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30 septembre 2010 4 30 /09 /septembre /2010 21:00

L'homme

 

baechler.jpgJean Baechler est né en 1937. Historien de formation, docteur ès Lettres, il sera enseignant dans le secondaire puis à la Sorbonne. Chargé de conférence de sociologie à l'EHESS, chargé de séminaire dans plusieurs universités parisiennes , il devient finalement professeur de sociologie historique à la Sorbonne. Il évolue aussi au CNRS où il monte les échelons. Il va collaborer à de nombreuses revue, notamment L'Année sociologique et cela depuis 1987.

 

Il s'intéresse aux phénomènes révolutionnaires, puis au capitalisme, publiant dans la foulée Les suicides (1975), avant d'en arriver à la notion "d'idéologie" puis à la démocratie (voir son livre - un pavé de 700 pages - Démocraties publié en 85). Après une longue parenthèse anthropologique, il en revient au travail de ces dernières années, qui forme une sorte de tout cohérent.

 

Bibliographie (dix dernières années)

 

- Nature et Histoire (2000)

- Esquisse d'une histoire universelle (2002)

- Les morphologies sociales (2005)

- Agir, faire, connaître (2008)

- Les matrices culturelles (2009)

- La nature humaine (2009)

 

Ses recherches récentes

 

Les ouvrages marqués du signe dans la bibliographie forment une suite dans laquelle il essaie de répondre à la question suivante : comment fonder une étude du règne humain ? C'est un travail qui s'apparente à celui de l'anthropologue, et qui est fort proche de celui-ci. "L'hypothèse, nous dit-il, exige que soit clarifié deux concepts : celui de civilisation et celui de matrice culturelle."

 

Baechler pense que le propre de la nature humaine est d'être virtuel. Nous devenons en fait humain dans des cercles culturels de tailles variables. La langue est programmé en nous car nous sommes fait pour parler. Seulement, pour parler, il faut un apprentissage. Notre auteur le rappel par ailleurs : nous ne sommes pas prédisposé à apprendre telle ou telle langue.

 

a) Nature et culture.

 

L'un ne va pas sans l'autre et nous avons en fait trois notions : culture, civilisation et matrice (=aire) culturelle. Baechler note qu'il y a des cercles culturels de dimensions très variables que l'on peut distribuer entre :

               -> des cultures "primitives"  : cercle étroit de 500 à 1000 individus et dont la vie historique est courte.

               -> les civilisations : celle chinoise par exemple ; vaste territoire et durée de vie d'à peu près 5 000 ans.

 

Il y a des milliers et des milliers de cultures mais un nombre fort limité de civilisations Baechler nous dis entre 5 (parfois 7) que sont les civilisations indienne, européenne (ou occidentale), amérique précolombienne, africaine et chinoise).

 

La civilisation européenne, par exemple, a eu un développement particulier et inédit dans l'espèce humaine. Il y a en effet un bouleversement de la condition humaine elle-même. Mais il semble que les productions culturelles aient été affecté en profondeur.

 

b) Les matrices

 

Baechler distingue trois ensembles culturels :

 

               - la matrice primitive : sociétés "primitives" (l'échelle est locale)

               - la matrice traditionnelle : elle apparaît dix mille ans plus tard ; ce sont les grandes civilisations (l'échelle est continentale)

               - la matrice moderne : c'est la modernité (l'échelle est planétaire)

 

=> Il y a un changement d'échelle au fur et à mesure du temps. Une matrice en remplace intégralement une autre.

 

c) L'espèce humaine

 

L'espèce humaine est une espèce comme une autre, mais elle est libre quant à son code génétique. Un lion se comporte en lion. Il y a une programmation génétique. Baechler note, et j'ai trouvé cela étonnant, que les corbeaux adultes apprennent aux petits corbeaux à devenir corbeaux... Mais, même s'il y a apprentissage, cela se retrouve dans des marges et des proportions très réduites.

 

Dans l'espèce humaine, nous avons à devenir humain, chaque enfant doit apprendre à le devenir. Comme il y a plusieurs manières de devenir humain, c'est un nouveau problème qui se pose. C'est là qu'intervient la question fort philisophique et quelque peu kantienne : qu'est-ce qu'être humain ? En effet, il y a une diversité culturelle au sein de l'espèce. Par exemple, nous résolvons nos problèmes en nous donnant des buts à poursuivre.

 

=> Baechler en vient à dire que nous sommes une espèce libre, finalisée, rationnelle, mais faillible. Ce sont là, d'après notre auteur, les quatre caractères de l'espèce humaine.

 

d) La modernité

 

Qu'est-ce que la modernité ? En fait, c'est une hypothèse. D'après Baechler, qui s'appuie sur tout un tas d'analyse et de travaux, nous notons qu'il se passe quelque chose d'inédit depuis le XIVe siècle en Europe :

 

               - développement de la science

               - théorisation de la démocratie moderne

               - l'individuation

               - différenciation des ordres (qui fonctionne mal)

              - développement économique (conséquence des quatres points précédents)

 

En fait, nous assistons à un développement interne de la civilisation européenne. C'est le début d'un monde neuf, ou tout le monde est heureux (en oppostion aux catastrophes du moyen âge). (1) Ce phénomène est donc strictement européen à l'origine et il c'est imposée peu à peu à toute la planète. C'est encore le cas aujourd'hui. (2) De plus, il y a un nouveau déloppement interne à cette nouvelle civilisation européenne qui va déboucher sur une autre civilisation : celle américaine est emblématique. (3) Finalement, la modernisation est l'analogue de la néolithisation car elle met en place un nouveau champ de possibles culturels.

 

Dans le futur, bien sûr : 1/ nous ne savons pas comment la modernité va évoluer ; 2/ nous  ne sommes pas dans une période de décadence, mais dans une phase de changement de matrice.

 

Conclusion

 

L'espèce humaine est débrouillarde et ses représentant très très mal. Cela signifie qu'à l'échelle de la décennie nous trouvons la fureur, le meurtre et la bêtise ; à l'échelle du siècle, il se dégage déjà un sens ; à l'échelle du millénaire, l'espèce est admirable.

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  • : Ce blog a été créé par un étudiant en histoire et sociologie de l'Université du Havre. Il propose des articles allant du travail universitaire (exposé, compte-rendu...) à l'analyse spontanée de l'actualité... Il est donc à la fois objectif et subjectif, partial et impartial, méritant la plus grande prudence concernant les analyses de l'actualité notamment car elles sont parfois politiquement orientées.
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