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3 février 2010 3 03 /02 /février /2010 00:49

Les élections de 2009

Les élections présidentielles de 2009 en Iran ont permis à Ahmadinejad de retrouver le pouvoir avec officiellement 62,6% des voix. Moussavi, son adeversaire direct, est derrière lui avec 33,7% des voix. Dès l'annonce des résultats, des fraudes ont été dénoncées. Personne ne comprend les résultats officiels. Moussavi annonçait sa victoire le soir même, peu après le dépouillement. Il doit se rétracter car Ahmadinejad vient d'être reconnu vainqueur. Moussavi ne comprend plus. Officieusement, et selon le journal Libération, il serait en tête avec entre 19 et 21 millions de voix (45 à 46%) devant Ahmadinejad (5 à 11% seulement). Il devait y avoir un second tour. L'ancien président de la République, Khatami, qui soutenait Moussavi, a condamné assez nettement les répressions et l'irrégularité du scrutin. Cet homme de culture semble avoir été "intimidé" pour ne pas se représenter (il a été agressé le 10 février 2009). 

Un coup d'Etat "électoral"

Ahmadinejad vient bel et bien de réaliser un coup d'Etat "électoral". Wikipédia, les jours qui ont suivit l'élection, ont refusé une de mes analyses qui dénonçait un coup d'Etat et qui expliquait pourquoi le président sortant avait intérêt à gagner. Aujourd'hui, pour être un peu plus en accord avec l'actualité, l'encyclopédie libre préfère la question : "Un changement de régime?" Enfin, les admins acceptent - en janvier 2010 ! - de parler "d'un coup d'Etat interne au régime." Tout cela est un peu trop mou face a deux hommes aussi dangereux que Khomenei et Ahmadinejad.

La répressions des manifestations de protestations sont un signe symptomatique d'un régime qui change de bord. Il passe de la démocratie à la dictature. Réprimés dans le sang, les rares images qui nous parviennent montrent des pick-up de la police foncer sur des hommes pour les écraser, une jeune femme se faire assassiner à bout portant par un mercenaire en civil. 3 000 arrestations effectuées, de très nombreuses tortures et un remake des procès de Moscou versus Ahmadinejad. Deux opposants - emprisonnés avant les élections - sont accusés de complot contre le pouvoir, de trahison... Ils ont été, cette semaine, condamnés à mort. Ils seront exécutés en février dans l'indifférence général de la communauté internationale.

L'état de l'Iran en 2008

Le clivage entre conservateurs (Ahmadinejad) et réformateurs (Moussavi) marque la vie politique du pays depuis les années 90. Ce clivage ressemble à celui entre démocrates et républicains aux Etats-Unis. 

Politique intérieure

- Crise économique : La droite, au pouvoir depuis 2004, est divisée. Le général Rezaï, conservateur, s'est présenté contre Ahmadinejad aux élections de 2009. La majorité du président critique sa politique économique désastreuse pour les classes populaires. Cette politique est qualifiée d'innapropriée et de laxiste. Elle est aussi très inflationniste. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. L'inflation est de 15% fin 2007 et elle passe à 30% fin 2008 début 2009. Les caractéristiques de la crise sont les suivantes :

* une croissance faible de 1,4%

* une dette extérieure importante,

* un PIB peu élevé de 602 milliards de $ pour 70 millions d'habitants (la France a un PIB total de 1 900 milliards de $ pour 62 millions d'habitants)

*enfin, une politique des "crédits" (pots-de-vin) pratiquée par Ahmadinejad.

Même la politique étrangère du régime a des répercussions sur le plan bancaire. Les sanctions américaines, à ce niveau, peuvent être coûteuses à long terme. La baisse du taux directeur entraîne une dévaluation le rial (la monnaie nationale) vers une dévaluation et donc une crise monétaire interne d'ici peu de temps.

- Crise politique : Deux conceptions de la politique s'oppose en Iran :

1/ Celle d'Ahmadinajad, radical et populaire, qui se traduit par un régime autocratique et autoritaire. La tendance est plus la "dictature" que la démocratie.

2/ Et celle de Moussavi et Khatami, réformatrice et laïque, qui se traduit par un régime tolérant et appaisé au niveau international. La tendance est doncà la démocratie "à l'occidentale."

- Crise religieuse et ethnique : Lors des manifestations de 2009, on observe une forte présence des membres du clergé. Depuis 2006, environ, les problèmes de l'Iran se rapprochent de ceux des pays Arabes. Pourtant, Perses par leur histoire, les Iraniens forme un peuple unique en son genre et dont la personnalité est très forte. L'indignation des Turcs, qui sont attaqués médiatiquement, est très violente, et celle des sunnites contre les schiite l'est tout autant (ils ont même organisés des attentats à Zahedan et dans les alentours.)

Crise extérieure

Le conflit pour le "nucléaire iranien" est un des dossiers les plus sensible - avec le réchauffement climatique et le terrorisme - de ce début de siècle. L'Union Européenne, alliée avec les Etats-Unis, s'inquiète de l'enrichissement d'uranium en Iran. Les sanctions, très ciblée et très techniques - ne suffisent pas. La réélection de Ahmadinejad est mauvais pour les Iraniens et pour la communauté internationale. Moussavi, sur le dossier, aurait été sans doute plus conciliant. C'était d'ailleurs - sans l'avouer - le candidat des Etats-Unis et des Européens. Le "coup de théâtre" des élections 2009 a pris tout le monde à la gorge. Israël commence à trembler, et, à plus ou moin long terme, risque de faire un faux pas contre l'Iran. Iran qui pourrait alors acter de la légitime-défense pour "essayer" ses armes de destructions massives.

Bref, en conclusion, il est important de noter qu'une crise économique et sociale, ainsi qu'un conflit politique intense, mêlé a un jeune clergé réformateur, ne pouvait pas - logiquement - aboutir à la réélection de mister Ahmadinejad. Chacun se ferra son idée, mais je l'affirme haut et fort : l'Iran est désormais, grâce à la bêtise d'Ahmadinejad et de Khomenei, une dictaure.      

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commentaires

M
<br /> La politique iranienne est en effet dangereuse pour le monde. En tout cas, thanks you (lol!) pour cet éclairante analyse.<br /> <br /> <br />
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Présentation

  • : La Crise des Consciences
  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
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