Qu’est-ce que sont les Lumières ? Tous ceux qui ont fait un peu de philo au Lycée, connaissent, où ont entendu parler du fameux texte de KANT. Les Lumières, dans l’analyse la plus large du mouvement de pensée, va créer les conditions nécessaires à l’émergence des courants politiques du XIXe siècle. Tzvetan TODOROV, dans L’Esprit des Lumières (2007), reprend un travail de recherche effectué pour une exposition virtuelle de la BNF (voir ici : http://expositions.bnf.fr/lumieres/index.htm) Cette pensée repose sur plusieurs points importants, qui sont encore des éléments très contemporain, même si nous assistons, comme le dit fort justement Pierre Rosanvallon (en parlant de l’égalité), à un « grand retournement ». La Révolution française a tout fait pour libérer la société de l’autorité religieuse, en soumettant les officiants de l’Église catholique à un sévère régime de restriction de la pratique du culte. Ajoutons que, assez paradoxalement d’ailleurs, si le XVIIIe (mais les XIXe et XXe ne sont pas beaucoup mieux) fut misogyne, il prône l’éducation et laissent aux femmes de la bourgeoisie le soin de s’occuper de ses enfants. C’est évidemment l’idéal de ROUSSEAU.
En philosophie, le XVIIIe siècle repose sur deux principales notions, pour simplifier à l’extrême : la raison et l’expérience. Prenons l’exemple de BERKELEY (1685-1753), qui n’est pas à proprement parler un philosophe des Lumières. Il a élaboré la théorie dite de l’immatérialisme. Ce que nous connaissons, dit-il, nous nous le représentons sous la forme d’idées. Par exemple, une table (une chose faite de matière) existe simplement parce que nous savons (par la raison), qu’une table correspond à telle idée. La table n’existe pas pour un martien qui verrait cet objet de l’extérieur car il n’a pas « l’idée » de ce qu’est une table. Pour BERKELEY, les choses existent parce qu’elles sont incarnées par un esprit supérieur qui peut-être Dieu. Un corps n’existe que parce qu’il est perçu comme tel. Une table existe comme table parce qu’elle est perçue par nous comme étant une table. En fait, adapter à l’éducation, on a une conception très aristocratique : être quelqu’un c’est être tel qu’on nous perçoit. En fait, un bourgeois est bourgeois parce qu’il est perçu comme tel par la société. Ce n’est pas idiot du tout comme vision des choses. Percevoir des odeurs n’est possible que si l’on possède ce sens. En revanche, étant anosmique (je ne sens pas les odeurs), il est possible de percevoir l’effet d’une odeur, non par l’expérience de l’odeur, mais par la seule raison (je sais que tel ou tel chose ça sent pas bon). Il ouvre le chemin vers l’idéalisme, notamment celui des philosophes Allemands. La table n’existe pas indépendamment de la façon dont nous allons la penser.
Cette pensée philosophique de l’abstraction va se compléter par une vision des choses fondée sur l’expérience, notamment sur l’expérience scientifique. C’est l’essor, entre autre de l’astronomie et de la physique, avec NEWTON (1642-1727) et sa pomme qui lui tombe sur la tête. Il faut imaginer ce qu’a été sa découverte simplement avec un fruit qui tombe d’un arbre. C’est quelqu’un qui se pose des tas de questions. Reprenons du début. NEWTON cherche à comprendre par quelle force la Lune est « attachée » à la Terre. Lorsque la pomme tombe (il y avait des vergers dans la ferme familiale) il se dit que c’est la même force qui maintien la Lune dans l’orbite de la Terre. On parle de loi de la gravitation que l’on explique par la force du même nom. En fait, on parle de l’attraction d’un corps sur un autre corps. C’est une banalité au XXIe siècle (quoi que…).