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24 avril 2011 7 24 /04 /avril /2011 10:00

Le capitalisme, pour Christian Godin, c’est un « système économique qui tend à transformer toute réalité, matérielle ou immatérielle, en capital et en marchandise. » Et il ajoute que « le capitalisme traduit toute réalité en une certaine quantité d’argent. » Pour Weber, l’esprit du capitalisme désigne une disposition qui, dans le cadre d’une profession, aspire de façon systématique à un profit pour le profit. Nous allons montrer comment le capitalisme fonctionne, par quoi et comment il se matérialise, c’est-à-dire que nous verrons le type idéal de l’entrepreneur moderne.

 

L’esprit du capitalisme

 

Nous avons vu que le capitalisme moderne est né par un changement d’esprit et non de forme, c’est-à-dire que l’entrepreneur, en réduisant les prix et en augmentant son capital, devient actionnaire. Pour Weber, et je cite, « cette révolution ne dépend pas d’un afflux d’argent frais […] mais d’un esprit nouveau : « l’esprit du capitalisme » est entré en action » (texte 1, p.2). Le développement du capitalisme entraîne à l’époque un problème. En effet, le capitalisme créé ses propres moyens d’actions, c’est-à-dire son propre capital, ses propres réserves monétaires, et donc, il exclut, voire élimine, les entrepreneurs traditionnels qui n’ont pas su s’adapter au nouveau système. La nouvelle pensée est rejetée, car elle est incomprise. Pour Weber, l’entrepreneur doit forger sa réputation « en vertu de qualités esthétiques bien déterminées et fortement développées ». Le Protestantisme a rompu avec le système catholique au moment de la Réforme, comme nous l’avons vu. « Par là même, explique Weber, l’ascèse hors du monde disparaissait. Ceux qu’animait une nature religieuse stricte, et qui jusqu’alors se retiraient dans les monastères, devaient désormais accomplir les mêmes choses mais dans le monde ». C’est l’ascèse intramondaine, c’est-à-dire l’idée que chacun est moine en ce monde, qui permis l’apparition de l’éthique protestante.

 

Les commandements du Protestantisme

 

Nous allons voir, à présent, comment se traduit l’exemplarité éthique (=morale) des Protestants et comment ils accomplissent leur devoir envers Dieu. L’exemplarité éthique, c’est, pour simplifier, l’exemplarité morale. Une morale implique le respect de certaines normes sociales qui guident, conduisent notre mode de vie. La vie religieuse est donc très importante, car sans elle il n’y aurait pas eu l’apparition de l’esprit capitaliste que décrit Weber. Dieu reconnaît les siens. « La piété est le plus court chemin vers la richesse », affirme Weber. Le capitalisme protestant n’est pas orienté vers la spéculation pure et simple – comme chez les Juifs – mais il repose sur une organisation bourgeoise du travail. C’est le capitalisme puritain. L’homme est le gérant de ce que Dieu lui a donné. La notion de beruf c’est la vocation, « ce à quoi l’on est appelé » ; c’est la mise en valeur d’une activité rationnelle, comme l’accomplissement d’une tâche voulue par Dieu. Finalement, le beruf fait miroiter à l’entrepreneur protestant le bonheur éternel. L’admission dans la communauté repose sur une exemplarité éthique qui s’identifie à l’honorabilité des affaires. Seul le protestantisme a mis en place un dispositif destiné à la formation systématique d’individus capitalistes.

 

Des « principes » bourgeois

 

Nous avons décrit le mode de vie de l’entrepreneur du XVIIIe siècle, mais en quoi a-t-il changé ? Un entrepreneur « capitaliste » doit avoir un fort caractère, savoir faire preuve de sang-froid, et il doit inspirer (ou chercher à inspirer) de la confiance. Lorsque les entrepreneurs traditionnels changent de « statut », ce sont des calculateurs et des audacieux plus que des spéculateurs et des aventuriers. L’entrepreneur moderne doit respecter plusieurs critères : la sobriété, la sûreté, la perspicacité, le dévouement, la sévérité, et être bourgeois. Ces entrepreneurs, dès lors, se soustraient à la tradition. Weber parle « d’Aufklärung libérale », c’est-à-dire, littéralement, d’éclaircissement. Cette notion renvoie au siècle des Lumières et signifie en allemand « philosophie » ou « siècle ». La notion de Raison, avec Kant par exemple, l’emporte, ainsi que l’idée de progrès. Weber explique que, par cette attitude, les entrepreneurs sont portés par un intérêt exclusif pour leur affaire, « devenue indispensable à leur existence » ; d’où la naissance d’une conduite irrationnelle. C’est l’homme qui existe en fonction de son entreprise et non l’entreprise qui existe en fonction de l’homme. Weber nous dit, en effet, de l’entrepreneur capitaliste, que « sa vie emprunte souvent un visage ascétique » (=contrôle de soi).

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