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6 novembre 2010 6 06 /11 /novembre /2010 19:27

LA MUTATION HISTORIOGRAPHIQUE DES ANNÉES 70

 

 

 

 

Peter Brown, historien de l'Antiquité tardive, possède une culture polyglotte, une incroyable curiosité intellectuelle et une connaissance du terrain non négligeable. Peu intéressé par l'explication du passé en lui-même, il préfère s'attacher aux détails, à ce qui est singulier. De ce fait, Brown privilégie la forme de l'essai davantage que l'étude universitaire proprement dite. Il refuse notamment de trouver des causes à tout les évènements ou phénomènes historiques et il n'essaie pas de démontrer mais il tente d'expliquer. En revanche, concernant ses recherches, Brown ne parle plus de rupture entre l'Antiquité et le Moyen Âge, mais il préfère y voire une continuité caractérisé par l'apogée de l'Église. Brown récuse les mots de « déclin » et de « décadence » car il n'ont pas de sens concernant les époques étudiées.

 

L'anachronisme

 

Le problème principal de l'historien c'est l'anachronisme. Lucien Febvre lutta avec force contre lui car il empuante la discipline, et ce encore aujourd'hui. Dans ce cadre, l'histoire des mentalités joue un rôle important. L'objectif du professionnel est ici de comprendre comment les contemporains d'une époque pouvaient penser. Il est donc nécessaire que le spécialiste pèse ses mots lorsqu'il aborde la chute de l'Empire romain d'Occident ou le règne de Louis XIV. Par exemple, le terme république n'avait pas le même sens pour un citoyen romain du IVe siècle que pour un sujet français de sa Majesté au XVIe siècle. Dès lors, on comprend l'intérêt que Febvre éprouve pour le concret davantage que pour l'abstrait. Ce jeu des mots et des nuances va permettre l'émergence d'une « révolution » historiographique. Notons que nous parlons de nos jours des « Féodalités » ou des « Réformes » et non plus de la « Féodalité » ou de la « Réforme ». Le champ des interprétations est multiplié tout en augmentant l'abstraction, dans une certaine mesure... Il n'existe plus une seule façon de percevoir notre monde, mais plusieurs visions, chacun pouvant avoir la sienne. Au yeux de Febvre, il est assez éloquent de constater que l'Antiquité, le Moyen Âge ou la Renaissance, n'ont pas de sens véritable puisque le changement n'est possible que dans la continuité. Cette approche peut apparaître comme étant empreinte de conservatisme. Pourtant, elle est fondamentale pour comprendre l'historiographie de ces trente dernières années.

 

L'humain doit-il être remis à l'honneur ?

 

Remettre de l'humain au centre de l'étude de l'histoire reste une priorité du XXIe siècle. L'Université est encore très influencée par l'histoire économique et sociale ce qui réduit assez considérablement la place des hommes pris comme individu et non plus pris comme un collectif qui, par une sorte de mécanisme de groupe, réfléchirait et agirait dans un même élan. Certes, le collectif est important, mais il ne faut pas oublier qu'il est composé d'êtres humains plus ou moins connus. Penser l'histoire de cette façon fut la norme pendant des années, notamment sous l'influence des thèses marxiste. Febvre, chez qui il y a une pointe d'optimisme, tend à s'éloigner de cette vision de l'Histoire. L'intérêt pour le travail du géographe Paul Vidal de La Blache fut considérable. L'auteur du Tableau géographique de la France, publié dans l'Histoire de France de Lavisse, est encore une référence en la matière. Le milieu dans lequel vive les hommes a donc un intérêt bien plus important qu'on ne peut l'imaginer. Parler d'un philosophe, d'un écrivain, d'un homme politique ou d'un savant, c'est du pareil au même... Chaque homme illustre, chaque grands hommes comme les appelle Hegel, ont une influence sur leur milieu, quel qu'il soit. La notion d'espace, finalement, revêt un intérêt particulier encore de nos jours.

 

Ce qui ressort de tout cela, en définitive, c'est la question de l'érudition et de la langue, de l'écriture et du débat méthodologique... De la pédagogie donc... Nous pouvons poser la question suivante : comment enseigner l'histoire ?

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  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
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