie, berceau de l'humanité (après l'Afrique bien sûr !). La Mésopotamie. L'écriture, la raison et les dieux (1987), est un des nombreux livre qui compose ma bibliothèque. Paru chez Gallimard, il est disponible en poche dans la collection Folio Histoire n°81, réédité en 1997, sans doute revu et complété. Je possède l'édition de 1987, et donc ne peux affirmer s'il y a eu des changements. Souvent, lorsqu'il s'agit d'érudit de la qualité de Jean Bottéro, il reviennent sur leur thèse qu'en cas de découverte majeure. Tout le monde le sait, ce sont les Sumériens qui ont inventés l'écriture. Qui, par contre, sait qu'ils étaient aussi Mésopotamiens ? Qui connaît leur histoire ? En fait, nous savons peu de chose sur eux. L'imaginaire collectif, qui sélectionne, tri les faits, nous en donne une image idéalisée, souvent orienté, est loin de la réalité, ou, du moins, elle se réfère à une certaine réalité...
Dès le début de son ouvrage, Bottéro nous parle de la naissance de l'Occident. Israël, avec la Bible, et la Grèce, avec la philosophie, ont souvent été les civilisations misent en avant pour parler de la genèse de l'Occident. Certes... mais qui songerait à la Mésopotamie ? Cette lointaine province, actuellement située en Iran, fut le lieu d'une civilisation prospère et la plus puissante de son temps. Il y a 6 000 ans de cela. Plonger dans ce monde ancien procure une sensation bizarre. L'impression d'une proximité certaine entre eux et nous est indéniable. Cultivé, belliqueux, attachés à leur terre, innovants, etc., ils ont de quoi nous faire ombrage. C'est avec une passion certaine que l'auteur de ce livre nous retrace l'histoire de cette prestigieuse et complexe civilisation. Elle a inventée l'écriture cunéiforme tandis que les Sémites, dont descendront les Arabes, inventeront leur écriture peu après, et par là celle que nous utilisons aujourd'hui encore. Il est évident que l'écriture chinoise ressemble bien plus au Sumérien et à l'Akkadien qu'aux langues latines.
Je ne détaillerais pas le contenu du livre et vous laisserait le découvrir pour ceux que l'aventure tenterait... Fort bien écrit, du moins de mon point de vue, il reste aussi très érudit et n'est pas un ouvrage de vulgarisation... Certains passages m'ont semblé incompréhensible, notamment lorsqu'il développe des éléments de linguistique... Il parle aussi des dieux, de la religion donc, de la politique, dont le rituel et le symbole inspira sans doute l'Egypte de ces rois appelés pharaons...