Cette dernière partie a pour fonction de montrer comment le capitalisme a évolué et pourquoi Weber s’en inquiète. Il regrette la perte du caractère religieux du capitalisme. Un caractère que Tocqueville juge indispensable pour faire fonctionner la démocratie américaine. Et les Etats-Unis sont capitalistes. Weber, dans L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, parle de Benjamin Franklin (1706-1790, très connu dans la lutte pour l’indépendance des Etats-Unis) comme une figure annonciatrice du capitalisme.
Perte du caractère religieux
À la fin du XIXe siècle, en Allemagne, la vie religieuse n’est plus à la base de la vie quotidienne. Elle est passée au second plan. Même si, au départ, les Protestants se sont montrés peu favorables au progrès de la science et sont opposés à Copernic, ils l’ont bientôt mis au service de la technique et de l’économie. Weber affirme : « La racine religieuse de l’humanité économique moderne est mort. » Ce constat revient assez régulièrement chez Weber, qui observe que la religiosité ascétique se transforme en une sorte de pessimisme réaliste, c’est-à-dire que les vices privés peuvent présenter un intérêt pour la collectivité. Intérêt pervers, comme le souligne Weber. L’éthos économique, c’est-à-dire le caractère économique de la société moderne, était né sur le sol de l’idéal ascétique et était à présent privé de son sens religieux. Cela engendre des problèmes. La classe ouvrière, qui croyait au bonheur éternel, a perdu ses illusions. Alors, que se passe-t-il ? Des tensions apparaissent et elles n’ont pas cessé de croître jusqu’à aujourd’hui.
La soif d’argent
L’accumulation du capital était-il nécessaire pour parvenir au Salut, c’est-à-dire aller au Paradis ? Avec la perte de son caractère religieux, l’entrepreneur est désormais attiré par l’argent pour l’argent. Cette attitude est celle de nos actionnaires du XXIe siècle. Le résultat, c’est que les petits entrepreneurs, et les personnes qui n’ont pas su s’adapter sont éliminées. Une infime partie de riches s’approprient la plus grande partie des richesses. C’est un problème récurrent à l’échelle planétaire. Le sentiment de puissance et de richesse est désormais une notion prioritaire. Weber parle de décadence de l’esprit capitaliste. Certains bourgeois sont anoblis et ils bénéficient de certains privilèges dans les universités. Weber les appelle les parvenus. L’entrepreneur devient un profiteur et non plus un investisseur. Même si certains systèmes, comme le fordisme, ont essayé d’allier économique et social, ils ont en partie échoué. Weber parle d’auri sacra fames (=la soif d’argent).