Envisager la fin de la civilisation Occidentale fait peur à plus d'un. Pourtant, il est facile de donner des arguments allant dans ce sens. Avant de vous les donner, allons envisager une autre question, c'est-à-dire celle de savoir si nous ne somme pas, en fait, en pleine Pax Romana. En effet, depuis 1945, il n'y a pas eu de guerre en Europe de l'Ouest. Les frontières sont protégés et il y a une lutte intensive contre ceux que l'on appellent les clandestins. De plus, l'espace Schengen, depuis 1985, garantit la libre circulation des marchandises et des personnes. Finalement, la tentative la plus fédératrice, est la création de l'Union européenne, fondée sur le Traité de Rome en 1957, sur le Traité de Maastricht en 1992 et, récemment, sur le Traité de Lisbonne en 2007. La création d'une monnaie unique, l'euro, en 1999, est aussi une volonté communautaire clairement affichée. Le fait que vingt-sept pays appartiennent à cette Union est pour le moins significatif. Le fédéralisme est souvent garant de la paix.
Seulement, comme je viens de le dire, il est possible de relever les traces d'une fin prochaine de la civilisation Occidentale, c'est-à-dire d'ici un ou deux siècles. Ce genre de spéculation n'est jamais aisée à faire puisque, avec la plus grande des chances, ce que je vais dire fera bien rire les contemporains du 23e siècle. Enfin bon, tentons toujours. Depuis une dizaine d'année, il est possible de noter un repli identitaire dans la plupart des pays d'Europe. Cela est traduit par la montée des partis d'extrême-droite lors des élections nationales ou européennes. Toutefois, allant à contre-courant de cette analyse, il y a aussi un intérêt accru des citoyens européenne pour l'écologisme et les idées valorisant la protection de la planète et de l'environnement. Dans l'ensemble, hélas, l'effritement des valeurs humanistes du 18e s., des droits de l'homme et du citoyen nés de la Révolution française, ainsi que l'émergence d'une Organisation des Nations Unis au 20e s., montrent les difficultés de l'Occident à se forger une identité propre dans un monde capitaliste et une économie de marché qui ne connaît pas les frontières et qui s'assoit totalement sur les particularités locales, que ce soit culturelle, religieux ou politique.
Finalement, la régression de la culture des Lumières du 18e s., le rejet même du passé, est un signe peu encourageant pour le maintient de la civilisation Occidentale telle qu'elle est apparue aux 15e et 16e siècles. Tout cela pourrait nous laisser penser que le 21e s. a de forte chance d'être un siècle de changements radicaux ou un siècle de régressions radicales. Toutefois, comme toujours avec une vision aussi tranchée, aussi bipolaire, il est nécessaire de nuancer. Le repli identitaire que connaît l'Europe est un signe de malaise. C'est pourquoi je ne retiendrais pas cette hypothèse comme signe de la fin prochaine de la civilisation Occidentale. Il est évident que cette cause, si elle existe, est plus profonde. Le fait que l'Europe a toujours été en retard sur le plan du développement de l'espèce comme le montre fort bien Baechler, ne signifie pas qu'elle le soit indéfiniment. De fait, on peut alors émettre une hypothèse que j'ai défendu, qui est de dire qu'en fait de repli identitaire, ce serait plutôt la recherche d'une identité à laquelle on assisterais. Il ne faut pas oublier que l'Union européenne a tout juste cinquante ans. Personne, instinctivement, dans son être le plus profond, va se penser « européens ». Non. Avant tout, un français à un regard de français, avec tout ce que cela implique sur le plan des valeurs, de l'histoire, de la religion, de la culture en générale. En fait de civilisation, nous serions dans une transition qui nous conduirais en fait vers une civilisation européenne à proprement parlé, c'est-à-dire une Union des pays du continent tout entier. Les plus nationalistes pourrait parler d'une reconstruction pacifique de l'Empire romain ou, plus modestement, de l'Empire de Charlemagne.
Quant à choisir entre les deux options, je ne puis, puisqu'en l'occurrence nous n'avons pas encore assez d'éléments pour trancher. À vous de choisir.